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Livy Etoile
22 avril 2014

"Méthode et Désordre", le cahier street art de Mygalo 2000

Mygalo X The Grifters 

Si d'aventure au détour d'une rue parisienne ou de la proche banlieue, vous tombez nez à nez avec un squelette et quelques mots sarcastiques, ne cherchez plus ! Il s'agit bien de l'oeuvre de Mygalo 2000. En effet, tel est le pseudonyme de ce street artist de 31 ans, passionné et à fleur de peau, qui oeuvre en solo sur les toits, les murs, les camions, et répand, en même temps que ses vieux os, des phrases sarcastiques à l'image d'un leitmotiv quasi-mystique. Son nom, il l'a choisi pour évoquer la mygale qui tisse lentement sa toile et la mégalomanie de l'artiste. Et puis il s'est inspiré de l'an 2000 aussi, année de sa majorité et symbolique d'une évidente spiritualité. Mais de ses premiers graffs à une recherche plus adulte, de l'impulsivité innée à un travail réfléchi, il n'a cessé de revendiquer ce mouvement binaire qui le caractérise et façonne ses oeuvres presque malgré lui, tendance Docteur Jekill et Mister Hyde. Aujourd'hui, il sort un livre nommé Méthode et Désordre à juste titre... "L'art m'a choisi, plutôt que l'inverse. J'ai fait beaucoup de métiers mais au final, je suis toujours revenu à la peinture.", affirme t-il. Nous, on ne demande qu'à le croire. Rencontre avec un bien curieux personnage qui prône la dualité de son art non sans humour et insolence.



Un street art en perpétuelle évolution

photo 1


"Quand j'étais ado, je gravais n'importe quoi sur les vitres du métro". Nul doute que Mygalo ait parcouru un sacré bout de chemin depuis, usant de matériaux "assez classiques " comme des bombes, des feutres divers ou de la peinture au rouleau. Ses squelettes, tels qu'on les connaît actuellement, ont d'abord été de simples crânes (vous en avez de jolis échantillons sur le périph') puis des ouvrages parfois un peu décousus aux coloris multiples. Seulement voilà, "la couleur dans la rue, ça fait plouc !" Le ton est donné ! Il ajoute également ne pas être parvenu à se décider sur LA palette qui lui conviendrait, n'ayant pas de préférences particulières, et avoir ainsi opté pour aucune. Un choix du noir et blanc plutôt pertinent puisque, aiguisant son style au fil du temps, l'artiste a su perfectionner ses squelettes, les accompagnant de phrases incisives et percutantes. De vrais petits bijoux de sarcasmes qui nous délectent autant qu'ils font grincer des dents: "L'humour noir et l'ironie sont importants et j'aime en jouer, pour provoquer sans doute un peu. Mais il y a des limites et je ne souhaite pas être hardcore, encore moins choquer à tout prix." Il perçoit avant tout le street art comme une forme d'art valable car de toute gratuité, et un véritable accès à la liberté. Il agit alors en solo, au feeling, et propose une vision du graff' très accessible. Il avoue aussi ne pas côtoyer beaucoup le milieu en dehors de quelques amis et évoluer avec une part de mystère. "Je signe rarement mes oeuvres" ajoute t-il. Il vit sa passion de manière très aléatoire finalement, confessant en riant être souvent "mal équipé" quand il lui vient, en guise de pulsion, l'envie de peindre un toit ou un mur. "Après tout, le but du street art est l'éclate, le plaisir du moment". Une spontanéité de bon aloi.

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Mais pourquoi des squelettes ?

photo 2

La réponse est claire et nette: "C'est ma façon de faire parler la vie". À travers ces os en vrac qui nous contemplent de leurs gros yeux globuleux, tantôt nostalgiques tantôt comiques, il existe donc une vraie sensibilité, celle de l'artiste, que Mygalo dépeint comme "un être ultra-réceptif et une éponge à émotions". Pour lui, les squelettes sont vivants et intemporels car ils s'inspirent de faits réels du quotidien, de la vraie vie. En ce sens, chacun peut se reconnaître et sourire devant ces phrases impromptues. Au-delà, il évoque l'amour comme thème central de son travail et vraie source d'inspiration. "À mes yeux, c'est pire que la mort." Sans doute parce que l'être aimé est vivant précisément, et qu'aucun deuil n'est possible. De la sorte, les déceptions amoureuses sont transcendées et transformées jusqu'à satisfaire l'état d'esprit de celui qui les vit et les conçoit. Point d'amertume toutefois. Le street art est précisément quelque chose qui va se voir vite, se lire vite et s'appréhender dans la foulée. Il faut dont un certain naturel dans le processus, raison pour laquelle Mygalo s'explique: "Le cynisme est bénéfique, oui. Et je ne le cache pas, sa présence se perçoit dans beaucoup de phrases. Mais en aucun cas, il n'est triste." Le pathos, ce n'est donc pas pour demain et c'est tant mieux ! 

