Le grand débriefing du cinéma automnal
Des films comme s'il en pleuvait!
Somptueux pêle-mêle de bon et de moins bon dans la diversité des genres la plus totale, le nouveau billet réunissant tous les adeptes des salles obscures se veut résolument hétéroclite et insaisissable, et je pourrais bien là vous le décrire longuement.
Cependant, l'adjectif "grand" au sein du titre étant -force est de le constater- pour le moins explicite, je me dois sans plus attendre de débuter cette toute nouvelle chronique cinématographique, dernière de l'année 2009, abordant non pas tous, mais une bonne partie des films visionnés au cour de l'automne et en toute subjectivité...
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Incontournable
This is it de Kenny Ortega
Ca parle de quoi?
"Le film est en fait un documentaire constitué des images en coulisses et des dernières répétitions de Michael Jackson pour ce qui devait être son grand retour sur scène lors d'une tournée qui s'avérait grandiose."
Présenté sous forme d'un documentaire, This is it est une réalisation atypique, petite merveille d'émotion qui fera couler l'eau des yeux de tous les nostalgiques de Michael Jackson et de son parcours. D'autant plus que là où l'on s'attendait à un hommage des plus poignants donnant d'emblée un rendu tragique, passage obligé vers le pathos et vers un aspect voué à nous toucher, le film a préféré choisir une toute autre voie.
Il se veut alors des plus concrets et se compose de ce fait essentiellement d'images des répétitions de la tournée qui devait avoir lieu peu de temps après son décès. En cela réside naturellement toute sa force. On assiste à une succession de moments de vérité, en grandeur réelle, révélant de la façon la plus juste possible, toute l'ampleur du travail réalisé par M.J, ses musiciens, techniciens et danseurs.
Pas de tricherie ici, ni de fioritures. Point de fausses émotions ou de parenthèses larmoyantes.
Rien qui pourrait nous glisser la larme à l'oeil et pourtant...
Le documentaire s'axe sur la rigueur du travail avant tout et dévoile un artiste aussi passionné et perfectionniste qu'idéaliste, laissant opérer de lui-même l'aspect émotionnel et le libre-arbitre de chaque spectateur, au fil des répétitions acharnées et des morceaux tant connus.
On y découvre un Michael Jackson bien amaigri certes mais d'un professionnalisme désarmant, recherchant la perfection de toute part en restant cependant accessible et humain auprès de ses compagnons de tournée, et préparant pour son grand retour un show des plus surréalistes. Un vrai travail d'équipe porté par des effets spéciaux à couper le souffle et qui rend plus palpable encore la sensibilité de l'homme et la complicité d'un groupe soudé à toutes épreuves.
Ainsi, des danses au remaniement des clips musicaux, des discussions à n'en plus finir aux modifications de dernière minute, de la prise de son aux prestations époustouflantes de toute la MJ team, This is it transcende les codes du documentaire basique et nous emporte intégralement dans l'univers magique et délicieusement nostalgique du roi de la Pop pour un moment brillant d'intensité.
Juste magnifique.
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Plaisir et Émotions
500 jours ensemble de Marc Webb
Ca parle de quoi?
" Tom croit au grand amour, le coup de foudre unique qui transfigure l'existence et la destinée. Summer, elle, est d'avantage détachée. Mais leurs deux destins vont se croiser afin de leur faire vivre une histoire tendre et compliquée, tantôt heureuse, tantôt tumultueuse, qui va disséquer les relations sentimentales sous toutes les coutures et faire avancer nos deux protagonistes vers une réflexion plus nuancée que leurs idées de départ.
A force d'acharnement pour trouver l'âme sœur, le rêve prendrait-il une autre forme pour devenir réalité?"
Ce film incroyable a le mérite de sortir des sentiers battus; Se jouant avec ardeur des codes cinématographiques de base et de la chronologie qu'il malmène joyeusement, il utilise la thématique sentimentale ô combien connue pour finalement demeurer inclassable, sorte d'électron libre qui se suffit à lui-même pour briller du début à la fin.
Le scénario est pertinent, percutant, et nous livre pêle-mêle des instants pop-édulcorés comme de réels moments de gravité, le tout sans heurt ni accroc. Porté par une douce ironie et un humour décalé, il traite la vie à deux avec délectation, s'attaquant au moindre petit défaut ou au bonheur suprême de fugaces instants, c'est selon, non sans une certaine poésie d'ailleurs et plus encore, au moyen d'une véritable philosophie de vie.
