Star Wars/Marvel: ma folle journée geek
Lorsque la culture tend à des arts plus récents, elle déploie une énergie nouvelle résolument moderne et touche de fait des univers qui se posent tour à tour comme créatifs, divertissants et sombres. Ces arts ? Ils nourrissent les ardeurs des passionnés depuis quelques décennies déjà, du cinéma à la bande-dessinée, se forgeant un imaginaire à l'identité puissante, véritable marque de fabrique. Et puisque de la science-fiction aux super-héros il n'y a qu'un pas, je me suis concoctée en juin dernier cette fameuse "journée geek": comprendre un marathon-expositions en une seule après-midi, thématiques Star Wars et Marvel à l'appui. Un programme original dont je me suis étonnamment retrouvée seule fille à bord et auquel, mes amis et moi, avons songé un moment greffer une session jeux vidéos (Cf la Cité des Sciences et de l'Industrie). Je vous l'accorde, c'eût été audacieux question timing... et donc bien vite oublié. Mais puisque notre organisation initiale -et déroulée à la perfection- aurait amplement suffi à faire briller les yeux de Sheldon Cooper et pâlir de jalousie ses potes de The Big Bang Theory, je ne saurai tolérer un autre cri de guerre pour l'occasion que le très évocateur "Bazinga !".
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Star Wars Identities à la Cité du Cinéma
Que vous soyez fan accompli de l'univers de George Lucas ou simple curieux, il se pourrait bien que Star Wars Identities s'impose comme l'événement de votre été. En effet, loin d'un parcours classique qui permettrait simplement une vue d'ensemble de la saga, l'exposition propose une visite à la fois ludique et participative. Sitôt l'entrée franchie, je m'arme donc d'un bracelet interactif et d'une oreillette que je garderai tout du long. Intriguée ? Assurément.
Au moyen de bornes tactiles et autres installations modernes, je découvre rapidement que Star Wars Identities fonctionne comme un véritable jeu où le visiteur ne contemple pas l'univers des films (un peu quand même !) mais y est intégré pleinement. Le voyage présente ainsi le charme d'une immersion totale dans l'imaginaire science-fiction tandis qu'il pose d'emblée son maître-mot: la quête de soi. Me voici alors invitée, à mesure que j'évolue parmi les points capitaux de l'exposition, à tester mes aptitudes principales puis à répondre à diverses questions afin de créer mon personnage et élaborer progressivement le scénario qui l'accompagne. Une création propre à tout un chacun et qui se découvrira finalement dans la dernière salle... Effet de surprise garanti.
Au-delà, Star Wars Identities développe évidemment les six épisodes de la saga, ses mondes variés et ses personnages-clés grâce à une reproduction de qualité, à couper le souffle. Dessins et gravures, objets, costumes, accessoires, marionnettes (et quelques splendides reconstitutions de vaisseaux)... Les films surgissent devant nous quand l'exposition regorge de détails. L'univers très riche de Star Wars se voit ainsi passé au peigne fin, par le biais notamment d'explications audio ou vidéo qui présentent les temps forts de la saga. C'est à partir de là qu'interviennent la Force et son côté obscur et, pour ce faire, une analyse intense des personnages se met en place.
Il ne faut pas l'oublier, la thématique entière de l'exposition repose sur l'identité. La notre un peu, mais plus spécifiquement celle des héros de la saga. Qu'est-ce qui pourrait bien faire que des êtres de la même planète, et relativement similaires dans leur aspect génétique, puissent témoigner de tant de différences ? À mi-chemin entre la science et la psychologie, la visite pose la double question des origines et du libre-arbitre et nous embarque à destination de Tatooine avec Luke et Anakin. Le fil conducteur établi, nous découvrons peu à peu des divergences de points de vue créées tout autant par des décisions importantes à prendre (qui relèvent donc du caractère personnel) que par la rencontre de mentors. Cerise sur le gâteau, il nous sera demandé, à l'instar des personnages Star Wars, de faire nous aussi nos propres choix jusqu'à l'ultime: rejoindre le côté obscur ou pas ?
La fameuse dernière salle dévoile la "beauté" de notre personnage sur écran géant, sa planète, son mentor et l'univers qui lui est attribué (vous apprécierez ci-dessus le mien). Un "moi" fictif certes, mais néanmoins doté de caractéristiques propres à notre personnalité, si tant est que l'on ait joué le jeu. En bonus, le résumé de nos compétences qui nous sera aussitôt envoyé par mail.
En résulte une aventure originale, intelligente en ce sens où elle nous pousse dans nos retranchements tout en nous faisant revivre la saga Star Wars avec une belle intensité, et gorgée d'humour également. La Cité du Cinéma place donc la barre très haut, dans l'esthétique comme la muséographie, au gré de cette exposition somme toute intemporelle donc le franc succès impliquera sa prolongation jusqu'au 5 octobre prochain. Et puisque côté géographie "c'est loin mais c'est bien", elle n'est à manquer sous aucun prétexte.