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L'atelier: une autre facette de son oeuvre

Montage Mygalo 2000

Un intrus se cache parmi ces photographies de l'atelier,

Et il est relativement facile à retrouver...

Outre le street art, Mygalo évolue également dans son propre atelier. "Je ne peux pas travailler chez moi, je n'y arrive pas. Mais je me lève très tôt, je dors peu et je file à l'atelier". Ici, son travail est bien différent de ce à quoi il s'adonne dans la rue puisqu'il y peint des toiles, au milieu d'un drôle de bric-à-brac arty. Il reconnaît pourtant partir de la même base: les fameux squelettes. Ses oeuvres, destinées à la vente et exposées en majeure partie à la galerie Raphaël Imbert (Paris 16ème), sont présentées lors d'expositions temporaires, environ une fois par an, et précisément en ce moment. Il les élabore avec "frustration et explosion", allant jusqu'à évoquer "un travail schizophrène" dans un élan quasi-religieux. À l'instar de son street art qui n'a de cesse de se perfectionner, il oscille ici entre des explosions de couleurs qui laissent libre cours à son imagination, et un travail de dessin répétitif et mécanique. La dualité en effet, se ressent toujours dans son oeuvre: il y a le noir et le blanc, l'image et les mots, la contrainte et le plaisir, l'atelier et la rue. Il perçoit cela comme une philosophie ou, du moins, une puissance mystique qui lui permet d'avancer. Mais également une punition, sorte de contrainte à l'infini qui l'obligerait à créer ses toiles répétitives et géantes, tel un sacerdoce. De quoi nous laisser matière à réfléchir...



Méthode et Désordre, on en parle ?

photo 3

"Ce bouquin est comme mon atelier: bien rangé, bien organisé, et pourtant je n'y trouve jamais ce que je cherche ni les matières dont j'ai besoin !" 
Fort de ses expériences artistiques, Mygalo sort donc un livre, Méthode et Désordre, dont le titre à lui tout seul annonce la couleur. "Je souhaitais partir d'une vraie rigueur de l'art pour arriver aux dérapages et aux impulsions". Il définit d'ailleurs sa dualité permanente par l'idée que son côté emporté soit toujours canalisé et cadré au sein d'un rituel; et revendique ainsi un ouvrage sérieux et étudié, entièrement écrit par lui, ayant pour but de mieux décrypter sa personnalité en tant que Mygalo 2000. De cette façon, Méthode et Désordre se présente comme une furieuse envie de partage... dotée d'une vraie discipline. Car le livre, totalement centré sur le squelette, se laisse apprivoiser doucement "un peu comme une expo', mais portée à l'écrit". Son auteur, bien décidé à montrer l'ampleur de sa pluralité, nous emmène en balade, au gré des nombreuses photographies qui parsèment le volume et de quelques phrases bien senties.Les différentes parties abordent plusieurs thématiques tels le détournement d'oeuvres classiques, une visite de l'atelier et des ses ouvrages et, pour les plus audacieux, la partie street art et le côté graffiti à l'état brut "un peu vandale". Documenté à bloc, Mygalo avoue pourtant vouloir composer avec la simplicité, dans un souci de rester accessible. "Le travail d'écriture est présent, mais toujours simple et léger. C'est un peu comme dans la rue: les phrases que je graffe sont en français pour qu'elles soient lues par le plus grand nombre." De fait, l'aspect artisanal apparaît comme un vrai fil conducteur. Mais Méthode et Désordre possède aussi sa portée psychologique, celle qui répond à la seule et l'unique problématique: Pourquoi peint-on ? La parution de ce livre semble alors être un exutoire pour Mygalo; l'occasion de montrer sa vision de l'art et puis de retracer l'évolution de son personnage, de ses débuts à aujourd'hui, incluant même des passages plus personnels voire autobiographiques, comme s'il se livrait sans le faire tout à fait. L'idée d'un bilan, somme toute. Et une formidable énergie positive pour aller de l'avant dans la création, pourvu que suite de l'aventure il y ait.




