Gastronomie japonaise de renom chez Takara
Vous connaissez la fille qui traîne régulièrement ses vieux os du côté des sushis/makis/yakitoris sans être toutefois fichue de se servir convenablement de ses baguettes ? C'est moi, oui. Et j'ose l'assumer, je réclame ma fourchette assidûment. Autant vous dire qu'en matière de gastronomie nippone, je suis la plus parfaite néophyte et ce, bien malgré moi. Non pas que je ne sois pas curieuse pourtant, vous commencez à me connaître. J'ai toujours nourri l'envie de goûter les plats du soleil levant, mais n'en ai jamais vraiment pris le temps. Cela ajouté à un certain manque de bonnes adresses parisiennes du genre et il n'en aura pas fallu d'avantage pour que l'idée reste en suspens des années durant. Par chance il y a peu, sur une sympathique initiative d'[Alicia], l'occasion de tester un restaurant japonais vrai de vrai s'est enfin présentée. Et elle a pris la forme du plus bel endroit qui soit; un endroit nommé Takara...
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De Takara tout d'abord, vous devez savoir qu'il s'agit d'une belle et noble institution. L'établissement, qui jouit d'une excellente réputation, est apparemment le plus ancien restaurant traditionnel japonais de Paris, voire d'Europe. Souvent compté parmi les meilleurs et les plus luxueux de la capitale, on s'y rend avec entrain comme pour vérifier une légende, dans l'enthousiasme du dépaysement. C'est d'ailleurs sans grand étonnement que, je l'apprends dans la foulée, "Takara" signifie "trésor". Une thématique pleine de promesses pour un repaire à visiter.
Les premiers pas sont prometteurs, je dois dire. Le cadre est enchanteur, authentique, comblé par des estampes de qualité voire de renom, des meubles typiques et des luminaires propices à l'évasion. Je me régale sans plus tarder devant ces jolies boiseries et drapés d'un autre temps; j'ai comme l'impression d'avoir voyagé certes, mais aussi remonté le temps. Et si la salle se révèle plutôt petite, ce n'est pas une mauvaise chose bien au contraire. Elle confère ainsi au lieu un état d'esprit feutré décidément appréciable. Pour peaufiner le tout, de petites alcôves (et quelques bambous de-ci delà) abritent élégamment les tables et nous font nous réfugier d'emblée dans une ambiance intimiste et tamisée. Certains diront qu'on y est mal assis ? Il n'en est rien ! Ces banquettes en bois sombre parsemées de coussins dévoilent tout l'atout charme d'un antre atypique et beau. Dans un petit tiroir enfin, les baguettes sont cachées. Le dîner n'a pas commencé que je savoure déjà.
Avant de causer repas, il faut toutefois que je vous évoque le service. Vous l'aurez bien saisi, rien n'est ici laissé au hasard. Les salutations respectueuses sont donc de rigueur pour les habitués, bustes inclinés pour un charme supplémentaire. Et afin de continuer le voyage en beauté, nous avons droit à des serveuses en kimono traditionnel (la classe) dans un souci évident de cohérence mais aussi une vraie notion de respect. Nos hôtes possèdent cette politesse naturelle, bienveillante et chaleureuse à notre égard, sans jamais se départir d'une vraie efficacité. Nous ne pourrons assurément pas nous plaindre d'avoir attendu alors, ni même de n'avoir point été renseignés suffisamment sur les différents intitulés. Car voyez-vous le client est traité comme un coq en pâte, avec cette impression lancinante en toile de fond d'être réellement au Japon.
La tension monte cependant d'un cran avec la carte. Cette dernière a beau sembler très complète (une carte magnifique et appétissante, oui oui) et nous proposer une palette de produits frais et de plats soignés, du genre à vous mettre l'eau à la bouche sans y avoir encore goûté, je dois confesser que les prix flambent un brin. L'espace d'un instant, je crains me trouver face à de trop petites portions et avoir encore faim en sortant de table. Et puis aussi un souci avec mon banquier le lendemain, tiens. Pour les sukiyakis notamment, les fameuses fondues japonaises, les prix avoisinent les 40€. Ce ne sera clairement pas pour cette fois. J'opte finalement pour des tempuras de légumes à partager en guise d'entrée, suivis de beignets de poulets frits, très simples a priori mais pourtant délicatement cuisinés à grands renforts d'aromates dont j'ignore tout. Pire qu'une intrigue digne de Sherlock Holmes, le mystère reste entier.
