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Livy Etoile
20 décembre 2012

Tim Burton/Helmut Newton: deux univers pour deux expositions cultes

Dans la fin de chaque année, naît l'idée d'un bilan symbolique. Une sorte d'univers parallèle où les mois défileraient en accéléré, dans leurs meilleurs comme dans leurs pires aspects, le temps de constituer le plus précis des résumés. Et si pour ma part, je préfère définitivement garder ce chapitre clos afin de mieux le préserver, j'accorde ma préférence à composer des listes à l'infini: les souvenirs partagés, les voyages, les sorties, les découvertes, les surprises ou les nouveautés... Il y a certainement ce "je ne sais quoi" de rassurant à tout vouloir coucher sur papier sur clavier pour ne pas oublier. Alors, quand mes réminiscences 2.0 me ravivent l'esprit autant qu'elles titillent ma nostalgie, je pioche en vrac les instants qu'il me siérait de vous conter, pour un plaisir d'écrire, un fourmillement d'idées à dompter et quelques heures à revivre en toute intemporalité. Par chance, la belle saison 2012 s'est vu ponctuée d'une bien agréable façon par deux expositions-clés qui m'ont, chacune dans leur style, profondément marquées. Je vous emmène donc aujourd'hui à leur (re)découverte, des fois qu'elles vous auraient échappées ou qu'il vous prendrait l'envie de vous les remémorer. 


*

Tim Burton à la Cinémathèque française

Tim_Burton__Cin_math_que

Conçue de prime abord pour le MOMA de New York, l'exposition Tim Burton a circulé dans de bien nombreuses villes et sur plusieurs continents avant d'élire domicile à la Cinémathèque française de Paris pour quelques mois. C'est qu'il aurait été dommage de s'en priver tant l'univers du cinéaste est une délectation onirique de chaque instant. Je m'y suis donc rendue, conquise d'avance, accompagnée des demoiselles Poleen et July, le temps d'une visite presque trop courte à mon goût...

L'exposition se présentait comme une façon ludique de redécouvrir l'oeuvre décidément très complète de Tim Burton à travers un important panel de sculptures, peintures, dessins, photographies, maquettes, figurines, costumes et séquences vidéos. Partout, des extraits de films, des courts-métrages quasi inédits, des documentaires explicatifs... Et je ne vous raconte même pas la joie de m'attarder en avant-première sur les jolies sculptures de Frankenweenie, petit dernier en date des films d'animation, sorti sur les écrans français cet automne. 

Pourtant, si le parcours au sein de ses films les plus célèbres semblait être un passage obligé, naturellement savoureux (comment y rester insensible ?), j'ai d'avantage eu le sentiment que le sujet principal ici était l'homme, le cinéaste, l'artiste génial et habité. Non pas que ce soit un mal, bien au contraire ! Il s'agissait pour Burton d'une façon de se dévoiler un peu plus au travers de son oeuvre et pour le spectateur d'effectuer quelques pas à ses côtés. De la sorte, s'exerçait au sein même de la visite quelque chose d'excitant à tenter de percer à jour son cheminement, détailler ses heures de labeur, ou encore s'attarder sur ses débuts que l'on maîtrise souvent moins, moi la première. Son amour pour le stop-motion et les rêveries torturées auront d'ailleurs fini de me convaincre même si c'était, il me semble, une cause déjà gagnée.

Ainsi captive de cet étrange univers fantastique pour une petite matinée, je me suis prise au jeu des fantômes, des créatures improbables et d'une magie tout à fait personnelle. Il faut dire que la complexité burtonienne a toujours puisé son intérêt dans ce qu'elle a de paradoxal. Elle use et abuse des couleurs chatoyantes pour accéder à une noirceur bien volontaire et s'en délecte avec un humour acéré, sans jamais omettre un zeste de folie bien amenée. Qu'on ne se leurre pas cependant, la clé de son imaginaire sombre et sinueux est demeurée secrète, il n'aurait pu en être autrement. Car Tim Burton témoigne d'un "vrai" style, parfaitement inimitable, et c'est bien cela qui génère un intérêt évident. En perpétuel décalage, l'artiste apparaît comme une sorte de gentil savant fou touche-à-tout dont le travail ne pourrait que rester inachevé dans l'immédiat. Et dans l'attente de nouveaux chefs-d'oeuvre, la Cinémathèque remettait ici au goût du jour les peurs enfantines que ce cher Tim façonne avec brio pour mieux nous faire frissonner d'enthousiasme.

 Dans l'idée de compléter mes mots précédents...

Skulls_little_Jack

Des Jack pour un étrange Noël, comme s'il en pleuvait...

Jack__l__trange_No_l__sur_un_mouchoir_de_poche

... Pas plus grands qu'un mouchoir de poche !

Reine_de_Coeur

Dans Alice in Wonderland, la Reine de Coeur est croquée...

Chat_du_Cheshire

... Quand le chat-fouin du Cheshire nous adresse son sourire sardonique en papier.

Little_fairy_girl

La fille-aux-chats de Frankenweenie ouvre ses grands yeux ébahis...

Sculpture__fin_de_l_exposition

... Mais déjà, sur cette note bleutée, l'exposition est finie.