D'actualité, plus que jamais

Mygalo 2

Adeptes de street art, tenez-vous prêts. Le samedi 26 avril prochain, le "cahier" Méthode et Désordre de Mygalo, en collaboration avec Boris Very Good Guy from "The Grifters", sera à l'honneur du vernissage organisé à la galerie Raphaël Imbert. Une occasion pour le moins inédite de découvrir plus amplement le travail de l'artiste et de faire connaissance avec un ouvrage ludique, qui se feuillette non sans une vive curiosité...

photo 4

... Pour preuve, j'en ai d'ailleurs déjà fait les frais !

 ♦


On apprivoisera par conséquent Méthode et Désordre sans plus tarder. Car à l'heure où le street art est devenu monnaie courante et souvent utilisé de façon abusive comme l'art nouvelle génération, Mygalo nous offre, quant à lui, une façon d'avantage originale de l'appréhender, sans chichis mais avec (im)pertinence. Il nous entraîne dans les coulisses d'un univers underground mais plus trop, finalement méconnu de beaucoup et ce, avec une vraie proposition créative. Le cahier dresse ainsi avec une justesse sauvage un portrait actuel, celui de la société certes, mais également un croquis d'avantage privé, jouant une fois encore sur les deux tableaux, dualité chère à l'artiste. Par le biais de son livre, le street artist se met en scène, explique ses aspirations, témoigne et se met à nu... De quoi y laisser ses vieux os, mais pour la bonne cause !

-Livy-
(Illustrations proposées par Mygalo
Photographie dans l'atelier: Mygalo
Photo-montage de l'atelier: moi-même)

 

Toutes les informations pratiques, par ici:
Galerie Raphaël Imbert
Venez nombreux !

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Commentaires
-
John: <br /> <br /> L'évolution des crânes aux squelettes est intéressante en effet car le travail s'étoffe de plus en plus avec le temps, et gagne en maturité. <br /> <br /> C'est toujours drôle de découvrir quelques détails de-ci delà sur le "street art": nous croisons souvent au détour d'une rue des graff' ou des pochoirs des mêmes artistes, sans vraiment le savoir. Dorénavant, tu ne pourras plus te tromper quant aux camions que peint Mygalo !
-
Rouge Velours: <br /> <br /> Merci beaucoup de ton avis la miss ! Ces squelettes-là ont l'avantage de parler, et avec cynisme qui plus est. Ce n'est pas négligeable ^^<br /> <br /> Le vernissage était très sympa: beaucoup de visiteurs curieux malgré une pluie battante, c'est toujours bon signe. <br /> <br /> Des bises.
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Cédric:<br /> <br /> Je lui ai bien fait passer le message et il a eu vent de ton commentaire. <br /> <br /> Très bonne continuation à toi alors !
C
Salut, je cherche à contacter Mygalo 2000 <br /> <br /> Je m'appelle Cédric Barbier, je suis vidéaste amateur.<br /> <br /> <br /> <br /> Ma passion est de réaliser des portraits vidéos de personnages exceptionnels, intéressants, originaux, de la ville de Paris.<br /> <br /> <br /> <br /> Ayant régulièrement vu tes squelettes sur les camions, j'ai eu envie de te découvrir, de te filmer.<br /> <br /> <br /> <br /> Je te propose avant tout de regarder mon travail, voici mon site: http://www.cedricbarbier.com/<br /> <br /> <br /> <br /> Tu pourras y voir PAPY DANCE, Pascal Tourain l'homme tatoué ou bien encore Michel Godin des mers l'artisan poète.<br /> <br /> <br /> <br /> En attente de ta réponse, je me tiens à ta disposition<br /> <br /> Je filme avec une canon XM2 et je monte sous final cut, je diffuse exclusivement sur le net, j'assure un minimum de 20 000 vues (dailymotion + youtube)
J
Je ne savais pas qui c'était mais je vois souvent son travail (à côté de chez moi, sur le periph, camion sur le marché...). <br /> <br /> J'aime bien ce qu'il fait et son évolution.
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