Il en ressort, au sein de moultes péripéties jubilatoires, un véritable travail de fond sur les relations humaines, les sentiments et la vie qui, bien loin de rester en surface, pénètre le coeur du problème pour mieux en déceler les failles. A mi-chemin entre amour en demi-teinte et grain de folie bien amené, 500 jours ensemble parvient avec brio à déceler tous les rouages de la relation amoureuse et bien loin d'en faire un conte de fée laborieux et niais, nous envoie en pleine figure les réalités de la vie, de la façon la plus plaisante qu'il soit, non sans un certain parfum d'espièglerie.
On pourra sans doute alors accuser un thème trop conventionnel mais la façon de le traiter cette fois déroge à toutes les règles et nous expédie dans ce récit aussi déconcertant qu'amusant, point de non-retour où les personnages qui se cherchent et se découvrent ont, en plus d'être attachants au possible, le bonheur de nous ressembler.
Une chronique exaltante et débridée de l'amour, sans happy end mais avec beaucoup de tendresse, et qui nous surprend tout autant qu'elle nous sied.
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Le Concert de Radu Mihaileanu
Ca parle de quoi?
"Russie. Andrei Filipov, célèbre chef d'orchestre du Bolchoï sous Brejnev, se retrouve, pour avoir défendu ses musiciens et amis juifs, réduit au néant, à faire le ménage dans ce même lieu où il jouait jadis. Un soir qu'il intercepte un fax destiné au directeur du Bolchoï et demandant à l'orchestre de venir jouer à Paris au théâtre du Châtelet, il décide sur un coup de folie, de réunir ses anciens musiciens tombés eux-aussi dans le néant et de les mener en France afin de prendre sa revanche et d'assouvir pleinement sa soif de musique.
D'aventures en péripéties, le concert- imposture qui se trame sous couverture du Bolchoï, se révèlera plein de surprises, de tendresse et d'émotions..."
Le Concert est selon moi un film à voir, ne serait-ce que par curiosité.
Il faut certes passer outre certains clichés un peu trop énormes pour être digestes et de trop grandes improbabilités pseudo-comiques qui desservent parfois l'ensemble, mais en dehors ces points négatifs, il existe l'émotion. Comprendre que la farce gigantesque et tirée par les cheveux qui se trame est à évaluer au cinquième degré si ce n'est plus, et qu'elle n'en fait que mieux ressortir l'aspect dramatique, d'une sensibilité souvent plus subtile qu'elle n'y paraît à bien y penser. Oubliées donc, les petites fausses notes de départ! Le côté loufoque se substitue amplement à la passion pour la musique, à l'intensité dégagée par cette dernière et plus encore, à une réalité de vie bien souvent cruelle.
Entre les lignes, la comédie potache est sublimée et, rythmée au son majestueux de Tchaïkovsky (un pur instant de bonheur), rend un hommage merveilleux au pouvoir fascinant d'un orchestre et à la musicalité en générale, tout en dressant le portrait d'une Russie inégale et tourmentée, aujourd'hui encore.
Dans un contexte ainsi éparpillé, le film se perd ici et là pour finalement nous toucher en plein coeur, lors d'une seconde partie bien plus captivante où l'intrigue prend son envol et dévoile avec sérieux un scénario des plus attachants... Un peu comme une fable faite de bric et de broc qui trouverait enfin son point d'ancrage.
Désormais, la magie opère instantanément, et le concert final, petite merveille de talent et d'humanité à nous faire parcourir le corps de frissons, se savoure presque les yeux fermés et non sans un certain humour, désormais apprivoisé. On se prend alors à rire ou à pleurer, voire les deux à la fois, mais la musique, l'orchestre et sa puissance l'emportent assurément sur tout le reste, dévoilant ce côté passionnel avec force et singularité, tandis que Mélanie Laurent en violoniste écorchée vive brille dans ce rôle qui lui colle à la peau.
Il en demeure somme toute une belle approche de la musique, toute en harmonie et en extravagance, que les mélomanes ne manqueront pas d'apprécier, non sans avoir versé au préalable une petite larme bien méritée.
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Mitigé
Le petit Nicolas de Laurent Tirard
Ca parle de quoi?
"Nicolas l'écolier, le petit héros de Sempé et Goscinny, mène une existence paisible. Il a des parents qui l'aiment, une bande de chouettes copains aux caractères bien trempés avec lesquels il s'amuse bien, une gentille institutrice, et il n'a pas du tout envie que cela change... Mais croyant comprendre que sa mère est enceinte, il panique et va tout faire pour éviter d'être abandonné tel Le Petit Poucet.
Pour ce faire, ses amis, à grand renfort de bêtises, vont tenter de l'aider."
