Mogwai/Moriarty: mon épopée marSienne au Trianon
Et je dis M... Cette lettre, je la sèMe... Le reste, je le jette...
Pleine phase de délire, pensez-vous ? Oh, voyons. M...ême pas ^^
Toutefois, avec Mogwai et Moriarty, tous deux en concerts au Trianon au Mois de Mars dernier, une petite allitération en M semblait tomber à point noMMé afin d'effectuer une Mini-présentation toute en Musique. Mais puisqu'il en va de Ma réputation, je ne vous retiens pas plus longtemps avec les figures de styles tordues de Mon introduction et engage de ce pas le résuMé symbolique de quelques preMiers lives 2011 proMetteurs et hauts en couleurs, dans le but de vous en faire partager leur belle intensité.
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Mogwai le 17 mars 2011
On commence donc par le concert de Mogwai, vraie découverte pour moi, et qui méritait dignement sa date de la Saint-Patrick en guise de live parisien, tant les écossais en provenance de Glasgow lui ont fait honneur. En effet, pour tomber d'emblée dans le détail anecdotique mais néanmoins amusant, nous connaissons évidemment la sempiternelle tradition de bon nombre d'artistes à boire une gorgée d'eau entre chaque morceaux. Eh bien non ! Nos compères, quant à eux, ont carburé à la bière toute la soirée. Yeah ! Le ton était donné.
Revenons cependant au commencement. Nous avons eu droit, de prime abord, à une excellente première partie acoustique qui m'a laissée, pour de bon, sur un fort joli souvenir. Un artiste répondant au nom de RM Hubbert est ainsi venu se produire pendant une bonne demi-heure en mode guitare/voix avec une délicate habileté, un jeu impressionnant et un timbre vocal qui l'était tout autant... Additionner à cela, des morceaux qui tenaient assurément la route et voici que mon scepticisme habituel s'en est retrouvé bredouille pour mon plus grand plaisir, je dois avouer.
La soirée commençait donc au mieux et, en tant que néophyte revendiquée, j'en attendais naturellement beaucoup. Il est à préciser que de Mogwai, je connaissais en tout et pour tout deux morceaux avant de me rendre au concert. Et bien que n'étant pas la mieux placée, sans doute, pour donner un réel avis, la curiosité m'y a toutefois poussée un tantinet. Aussi, m'y aventure-je à présent, non sans quelques craintes de représailles ;)
Eu égard à de premières impressions, j'oserais dire que leur style, vraiment à part, est bien difficile à définir. Post-rock ? On pourrait évoquer du progressif à tendance très underground ou encore une musique alternative, mais je risquerais sans doute de me tromper et laisserai plutôt les puristes en décider. Toujours est-il qu'il serait bien impossible d'enlever au groupe l'originalité avérée d'un travail décidément très personnel. Car tantôt planant et subtil, tantôt d'une violence inouïe, il faut se rendre à l'évidence: le son atypique de ces écossais fous est un réel ovni dans le monde musical actuel, voguant sur un fil conducteur abrasif et acéré qui nous embarque illico dans d'autres sphères pour mieux nous sortir de l'ordinaire.
Et c'est peu dire ! Ils ont fait preuve, ce soir-là au Trianon, d'une aptitude évidente à étoffer leurs différents morceaux de leur talent incontestable. Gérant une angoisse latente, résolument volontaire dans la maîtrise de leur art, instrument après instrument, le groupe a ainsi fait monter la puissance crescendo, non sans une certaine lenteur d'ailleurs, pour ensuite, guitares saturées à l'appui, nous envoyer en pleine figure des accords au pouvoir hallucinant, jusqu'à en trembler et, dans un grincement de dents, nous faire sursauter pleinement.
Plutôt étrange, non ? Mais avec le mérite d'un intérêt certain.
C'est dans cet aspect souvent oppressant qui impliquait tant la richesse que la recherche perpétuelle de musicalité que j'ai aimé me complaire à plusieurs reprises, le concert générant en moi un véritable questionnement qui ne pouvait laisser de marbre.
Imaginez alors une sorte d'angoisse magique planant en plein Trianon. Indescriptible. Expérimentale. Brutale aussi, car le groupe ne fait pas dans la dentelle. Mais dotée d'un pouvoir effréné voire effrayant. Il m'a paru évident, d'un coup, un peu perdue au beau milieu d'une masse de fans avertis (alors que moi dans tout cela, je n'étais rien ^^), que Mogwai sollicitait une musique à la fois intelligente et recherchée, jusqu'à s'immiscer sans peine dans une autre dimension voire un monde à part, relativement perturbant. Et au final, ne pouvoir aucunement être comparé à des concerts habituels.
