Un an de cinéma frenchy !
Telle une étudiante appliquée et pleine d'entrain, voici que je continue assidûment mes révisions cinématographiques de 2012, avec un zeste de chauvinisme cette fois. Chauvinisme ? Même pas. Mais vous l'aurez compris, je vous emmène voyager aujourd'hui à travers le 7 ème art français et sa pluralité jolie, oscillant entre drames et comédies. Il est vrai que pour parvenir à trouver quelques bons films, le parcours est souvent long et semé d'erreurs voire de déceptions. Et pourtant ! Cela ne vaut-il pas la peine de tenter de dénicher dans une botte de foin quelques étonnantes trouvailles ? "Impossible n'est pas français" oserais-je hasarder, en dépit du peu de sympathie que je porte à son auteur. Aussi, c'est avec une subjectivité de rigueur que je me suis pliée à l'exercice pour rassembler, le temps d'un billet, mes séances les plus diversifiées qui soient. Films secondaires ou longs-métrages marquants; le cinéma "cocorico" en 2012, c'était aussi un peu celui-là...
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Ma french sélection
L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder
Ça parle de quoi ?
"Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes."
Une réalisation tirée au cordeau, des acteurs qui ne trahissent nullement l'état d'esprit du roman, et pas un brin de mièvrerie à l'horizon... L'adaptation cinématographique de ce qui a été l'un de mes livres de chevet favoris est sacrément bien ficelée, de son petit épisode introductif subtilement amené jusqu'à son délire final renforcé par un Joey Starr irrésistible. Et si j'émettais pourtant des réserves avant visionnage (du roman au film, mon scepticisme a raison de moi la plupart du temps), je suis sortie de cette séance absolument rassurée. Dans le registre de la comédie, Beigbeder parvient à donner à son long-métrage un rendu léger, bourré d'humour et de dérision, tout en évitant les écueils romantico-bien pensants qui auraient paralysé l'ensemble sans aucun doute. C'est un pari réussi donc, doté d'une tendance un peu borderline mais qui sait toutefois se contenir quand il le faut et jouer avec le feu sans se brûler. Aussi, puisque l'exercice n'est pas si aisé qu'il le paraît, l'ensemble séduit précisément car il sort de l'ordinaire mais ne se loupe point. J'adhère.
Camille redouble de Noémie Lvovsky
Ça parle de quoi ?
"Camille, seize ans, rencontre Eric. Ils s’aiment passionnément et ont une fille ensemble. Mais 25 ans plus tard, ce dernier la quitte. Quand le soir du 31 décembre, Camille se trouve soudain renvoyée dans son passé, elle est revenue à ses seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence et Eric. Va-t-elle fuir et tenter de changer leur vie à tous deux ? Va-t-elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connaît la fin de leur histoire ?"
Petite perle de fraîcheur vintage, voici bien là un scénario qu'on n'attendait pas et qui pourtant présente un aspect inventif des plus réjouissants. Jouant tant sur l'humour que sur les sentiments, le film apporte ce "quelque chose" d'intelligent qui se fait de plus en plus rare et surprend un peu quand il séduit beaucoup. De la mise en scène aux répliques, des costumes aux situations, rien semble n'avoir été laissé au hasard et ce, pour nous donner le résultat le plus naturel qui soit. Retourner dans les années 80 comme par magie ? Il fallait tout de même y penser. Et par chance, la folie qui émane de Camille redouble est incroyablement positive et tendre. La nostalgie elle-même nous prend à la gorge, mais toujours avec le sourire. En bref, l'ensemble est un OVNI qu'on se fait un plaisir d'adopter parce que cette différence lui permet de s'imprégner d'une intensité certaine dotée d'une vraie force. De quoi nous faire rempiler pour la joyeuse rengaine du "C'était mieux avant !" sans aucun complexe.
Populaire de Régis Roinsard
Ça parle de quoi ?