Grande adepte du héros malin de Sempé et Goscinny dans la littérature jeunesse et de ses aventures farfelues, le film est loin de m'avoir transcendé pour autant. Trop de longueurs, peu d'insolence et une certaine monotonie... On est bien loin de la douce folie qui opère avec bonheur dans les aventures du vrai Petit Nicolas et de ses remarques joyeusement piquantes!
Celui-ci est bien trop sage pour être crédible et l'on cherche toujours le mordant des gags proposés au travers d'un scénario dont la linéarité n'a rien de très attrayant.
Certes alors, les décors sont fort bien reproduits et le souci du détail est tout à fait charmant mais pas de chance! Si l'on partait sur un bon début, le manque de rythme et la fadeur de l'ensemble ont laissé en moi une réelle marque de déception.
Toutefois, la prestation des écoliers en culottes courtes est adorable, attachante à souhait et brillante de sincérité, car si le film n'a pas su retranscrire l'ambiance joyeusement désordonnée des livres, il a en revanche très bien ciblé le caractère de chacun des petits personnages et les acteurs en herbe sont tout bonnement à croquer dans leurs rôles respectifs. On notera également quelques instants tendre et drôles, dans les gags et les bévues, à l'image de l'oeuvre d'origine, ainsi que de petites réparties pleine de naïveté, d'innocence et d'espièglerie, qui nous font oublier un moment la platitude de l'ensemble. Ceci étant, le résultat est loin d'être un chef-d'oeuvre, hélas.
A y aller exclusivement alors pour le remarquable casting des enfants acteurs et pour quelques bons passages à forte teneur humoristique, mais à oublier pour le reste...
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2012 de Roland Emmerich
Ca parle de quoi?
"La prophétie maya qui tend à dire que la fin du monde a toujours été prévue pour décembre 2012 est à l'ordre du jour: certains scientifiques gouvernementaux et géophysiciens travaillent secrètement sur le sujet depuis longtemps, le trouvant au fil des années de plus en plus plausible... et imminent. Lorsque les plaques tectoniques se mettent à glisser, provocant catastrophe sur catastrophe et la disparition de nombreuses villes partout dans le monde, l'affolement est total. Une famille américaine se jette alors à corps perdu dans un voyage désespéré où beaucoup trouveront la mort..."
Sympathique sans être jouissif. Distrayant, haletant et avec de très bonne réparties par moment. Du blockbuster de compétition comme qui dirait. Je n'en raffole point mais en même temps, pourquoi pas, pourvu que ça demeure occasionnel.
2012 est donc un film catastrophe avec tout ce que cela comporte et joue son rôle à merveille.
Effets spéciaux impressionnants à foison, climat électrique et tensions, dilemme politico-social, un soupçon d'humour et d'insolite sans oublier la fameuse petite histoire perso familiale sur fond d'ancienne romance. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour un rendu réussi et il est vrai qu'on se prend au jeu assez vite en fait, tant la pression ne se relâche jamais, et laisse au rythme une cadence des plus soutenues sur fond de stress bien amené.
Angoissant à souhait, virevoltant et d'un réalisme stupéfiant, force est d'admettre que l'ensemble est plutôt plaisant... au début. Il n'en demeure pas moins que 2h40 d'explosions, de tsunamis et de cataclysmes est à la longue un peu épuisant pour nos yeux fatigués, d'autant plus que lesdits effets spéciaux paralysent grandement un jeu d'acteur pas particulièrement marquant. Le tout évidemment prévisible, on notera le sauvetage du chien (toujours le chien!), des enfants, de la mamie et de toute personne "gentille" utile au scénario, en faisant mourir les vilains méchants ainsi que quelques autres très importants, donc évidemment susceptibles d'y passer. Rien de bien novateur alors mais de la pure distraction bien "choc",
et aussi pour le plaisir de se faire un peu peur ^^
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Truc de filles ;)
Twilight - Tentation de Chris Weitz
Ca parle de quoi?
"Lors de la fête organisée pour ses 18 ans chez les Cullen, Bella qui s'est blessée en ouvrant ses cadeaux, manque de se faire tuer par l'un d'eux. Devant le danger, Edward, plutôt que de la transformer, préfère l'abandonner sans lui laisser de chance de le revoir et se réfugie dans une prestigieuse famille de vampires italiens. Restée seule à Forks, elle sombre dans la dépression, mettant à plusieurs reprises sa vie en danger. Seul Jacob, l'ami de toujours, reste à ses côtés et tisse avec elle des liens ambigus et très forts. Mais Jacob ne dissimule t-il pas un terrible secret? Et qu'est-il advenu d'Edward?
