Halloween 2011: grand frisson au Manoir de Paris
Si vous n'avez pas encore entendu parler du Manoir de Paris, de près ou de loin, il est grand temps d'y remédier. Inauguré au printemps dernier en effet, celui-ci est incontestablement l'attraction de la saison à ne pas manquer, pour peu que vous soyez bon public ou du genre à aimer les frayeurs instantanées. Sorte de maison hantée géante située dans les locaux d'un ancien magasin de faïencerie, ce lieu délicieusement atypique est le fruit de l'imagination d'Adil Houti, un spécialiste du genre, plus connu outre-Manche et outre-Atlantique pour ses animations d'Halloween. Et puisque je n'avais pas célébré ladite fête depuis mes années lycée, je n'ai alors pas trouvé mieux que de m'y rendre un certain lundi 31 octobre, la curiosité m'y poussant tout autant que l'envie de frissonner gaiement...
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Récit de quelques pérégrinations fantastiques
Un soir pas comme les autres, une ouverture des lieux jusqu'à minuit... La petite rue étroite, un brin hitchockienne, qui abrite le Manoir de Paris est en pleine effervescence. Des cris stridents fusent de part et d'autre d'une foule assez dense que la peur n'a de cesse d'éparpiller. Si les rires sont masculins, les hurlements, quant à eux, demeurent exclusivement féminins. Et devant moi, l'étrange bâtisse gothique, quasi-fantomatique dans sa luminosité étudiée, s'impose avec le plus grand soin. C'est un spectacle à la fois curieux et imagé qu'il me plaît de détailler, suffisamment rarissime en France tout du moins, pour être mentionné. Se pourrait-il alors qu'après toutes ces années de flop, Halloween se refasse enfin une santé ?
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Je prends place parmi les gens, seule dans un premier temps, heureusement pas indéfiniment. Dés la file d'attente, l'ambiance est posée. Des comédiens joliment grimés évoluent parmi la foule et prennent un malin plaisir à la faire hurler. De la Morticia-zombie au squelette sanguinolent en passant par le vampire hystérique et le mort-vivant, ce n'est pas moins d'une petite dizaine de "monstres" qui ont été réquisitionnés pour se jeter sur notre pauvre carcasse au moment où l'on s'y attend le moins. Et pire encore, c'est rudement bien ! Me voici bouche-bée devant l'homme-étincelles qui remonte la file en raclant au sol et se réceptionne juste à mes côtés. Il me regarde fixement, me fait sursauter. A peine le temps de me retourner qu'il est déjà parti taquiner ma voisine de devant. Elle détale aussi sec tandis que je ricane bêtement. Mais profitant de mon inattention, voici Morticia, surgie de nulle part qui me nargue d'un grognement... Effet de surprise et frôlements, je frissonne gentiment.
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Deux heures d'attente plus tard, Halloween oblige, faut-il que les comédiens soient persuasifs pour ne pas me donner l'envie de rebrousser chemin ! Les hurlements raisonnent toujours au loin mais la magie opère un peu moins. A force de talonner et de tweeter mes impressions à chaque nouvelle seconde, j'en viens même franchement à espérer que mes monstres chéris pointent au plus vite le bout de leur nez, qu'ils puissent me divertir autant que m'effrayer. L'un prend la pose à contre-jour, hélas pour mon blogounet, l'autre nous la joue "treat or trick" avec le plein de friandises à la clé... Pour ma patience, c'est évidemment un calvaire, mais force est de reconnaître qu'en matière de divertissement et de créativité, l'organisation halloweenesque est originale et folle à lier.
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Le Manoir me tend enfin les bras, j'entre en son sein. L'endroit est superbe et intriguant. Son architecture fait régner un mystère élégant qui, bien au-delà d'une éventuelle terreur, dégage également un charisme intense et profond. La faïence y est reine et orne les murs comme le plafond. En guise de décorations, un cercueil, quelques bougies, des miroirs... Alors qu'un défilé de déguisements chatoyants se meut à mes côtés (une foule en délire, vous dis-je !), c'est habillée en moi-même que je me plais à imaginer ce qui va suivre. Un train fantôme amélioré et ses jolis wagonnets seraient-ils à envisager ?
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Doucement happée vers l'entrée, j'assiste au ballet des spectateurs qui se séparent en petits groupes, renseignés au préalable par un guide de survie, ou comment s'en sortir en terres hostiles. Ne pas photographier, ne pas toucher les décors et acteurs, ni frapper ces derniers (!!), rester groupés, bla bla bla. Les épileptiques sont priés de s'abstenir, les cardiaques aussi. Comme je suis une hypocondriaque née, je me sens quelque peu visée mais soit. La file d'attente s'arrête bien évidemment pile devant mon minois. Je serai donc en tête du prochain convoi. Yihaaa ! Dans l'attente de sensations maximales, je trépigne déjà d'enthousiasme: ce soir, c'est programmation spéciale ;)
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Le principe est relativement simple. Point de train comme je pouvais le penser mais seulement... nos pieds. Plongés d'emblée dans le noir, source de stress et d'angoisse évidemment volontaire mais ô combien efficace, nous évoluons ainsi au sein du Manoir sur un chemin tout tracé et, dans un dédale de salles, de recoins et d'allées, découvrons progressivement treize légendes parisiennes revues et corrigées à la sauce Halloween. Un parcours intéractif, donc... et une attraction un peu "musée" qui m'enchante. Sensations fortes garanties. Frissons et adrénaline aussi.
