Gossip (ou le Beth Ditto Show) à Paris Bercy
Dernier concert en date pour moi afin d'annoncer solennellement la clôture musicale de 2010 (Nom de Zeus ! Vous patientez toujours après mon compte-rendu de Rock en Seine ^^), et l'un des plus attendus de la saison de surcroît, fallait-il que Gossip, le groupe déjanté pop américain aux airs de provocations guillerettes, se montre à la hauteur dans l'espoir de combler toutes mes attentes. Et par une déduction somme toute assez logique, la meilleure façon de le savoir était encore de me rendre en grande pompe (comprenez ceci dans le premier sens du terme, eu égard à la météo) à l'évènement qui affichait complet depuis un bon moment déjà mais dont je détenais ma place avec force délectation et sans grand secret.
C'est donc par un jeudi 9 décembre passablement neigeux, boueux et verglacé que j'ai pris, bravant les chicanes, les cerbères de l'Antre, le passage obligé via la fosse et même le froid, la direction du Palais Omnisports de Bercy pour me faire une petite idée de ce qui allait se révéler être incontestablement le "Beth Ditto Show"...
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Mais perdons-nous de prime abord, chers lecteurs, dans une linéarité exquise ...
Car s'il était bien écrit sur le billet "Gossip and Guests", ceci impliquait naturellement plusieurs premières parties à se mettre sous la dent, et pas des moindres. Mon scepticisme légendaire me faisant toutefois régulièrement regretter d'assister à ces mini-concerts et ce, malgré ma grande curiosité, j'ai opté cette fois pour manquer la première dans son intégralité, pourtant joliment nommée Hercules & Love Affair mais également pour la bonne cause a priori, comme l'a du moins sous-entendu une amie à moi déjà arrivée sur place et ainsi forcée de lire son Cosmo' à la lueur de son téléphone portable durant toute la durée du set !
Cependant, comme de bonne volonté, il me reste encore un peu et que comme Yoda, je parle, deuxième round dans les rangs et Metronomy sur scène pour le meilleur... du pire ! Eh bien oui, on m'avait pourtant prévenu que le groupe anglais était vraiment trooooop bien et que, dans un souci de musique alternative décalée, j'allais certainement l'adorer, tant par sa touche british que par son électro agressif mais de lui, je ne suis parvenue à entendre pendant une bonne demi-heure qu'un amas de sons dissonants qui, par temps de migraine, auraient bien pu être à l'origine de deux, trois Dafalgan. Plus incisif encore mais tout à fait approprié, mon voisin a suggéré l'idée pertinente qu'ils avaient peut-être accordé leurs instruments avec des moufles, ceci expliquant cela. Toutefois, et devant le ramassis de personnes qui connaissaient par cœur les paroles des chansons (les autres étaient, il faut le dire, bien trop occupées à soupirer), je me suis adonnée à quelques applaudissements de circonstance en fin de prestation (vous pouvez bien me traiter d'hypocrite, je ne le saurai pas ;-p), avant de clore définitivement ce passage et pour le post, et pour la vie, et de vous mettre en lien le site du groupe, pour peu que vous auriez envie de vous en faire vous-même votre propre opinion.
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Et le concert dans tout ça ? Ça tombe bien, on y vient.
Imaginez alors une conception somme toute assez minimaliste de la mise en scène, sans clinquant ni couleurs pop-acidulées, contrairement à ce que j'aurais bien pu en penser, mais plutôt de simples décors avec un logo lumineux basique à l'effigie du groupe sur l'arrière de la scène, complété par un jeu de lumières bien ficelé pour mise en valeur garantie, comme dans tout bon live qui se respecte... Rien de très inhabituel, je vous l'accorde. Mais bien loin d'être un point négatif, ce style quasi-épuré fut en fait le point de départ d'un concert qui se voulait explosif en lui-même plutôt que par les apparats.
Parce qu'ici le show, plutôt que la déco', c'était en fait Beth Ditto !
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Leader de Gossip depuis les débuts du groupe en 2001 (1999 même, pour les initiés) et devant tous les projecteurs dés 2006 avec la sortie de l'album Standing in the way of control, la jeune femme de 29 ans avait décidé, comme à son habitude, de se donner corps et âme dans ses chansons, et a assuré le live tant par sa prestation vocale que par sa "forte" (on omettra les jeux de mots, hein ^^) présence scénique, qui n'a cessé d'accroître tout du long de la soirée, entraînant alors les membres de son groupe dans sa fougue enthousiaste et communicative.
Joviale et décomplexée, Beth s'est révélée à son public dans toute sa splendeur, arborant deux tenues de scènes délicieusement scintillantes et se jouant de son poids avec bonne humeur, nous gratifiant même d'un "Je suis très grosse" (à prononcer en mode anglo-saxon) entre deux chansons, sans jamais pour autant se départir de cette énergie sans faille qui lui a permis de prendre ses marques sur scène dés l'introduction du concert pour ne plus jamais les quitter. Vous l'aurez donc compris, la jeune femme gesticulant, bondissant, courant et se répartissant l'espace avec une aisance désarmante, c'est dire si mon titre de "Beth Ditto Show" pouvait être, en ces folles heures, approprié !