Prévenir tout de suite: ceci n'est pas du bon cinéma!
L'ensemble sonne très "teenager", l'enchaînement des scènes est inégal au possible, l'émotion proposée est difficilement crédible et si la bande-annonce laissait suggérer pour ce deuxième chapitre une forte dose d'adrénaline bien à propos, le scénario se révèle finalement beaucoup plus mou que prévu... Par ailleurs, bien loin du livre de Stephenie Meyer, les scènes les plus importantes sont survolées et la course finale, toute effrénée qu'elle aurait du être filmée, est d'un ennui mortel à bien y penser. Pire encore, pas une once de peur s'empare de nous.
Ne devrait-on pas s'y attendre un minimum dans un film traitant des vampires?
On n'échappe pas non plus à la phase "clichés", sans doute plus présente encore que dans le premier opus, avec le rappel niais de l'amour pur et éternel (horreur, pendez-moi!), quelques images de grosses cylindrées lancées à pleine vitesse, et surtout des personnages mâles à la beauté arrogante, comme ces loups garous, toutes tablettes de chocolat dehors, qu'il vente, pleuve ou neige... Si ce n'est pas vouloir appâter de la jeune adolescente ça!
Critiques mises à part, le film bénéficie d'un rendu visuel assez puissant et d'une bande originale qui lui colle à la peau. Et puis soyons honnête, le divertissement est plus qu'alléchant -et là, c'est la pintade en moi qui s'exprime- si l'on considère que le plaisir des yeux est une denrée importante pour toute fille qui se respecte.
Alors oui, je dois bien l'admettre, on se fait fichtrement plaisir cette fois; même qu'on matte Taylor Lautner et Robert Pattinson torses nus à ne plus en finir, l'oeil hagard et le fantasme à portée de main. Et il le faut bien après tout, puisqu'il ne nous reste que ça!
En dehors, le personnage de Bella, loin de s'affirmer, est plus fade que jamais hélas, et l'amour parfait qui possédait son petit charme dans Fascination ne fait plus pleurer dans les chaumières mais commence sérieusement à ennuyer.
Au moins dans le livre, le traitement de l'ensemble rendait les aventures palpitantes et pleines de rebondissements savoureux. Mais ici, rien ne paraît juste. Qu'adviendra-t-il alors du troisième film? Feront-ils jouer les acteurs intégralement nus pour remédier à tout cela? ;)
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Just for fun
La proposition de Anne Fletcher
Ca parle de quoi?
"Lorsque Margaret, éditrice puissante et tyrannique, est menacée d'être expulsée vers son pays natal, le Canada, elle imagine une solution d'urgence et déclare être fiancée à son assistant Andrew, qu'elle maltraite depuis toujours. Celui-ci accepte, mais au prix de quelques conditions, et il faut, de plus, prouver officiellement cette union. Voici alors notre malheureux faux-couple embarqué dans de folles aventures qui les mèneront au sein d'une situation que Margaret, de fil en aiguille, ne gère plus du tout..."
C'est loin d'être une surprise, je n'apprécie que très moyennement les comédies romantiques, The Holiday et Love Actually mises à part. Celle-ci ne déroge donc pas à la règle, avec un scénario téléphoné et une "happy end" des plus prévisibles, et pour cela, je devrais déjà la détester. Néanmoins, il n'en est rien.
Drôle, fraîche et improbable, La proposition est, en dépit d'un film d'une grande qualité, un moment de détente fort plaisant qui réussit de par sa gaîté et ses scènes délicieusement incongrues à captiver l'attention du spectateur, le duo Bullock/Reynolds y étant évidemment pour beaucoup. La valse des personnages, tous plus loufoques les uns que les autres, est un bonheur de chaque instant, qui rythme l'ensemble avec un aplomb incroyable et laisse s'échapper de petits touches d'humour de-ci delà, dans un contexte des plus décalés.
Fort de ses imperfections alors, le film assume totalement ce qu'il est, sans prétention ni suffisance, et par conséquent, s'en sort vraiment bien. Et si au final, il n'en reste rien, il fait habilement oublier son manque d'originalité par une légèreté appréciable et quelques gags à l'arrachée sur lesquels on ne peut faire l'impasse d'un sourire.
Accessoirement, ce n'est sans doute qu'un détail féminin mais Sandra Bullock en Louboutin, moi, j'aime bien ^^
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Jennifer's body de Karyn kusama
Ca parle de quoi?
