Une virée à Lyon
Le mois dernier, fraîchement revenue de Londres, je m'octroyais le luxe de jouer les prolongations avec un week-end express à Lyon. Un "exotisme" certain pour ma part (n'ayons pas peur des mots) puisque, de cette ville si souvent traversée, je n'avais le souvenir que des embouteillages de Fourvière, de brèves haltes pour dormir, d'une mini-balade au Parc de la Tête d'Or et d'un mariage rock n'roll à souhait célébré dans les années 2000... Un peu mince me direz-vous, pour appréhender un lieu comme il se doit.
Il ne me fallait donc pas moins d'un couple d'amis lyonnais ultra-motivé (et tout disposé à faire visiter le pays des bouchons) pour tenter l'aventure sous un nouveau jour et titiller ma curiosité, le tout ponctué de conversations animées, tendance "entre potes" passablement conviviale.
Une hospitalité avérée, et heureusement d'ailleurs. Car je dois bien avouer que ce court séjour ne fut pas des plus productifs d'un point de vue tourisme. Moi qui avais opté pour la solution du mois de mai et sa mensongère rengaine "fais ce qu'il te plaît" en avait presque complètement omis notre hiver infini et ses jolies intempéries. Ce qui suivit fut donc d'avantage cocooning encore qu'un week-end à Paris et sitôt arrivés le samedi, l'ami geek et moi ne sortions plus jusqu'au lendemain midi ! Nous consolant gentiment des bourrasques de vent par un tour du propriétaire détaillé, une gastronomie fort à propos (le burger "Chapeau Rouge" préparé par la maîtresse de séant valait bien le détour) et de savoureux "chartrositos" (des mojitos avec de la Chartreuse, donc), la soirée fut aussi douce que la matinée qui suivit. L'occasion de m'aventurer ici ou là vers de sympathiques trouvailles...
De drôles de guitares cousues main et conçues par les doigts de fée de Marcel Créations...
... Ou encore le tableau spécial "Quizz cinéma". De quoi se creuser les méninges de longues heures durant, afin d'associer chaque réplique à son film culte.
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Mais quand la pluie s'en fut allée (que je crus !), la motivation enthousiaste encouragea la marche à pieds. Et puisque la vieille ville me tendait les bras pour la toute première fois, je m'y engageais sans plus tarder, de la Saône jusqu'au Rhône, mitraillant de tout côté.
La passerelle Saint Vincent comme point de départ; une lueur fugace dans un ciel d'automne de printemps; et la "Tour Eiffel lyonnaise" en arrière-plan, plus communément appelée Tour métallique de Fourvière.
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La balade dans le vieux Lyon pouvait ainsi commencer... Tout juste au pied de l'insolite Fresque des Lyonnais, gigantesque immeuble en trompe-l'œil à la singularité populaire et parsemé des figures emblématiques de la ville.
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Plus loin, je découvrais une architecture noble, de celles que les siècles patinent: la façade travaillée d'un théâtre, de vieilles pierres accueillantes ou encore les fameux escaliers apparents typiques des constructions lyonnaises et souvent classés au patrimoine culturel.
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Tout ceci pour mieux en arriver à la place des Terreaux et prendre la pose le temps de quelques photos. Les lyonnais d'atavisme pourraient ricaner aisément de mon assiduité de touriste, à l'image des provinciaux agglutinés à Paris devant la fontaine Saint Michel. Et comme je les comprendrais ! Ceci étant, il me fallait bien ces lieux cultes pour démarrer un tant soit peu mon apprentissage. Et je le fis le plus consciencieusement du monde, plantée en bas de la colline de la Croix-Rousse.
Agréablement surprise par son architecture extrêmement riche, à mi-chemin entre des bribes d'Histoire et un modernisme certain (de par les fontaines de Buren en partie), je sautillais allègrement de l'Hôtel de Ville au musée des Beaux-Arts, m'attardant sur l'intrépide fontaine Bartholdi. L'orage qui menaçait conférait d'ailleurs à l'endroit un caractère particulier, imposant et serein à la fois. Le genre de lieu où l'on se sent tout petit et pourtant en sécurité.