Bénéficiant en effet d'une prestance impressionnante encore accrue par l'éclairage et la participation de ses musicien(ne)s, Beth n'a cessé de donner de la voix (qu'elle a bien sur fort jolie) et de se mouvoir en même temps, mêlant d'un coup talent, dynamisme et émotion avec un naturel totalement assumé qui s'étalait bien au-delà de ses kilos en trop, nous les faisant même franchement oublier... "Big girls, you are beautiful", qu'il disait, Mika ;)
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Là où ça devenait sans doute un peu "too much", c'était précisément dans son instinct volontairement provoc' qui, parfois drôle et attirant, pouvait aussi frayer avec le mauvais goût. Ce n'est donc pas un mais trois rots dont elles nous a gentiment fait profiter le temps de quelques interludes (j'ai cru à une hallucination en entendant le premier... mais en fait, non !), et encore heureux, ai-je songé, qu'elle n'ait point eu de micros sous les fesses en cet instant ^^
Je pourrais également vous relater (ah bien je suis en train de le faire, tiens...) l'épisode où elle faisait enfiler à l'un des membres de Gossip un ravissant slip kangourou, généreusement offert par une personne dans la fosse mais cette brève anecdote, certes un peu potache, n'avait en soi rien de bien alarmant et il en faudrait d'avantage pour me choquer !
Aussi, ne vais-je pas nier que certains agissements allaient quelque peu à l'encontre de mes idées de bon goût et de raffinement de manière générale, mais comme j'ai aussi dans le sang un côté rock un peu trash, l'aspect très "cash" de la demoiselle ne m'a pas outré non plus, les attitudes collant évidemment bien au personnage et à ses idées déjantées.
D'ailleurs, à ceux qui m'ont depuis posé la question, parce qu'ils ont été quelques uns et puisqu'il semblerait que ce soit une sorte de coutume en live chez elle, Beth Ditto ne nous a dévoilé aucun sous-vêtement pour cette fois !
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En revanche, ce à quoi nous avons eu droit, c'est bien à sa voix et pas seulement en entre-deux quand, bavarde comme on n'en fait plus, la demoiselle s'adressait à nous avec une convivialité assurée et dans un franglais totalement excentrique !
Car Beth Ditto nous a clairement prouvé lors de sa prestation parisienne que sa puissance vocale n'était pas un mythe, pas plus que la justesse de ses notes (malgré pourtant des pas de danse enflammés) ou l'originalité de son timbre.
De ce fait, fort de tous ces éléments prometteurs, le concert en tant que tel était, disons-le, plutôt remarquable car la set-list avait été savamment conçue pour ne bénéficier d'aucun temps mort et ne jamais susciter un moment d'ennui. De la sorte, il était aussi plaisant de découvrir quelques nouveautés, des variations de tempo plutôt bien trouvées, et de danser tant sur les morceaux méconnus que sur les singles à succès, notamment issus des albums Standing in the way of control et Music for Men qui, devenaient quant à eux, une véritable source de frénésie pour foule en délire. Un vrai moment de communion par la musique, magique évidemment, et singulièrement moins édulcoré qu'on aurait pu le croire puisque les arrangements du live donnaient à l'ensemble un rendu assez "bad girl" qui nous envoûtait de son petit côté rock tout à fait nouveau, s'éloignant des versions studio électro-pop pour tendre à des morceaux plus énervés. Le pied !
Ajoutez à cela des reprises d'un éclectisme jouissif (de Tina Turner à Daft Punk) et c'en aurait presque était la fin, mais c'était sans compter les rappels...
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Rappels qui se sont placés, entre quelques autres morceaux, sous le signe de l'incontournable Heavy Cross dont la foule scandait déjà les quelques notes d'introduction à l'unisson quand, tapie dans l'ombre, elle attendait le retour du groupe. Et puisque Gossip s'est précisément livré par la suite à une interprétation infinie de son morceau-clé, dans une pluie de paillettes dorées qui se répandaient sur Bercy à l'image du clip du même nom, ce fut une réelle ovation que cet instant hors du temps, joyeux mélange d'hystérie et de féerie durant lequel, Beth n'avait certainement pas dit son dernier mot.
Cette dernière, avant qu'on n'ait eu le temps même d'y penser, s'est en effet carrément jetée en pâture à son public pour suivre sa course infernale en escaladant les gradins, circulant parmi le public et retraversant toute la fosse en sens contraire, sans jamais s'arrêter de chanter son refrain mémorable et lancinant. Pendant ce temps, les autres membres du groupe s'étaient subtilement évaporés pour signaler la fin de soirée, mais la jeune femme téméraire achevait seule son show de folie et regagnait déjà la scène, haletante mais comme envoûtée, pour un ultime "A cappella" en guise de conclusion sur I will always love you de Whitney Houston qui témoignait une fois encore de toute son intensité vocale.
Du grand Gossip, spectaculaire et humain à la fois, loufoque et hors-normes, et comme transporté par sa fantastique meneuse de revue, Beth Ditto, symbolique même d'un spectacle hallucinant et troublant d'humour qui valait indubitablement le détour.
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Quant à moi, je suis ressortie forte d'un tee-shirt souvenir certes, mais de tellement plus encore de fantaisie, dans les yeux, les oreilles et dans l'âme.
Le plein de magie ? Dehors il neigeait et je me voyais sourire béatement devant ce pré-Noël tout empreint de folie, songeuse sur une date qui, un an auparavant, me faisait elle aussi, avec -M- à "La Cigale", vivre mon plus beau concert de l'année... Ou comment faire de mes 9 décembre, quelques moments totalement rêvés :)
-Livy-
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