Aussitôt servie, le raffinement me saute aux yeux. On nous amène plats et sauces avec une précaution bienvenue et je salue l'effort de présentation autant que son contenu. C'est qu'il y a un certain plaisir à manger beau et bon à la fois. La cuisine, quant à elle, excelle. Les mets sont d'une efficacité redoutable, fondants et délicieux mais surtout, je cesse aussitôt d'être de mauvaise foi, car d'avantage copieux que je ne l'aurais imaginé. Je me retrouve ainsi avec une assiette plus qu'honorable et une belle idée de légèreté qui demeure pourtant en paradoxe avec la notion de friture ! Le riz cuisiné qui l'accompagne est confectionné avec soin et une cuisson exquise, un brin déroutant peut-être. Mes papilles se surprennent toutes seules devant ces saveurs inconnues, pas forcément identifiables mais succulentes malgré tout. C'est une vraie réjouissance, que vient encore renforcer la valse des sauces, Saint-Graal du goût, où s'entremêlent épices et condiments. Et pour ma satisfaction personelle, je suis même parvenue à manger avec les baguettes, moi la fille aux deux mains gauches.
Du côté sucré, les desserts regorgent d'ingéniosité dans les intitulés comme dans l'assiette, avec cette fois des prix abordables. Comprendre par là, des prix parisiens. On goûtera sans sourciller opéras, crèmes brûlées, glaces et cakes (j'ai testé dans l'assiette des copines) mais pour la petite originalité, la plupart des gourmandises sont parfumées au thé vert ou se déclinent avec d'autres ingrédients créatifs comme le gingembre, le sésame noir, etc. Enfin, saké, thé grillé et autres joyeusetés pourront peaufiner l'échappée gastronomique. C'est vous qui voyez !
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[ Les + ]
Vous l'aurez compris, la réputation de Takara est méritée et le restaurant brille tant par son ambiance que pour sa cuisine diversifiée et pleine de surprises. J'ajouterai qu'outre les viandes et poissons tant sollicités, la gastronomie accorde la part belle aux légumes. En entrée comme en plats, ils s'invitent avec un certain goût pour le sucré-salé. Et naturellement, on en redemande. Par ailleurs, le dépaysement du lieu est garanti et apprécié.
[ Les - ]
L'établissement ne s'accorde hélas pas avec toutes les bourses. Ne soyons pas radins, ce n'est pas non plus hors de prix surtout pour Paris. Il est néanmoins préférable de savoir avant de s'y rendre que pour un repas complet, boissons intégrées, une bonne cinquantaine d'euros par tête, voire même d'avantage, seront à prévoir. Notez aussi que les garnitures sont en supplément, et les tempuras en entrée à 20€ environ. Cela vous donne un ordre d'idée.
[ What else ? ]
Courez-y ! C'est l'occasion ou jamais de découvrir une vraie cuisine japonaise fort bien mise en valeur, et préparée de père en fils par des chefs dont le savoir-faire s'est forgé, année après année, au pays du Soleil-Levant. Comme souvent, il est préférable de réserver. Mais même à l'improviste, libre à vous de tenter. J'en ai vu pour qui ça a fonctionné.
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Désormais, vous n'avez plus aucune excuse pour ne pas rester à Paris et voyager;
M'est avis que les week-ends prolongés seront un excellent prétexte pour essayer;
En espérant par ce modeste billet avoir attisé tant votre palais que votre curiosité.
-Livy-
Takara, c'est où ?
14, rue Molière
75001 PARIS
Tel: 01 42 96 08 38
Métro: Pyramides