Travailler, Rêver, Créer
Deux mois depuis mon dernier article et, tandis que je suis et demeure Charlie, nous voici déjà au printemps ! Difficile de reprendre l'écriture du blog après tant de journées écoulées, faire comme si de rien n'était et comme si les mois avaient filé le plus naturellement du monde. Quelle attitude adopter ? Parler d'événements passés, présents ou à venir ? Qu'avoir envie de livrer ici et comment retrouver une cohérence fantaisiste à l'instar de la mentalité que j'ai toujours appréciée ?
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Tant de fois j'ai ébauché des articles avant de les effacer que je m'y suis perdue moi-même, tiraillée entre l'envie d'écrire et le besoin de souffler à mille lieues du clavier. De fait, j'ai soufflé. Mais il persiste sans doute quelques regrets. Ce billet d'humeur alors me semblait tout trouvé pour redémarrer. Du bon pied ? Je l'ignore encore (surtout avec ce titre passablement bof à la "Mange, prie, aime) mais je compte bien m'y atteler.
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Ces dernières semaines ont été le théâtre alambiqué de sentiments mêlés: l'éternelle ritournelle du rêve et de la réalité, le choc de la confrontation et un zeste de frustration. Bref, il semblerait que la vie, la vraie, m'ait rattrapée au détriment de toute forme de créativité...
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Je ne me plaindrai pas trop pourtant puisque j'aime ce que je fais. Il y a comme une poussée d'adrénaline à pouvoir écrire un peu de tout même quand il ne s'agit pas toujours de ses goûts; en faire son métier; et en free-lance qui plus est. Cette petite chose toute bête mais que beaucoup m'envient et qui se nomme "liberté".
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Lorsque les missions ne me captivent pas, elles sont des défis à relever. Lorsqu'elles me collent à la peau, elles sont cette thérapie qui m'aide moi autant que les autres par le simple pouvoir des mots. Et ceci à vrai dire, est un fort joli cadeau.
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Mais quid du prosaïque ? En d'autres termes, l'ennui et la perte de ce que je suis. Souvent exténuée de trop penser et me donner corps et âme pour des causes qui me plaisent plus ou moins, le quotidien m'ôte mon blog comme il m'arrache à mes mélodies, mes compo', mes nouvelles et autres phrases jetées en premier jet sur un carnet usé. Exit les croquis, les refrains, les insomnies en guitare. Goodbye les lectures fondatrices. Ma sacro-sainte liberté ne serait-elle qu'un leurre ?
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Parfois, je souris en entendant pour la énième fois la phrase la plus bateau du monde. Car le "Tu as du temps pour toi, voyons" perd tout son sens. Oui j'ai le temps il est vrai, mais le temps pour quoi ? La tête pleine d'une dizaine d'articles par jour, de mails, de vidéo-conférences, aurais-je vraiment envie de rester pile au même endroit, sitôt le soir venu, pour écrire encore une fois, bureau ou sofa, dans une totale et parfaite solitude ? Je ne pense pas.
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Alors je sors. Beaucoup. Sans collègues, on s'étiole parfois; compenser devient l'excuse la plus valable qui soit. Le besoin de s'étourdir prend le dessus et voilà que déjà je range mes (trop anciens) écrits personnels loin, là où personne ne les lit.
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Dans mes sorties, le bonheur puis le néant. Le calme avant la tempête. Les rires voilés par des pleurs futurs. Comme l'impression de survoler ma vie, d'en être le narrateur omniscient mais jamais vraiment l'actrice. Je me sens bien et mal à la fois tandis que je n'ai de cesse de passer à côté de l'essentiel. Il me manque quelque chose. Il me manque... J'ai trouvé quoi.
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En vrai, je n'assume -ni ne tolère- renoncer à mes passions, à ma vie rêvée, à mon univers et à tout ce qui constitue mon "moi" le plus sincère. Je veux pouvoir cocher des cases sur ma liste de projets artistiques à réaliser, l'une après l'autre, et chatouiller cordes et stylos sans plus attendre. Un roman, un EP... Voici qui rimerait déjà mieux avec liberté !
