Au-delà du Street Art: le Musée de la Poste en pleine tendance
Le street art, on en parle ? On les appelle Miss-Tic, Jérôme Mesnager, Invader, Gzup, Nemi Huhu, Oré, Lilsoldia, Fred le Chevalier, Le Diamantaire, Clet Abraham... Ces artistes sont des centaines et sèment dans nos villes une invasion bienvenue, à l'image de leurs couleurs multiples et des messages véhiculés qui le sont tout autant. D'ailleurs, à en croire la douce rengaine de Jef Aérosol," la musique adoucit les murs" pour notre plus grand bonheur. Ainsi, lorsque mon engouement (cf ici) revient au galop en même temps que les balades thématiques de saison, je me sens d'humeur à partager avec vous ces trouvailles du quotidien au gré de mes découvertes et de mon compte Instagram. Et si chaque rue détient son lot de mystère et d'étonnement telle une ritournelle arty au désordre aussi charmant que volontaire, se pourrait-il que le street art s'expose et s'impose également en intérieur ?
(Jef Aérosol)
Il y a un mois environ, se terminait un évènement que je n'aurais pu manquer pour rien au monde, à moins de me retirer dans une grotte. Par chance, ce ne fut pas le cas et l'exposition Au-delà du Street Art organisée au musée de la Poste me fit faire un grand bond; de joie et d'enthousiasme, il va de soi. Jusqu'à pousser une petite reconnaissance forte à propos sur le terrain, en prendre plein les mirettes et me mettre au rapport désormais, des fois que j'y aurais trouvé aisément de quoi en faire un billet...
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Au-delà du Street Art : Pourquoi ? Comment ?
Le but de l'exposition était de permettre à un plus large public de découvrir cet art urbain souvent peu connu voire ignoré. De la sorte, le visiteur pouvait suivre un parcours qui s'échelonnait parmi les oeuvres de treize artistes (et pas des moindres !) majoritairement français mais pas que, des pionniers aux plus récents, le tout entrecoupé d'extraits vidéos, photographies et autres explications sur le mouvement. Une idée astucieuse somme toute, pour initier sans écoeurer.
Et alors ?
Je me suis rapidement prise au jeu de sillonner l'exposition en long, en large et en travers, les allées révélant des street artists qui me sont chers. Toute la pertinence de l'évènement résidait en effet dans l'effort de retranscrire en plein musée une ambiance un brin décalée à l'image de la thématique, à grand renfort de couleurs, de talent et de provoc' bien amenée dans les oeuvres exposées, comme j'aime en trouver en milieu urbain (la traque en moins). Une prise de position assumée qui renforçait dignement l'intérêt pour ce mouvement souvent considéré comme atypique, laissant hautement dominer l'image, l'intuition et le ressenti de chacun sur le texte.
En quelques bribes, joli revival vintage avec les mosaïques pixelisées du très secret Invader, féminisme impertinent chez Miss. Tic, humour acéré au sein de l'oeuvre du toulousain Dran, véritable chef-d'oeuvre artistique du côté de C215 ou Jef Aérosol, ou encore dénonciation politique insolente pour l'américain Shepard Fairey... Sans oublier de nombreuses autres installations, géantes pour certaines (Ludo et son immense papillon par exemple), que je ne saurais toutes citer mais qui ont su captiver mon regard. Le voyage multi-thématiques avait de quoi interpeller et séduire de surcroît, la pluralité et la spontanéité du street art se suffisant souvent à elles-mêmes. L'idée de base me semblait assez bien retranscrite d'ailleurs, dans cette volonté d'effleurer le domaine d'un simple plaisir des yeux et d'exprimer dès lors une sensibilité à fleur de peau, sorte de partage entre l'artiste et le spectateur qui se passe de grandes explications pour exister.
Toutefois, l'exposition ne s'arrêtait pas là. Elle avait également pour mission d'entraîner son visiteur en coulisses, de lui retranscrire au mieux un travail en amont qu'il ne soupçonne pas toujours et de pouvoir ainsi causer technique. Sérigraphie, tampons, découpages ou stickers, jusqu'aux mosaïques multicolores... Pas question ici de faire l'impasse sur le pourquoi du comment, ni laisser planer le doute sur l'idée que le street art nécessite un véritable travail, tant imaginatif que créatif.
De façon plus personnelle...
Je ne pourrais cacher un énorme coup de coeur pour la session dédiée à Banksy, mon grand-breton favori et qui aura su me convaincre une fois encore par sa poésie empreinte de drôlerie et ses prises de position politiques affirmées. Définitivement séduite, le film diffusé à son sujet était une belle découverte des diverses facettes de l'artiste et quelques autres truculents détails que j'ignorais, sur son oeuvre en général et son cheminement en particulier.
(Dran)
En revanche, sans nier la clarté des explications globales de l'exposition, je n'ai pas appris grand chose que je ne savais déjà. Passionnée ces dernières années par la mouvance street art qui m'étonne chaque jour d'avantage, il semblerait que j'aie un peu trop potassé pour me laisser complètement impressionner. L'évènement s'est alors révélé à mes yeux comme une douce révision, un apport supplémentaire et l'occasion de serpenter parmi des oeuvres superbes plutôt qu'un parcours initiatique. Loin d'être un mal pour autant, j'ai apprécié la balade jusqu'à pousser le vice et faire plusieurs tours de salles. Punie, moi ? Assurément pas ! Traquer des informations insolites autant que possible est une seconde nature. Petit bémol cependant concernant la très courte durée de la visite, ou comment le sentiment de rester sur sa faim se fait sentir, au moment précis où les idées captivent de plus en plus...
Le mot de la fin
Ces derniers mois, les évènements du même acabit affleurent plutôt (exposition Graff/Street Art à Créteil, Tableaux de maîtres et Dans les entrailles du Palais secret au Palais de Tokyo notamment) et c'est un vrai plaisir que de voir le street art gagner en importance et en estime. L'envie de découvrir d'avantage ses pionniers, ses artistes, son histoire et ses techniques est naturellement positive, symbole d'une curiosité plaisante. Je garde néanmoins en mon for intérieur l'idée que la spontanéité évoquée un peu plus haut est la clé de ce mouvement artistique, tout comme la prise de risques et le challenge, et que c'est dans la rue, la vraie, qu'il se savoure le mieux.
-Livy-