Somebody's birthday...
... And today, it's mine !
Et bim, un an dans les dents;
Que l'on m'amène du sucre et des gens pour fêter l'évènement !
Il faut dire que parfois, j'ai trouvé cela maussade ou bien inquiétant,
Que j'ai eu peur du vide indomptable et de la fuite du temps.
Mais avoir peur au fond, c'est être coincée sans action et sans mordant.
C'est se pâmer de désillusions quand à l'extérieur le monde attend.
Ne serait-ce pas dommage de rater le moindre petit moment ?
~
Il y a quelques années, je n'aimais pas mon âge. Du tout. Mon père avait beau me répéter à maintes reprises que "la peur n'exclut pas le danger", j'étais, en mon for intérieur, terrorisée. Terrorisée de vieillir, d'être moins à mon avantage ou moins festive, de n'être plus de cette prime jeunesse à laquelle on pardonne tout, d'être la fille anxieuse qui scrute ses premières rides invisibles dans le miroir chaque matin, de mettre les deux pieds dans la "vraie" vie... Une somme des craintes récurrentes qui hantent souvent les jeunes femmes à l'approche la trentaine, avec une infinie banalité. Et puis l'âge fatidique arrive et passe, tellement vite que l'on ne s'y attend pas. Le "cap", si tant est qu'il y en ait un, est franchi avec une continuité rassurante, une facilité même, comparé à toutes les légendes urbaines dites à son propos. Et les responsabilités de s'assumer avec naturel. Car la trentaine c'est cela aussi: l'heure de l'acceptation, y compris celle du temps qui s'écoule et des aléas qui nous enveloppent.
Cependant, et parce que la question se pose: je ne veux pas de vie-type. De métier-type. De relationnel-type. Je souhaite pouvoir ressentir les gens et les projets avec une intuition sincère plutôt que de me contraindre à des situations "parce que tout le monde le fait", fatalement vouées à l'échec en ce qui me concerne. Et qu'importe si la liberté, bien volontiers accordée à vingt ans, est parfois mal perçue à mon âge. "Entrer dans le moule" n'a d'intérêt que si ce dernier nous convient, n'en déplaise aux normes en tout genre. Souvent, l'on fait passer le besoin de sécurité de l'existence avant le bonheur, tel un nouveau credo; et un magnifique sujet de philosophie au demeurant. Pourtant, suis-je hostile, suis-je une menace ? Je ne pense pas. Juste cette grande fille dégingandée dont l'état d'esprit, le corps, le visage et le dress-code offrent un décalage certain, rapport à l'entrée chez les "grands". Et qui, comme crime ultime, ne regrette absolument pas cette différence, aussi involontaire qu'elle soit.
Parfois je tombe sur une émission: "une jeune femme d'une trentaine d'années..." Elles sont donc comme ça les jeunes femmes d'une trentaine d'années ? Je peine à m'y reconnaître tant je me sens "vingt ans et des poussières" (version améliorée, entendons-nous bien, sans les gueules de bois et les fashion-faux-pas). Je suis de celles qui évoluent en préservant sans effort une âme juvénile; de celles qui ont suffisamment accumulé de souvenirs pour en tirer un véritable enseignement; de celles qui savent où elles vont et maîtrisent leurs actes mais qui, face à l'idée de tout sacrifier de suite au nom de la pression sociale, du sérieux adulte et des jugements vindicatifs ont d'avantage l'envie, que dis-je, l'espoir assidu, d'écrire de nouvelles pages de vie avec une soif de découverte inouïe. De celles qui n'en ont pas fini avec les péripéties. Et de celles que cela fait sourire au fond, que rien ne soit parfaitement bien défini. Le reste attendra la trentaine mûre, la quarantaine ou que sais-je encore, pourvu que, doucement rock n'roll, on respecte mes choix et me laisse désormais à ma douce rêverie.
~
Aussi ne réfute-je pas le chemin sinueux ou plaisant parcouru jusqu'ici,
En espérant que certaines d'entre vous s'y reconnaîtront aussi,
Mais souffle-je ardemment sur mes quelques (nombreuses) bougies,
Et oeuvrerai afin que cette nouvelle période daigne m'apporter la raison autant que la folie.
-Livy-