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D'ailleurs, le premier occupant des lieux nous fonce déjà dessus. Le groupe hurle à l'unisson. Mais Philibert Aspairt, portier du Val de Grâce assassiné en 1793, ne se décourage pas pour autant et nous dépeint dans un vent de panique les catacombes de Paris. Premiers moments d'émerveillement. Les décors sont à ravir et nous font voyager d'époque en époque, quand l'obscurité voit notre courage s'amenuiser. Pas de doute, l'épopée est bel et bien commencée. Et les différents tableaux qu'elle nous laissera admirer sont les suivants:
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I. Les catacombes de Paris
II. Le crocodile des égoûts de Paris
III. Le fantôme de l'Opéra
IV. La prison du masque de fer
V. La cave aux vampires
VI. Le métro de Paris
VII. Le cimetière du Père Lachaise
VIII. Le fantôme du jardin des Tuileries
IX. La bibliothèque de l'alchimiste
X. Le pâtissier sanguinaire
XI. Le cabaret des assassins
XII. Gargouilles et chimères
XIII. Le bossu de Notre-Dame de Paris
(Source: Le Manoir de Paris)
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Difficile de se repérer dans un tel contexte; les animations filent et s'enchaînent à vive allure. Nous tournons, revenons sur nos pas, ouvrons des portes, arpentons des couloirs étroits et obscurs et passons même par quelques passages dérobés (claustrophobes, s'abstenir !). Le spectacle vaut aisément le détour, rien que pour sa palette d'ambiances, à se croire perdus dans un film inquiétant, un roman, ou bien au fin fond de la Transylvanie. A chaque moment, un squelette, un vampire, un prisonnier risquent de surgir pour nous barrer la route, et ce sont bien les plus immobiles d'entre eux qui se révéleront être les plus intimidants, s'éveillant de leur torpeur sitôt que nous avons le dos tourné. Par chance, notre groupe est plein d'humour et à mesure que le terrifiant labyrinthe nous enrobe de ses secrets, je laisse volontiers la surprise remplacer la peur. Les comédiens de ces lieux (certes un peu moites) s'en donnent à coeur joie et se plaisent d'autant plus à jouer avec nous que nous leur répondons avec malice (ou en rampant d'effroi, c'est selon, surtout si j'en crois l'adolescente juste derrière moi). Au final, je ne hurle pas mais sursaute avec délectation !
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Vingt bonnes minutes plus tard, voici que je suis parvenue à esquiver Quasimodo de justesse et ressors complètement échevelée des griffes du Manoir pour atterrir tout juste sur la boutique de goodies qui aura naturellement raison de moi. Le temps d'un dernier cri, une nouvelle flopée de comédien se rue sur le groupe, histoire de nous accompagner jusque la sortie. Il est déjà presque minuit. Alors qu'une foule multicolore trépigne encore devant la porte d'entrée, mon Halloween 2011 s'achève ainsi, passablement réussi. Et c'est enhardie que je quitte cette petite rue de Paradis, telle l'héroïne d'un nouveau Paris.
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(C'est que ça bouge, ces bêtes-là ^^)
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Un petit bémol ?
Si depuis, les visites animées ont également été guidées et commentées, ce n'était pas le cas lorsque j'y suis allée... et c'est bien dommage. Le visuel est certes époustouflant, et le condensé d'effroi manié avec subtilité, mais il aurait toutefois été intéressant, thématique oblige, que l'on nous renseigne également sur les légendes de Paris. En effet, une fois arrivés au coeur de l'attraction, aucun panneau explicatif à l'horizon. Et les décors de rester muets. C'est seulement de retour chez moi que je me suis précipitée sur le site internet afin de faire la corrélation entre mes impressions de la soirée et chaque tableau parcouru. Bien évidemment, certains détails m'avaient échappé, et j'en garde quelques minces regrets.
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Une actu' ?
L'entrain d'Halloween à présent terminé, notre jolie maison hantée est bien loin d'être abandonnée. Noël s'invite au Manoir pour célébrer les fêtes de fin d'année. Et si les légendes de notre capitale bien-aimée demeurent inchangées, la thématique, quant à elle, s'en trouve un peu bouleversée. Au programme, trolls et croque-mitaines, Père Noël et Père Fouettard... A découvrir jusqu'au 23 décembre au soir !
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Le mot de la fin ?
Un peu effrayant, toujours surprenant,
Une découverte de chaque instant,
Et une thématique attrayante,
Entre sourires et tremblements.
A tenter assurément !
-Livy-
Le Manoir de Paris, c'est où ?
18, rue de Paradis
75010 PARIS
Métro: Château d'eau, Gare de l'Est, Poissonnière, Bonne Nouvelle
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