W9 Home Festival 2012, le récap'
Il est une sorte de tradition sacrée chez moi : toute nouvelle année ne saurait commencer dignement sans son post musique. Et puisque nous ne causerons pas playlist aujourd'hui, laissez-moi donc vous entraîner le temps d'un billet en septembre 2012, à l'occasion du W9 Home Festival. Si je vous dis alors avoir partagé l'un de mes samedi entre un live déjanté sur une péniche de particuliers à Neuilly et deux shows hétéroclites en pleine Cité Universitaire, vous me suivez ? Mais si voyons ! Un contexte rare à la rencontre d'artistes qui envoient du lourd, l'ensemble doté d'un grain de folie évident. Toujours pas ? Bien, bien. Dans les méandres de quelques souvenirs de concerts passablement enjoués, laissez-moi plutôt reprendre au début de cette folle journée et tout vous expliquer...
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Le W9 Home Festival, quésaco ?
Un festival organisé par la chaîne W9 et qui propose un concept original au sein duquel des musiciens, tous styles confondus, jouent en concert privé dans quelques lieux inédits de Paris et très proche banlieue. Il suffit donc d'un endroit un peu atypique où poser bagages le temps d'une petite heure de live, d'un public de chanceux remontés à bloc, de quelques interviews effectuées dans la foulée, et c'est parti. La programmation 2012 était des plus alléchantes, je vous laisse pour ce faire vous référer à mon illustration ci-dessus !
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Et donc ?
Et donc un seul mot d'ordre: pro-fi-ter.
Forte de deux lieux (et quatre groupes d'artistes) choisis au préalable, direction Neuilly en début d'après-midi. Le temps est dégagé, les quais de Seine à ma portée. Ma mission ? Trouver une péniche juste en face de l'île de la Jatte. Mon errance sera cependant de courte durée car je me laisse bercer sans mal par une musique que porte le vent. La batterie m'entraîne déjà. Je succombe. C'est que, voyez-vous, j'ai rendez-vous avec les Skip the Use et autant vous dire que le show va être corsé. Un peu en retard (une habitude, vous pensez ?), la salle est bondée de monde et il ne me reste plus qu'à prendre place sur la terrasse du bateau, en hauteur. Encore mieux, si je puis dire. Car avec une vue plongeante sur la scène improvisée installée en contrebas, c'en est assurément jubilatoire. Et lorsque Mat Bastard, leader et chanteur du groupe, ouvre la danse, débute aussitôt une autre histoire...
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Skip the Use, l'énergie personnifiée
Il ne fait aucun doute que les Skip the Use demeurent l'un de mes plus beaux coups de coeur musicaux récents. Mais souvent déçue par moultes concerts un peu brouillons d'après une version album trop parfaite, je ne savais pas à quoi m'en tenir, et pour cause ! J'étais déjà totalement conquise par Can be late, leur second opus, qui distillait sa rythmique agressive dans un dynamisme ultra-efficace. Il n'y aura pourtant eu aucune déception à la clé pour cette fois, c'est bien peu de le dire. Sur scène, le groupe a tout donné et plus encore afin d'apporter à sa prestation une aura indéniable, bien souvent incontrôlable. Déchaînés et bondissants, il semblerait que les membres du groupe se soient passés le mot pour offrir le meilleur d'eux-mêmes, toujours dans la dérision mais non sans une vraie qualité musicale. Et quelle puissance ! On ne voit pas tous les jours un live qui sème autant de bonne humeur à la seconde tout en intensifiant de la sorte son caractère. Personnalité de feu, humour omniprésent et état d'esprit rock décalé, vous comprendrez aisément quelle impression m'ont fait les Skip the Use en concert puisque je vous incite, voire vous ordonne sur le champ, à vous ruer à l'une de leur prochaine date programmée. Même pas un petit bémol, rien, ce sont de vrais showmen ! D'ici là, je m'en vais fredonner leur single "Ghost" sans m'arrêter. Mon petit doigt m'a dit qu'il était plutôt facile à décomposer à la guitare.
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En revanche, j'attends toujours les C2C qui devaient jouer juste après, au même endroit, puis se sont finalement rabattus en dernière minute dans un autre lieu. Mais puisque le vieil adage "jamais deux sans trois" semble ici de rigueur, il était inévitable de les manquer après que ce fut le cas à Rock en Seine et We love Green. N'allez toutefois pas croire à une infinie tristesse. Le concert de Skip the Use se termine plutôt bien à vrai dire, par un petit goûter sous le soleil. Mat Bastard et ses acolytes se font d'ailleurs interviewer à deux pas de moi, autour du buffet, dans une ambiance des plus décontractées tandis que le club d'aviron neuilléen hallucine en passant devant ce bâteau endiablé. De mémoire de samedi, ils ont rarement vu ça. Je quitte doucement les lieux, toute disposée à effectuer une brève balade sur l'île de la Jatte. Des habitants de la péniche, je ne saurai sans doute rien, jamais; pas même leur nom. Pourtant, j'aurais passé chez eux le meilleur moment qui soit.