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Lorsque tout a commencé il y a deux ans, je ne pensais pas que ce serait si difficile de mettre de côté tout ce qui me caractérise. Peut-être aussi imaginais-je que j'aurais la force de dormir trois heures par nuit afin de tout intégrer, l'obligatoire comme le plaisant, en une seule petite journée... Mais ajourd'hui, je m'en veux de n'écrire qu'"alimentaire" avec ce sentiment amer d'avoir vendu une partie de mon âme. Une partie seulement ? Je me ravise ensuite: c'est la vie. C'est normal. Pourquoi s'en morfondre ? Nous ne sommes pas dans Faust, que diable ! (Pardon). Jusqu'à preuve du contraire, les notes posées sur mon piano ne seraient pas très salutaires pour payer les factures. Et n'en déplaise à mon imaginaire, être adulte c'est aussi prendre ses responsabilités, pas vrai ? Oui mais.
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Je me souviens de la réplique du Premier Jour du Reste de ta Vie "A touché le fond mais creuse encore" et voilà que je me l'attribue. Tout simplement parce que je n'y arrive plus. Je suis une ombre, un fantôme errant qui a perdu ses buts premiers. Une adulte-rêveuse-grande-enfant qui a besoin d'être boostée par d'avantage que la routine, dans la soif de faire mille choses non imposées de ses dix doigts. Et ce bien malgré moi.
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Alors quoi faire ? Couper la poire en deux ? Car pour l'instant, autant préciser que le rôle de la (bonne) poire ne me convient pas. Adopter un nouveau credo pourrait être la clé à bien y penser. Et pas si sorcier ! Accepter certaines missions mais me préserver. Oublier les sacrifices à vous couper l'herbe sous le pied. Savoir dire non quand il le faut (fille timide qui a du mal). Rester attentive aux belles propositions. Et ne pas me renier, au grand jamais. Trouver ce compromis de vivre, sociabiliser, travailler mais surtout "être".
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J'apparente d'ailleurs cette idée à l'image d'un couple puisqu'il n'est rien de plus proche que la passion quelle qu'elle soit et une histoire d'amour. Mêmes compromis et même combat; de ceux qui en valent la peine dans les deux cas.
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L'émotion qui s'empare de moi quand je renoue avec mes anciennes habitudes et la rêverie est suffisamment intense pour me faire comprendre que depuis un an ou deux, je passe clairement à côté de ma vie. Non pas que cette vie soit nulle; juste incomplète. Trop vide pour m'y épanouir sans hypocrisie. Et pas assez ressemblante à mon idéal pour afficher un sourire franc. J'aurais pu naître simple et concrète il est vrai, mais cela ne devait ne pas être. Autant faire avec.
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Qu'on se le tienne pour dit. Ce post n'a pas pour but de dénigrer mon travail au quotidien. Il est beaucoup trop facile de cracher dans la soupe et trop irrespectueux aussi. J'ai de la chance de l'avoir et je m'y accroche. C'est en partie ce que je veux d'ailleurs ! Cette portion de mon existence est une mine d'or pour apprendre. Outre l'aspect financier, elle m'apporte plus que je ne pourrais l'imaginer précisément car elle me sort de ma zone de confort et me pousse au-delà de mon caractère, au-delà de mes inspirations, voire même parfois à l'opposé. (Si vous saviez !)
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Seulement voilà, il est l'heure des choix. C'est bien beau de ne pas aimer être rangée dans une case; de ressasser l'envie de multiplier les activités sans avoir à me séparer de mes premiers amours, d'affirmer en être capable en dépit des contraintes, des nuits blanches et de l'épuisement latent qui emporte tout sur son passage. Mais au bout d'un moment, n'y a t-il pas un challenge à me lancer ? No pain No gain qu'ils disaient... Soit. J'ai toujours prôné le fait d'être plurielle. Aujourd'hui est plus que jamais le moment de le prouver.
-Livy-
Et si pour commencer, je me remettais à bloguer ?