*

Helmut Newton au Grand Palais

Helmut_Newton__Grand_Palais

Délicieusement vintage, parfois glamour, souvent provoc'. Le résumé de l'exposition pourrait bien s'autosuffir de la sorte, et pourtant ! Le Grand Palais avait rassemblé pour l'occasion plus de deux-cents photographies (et moulte polaroïds) d'Helmut Newton, tous formats confondus, dont un grand nombre de tirages originaux et quelques clichés monumentaux de la grandeur d'une pièce. L'ensemble était complété par un film de son épouse: Helmut by June, tout à fait bienvenu afin de peaufiner la visite. Si j'ai déploré pour un temps l'absence quasi-totale de texte puisque le parcours de l'artiste s'effectuait presque essentiellement par le biais de la photographie, je me suis vite ravisée, trouvant sans doute ainsi une façon plus spontanée de suivre mon intuition et mon ressenti face au travail de l'homme, sans être liée à l'écrit informatif.  

S'en est suivi une exposition riche et intense qui m'a laissée, et j'aime cette sensation, mitigée quant à sa façon de penser. Tout à fait convaincue par les influences cinématographiques variées du photographe dans bon nombre de ses clichés, ou encore l'étude sur les portraits, j'ai avant tout salué sa volonté de s'affranchir des contraintes, même dans le travail et même en oeuvrant pour des parutions renommées. Cet instinct sauvage de liberté symbolisait une personnalité forte et ambigüe qui conférait aux photographies de mode notamment, un caractère très avant-gardiste sur lequel beaucoup se seraient cassés les dents. Mais lui, Helmut, semblait être précurseur en tout et n'hésitait pas une seconde à jouer de ce talent. 

Outre les clichés de mode et le reflet persistant d'un train de vie luxueux et nanti (jamais consensuel cependant), le photographe a su donner à des personnalités connues, voire celles auxquelles l'on se serait le moins attendu, une portée nouvelle, à fleur de peau, et jamais figée dans le temps. Il semblerait qu'il portait en lui l'art de la polémique et celui de faire vivre le monde et ses occupants à sa manière. 

Ce qui m'a d'ailleurs le plus marqué à juste titre est la place de la femme au sein de son oeuvre. Car la femme chez Helmut Newton est mise en valeur de la façon la plus singulière qui soit. Pas toujours belle mais éminemment puissante, elle impressionne ou même effraie. Sa séduction est violente voire brutale, sa sexualité affirmée. Tel un diamant brut, elle caractérise l'insoumission et, prête à dominer pleinement, s'impose comme un idéal inaccessible pour la gente masculine. C'est un être entier, brûlant de sensualité, qui assume son corps et ses envies.

Pour ma part, ce travail m'a séduite voire inspirée car il était peu ordinaire et encore moins lisse. En revanche, je me suis vue moins convaincue par des propos tels "J'adore la vulgarité". L'émancipation de la femme me parle forcément mais quid de la provocation gratuite ? Certains clichés exposés étaient moins forts à mon goût, moins travaillés également, et d'avantage réalisés pour faire parler d'eux, ce que je ne cautionne pas mais peux comprendre éventuellement. 

Nul doute que la révolution sexuelle des 60's et 70's ait grandement inspiré le photographe. Parmi ses thématiques-clés, les nus et le sexe ont occupé une place de choix, comme cette rétrospective nous l'a montré. Mais bien au-delà, et c'est une chance, l'humour omniprésent et dévastateur d'Helmut s'est définitivement imposé comme une volonté de désacraliser un mythe et laisser ainsi libre cours à une imagination passablement déjantée que ses clichés, plus d'actualité que jamais, ont désormais immortalisé.

 

Comme j'apprécie de garder une trace...

Helmut_Newton_postcards

J'étale pêle-mêle chez moi quelques cartes postales grand format.
Des captures qui dérangent, surprennent ou bien intriguent...
... Mais indéniablement, n'indiffèrent pas.


*

Une page se tourne avec l'arrivée prochaine de janvier quand restent les acquis. Mon hétéroclisme en sera ravi. Je revis les expositions avec un plaisir non feint tout disposé à chasser la mélancolie. Puis m'évertue à découvrir encore, m'intéresser et apprendre, perdue dans l'immensité des musées de Paris. Tant de choses vues, lues, entendues sont à partager, ici ou ailleurs, que je suis loin d'en avoir fini. Mais si au détour des mots, vous avez pu ressentir, ne serait-ce qu'un peu, la magie de Tim Burton ou l'art controversé d'Helmut Newton, la mission pourrait presque être accomplie tandis que, d'ores et déjà, je vous souhaite un excellent jeudi.

-Livy-

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Commentaires
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John:<br /> <br /> Mais de rien. Je pense notamment que l'exposition sur Helmut Newton t'aurait beaucoup plu !
J
C'est deux expos que j'aurais bien voulu faire. Merci de la partager avec nous avec cette note.
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Kelly: <br /> <br /> Je ne peux pas le nier, la vie parisienne comprend de nombreux avantages et les expo' en font partie. Viens donc nous rendre visite, ce n'est pas si loin après tout et tu auras le stress permanent de la capitale en moins ^^ Bonne année miss !
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Cheshire owl: <br /> <br /> C'est tout à fait ça ! J'ai pensé qu'il y avait un vrai parallèle à faire... Déjà parce que ces deux expositions ont marqué l'année mais plus encore par leurs univers qui dénotent, choquent et étonnent, chacun à sa façon. Les coucher sur papier était évidement une manière de les immortaliser, des fois que dans quelques mois, j'aurais envie de me les rappeler, encore et encore. Ah et puis oui, il y a pire en effet qu' un univers sombre-exquis additionné d'une sensualité brute et assumée ;)
K
Rien que pour ça j'aimerai être parisienne!
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