"En 1958, Rose Pamphyle, 21 ans, vit avec son père dans un village normand et doit épouser le fils du garagiste. Promise au destin de femme au foyer. refusant cette vie, elle part pour Lisieux où elle rencontre Louis Echard, patron charismatique d’un cabinet d’assurance à la recherche d'une secrétaire. L'entretien d'embauche est un fiasco mais Louis accepte la jeune femme pour sa rapidité étonnante à taper à la machine à écrire. Il la pousse ainsi à participer à des concours de vitesse dactylographique, s’improvise entraîneur et décrète qu’il fera d’elle la fille la plus rapide du pays voire du monde ! Pourtant, outre la compétition, un jeu amoureux naît bientôt entre eux..."
Populaire allie un duo de choc à une ambiance désuète parfaitement assumée et nous offre tout simplement un très joli moment de cinéma. Le pitch atypique et l'univers singulier confèrent au long-métrage un charisme certain que l'on était loin d'imaginer au sein d'une thématique telle... la dactylographie. Mais c'était sans compter une très bonne rythmique dotée de dialogues bien sentis, pour une intrigue fraîche et pleine de promesses. On a vite fait alors de se prendre d'intérêt pour cette fable kitsch et enjouée, qui parvient sans difficulté à nous tenir en haleine tandis que la valse effrénée des machines à écrire raisonne encore dans nos têtes bien après la séance. Au final, le film a de quoi devenir "populaire" pour de bon car il s'ouvre à un large public sans fausses notes quand il répand son charme rétro à grand renfort de clins d'oeil et d'humour.
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Partagée voire sceptique
Main dans la main de Valérie Donzelli
Ça parle de quoi ?
"Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier alors que Joachim est employé d’un miroitier de province. Mais une force étrange les unit, au point que, sans qu’ils puissent comprendre comment ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer."
Une sensation assez étrange émane de ce film... Alors que La guerre est déclarée savait d'emblée trouver la tonalité la plus juste, Main dans la main tâtonne d'avantage. En effet, si l'idée de départ est une trouvaille ingénieuse évidente, l'impression que la réalisatrice a du mal à s'en dépêtrer se fait vite sentir. Outre l'aspect psychologique fort étudié qui nous offre le reflet d'amours impossibles avec brio et demeure le point fort du long-métrage, rien ne semble ici vraiment clair ni défini. Et tandis que l'on aimerait que certains personnages secondaires se développent au fil du temps, on est bien vite coupé dans notre élan car la réflexion s'arrête nette, comme elle a commencé. La fantaisie devient un frein à l'histoire à mesure que la confusion s'agrandit; et l'ensemble de s'apauvrir... On notera toutefois un joli panel d'émotions comme seule Valérie Donzelli a le secret.
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Pour se divertir
Nous York de Géraldine Nakache et Hervé Mimran
Ça parle de quoi ?
"Samia et Gabrielle, amies d'enfance et jeunes trentenaires, ont quitté leur cité depuis deux ans pour tenter leurs chances à New York. Samia est l'assistante personnelle d'une célèbre comédienne tandis que Gabrielle travaille dans une maison de retraite. Quand leurs trois "potes de toujours" débarquent pour l’anniversaire surprise de l'une d'elles, les liens étroits tissés depuis toujours entre le petit groupe prennent un relief particulier, au rythme des péripéties de leur séjour, du quotidien new-yorkais des deux amies et de la découverte de la ville culte..."
Et alors ?
Plaisant oui, touchant par moment, mais sans plus. Le film reste anecdotique au gré d'une rythmique qui manque cruellement de dynamisme et d'un décor un brin trop touristique. La nouveauté et la fraîcheur qui avaient séduit le public dans Tout ce qui brille ne sont plus au rendez-vous et donnent une impression de "déjà vu" sans pour autant nous raconter une réelle histoire. C'est un peu dommage car la joyeuse bande de potes conserve tout son potentiel sympathie au demeurant. Mais à trop jouer sur cette thématique, on finit par se lasser.
Paris-Manhattan de Sophie Lellouche
Ça parle de quoi ?
