Charlotte Gainsbourg à la Cigale
Avec une bonne moyenne de deux mois de retard (sous vos applaudissements !), j'effectue un retour bien évident sur le concert de la jolie Charlotte, le 8 juillet dernier en compagnie pour la première fois de ma petite Emma, le temps de vous évoquer quelques temps forts de la soirée, le filet de voix si gracieux de la jeune femme ainsi que la richesse de sa palette d'émotions musicale se fondant à merveille avec son adorable simplicité.
Car de Charlotte, il faut bien le savoir, j'aime tout et ce, depuis fort longtemps.
Ainsi, même si son illustre père demeure pour moi une référence évidente, ce n'est en aucun cas le côté "fille de" qui me pousse dans mes retranchements cette fois, ou quelques autres idées pré-établies, mais bel et bien sa personnalité propre, atypique, réfléchie ou tourmentée.
Sa timidité à fleur de peau, son aptitude à se diversifier au cinéma dans des rôles tous plus époustouflants les uns que les autres, sa grâce au naturel, son style tendance "bobo" totalement épuré... Elle est incontestablement l'une de celle qu'on aurait envie d'être au quotidien, sans chichi mais toujours de bon ton, sans "bling bling" mais à l'élégance évidente, ou encore féminine/androgyne à souhait dans un côté rock n'roll joliment paradoxal qui tend dangereusement au bonheur et à l'apaisement.
Un idéal alors, une femme parfaite, une démarche à suivre ?
Déjà passionnée par les mélodies entêtantes de son nouvel et troisième album IRM produit par Beck (s'il vous plaît !), je me devais de découvrir la facette musicale de la jeune femme de façon plus approfondie, et un show en live, aussi nouveau soit-il, me semblait bien la moindre des occasions pour ce faire...
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Lever de rideau.
Peu habituée à la scène et jeune femme ultra-réservée devant l'éternel, je redoutais en allant voir Charlotte Gainsbourg en concert, je dois bien l'avouer, quelques "blancs" ou une petite gêne occasionnée pour l'occasion, mais il n'en fut rien.
Après une première partie plutôt prometteuse, les Syd Matters, qui me fait même oser quelques mots à leur sujet, leur attribuant toute ma confiance en terme de rock indé' un peu folk pour une prochaine playlist, il m'est apparu comme une évidence que la soirée allait être des plus plaisantes, dans un contexte somme toute assez original, très touchant et enivrant dans son ensemble, empreint de douceur mais aussi de phases dynamiques plus décidées aux influences multiples, l'instrumentation s'en allant, tout comme la jeune femme, crescendo dans l'aspect folk de sa rythmique, de petites notes rock surplombant le tout.
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Chemisier/pantalon en cuir, voix langoureuse à peine perceptible et gestes lancinants.
Charlotte nous a offert quelques heures de son temps avec toute la gentillesse et la simplicité charmante qu'on lui connaît, à mesure qu'elle prenait au fil des morceaux de plus en plus d'assurance, préservant avec brio l'image de vraie-fausse timide qui lui colle à la peau, fidèle à elle-même, sans masque ni rien, mais à l'image d'une musicienne plurielle qui s'assume parfaitement, d'un point de vue artistique autant qu'esthétique.
Elle s'est ainsi imposée, au-delà de quelques maladresses scéniques qui la rendaient plus humaine et plus apte à transcender tout éventuel défaut, comme très rigoureuse dans sa musique et attentive à ses arrangements, pour un concert qui tendant à différentes ambiances, nous proposait avec sérieux un style somme toute assez expérimental, me faisant penser à la performance encore récente de Benjamin Biolay en mai dernier.
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Un concert de qualité, pudique et poétique à la fois, pour une jeune femme à la prestance innée, tous domaines confondus, qui a su s'entourer et en jouer sans trop en faire, avec l'intelligence de rester le plus humble possible dans ses propos.
Fort bien escortée pour cette toute première expérience de 2010 en live (avec le 8 juillet, j'ai joué le coup de la date supplémentaire) par une guitariste féminine de qualité au look rock "totally crazy" et d'autres musiciens au talent évident, elle a parfaitement su s'adapter aux sons et jeux de ses acolytes, pour s'harmoniser avec eux jusqu'aux moindres petits détails et de surcroît, tout miser sur son côté un peu naïf afin d'envoûter la salle.
Pour la petite anecdote, il s'est en effet murmuré que Beck avait prêté à Charlotte à l'occasion de sa tournée, ses musiciens fétiches. Au final, un rendu splendide aux reflets électro-rock, à l'influence tribale et à l'aspect folk désinhibé, dénué de toutes contraintes, pour des morceaux, les siens comme quelques reprises, qui sont restés bien longtemps dans ma tête, autant qu'ils me collaient à la peau auparavant, lors de l'écoute de l'album.
Je pense notamment à cette version live très modifiée d' Heaven can wait d'une efficacité dynamique entendue, faisant bondir de joie un public passablement conquis déjà.
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Coup de théâtre pour une jolie surprise de fin de session live: la belle prononce quelques mots furtifs et délicats, hommage à son père défunt, et reprend Couleur café avec une innocence désarmante qui met "La Cigale" en émoi. La chanson jouera les prolongations sous les acclamations de tous qui reprennent le refrain en chœur.
Nul doute que la soirée est un succès...
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Premières impressions bien que subjectives... Pour ses premiers pas sur scène à 37 ans, Charlotte Gainsbourg s'est montrée à la hauteur, plus que que jamais.
Alors bien sur, le concert n'était pas parfait. Il présentait des failles, de petits accrocs ou des "hics" par moments, mais ces derniers ont eu l'audace de sublimer la jeune femme plutôt que de la casser dans son élan et de lui faire perdre pied.
Très professionnelle et jouant de ses faiblesses pour les transformer en qualités, elle s'est imposée sereinement, sans avoir forcément besoin de prononcer des mots à profusion pour communiquer mais plutôt de simples "merci", sans oublier non plus sa fragile et fluette voix qui n'a fait qu'accentuer son charisme, sans s'imaginer enfin être au-dessus de tout.
Ne s'attardant que très moyennement sur son jeu de scène, elle est restée posée, bougeant à sa guise avec grâce et sans se forcer, tout comme son calme légendaire le laissait présumer ce qui, pour un concert de la sorte, était une idée réfléchie et sensée.
Alors, en adepte rock qui se respecte, je pourrais bien avoir trouvé l'ensemble trop "mou" me connaissant, mais ce ne serait pas honnête au fond. Car j'ai aimé, et beaucoup.
Les passages dynamiques ne sont pas passés inaperçus et l'apparente nonchalance de Charlotte était fort trompeuse. Aussi, même si en tant que "première fois" et habituée des lives magiques et fort accomplis, ce ne sera résolument pas mon concert de l'année, même si le public ébahi en faisait parfois un peu de trop à mon goût, je ne peux que saluer ces débuts magnifiques et ces phrases timides prononcées à l'envolée en anglais, dont la simplicité étudiée était absolument raccord avec le personnage et son état d'esprit...
Oui, Charlotte a du talent et pas que pour jouer la comédie. Elle ne cesse de le prouver et rend la tâche bien difficile pour la critique. Ces instants de chants qu'elle s'accorde la rendent émouvantes et lui confèrent un statut nouveau et mérité, la poussant dés lors vers une reconnaissance évidente, gorgée de sa présence.
La sienne. L'unique. Tout simplement.
-Livy-
--> Le Myspace de Syd Matters <--
--> Le Myspace de Charlotte Gainsbourg <--
Next stop: La review détaillée de Rock en Seine, version Pass 3 jours 2010 ^^