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La promenade vire au street art, se perd dans les recoins de République puis de la Place d'Italie. C'est qu'il faut tuer le temps jusqu'en fin d'après-midi... Mais une fois n'est pas coutume, en avance je suis. Et, changement total de décor, voici que je prends racine en pleine Cité U. C'est la Fondation Hellénique qui m'accueille à présent, pour deux nouveaux concerts aussi intéressants que différents. Je guette un charisme naturel, un petit "plus" musical, ce "je ne sais quoi" qui rendra le moment inoubliable. Wax Tailor débarque ainsi à point nommé puisque les membres du groupe, un à un, me passent sous le nez avec leurs instruments. La proximité est délectable, un brin improbable aussi. On arrive tous ensemble, dans un fantasque chassé-croisé et une bousculade somme toute très gauloise. J'en vois des qui râlent, des qui se pâment, des qui s'enthousiasment vivement... Plus qu'un concert, j'ai l'impression d'une soirée entre amis dont les convives me seraient inconnus. Je n'ai pourtant guère le temps de m'attarder dans mes pensées puisqu'en une poignée de minutes, me voici installée, coincée au premier rang dans le plus moelleux des canapés, à voire progressivement la scène de fortune prendre forme. Ma parole, cela ne devrait plus tarder...
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Wax Tailor, le hip-hop qui rend fou
Wax Tailor, je les ai déjà vu en concert [ici], même que c'était une tuerie. Sans doute alors que cette prestation m'aura moins conquise, car l'effet de surprise s'est dissipé mais toujours est-il que si un classement devait être effectué, ce serait le moins bon concert de la journée. Pourtant, par moins bon, j'entends déjà très haut-de-gamme; en seulement un peu moins bien. Heart stop, leur dernier album, s'est avéré un chouïa moins percutant que les précédents, laissant derrière lui des mélodies que l'on retenait plus difficilement. Le live en a de fait un peu pâti. Je suis cependant certaine que s'ils avaient été "ma première fois", j'aurais adoré ! L'air de rien, Jean-Christophe le Saoût et ses comparses ont eu le temps en une heure de dévoiler leur nouvel opus, nous gratifier d'un concert "best of" et de faire se joindre à eux quelques guests. Comment ne pas se trémousser sur un "Say yes !" de dix minutes, je vous le demande ! Et si le show a subi quelques lenteurs de-ci delà, l'apothéose finale menée tambour battant par toute la joyeuse équipe n'en a été que meilleure. À mi-chemin entre la soul et un rap/trip-hop succulent, naturellement bercé par des voix féminines langoureuses, tous nous ont prouvé un véritable professionnalisme doublé d'une capacité d'adaptation certaine. Pas particulièrement aidés par un son saturé lié aux conditions, ils ont su composer avec et même en jouer. Alors tout de même, on dit oui, et en grand !
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La transition est de courte durée. Wax Tailor replit bagages à la vitesse de l'éclair alors que les Electric Guest se pressent déjà à grand renfort de guitares, basse, clavier et batterie. Leur look, leur dégaine sont à tomber. J'adore. Une fois encore, le mélange des genres est drôle et singulier. Ce n'est ni vraiment un live habituel, ni une ambiance festivalière à proprement parler. Je finis même par ne plus du tout savoir où je me trouve (oui bon, à Paris) et j'en suis ravie. Les tests de son (encore saturés, fichtre) achevés, il me tarde de partir à la découverte des quatre potes en provenance de LA.
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Electric Guest, l'audace et le déjanté
Je le saurai pour la prochaine fois, le groupe est un ovni dans le monde de la musique, absolument inclassable. Les cinq premières minutes sont une véritable révélation, surprenantes et novatrices dans l'âme. Asa Taccone, le leader dans la lune, débute son show en pull jacquard et Vans déglinguées. Ses Pas de danse sont étranges et saccadés quand le son de sa voix envoûte d'emblée. Mélange de pop, de rock, de folk et de soul aux harmonies particulières, nul doute qu'il faille un temps d'adaptation pour adhérer à tous les morceaux mais la créativité est tellement bien pensée que ce serait un crime de ne pas s'y laisser aller. Portés par des mélodies enjouées qui pourraient parfois bien relevées de l'ésotérisme, les Electric Guest apportent un regard nouveau et atypique, juvénile à certains moments mais toujours expressif. La qualité de leur son n'a d'égal que ce décalage charmant qui leur sert de marque de fabrique et se meut vers des contrées trop inexplorées qui aiment à mélanger les genres pour mieux se les approprier. Et pour une première échappée dans leur univers, le dépaysement est garanti, des rappels fascinants en prime. Je salue la performance avec enthousiasme. Damned, il fallait oser !
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La journée prend fin comme par magie. Comme si toute cette folie ambiante n'était qu'un rêve au fond, qui vient illuminer des bribes de vie. Comme si tout cela pouvait recommencer à chaque instant, pourvu qu'on y pense très fort avec envie. La vérité, c'est juste que j'ai été privilégiée. Que ma bonne fée devait être inspirée pour mes derniers concerts de l'année et d'avantage encore, pour me les faire vivre avec la plus délicate intensité. Du W9 Home Festival alors, je retiendrai cette intimité quasi-sacrée avec les artistes, cette plongée dans leur monde en l'espace d'une seconde et leur maîtrise du live agrémentée d'une simplicité communicative. Il y a, dans les concerts privés, cette force de partage par le biais de la musique, et cette aptitude à se surpasser qui me sied. On ne peut pas tromper un public si peu nombreux, sans apparat ni trucages, mais on peut le captiver. Je n'en attendais pas moins. Comblée, je peux désormais poursuivre mon chemin...
-Livy-
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