"Alice est jeune, belle et passionnée par son travail de pharmacienne. Seul problème, elle est toujours célibataire. Préférant se réfugier dans sa passion pour Woody Allen, elle résiste tant bien que mal à la pression de sa famille qui ne cherche qu’à la caser. Pourtant, sa rencontre avec Victor pourrait bien changer la donne…"
Et alors ?
Paris-Manhattan fait partie de ces longs-métrages que l'on qualifie volontiers de "pas le film de l'année" et qui pourtant passe divinement bien. Même si la fin est téléphonée et l'ensemble forcément (trop) léger, les scènes s'enchaînent avec une fluidité avenante et beaucoup d'humour, le clin d'oeil à Woody Allen étant forcément un fil conducteur bienvenu. Quelques mièvreries auraient certes pu être évitées mais puisque comédie romantique il y a, on pardonne bien volontiers. L'idéal, somme toute, pour une soirée DVD.
Radiostars de Romain Levy
Ça parle de quoi ?
En plein échec professionnel et sentimental, Ben se fait engager sur la radio Blast FM. Il y rencontre Alex, le présentateur-vedette, Cyril, un quadra mal assumé, et Arnold, le leader charismatique de la bande. Mais alors qu’il a à peine rejoint l’équipe, un raz de marée frappe de plein fouet la station : l’audience de l'émission-culte est en chute libre et la joyeuse bande devra sillonner les routes de France pour rencontrer et reconquérir son public. Pour ces Parisiens, le road trip se transforme en véritable parcours initiatique qui bousculera leurs certitudes."
Et alors ?
Avec une thématique relativement inédite pour un film français, un esprit de répartie enjoué et quelques passages truculents, Radiostars est un peu la comédie de l'année, couronnée par une BO plaisante et des personnages très humains. Malheureusement, on n'échappe ni aux longueurs ni à l'impression d'un sous Good Morning England, ce qui est parfois dommage. En découle un ensemble en demi-teinte qui peut séduire comme décevoir, sans jamais passer inaperçu pour autant. Un bon point !
Le magasin des suicides de Patrice Leconte
Ça parle de quoi ?
"Imaginez une ville où les gens n’ont plus goût à rien, au point que la boutique la plus florissante est celle où on vend poisons et cordes pour se pendre. Mais la patronne vient d’accoucher d’un enfant qui est la joie de vivre incarnée. Au magasin des suicides, le ver est dans le fruit…"
Et alors ?
Film d'animation parfait au graphisme ultra-soigné, passablement agréable à regarder, j'aurais pu être définitivement conquise. Oui mais... La libre adaptation du roman de Jean Teulé m'a fait grincer des dents car je n'ai retrouvé ni la noirceur ambiante qui me captivait tant, ni cette fin tant aimée et totalement passée à la trappe ici. Plutôt convaincue par les trois premiers quarts d'heure gorgés d'un humour acide et jouissif, je me suis vue plus en retrait ensuite, face à un excès de sentiments positifs qui faisait perdre au conte macabre sa crédibilité. C'est joli et bien imaginé certes, mais une non-lecture du livre m'aurait aidée à apprécier. Quant à l'univers chanté, je ne suis définitivement pas fan mais cela reste une remarque en totale subjectivité.
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Oui mais non
Dépression et des potes de Arnaud Lemort
Ça parle de quoi ?
"Franck a tout pour être heureux. Une jolie fiancée brésilienne, un boulot intéressant et pourtant… En vacances sur une plage de rêve à l’île Maurice, il déprime. De retour à Paris, le diagnostic du médecin tombe : il est en dépression. Quand il retrouve sa bande de potes qu’il n’a pas vus depuis 6 mois, il leur annonce la nouvelle. Chacun va s’investir pour lui faire remonter la pente. Sauf qu'à leur façon, ils sont aussi déprimés que lui. C’est finalement tous ensemble qu’ils vont essayer de retrouver un équilibre."
Et alors ?