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À quelques pas de là, la découverte de l'Opéra de Lyon fut un peu plus décevante, je le confesse. Un monument digne mais froid, dont les détails m'ont assurément moins parlé. Pour avoir, sitôt mon retour à Paris, jeté un rapide coup d'œil sur ce qu'était l'ancien bâtiment, force est de reconnaître que je l'ai trouvé d'avantage à mon goût et "esthétiquement convaincant". J'assumerai pour l'occasion mon côté rétrograde évident !
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La balade prenait cependant, sans le savoir, la tournure d'un vrai coup de cœur: le palais de la Bourse. Véritable chef-d'œuvre d'architecture, hymne à l'art et monument classé à juste titre, la construction est parvenue à me fasciner au premier coup d'oeil. Il semblerait de plus que l'Idéfix sommeillant en moi ne soit pas resté insensible à la verdure joliment paysagée qui peaufinait l'ensemble...
Notons que les câbles apparents ne sont autres que ceux des "trolleybus". À l'image de l'Italie, le lyonnais est électrique ;)
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Plus loin, la place des Jacobins, sa fontaine, ses travaux (ce qui explique l'absence de photographies), puis le théâtre des Célestins ci-dessus... J'aurais bien enfourché un Vélo'V pour l'occasion, tiens.
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La fine équipe arrivée place Bellecour, plus grande place de Lyon, eut pourtant un bien court temps de répit pour s'extasier sur son immensité. Dame Nature avait décidé de pleurer à chaudes larmes sur un printemps détraqué et d'inonder jusqu'à mes souliers ! Je n'en ai pas retenu grand chose alors, si ce n'est son immense surface piétonne, majestueuse quoiqu'un peu impersonnelle... Une jolie symbolique toutefois que la statue du Petit Prince et de Saint-Exupéry qui a su réveiller en moi d'anciennes lectures adulées.
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La pluie faisant rage, il ne me restait plus qu'à suivre mes hôtes aguerris vers de toutes petites ruelles au charme évident. Les trombes d'eau m'ont ainsi permis de m'abriter sous quelques portes cochères, à la découverte inattendue de cours intérieure. Et les coins des vieilles villes étant bien souvent une mine d'or pour dégotter l'inattendu, j'y trouvais sans effort la boutique de mes rêves, drôle et vintage à la fois.
Passant entre les gouttes (c'est une blague en fait, nous étions trempés jusqu'aux os), je survolais la rue des fameux bouchons lyonnais, savant mélange de traditions et attrape-touristes, en mode "the place to be", pas désagréable au demeurant. L'heure n'était pourtant pas à la dînette et déjà, la promenade touchait à sa fin.
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Le point final fut donc le pont de la Guillotière qui surplombait le Rhône cette fois.
Un panorama exquis et une intense sensation de liberté renforcée par la présence du Skate Park, tout décoré de l'œuvre street art des Birdy Kids. Avec une tendance "Angry Birds" très pop, très colorful, le crew crée en 2010 s'est notamment imposé à Lyon (le Marais parisien en regorge toutefois).
Cerise sur le gâteau, les derniers mètres qui me séparaient du métro mirent un Oré sur mon chemin, autre street-artist déjà chéri à Paris. (Et parce que le métro m'est désagréable exclusivement dans la capitale et ludique partout ailleurs.)
C'en était fini, du moins pour cette fois. Repliant bagages direction l'autoroute, l'ombre des Birdy Kids -encore et toujours eux-, tel un dernier clin d'oeil, ne manqua pas de me susurrer un retour prochain.
Parce qu'à Lyon encore, il me reste une multitude de lieux à apprivoiser et quelques proches à visiter.
~ Histoire à suivre ~
-Livy-