Bref, je me suis mise au vert !
Pause bloguesque oblige, le mois de mars aura également été synonyme de pause tout court. Comprendre par là, une overdose parisienne en bonne et due forme qui impose un retrait immédiat loin de toute civilisation, de préférence effectué un soir "à l'arrache" et sans prévenir qui que ce soit (ou presque), alors que votre entourage vous attend déjà pour LA prochaine soirée à ne pas manquer mais à laquelle vous préférerez incontestablement le calme absolu de la campagne et le charme de la "detox"... Ou comment j'ai atterri chez mes parents pour un séjour plus long que je n'en avais effectué en dix ans. Un peu à cran moi, vous croyez ?
Pourtant, s'il serait délectable (si si, n'ayons pas peur des mots) de vous conter l'enthousiasme de mon banquier, la visite médicale annuelle (x2), le charme piquant de ma première prise de sang depuis 2002 ou encore l'amabilité-née des fonctionnaires de la sécurité sociale, j'ai décidé de vous montrer un tout autre aspect de ma "rehab". Celui qui vous embarque d'emblée dans ma valise (à dire vrai, j'avais plutôt emmené ma maison, guitares et plantes vertes incluses) et vous fait lorgner par le trou de la serrure avec une curiosité charmante, histoire de vous rendre compte que j'ai jadis habité une très jolie région.
Mon APN ne donnant plus aucun signe de vie (paix à son âme), j'ai donc joué chaque jour de l'iPhone avec délectation, jusqu'à initier le gang parental aux joies d'Instagram, en me lançant, nostalgique, sur les traces d'une jeune "moi" pleine de rêves et d'illusions, sans cynisme et sans dérision. De quoi donner à ce qui semblerait être un ego-trip une belle allure bucolique dotée de l'univers imaginaire que je ne saurais renier tant il demeure ancré...
Sur les traces de la Reine Blanche, aux étangs de Commelles
Surfant sur la vague néogothique et autres légendes dignes de contes de fée,
Le château de la Reine Blanche joue à merveille avec les codes Disney
De par ses décors en stucs et son architecture gentiment tarabiscotée.
Un peu kitsch, un brin historique, néanmoins classé et toujours sur pieds,
Il règne en maître absolu sur les quatre étangs et leur forêt associée.
Haut lieu de promenades des environs de Chantilly,
Commelles assume ses faux-airs de Sologne en pleine Picardie.
Les étangs apprivoisent les saisons et les chantent à l'unisson.
Je m'attarde sur quelques images, y perçoit esquisses et tableaux.
Jusqu'à capter le bleu du ciel quand il se reflète dans l'eau.
Chantilly, entre panache équestre et royauté
Sous un ciel bleu azur, une épopée enchanteresse,
Il semblerait que j'aie rendez-vous avec ma jeunesse.
Assise sur l'herbe, les yeux dans l'eau... le rêve était trop beau,
Le château s'exhibe avec une modestie romantique et irradie.
Des siècles gorgés d'Histoire défilent alors avec un flegme bienvenu
Quand le modernisme se confronte élégamment à une époque révolue.
Le Musée vivant du cheval s'épanouit ardemment
Dans une ville qui compte autant de chevaux que d'habitants.
Passion équitation et hippisme en folie
Il offre une bien insolite visite des Grandes Ecuries.
Pleine forêt. 40 km en VTT...
... Ça sculpte les mollets !
Cottage anglais, mode Jane Austen: On
Une campagne sauvageonne et désordonnée...
Un vent frisquet puis le clapotis d'une rivière tourmentée...
Vous referais-je sans détour le remake d'Orgueil et Préjugés ?
A tout juste 50 km de Paris, le dépaysement est garanti
Et nous offre un bel exemple d'espiègle fantaisie;
Liberté charmante, à l'image de la romanesque Lizzie.
(Photographies prises à Saint Nicolas d'Acy)
Si Senlis m'était contée...
Cité médiévale au charme patenté, fief de Hugues Capet,
Senlis se perd dans un dédale de caves voûtées et de ruelles pavées.
Et alors qu'elle offre au touriste de passage quelques menues curiosités
Ainsi qu'une imposante et magnifique cathédrale, ô combien immortalisée,
Je lui préfère ses détails inopinés capturés en instantané
Pour mieux jouer de ma curiosité et puiser dans ses moindres secrets.