Mon souci principal avec ce film ? Il ne m'en reste que des bribes. Pas le sentiment d'avoir détesté ou de m'être profondément ennuyée, loin de là. Mais juste une sorte de néant et quelques flashs de-ci delà qui feraient bien ressembler mes souvenirs à un lendemain de cuite. Somme toute, Dépression et des potes n'a rien de désagréable mais rien de marquant non plus. C'est qu'il manque quelque chose dans cette histoire: des émotions palpables, un corde sensible ou je ne sais. Mais si l'on a envie de s'attacher aux personnages et de se prendre au jeu, force est de reconnaître que c'est un peu raté...
La vérité si je mens ! 3 de Thomas Gilou
Ça parle de quoi ?
"Les joyeux amis ont migré du Sentier à la banlieue d’Aubervilliers, là où les vieux entrepreneurs juifs ont laissé le terrain à de jeunes grossistes chinois. Toujours aussi soudée, la vie de la petite bande suit son cours, au gré des évènements familiaux et des affaires. Mais quand un vent mauvais apporte sont lot d'adversité, la cohésion du groupe se trouve compromise. Succomberont-ils à la zizanie, ou bien triompheront-ils de la crise à force d’entraide, de ruses et d’habileté ?"
Et alors ?
Pour faire rapide, les suites de suites sont rarement bonnes et il n'y a ici aucune exception qui confirme la règle. La vérité si je mens ! 3 ne possède ni consistance ni scénario; juste une succession de scènes plus ou moins drôles qui gardent, comme seul intérêt, l'atout-charme d'un casting dont on ne se lasse pas. Point de renouveau ni de "petit truc en plus", l'effet de surprise est mort et enterré, on sentirait presque une routine se créer. Toutefois, mon petit crush revient à la présence de Cyril Hanouna, irrésistible même sans sa danse de l'épaule !
Arrête de pleurer Pénélope de Corinne Puget et Juliette Arnaud
Ça parle de quoi ?
"Chloé, Léonie et Pénélope, trois amies d’enfance qui se sont perdues de vue depuis de nombreuses années, se retrouvent inopinément avec une maison en héritage sur les bras. Elles décident de s'y rendre avant de la vendre mais une fois sur place, les souvenirs refont surface. Entre règlements de comptes, vieux secrets à moitié oubliés et fous rires, les filles s’apprêtent à passer un très long week-end..."
Et alors ?
C'était juste exquis au théâtre (j'en garde le souvenir de précieux éclats de rires), ça fonctionne dix fois moins au cinéma. Manque de rythme, manque de scénario travaillé et manque de tout, l'histoire part en vrille sans que l'on sache vraiment pourquoi, intègre une tendance fantastique qui nous tombe dessus comme la peste sur le pauvre monde, et c'est un fiasco. Reste un trio de fille bien sympathique et une scène délirante dans une boîte de nuit, sur un air de Technotronic, ce qui demeure cependant bien maigre pour que la comédie daigne tenir la route. On salue donc ce petit revival 90's et puis next !
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Les adieux à la Reine de Benoît Jacquot
Ça parle de quoi ?
"En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide de ses nobles et serviteurs. Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés."
Et alors ?
Parmi les films qui ne m'ont pas séduite, je place celui-ci un peu à part car, loin de se positionner dans le registre de la comédie, il révèle au contraire un vrai potentiel dramatique ainsi qu'une portée psychologique importante. Assurément digne d'intérêt et très visuel, porté par un casting de choc et un élégance innée, j'ai pourtant nettement senti des faiblesses au niveau de l'émotion. Le trio de femmes qui n'ont de cesse de se méprendre et se croiser sans jamais vraiment se trouver est certes omniprésent mais, pour une raison qui m'échappe, ne m'a nullement fasciné ni captivé. Si Les adieux à la reine réussit la prouesse de saisir l'Histoire pour en faire son histoire, avec un souci magique du détail, il manque à ses personnages une portée sensible, une force qui nous donneraient envie de les soutenir ou les haïr à volonté. Ces derniers restent hélas des étrangers dont le malheur ne touche pas autant qu'il devrait. Et se perd, indubitablement.
-Livy-