Fall in love [Part 1]
"Je t'aime moi non plus"... Toujours cette indomptable partition que je rejoue éternellement à ma vie, à Paris, et même aux saisons. L'automne n'en finira donc jamais de me pousser dans mes retranchements, générant la solitude ou la passion, l'isolement ou l'envie frénétique d'action. Je lui accorde volontiers le bénéfice du doute et la laisse m'habiller de son manteau de spleen, pourvu qu'elle me l'ôte un jour sans que je n'y prête attention. En attendant me voici spectatrice, pensive-contemplative-furtive, à laisser les feuilles tomber et la météo tourmentée lire mes pensées mieux que personne. L'agitation autour de moi me rend par chance la promeneuse comblée d'instants authentiques et de surprises à foison dont voici un mince échantillon...
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Le Japon Rive Gauche au Bon Marché
Durant les mois de septembre et octobre, l'événement Japon Rive Gauche a été l'occasion pour le Bon Marché (ainsi que La Grande Épicerie de Paris) de rendre un hommage culturel, gastronomique et... résolument kawaï au pays du Soleil Levant.
C'est donc avec enthousiasme que j'ai franchi l'escalator Andrée Putman, revêtu de son habit japonisant décidément très polkadots pour l'occasion.
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Quelques pas et curieuses découvertes plus tard, je me laissais déjà tenter par de (même pas) coupables achats...
... En m'emparant de la thématique jusqu'au bout du carnet...
... Savourant une dose de mignonitude bien amenée.
(Baguettes magiques ou pics à cheveux, c'est vous qui voyez)
Dites-moi, les gourmands et gourmets...
... Aviez-vous déjà goûté des pandas au thé matcha ?
La balade se dessinant, j'ai pu orienter ma flânerie au gré des stands (cf ci-dessus), des photomatons en mode Manga et même des bornes d'arcades très fin des 90's. Petit bonheur charmant jouant tant sur le registre du Tokyo chic n' luxe que de la ville psychédélique.
Tout ça pour finalement croiser un Esprit de la Forêt ! Totoro en personne m'a honoré de sa présence (et a visiblement daigné se déplacer sans chat-bus ni parapluie).
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Mais parce que le Japon Rive Gauche n'aurait rien été sans ses animations et autres expositions...
... Il ne fallait pas manquer:
Les chefs-d'oeuvre singuliers de l'architecte Tadao Ando émergeant de la nature souvent sauvage des îles japonaises, comme plantés là par magie, ainsi que ses fameuses "Art Houses": des maisons conceptuelles (anciennement abandonnées) abritant elles-aussi les ouvrages de l'artiste.
L'exposition retrace ainsi le projet dans son ensemble, de son élaboration théorique jusqu'à sa mise en pratique, en passant par l'étendue impressionnante du travail de Tadao Ando, aujourd'hui introduit dans de nombreux musées.
Une présentation arty recherchée dotée d'un sons et lumières suffisamment hypnotique pour renforcer les propos du docu-vidéo.
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Les photographies de l'exposition Smiles mises en scène par le photographe Gabriel de la Chapelle et le vidéaste Quentin Labail. D'îles en îles, le spectateur déambule dans le hall du Bon Marché et prend place dans différentes barques disposées sur place afin de découvrir sur la grand voile de chacune des visages d'autochtones souriants et autres reportages-vidéos interactifs. Le but ? Rendre le sourire aux insulaires, tous âges et tous milieux confondus. De la poésie spontanée en quelque sorte. Et une leçon de vie toute simple mais belle, renforcée par l'idée certaine d'un bonheur du bout du monde.
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La Nuit Blanche de Paris
L'édition 2014 de la Nuit Blanche a accueilli foule et pluie. Deux invitées facilement prévisibles mais qui ont écourté mon parcours un brin. Pourtant, ici ou là, j'ai trouvé mon bonheur en suivant un son, une lumière, un personnage en guise de fil conducteur. Et c'est en me faufilant entre les gouttes que, du 15ème arrondissement au 13ème, je me suis prise au jeu d'éclairages contemporains et de fresques street art.
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Ascensions magnétiques et descentes électriques à la Tour Montparnasse:
(Paris 14)
Imaginez un jeu by night. Étrange, musical et coloré. Une performance pas comme les autres qui laisserait le spectateur libre de sa balade au sein de colonnes lumineuses changeantes - ou en les contournant tout simplement. Puis imaginez une tour gratte-ciel à proximité, qui s'accorderait en rythme et en leds avec l'ensemble. Vous obtenez l'expérience SF (mais safe) de votre vie.
Le collectif contemporain UVA a ainsi proposé une structure étonnante sur le toit du centre commercial Maine-Montparnasse, mêlant sculpture, architecture, performance et technique. De quoi aimer jouer au petit ovni. Même sous la pluie.
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Open Musée, street art contemporain:
(Paris 13)
Des photos médiocres (de ma part) mais un parcours au top ! Les rues Domrémy et Chevaleret ont notamment accueilli une pléiade de street artists, jeunes talents ou vraies pointures, rendant à l'urbanisme sa crédibilité et sa touche fantaisiste qu'on a trop souvent tendance à lui enlever. L'Atlas, Borondo, Spy, Tristan Eaton ou encore Thomas Canto (une belle affiche, me direz-vous) étaient au rendez-vous pour cette virée totalement free, sans contraintes ni chichis.
