Ce matin, un lapin...
La scène se passe dans l'envers du décor de ce blog. Alors que je m'attèle sans relâche (mais avec une procrastination néanmoins certaine) à l'élaboration de divers posts culturels voués à vous faire partager tant mes récentes sorties parisiennes que les plus anciennes, il me vient parfois, sur le mode dernière minute, des "commandes" d'articles bloggesques un peu particulières qui ne sauraient se refuser. Et si le billet sponso' en est à proprement parler bien loin d'ailleurs, ces tendres réclamations possèdent en leur sein une spontanéité qui me ravit tellement que je m'empresse de prendre la plume rien que pour elles...
Ainsi, dans la catégorie du "36 15 ma vie", il est grand temps pour vous de savoir que je suis désormais l'heureuse propriétaire d'un lapin nain. Non non, vous ne rêvez pas, un lapin nain. Sorte de truc miniature bondissant à grandes oreilles et à poils longs de surcroît parce que, histoire de me compliquer l'existence d'avantage encore, je l'ai choisi "tête de lion". Un lapin-fille même, que je nomme au grand dam de tous "Nabaztag", mais dont le charmant et imprononçable sobriquet geek me rappelle étrangement la passion que je vouais en 2007 à ces petites bêtes plastifiées et colorées.
J'ai bien conscience alors que cette information de la plus haute importance aurait tout à fait pu être passée sous silence (si l'on fait fi de Twitter et d'Instagram, réseaux sur lesquels je m'épanche inlassablement sur la question) mais c'était sans compter l'insistance de parents conquis par cette nouvelle acquisition et fort désireux, après une première visite à la bestiole, d'en voir moultes clichés sur le blog et nulle part ailleurs. Point. Gâtisme de bonne augure, quand tu nous tiens !
Je l'avoue, difficile dans ce cas d'éviter l'écueil de l'article cul-cul qui vante les mérites évidents d'une micro-boule de poils. Mais ma foi, il fut un temps où je l'avais pleinement assumé [ici] pour Tango. Et puisque j'avais déjà évoqué à plusieurs reprises en ce lieu l'idée de me laisser aller dans un avenir plus ou moins proche à l'adoption d'un chat ou tout autre machin-à-faire-des-câlins, il me fallait juste le temps de la réflexion et... attendre pile poil(s) le bon moment. C'est chose faite à présent.
Plus doux et soyeux que le rat,
Moins aventureux et indépendant que le chat,
Plus pratique en espace clos que le chien,
Tellement moins contrariant que l'être humain,
J'ai nommé... ma grande théorie du lapin.
Cela fait donc un mois aujourd'hui que Nabaztag a un nouveau cocon.
Un mois de facéties, de petites frayeurs et de grands bonds.
Un mois à la découverte de son nouvel horizon.
Un mois à grignoter tout ce que je laisse traîner avec une fervente passion.
Du gros pompon fuyant et tremblotant qu'elle était au premier jour, la timidité bien ancrée en elle, toute repliée dans un coin de sa cage sans trop oser en bouger, elle est devenue une exploratrice hors-paire, grande adepte des interdits à transgresser, amoureuse transie des chaussures à déchiqueter et autres textiles à savourer. Fugueuse dans l'âme et un brin caractérielle quand elle reste trop longtemps enfermée, elle se la joue tantôt joueuse tantôt sauvage, mais toujours pleine d'entrain et de surprises. Un appétit gros comme ça, un certain penchant cyclothymique et un esprit de contradiction hors-pair... Bref, elle aura pris sans tarder les traits majeurs de la personnalité de sa maîtresse adorée.
Mais qui est-elle vraiment ?
Elle a de longs cheveux-qui-font-des-noeuds qu'elle déteste voir brossés.
Des jouets qu'elle ignore car le mobilier est plus enthousiasmant à ronger,
Une addiction pour les évasions nocturnes qu'elle pense effectuer en secret
Et un vrai talent pour venir gratter à mon oreiller afin de me réveiller.
Elle sait faire le tri de ses aliments,
Elle picole de l'eau tout le temps,
Elle dérape en glissades sur le parquet involontairement,
Si elle répond à son nom ? Euh, pas vraiment...
Elle aime me chatouiller la peau à petits coups de museau.
Me griffer Sauter sur mes genoux pour ne pas tomber de trop haut
Et laisser traîner ses moustaches sur mes mollets
Des fois que j'aurais oublié qu'elle se balade, toute sautillante, en liberté.
Elle mange du foin autant qu'elle en répand dans l'appartement,
Elle creuse sans répit son propre environnement,
Elle se passionne pour ma collection de ballerines en dépit de mon mécontentement
Et provoque au meilleur ami geek les pires éternuements !
Mais passé ce premier mois à vivre avec elle en communauté,
J'ai aussi eu droit aux bêtises dont elle ne s'est assurément pas privée
Jusqu'à commencer par cultiver le look destroy de mon denim préféré
Qu'elle m'a aidée (un peu malgré elle) à customiser.
Des tongs à lacérer, des crayons à mâchouiller...
Des p'tits trous dans les vêtements, les couvertures, le canapé.
Sympathiques, qu'elle s'est dit, les plinthes à croquer,
Et les sacs en plastiques, et les bijoux pendentifs, et tous les papiers.
Assurément, c'est ma déclaration d'impôts que j'aurais du lui présenter !
Je ne saurais vous en dire plus, je ne la connais pas encore assez... Elle commence tout juste à s'adapter, et moi à l'approcher. Je l'ai choisie pour sa vivacité, elle me le rend en complicité. Elle est douce, pétillante et silencieuse. Elle est folle, attachante et capricieuse. Elle a une couleur originale, un peu étrange un peu atypique, qui me sied. Elle est imparfaite et contrariante à souhait. Et pour paraphraser un certain renard et son petit prince venu d'une autre planète, je crois bien que nous sommes en train de nous apprivoiser. Nous sommes uniques au monde dans cet univers imagé. Les étoiles pleuvent sur les deux collines de notre onirisme avéré. "Ah, je pleurerai ?" songe-je parfois; mais avec elle à mes côtés. Et dans ce halo magique, cette bulle de rose, ce volcan éteint, cet éléphant mangé par un serpent boa et ce mouton à dessiner, nous vivons là ensemble nos quelques instants d'éternité.
-Livy-