BONUS
I Am - L'empire du côté obscur
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L'Art des Super-Héros Marvel à Art Ludique, le musée
Lorsque, comme moi, on n'est pas très coutumier de l'imaginaire Marvel en dehors de quelques films de super-héros de-ci delà et autres comics feuilletés à la hâte, une exposition entière à ce sujet pourrait sembler un brin rébarbative... Mais finalement pas ! Curieuse de découvrir un domaine que je maîtrisais moins, j'ai beaucoup appris au fil d'une visite somme toute très facile d'accès pour les néophytes. Et puisque mon chemin devait forcément croiser celui du charismatique Iron Man, le charme ne pouvait qu'opérer. Désormais plongée dans ce monde hyper-graphique jusqu'au bout des ongles, je me suis laissée entraîner sans mal dans un tourbillon de couleurs et d'aventures fantastiques.
L'art des Super-Héros, voici bien là tout un programme. Évidemment, nous avons tous entendu parler des X-Men, Avengers, Spider-Man, Daredevil, Captain America et autres Hulk. Nous les imaginons déjà sauver un monde en perdition, usant de leurs incroyables pouvoirs; jusqu'à visualiser costumes et effets de style. Puis se plaire à imaginer l'esthétique des combats et la beauté de l'action. Il serait toutefois dommage (et réducteur) de s'en tenir là. En connaissons-nous vraiment l'histoire et l'évolution ? Et surtout, qu'est-ce qui, outre les blockbusters ultra-connus, tend à rendre ces personnages si saisissants ?
Nul doute que l'exposition apporte une réponse claire. Rythmée par les noms des concepteurs et artistes Marvel (Jack Kirby, Joe Simon, Stan Lee, Steve Ditko et de nombreux autres), elle gère la muséographie d'une main de maître, sans omissions ni longueurs. Le parcours, qui de prime abord pourrait sembler inclassable au sein d'une rétrospective, de par le grand nombre et le caractère affirmé de chaque super-héros, devient ainsi limpide et concis. Ici nous explorons les mondes qui nous captivent le plus (j'ai eu la chance de ne pas subir la foule, ce qui a rendu mon errance bien agréable), là nous apprenons la genèse du super-héros de notre choix: chaque production Marvel est passée au crible avant d'arriver à la suivante. On ne saurait faire plus organisé.
Heureusement, cet agencement parfait, loin d'être lisse et sans âme, laisse la part belle à l'imagination. Il y a la phase explicative certes, mais le texte n'empiète nullement sur une collection de plusieurs centaines de pièces, aux styles hétéroclites. La visite révèle de la sorte à son visiteur les différents univers à grands renforts de planches, gravures, illustrations, story-boards, affiches ou encore objets tirés des comics. En bref, le musée nous propose un butin très riche voué à éveiller la curiosité, que l'on se contente de regarder ou que l'on lise avec attention. Les aficionados du genre y passeront volontiers des heures sans ciller ! Quant aux autres, ils y trouveront leur compte au gré d'un savant mélange de découverte et de délectation artistique.
Il ne faudrait cependant pas oublier l'aspect ludique, très présent lui aussi. Par le biais de vidéos documentaires expliquant la création des différents comics ou nous offrant un joli condensé d'images pour chacun, intéresser et divertir le visiteur semblent être un but essentiel. L'univers Marvel est en effet un monde magique, qui prône tant l'évasion que des valeurs, et a su conquérir au fil du temps un vaste public. L'amusement qu'il procure se doit alors d'être palpable tout du long du parcours et engendrer l'enthousiasme. Pour ce faire, certains accessoires exposés de façon inédite sont les VRAIS, ceux des films, parmi lesquels le (fort joli) bouclier de Captain America. Enfin, l'exposition ne serait pas complète sans son photomaton de la geekerie qui propose une séance photo à effectuer seul ou à plusieurs, avec à la clé un montage de super-héros qui envoie du bois.
Prolongée jusqu'au 7 septembre prochain, L'art des Super-Héros Marvel gagne à être connue pour sa thématique insolite et son parcours ancré dans une culture profondément actuelle. Et puisque je fais partie de ce public qui n'apprécie que très moyennement les films super-médiatisés Marvel, j'ai été d'autant plus séduite par la découverte des planches. Les comics à l'état brut, leur naissance, leurs "pères", voilà l'essence même d'un parcours qui sait nous tenir en haleine du début à la fin. En guise de petit teasing sympathique, la dernière salle nous dévoile les coulisses du futur Marvel Les Gardiens de la Galaxie, au cinéma le 13 août. On vote pour !
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Fin de journée geek et prolongation des univers qui défilent sous mes yeux à la vitesse de la lumière. En quelques heures, j'ai trouvé le moyen d'être un Wookiee au féminin, faire de R2-D2 mon mentor, vaincre Dark Vador, acquérir le bouclier de Captain America (en pin's) et flirter par la pensée avec Iron Man. Aurais-je trouvé mon identité en même temps que mon super-pouvoir ? En futur Avenger, je cherche toujours le don d'ubiquité, des fois qu'il y aurait un espoir.
-Livy-