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La FIAC se révèle "Hors les murs"
Certains maudissent la FIAC et le "moderne" tandis que je l'apprécie plutôt. Au mieux, l'art contemporain m'intrigue et me fascine. Il me laisse rêveuse, lui et ses formes abstraites, à interpréter un univers qui me sied sans personne pour m'en empêcher. Au pire, ces œuvres me déclenchent parfois un sourire malicieux en même temps qu'une vraie stupeur. Et j'aime cette sensation. Ressentir, la surprise, le malaise, l'étrangeté ou même le WTF. Ne pas me cantonner à ce que je connais, aux conventions, à la simplicité. Me trouver hors des sentiers battus bien malgré moi. Et puis surtout faire travailler ma réflexion. Loin de trouver la chose ridicule ou manquant d'intérêt, l'inconnu m'attire et me réjouit, dans l'art comme dans la vie. Et j'ai, de plus, cette particularité de ne pas forcément maîtriser tous les rouages de la FIAC et de son monde imagé. Aussi me laisse-je guider par mes impressions propres, curieuse de tout et avide de pratiquer un j'aime/j'aime pas de bon aloi.
C'est aux Tuileries que j'ai trouvé refuge pour la deuxième année consécutive. Au programme, la session "Hors les murs" que j'affectionne particulièrement car elle permet, en toute liberté, une flânerie dans les plus jolis lieux publics de Paris. Et une fois encore, inutile de préciser qu'elle m'en a fait voir des vertes et des pas "murs", précisément.
De haut en bas et de gauche à droite:
Thomas Houseago, Sou Fujimoto, César, Michael Beutler, Les Frères Chapuisat, Jon Rafman, Rebecca Warren, Matias Faldbakken et Leander Djønn, Georg Baselitz.
Autant préciser que cette nouvelle vague m'a un peu déçue. J'affectionnais d'avantage la thématique toute en évasion de 2013 que celle-ci qui m'a ramenée vers des matériaux bruts et, à mes yeux, moins propices à la rêverie. Parmi les oeuvres notoires, "Many small cubes" de Sou Fujimoto (2014) ou l'impertinente "Fanny Fanny" de César (1991) auront retenu mon attention. Mais était-ce vraiment suffisant pour m'embarquer ? Je ne garderai pas de ce cru, je crois, un souvenir très marquant.
Quelques mots également sur la mésaventure de la Place Vendôme et du polémique Tree de Paul McCarthy, car me voici assez préoccupée quant à ce revival moralisateur et puritain qui semble s'être abattu sur la France ces dernières années, à propos notamment de diverses thématiques de société. Pour être franche, cet "arbre" géant ne parlait pas plus que cela à ma sensibilité, tant par le message que par l'esthétique; Mais le problème n'est pas là. Une œuvre mérite t-elle vraiment d'être saccagée juste parce qu'elle en choque certains ? Ne peut-on plus aborder la sexualité dans l'art sans un lynchage outré en bonne et due forme ? Lorsque je prends en exemple des villes comme Londres ou Berlin, je me dis que le travail d'émancipation de ces 30 dernières années semble avoir payé. Toutefois il semblerait ici, à Paris, que quelques "bien-pensants" à l'obscurantisme patenté aient décidé de donner de la voix pour faire régresser les idées et offrir au monde une vision tristement étriquée. Un sujet problématique qui a de quoi laisser perplexe en 2014, dans un pays qui prône ouverture d'esprit, tolérance et liberté.
(Vous avez 4 heures)
Heureusement, je me plais à finir sur une note douce et onirique (et non pas ironique !). L'image d'un bateau d'enfant égaré joyeusement sur le bassin des Tuileries. L'instantané d'un coucher de soleil sur la FIAC et sur Paris. Changement d'heure, fin d'octobre et facéties.
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Les jolies choses
Outsider
Parce qu'une errance réussie se traduit par des bribes de vie capturées à la hâte, des excentricités, de l'insolite, du sucre et du cosy, voici un panel un peu fou et so Paris !
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Savoir "fall in love with" l'Amour et l'Anarchie des beaux quartiers...
... Tandis que les boutiques rive gauche jouent à Halloween chic...
... Et rivalisent d'idées pour le vintage amélioré.
Vers La Grande Epicerie, la déco enjolive sa sobriété...
... Dans une ambiance scandinave plus cocooning que jamais.
Et si quelques gourmandises me traînent jusqu'aux Marquis de Ladurée...
... Je laisserai mes papilles se perdre en chemin...
... Par de gentils fantômes du 31, des citrouilles et autres esprits malins.
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Dans mon home sweet home...
Je lis, je paresse...
... Oeuvrant pour les Matchs de la Rentrée Littéraire 2014...
(Prochainement dans un billet qui fleure bon l'Amérique et l'évasion)
... Et tentant l'éducation d'une toute nouvelle coloc au look de saison !
Elle s'appelle Samantha et c'est un renard;
Y aurait-il un jeu de mots (nul) quelque part ?
Pour être apprivoisée toutefois par les habitants de céans;
Cela risque de prendre un certain temps !
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La morale de cette histoire est qu'elle ne s'arrête pas là. Il reste bien quelques curiosités à conter; des anecdotes et leur dose d'excentricité. Cet étrange automne aura décidément le don de me mettre dans tous mes états, optant pour des sorties de bon ton et des découvertes auxquelles je ne m'attendais pas. À force d'insister, de flâner et m'attarder, se pourrait-il que je découvre un monde parallèle en un peu mieux que celui-là ? C'est fort possible car si mon réalisme connaît ses limites, mon imaginaire, lui, n'en développe pas. Clap de fin de ces drôles d'aventures une toute prochaine fois.
-Livy-