Le vert en espoir
Des souvenirs m'enivrent et me reviennent...
Assassins et passionnés, ils me hantent doucement,
Engageant aujourd'hui encore leur fol espoir comme leurs plaisirs d'antan.
A eux seuls, ils ont été l'imaginaire et le réel,
La puissance et l'éternel,
Le vécu ou le virtuel...
Ils m'ont fait prendre la plume, le cœur en joie,
La tête évadée de mon corps, et l'âme en émoi,
Comme un renouveau qui me tendait les bras
Et une excursion qui, je le savais, ne s'arrêterait pas.
Jeune romanesque tourmentée,
Fascinée des rituels mystiques aux plaisirs démodés,
J'ai envoyé valser un temps mon cynisme blasé,
Et toute mon ironie... C'était sans doute le temps d'une éternité.
Ainsi, sainement saoulée d'émotions et de pensées mêlées,
Nourrie de poésie, d'amour et d'époques passées,
Je me suis perdue dans ces vapeurs d'alcool imaginées
Ou le spleen couleur vert émeraude s'était laissé apprivoiser
Peut-être bien pour mieux s'évaporer...
~
Un pas de trop,
Dans le hasard,
Dans la nuit noire,
Je ne peux plus croire,
Et l'air hagard
Du désespoir
Envahit mon regard,
Je broie du noir,
J'entoure mon spleen de brouillard,
Je ne laisserai rien voir...
Transgresser l'interdit,
Jusqu'à tomber du lit,
Jusqu'à plonger en trombe,
Parallèle dans un monde,
Voir le liquide couler,
Le sucre s'imbiber,
Dans une sorte de rituel
Sans doute dépassé
Et y prendre du plaisir
Jusqu'à n'en plus souffrir...
Si le vert, c'est de l'espoir
Si la Terre tire au cauchemar
J'ai le vert en espoir
Et le verre en main
Dans l'ultime chagrin
Et l'absinthe en tête
Comme dernière défaite.
Une verte lueur,
Un pâle bonheur,
Pulsion avide,
Cristalline et limpide,
Mon anti-douleur,
Mon amie de cœur,
Mon remède-éclair,
Mon triste repère
Part et s'évapore,
Je sombre sans effort...
Un tunnel éclair,
Une année lumière,
Je perds mon savoir,
Je refuse de voir
Et le liquide vert
Doucement tombe à terre
Dans un bruit suspect
De plaisir parfait,
De rêves éphémères
Que l'amertume consume...
Si le vert, c'est de l'espoir,
Si mon repère, c'est de boire,
Je finirai l'exquis nectar,
Le verbe haut,
Le verre par défaut,
Je pars en vers dans les nuages,
Car je ne suis ni poète, ni en cage...
-Livy-
Octobre 2006