... Je retournerais presque au lycée !
Un samedi après-midi... Sous la pluie qui coule à flots, se dégagent les senteurs d'un printemps naissant mêlé à l'humidité. Je m'égare en petites foulées sur les pavés, le long d'une muraille familière. L'Abbaye de Saint Vincent se dévoile doucement au-delà des remparts de la vieille ville, imposante et impassible, tellement digne de son titre de monument historique. La brume lui confère un mystère fantomatique, je lui attribue mes pensées oniriques.
L'enceinte de mon ancien lycée a beau être le théâtre permanent de visites touristiques et avoir abrité moultes tournages cinématographiques, elle n'en demeure pas moins en ce jour fermée au public. Qu'à cela ne tienne ! Je pénètre les lieux en catimini, l'oeil aux aguets, me faufilant parmi les pierres usées et les escaliers sinueux, glissant sur le parquet ancestral qui craque de joie. Le cloître, les terrains de sports, les salles de cours, mon tout premier amphi' ou bien la grande galerie... Pas à pas et dans un silence complet quasi-religieux, je refais à l'envers le chemin de mes rêves désormais effacés. Tout a changé, et puis après ? Je revis les conseils de classe, les simulations à l'infirmerie, les devoirs sur table du mercredi, les résultats du bac... Babillages et gamineries. Les bâtiments, bercés d'une austérité feinte, trahissent leurs anciens secrets à l'endroit même où des souvenirs oubliés se plaisent à immortaliser le passé. L'adolescente jubile en moi, c'est l'adulte qui se noie.
Spotted !
Mon endroit jadis préféré pour sécher, délibérément squatté...
L'escalier en colimaçon aurait-il capturé l'âme de tous les écoliers ?
Une petite tendance arty ?
La "modern touch" pour combler un trop plein de nostalgie ?
Le grand escalier en marbre du hall principal aura essuyé les larmes, les soupirs, les bruits de couloirs, les révisions de dernière minute, les attentes interminables à côté de la cabine téléphonique (un objet-antiquité) et autres fou rires saccadés d'un groupe d'amies à la dérive, en toute fin des 90's... "C'était mieux avant", la rengaine qui me sied tant.
Un château au lourd passé, un parc pour s'évader
Tour à tour moyenâgeux puis tendance renaissance,
On retient surtout du château de Lamorlaye son passé historique chargé,
Et ses sombres dispositions durant une période troublée (1939-1945)
Quand certains, depuis la nuit des temps, le qualifient même de "hanté"...
Aujourd'hui propriété de la commune, il attend de se faire restaurer
Et non visitable au demeurant, laisse libre accès à un parc fièrement boisé.
Des goodies vintage dans ma maisonnée
Retour dans l'antre familial avec du collector, au choix...
Plutôt K7 de Cerrone, Amadeo et Paul Mc Cartney
Ou vinyl de Ray Charles audacieusement grésillant et patiné ?
Le séjour-évasion se sera finalement achevé sur une mélodie de John Lennon et un enthousiasme passablement mitigé quant à l'idée de retrouver le fourmillement parisien assuré. Les sacs remplis de petits plaisirs, cadeaux et goodies (on dit merci la vie !), j'ai reposé le pied dans le RER la belle Lutèce pile au moment de célébrer le printemps et de voir la tour Montparnasse se parer de son électrique couleur bleutée. Et si depuis, je me plais à sortir, vagabonder, m'émerveiller, danser, trouver du street art à chaque coin de rue et plus si affinités, je n'ai pas manqué de récidiver au vert pour quelques sauts de puce bien mérités. Du genre à célébrer la Pâques sans trop d'excès chocolatés ?! Mais puisqu'à Paris je commence sérieusement à m'étioler et que la campagne en vient même à me gagner par petites parenthèses enchantées (c'est dire mon état avancé), c'est à présent une nouvelle vie que j'aimerais viser. En bonne citadine qui se respecte, je songerais bien à l'étranger quand Londres la romantique, Londres l'exentrique se positionne sans surprise dans ma ligne de mire. Alors, idée farfelue ou vrai projet... Je laisserai l'avenir en décider.
-Livy-