"Jennifer, lycéenne d'une petite ville américaine, est populaire et adulée des garçons. Mais suite à une soirée qui tourne mal, elle meurt et se trouve dans d'étranges conséquences possédée par un démon. Transformée ainsi en véritable mangeuse d'hommes, tiraillée entre femme fatale et pâle zombie, elle fait des carnages au sein de son entourage tandis que son ancienne et discrète meilleure amie, Needy, commence sérieusement à se méfier..."
Beaucoup de mal avec Jennifer's body que j'ai trouvé peu abouti si ce n'est pas fini.
L'idée de base était plutôt bonne pourtant, mêlant le gore des séries B (que j'affectionne comme chacun sait) aux films "teens" bien connus des campus américains qui allient sexe, drogue et alcool. Mais l'ensemble, loin d'être captivant, est une succession d'évènements auxquels on s'attend et l'on s'y attend tellement qu'à la longue, ça devient franchement fatiguant. Pas d'évolution, pas de spectateur tenu en haleine, ni même de montée en puissance dans la violence et la surenchère. Rien. Il en demeure un film un peu lourd, un peu maladroit, accumulant les clichés lycéens d'une façon qui se veut provocatrice sans l'être réellement, et où seul le dénouement possède son soupçon d'intérêt tandis que tout le reste du temps, on s'attendait à ce que l'action débute vraiment. Seulement voilà, l'action ne débute pas.
Les jeunes éphèbes éventrés se suivent et se ressemblent tous, dans une volonté d'images gores qui ne font plus rien ressentir au fond, et même l'aspect parodique, un brin amusant à bien y penser, ne parvient pas à sauver le film du néant.
A noter qu'au sein de cette farce sans saveur, la jeune Amanda Seyfried, dans la psychologie de son personnage, se démarque un peu du lot, tenant l'ensemble à bout de bras et volant ainsi la vedette à une Megan Fox certes très sexy mais cantonnée à l'image surfaite et peu enviable qui lui colle à la peau.
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Retour sur l'été 2009
The Reader de Stephen Daldry
Ca parle de quoi?
"Michael Berg, 15 ans, entretient une relation passionnelle avec Hanna, une femme de 35 ans, qu'il rejoint chaque jour pour lui faire la lecture. La jeune femme accueille les livres avec enthousiasme mais ne se dévoile jamais et finit par disparaître laissant Michael sans espoir. Des années plus tard, ce dernier devenu étudiant en droit assiste au procès des crimes de guerre Nazi. Sur le banc des accusés, terrifié, il découvre Hanna... et retrace peu à peu son passé, en même temps que le secret autour de la lecture, qu'elle tentait toujours de dissimuler."
J'avais manqué de vous l'évoquer lors de sa sortie et c'était bien là une grossière erreur. Le film, qui repose quasiment tout entier sur le jeu d'une Kate Winslet au talent indéniable (son prix d'interprétation pour le rôle étant amplement mérité), se révèle tant pas sa romance fatale que par la réflexion grave qu'il soulève sur des questions d'ordre éthique.
Dérangeant, poignant, cinglant, il irradie littéralement de par ses propos et permet, au moyen d'une distance tout à fait justifiée, de rendre le spectateur concerné par les faits évoqués et ainsi lui permettre de prendre parti. Porté d'ailleurs par un scénario volontairement linéaire si ce n'est froid, l'émotion n'en est pas moins palpable. La thématique même de The Reader possède cette force inouïe qui permet à l'ensemble de se développer et de s'épanouir singulièrement, à mi-chemin entre la haine et la compassion.
Parallèlement à cela, le film souffre de quelques défauts: la question du bien et du mal, totalement chamboulée ici, semble parfois trop simpliste au sein de l'importance du sujet et se mêle alors de façon incongrue à une sorte de sensiblerie forcée jaillie d'on ne sait où.
De plus, le vieillissement du personnage d'Hanna est assez mal fait dans sa réalisation en comparaison à titre d'exemple, avec Benjamin Button sorti un peu plus tôt dans l'année. Esthétiquement parlant, on est donc loin du chef-d'oeuvre.
Cependant, ce n'est assurément pas la volonté d'un tel aspect qui prime ici et Daldry nous le fait d'ailleurs très vite comprendre en se focalisant d'emblée sur la psychologie de ses personnages comme sur leur rapport aux choses, dans une tonalité dramatique de circonstance. Il en résulte un film lourd de sens, qui parvient à évoquer, non sans un certain malaise, le drame des camps de concentration avec une approche toute nouvelle, subtile et atypique. De quoi nous donner matière à réflexion pendant un bon moment...
-Livy-