D'un point de vue subjectif toutefois, il n'était pas aisé de rentrer dans le jeu devant un tel public d'initiés et, soyons honnêtes, je ne suis pas parvenue à adhérer pleinement au concept. Une prouesse habile certes, mais... il m'a manqué un petit quelque chose. Partant du principe que chaque morceau ne durait pas loin d'une dizaine de minutes, les longueurs, souvent sujettes à m'intriguer en premier lieu, ont parfois été lourdes à supporter et je ne me suis pas trouvée enchantée par le choix des titres que j'imaginais tout autre. J'aurais aimé aussi entendre les parties (très) lentes monter en force plus rapidement avec frénésie, afin de m'en imprégner, enivrée de la tête au pied. Peut-être pour d'avantage de ressenti justement...
Inversement, les fameuses "explosions" de sons étaient limite dérangeantes dans l'aspect dissonant d'une personnalité musicale de feu qui m'a quelque peu gênée. Car oui, Mogwai fait du bruit, et bien au-delà encore, il le revendique, se plaisant à se positionner dans la durée encore et encore, de façon à faire monter la pression à son paroxysme. Cela fonctionne évidemment, et il en résulte une musique décapante, quoique très maîtrisée. Mais il est possible également que cela nécessite un petit temps d'adaptation qui me manquait ^^
Un point d'honneur toutefois sur les effets de scène jubilatoires, dans quelques vagues hallucinations, qui m'ont fait penser à un show hors du commun: épileptiques s'abstenir, les autres s'accrocher ! Les néons jaillissant de partout ont dévoilé un jeu de lumières travaillé et attrayant, tandis que de temps à autre, le fond d'écran derrière les musiciens faisait défiler à vive allure des images, telles un court-métrage d'auteur où, dans une portée symbolique sans réel rapport avec le concert, il était fort agréable d'apprécier quelques beaux paysages et se laisser aller à cette balade parsemée d'une douce rêverie. Je mentirais alors si j'écrivais que je n'ai pas aimé ces passages empreints d'évasion. Pire encore, j'ai adoré.
Pour résumer, et après avoir très longuement pesé le pour et le contre depuis mars, j'ai eu le temps, je resterai sur un avis mitigé où la découverte peut être une bonne chose quoique un peu dommage parfois... En effet, ne pas (ou peu) connaître un univers artistique si engagé et devoir l'appréhender en l'espace d'une toute petite soirée est souvent bien court et ne laisse pas le temps de la réflexion si ce n'est un instinct qui ne nous guide pas toujours très bien.
Je ne me suis donc pas forcément sentie à ma place dans le cadre du concert, ses digressions, ses envolées soudaines quasi-dévastatrices; et cela m'a laissée sur une note de contrariété certaine, d'autant plus que le morceau Take me somewhere nice que j'attendais avec impatience n'était pas au programme de la set-list, what a shame !
Les instrumentales se multipliant car faisant partie intégrante de l'oeuvre du groupe et se plaçant même en guise de spécificité, ne m'ont pas toutes fascinées, loin de là, mais oserais-je vraiment apposer le mot "ennui" ? Je voue en effet un tel culte aux mots entremêlés de mélodies imagées (#littéraireromanesque) qu'il m'a semblée que tant de tintamarre était définitivement "too much" et que de rimes à déclamer, il n'y avait pas assez. Pendant ce temps, dans la fosse, je voyais se mouvoir un public conquis jusqu'au bout des ongles. Soit. Mais les paroles avaient-elles donc été oubliées ? Je n'ai pourtant rien contre les instru' en général, seulement y passer toute une soirée (ou presque, car quelques phrases prononcées à l'envolée ont pu surgir parfois, youpiii ^^) était sans doute de trop, et j'en suis même allée jusqu'à fermer les yeux à plusieurs reprises, bouchons d'oreilles bien calés, pour tenter un repos paisible tout à fait mérité... Oh, je le sais bien, au fond, que je vais me faire huer !!
Mais ne nous voilons pas la face pour autant: je n'ai absolument pas détesté. C'est simplement... particulier. Et si Mogwai nous gratifie d'une prestation scénique assez neutre, sans show-men à l'horizon ni rock stars à proprement parler (OMG, que nous sommes loin de tout ça !), les membres du groupe, passablement débridés, sont liés par leur passion commune de la musique qu'ils poussent au niveau maximum. Elle représente un tout. Une boucle bouclée. Un idéal singulier et déterminé. Et rien que pour cette unique raison, assister à ce concert étonnant était une véritable expérience que je ne suis pas prête de regretter.
--> Le Myspace de RM Hubbert <--
--> Le Myspace de Mogwai <--
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Moriarty le 19 mars 2011
Deux jours plus tard, voici que je me retrouve à camper dans le même lieu, bien placée qui plus est, pour une nouvelle soirée teintée de musique. Et si j'attends le live de Moriarty en trépignant d'enthousiasme, je vais vite me trouver comblée. Mais patience ! La première partie que je n'omets pas de manquer aux deux tiers se nomme Moriba Koïta et joue beaucoup sur la tendance "world music" par le biais d'un duo homme/femme qui retrace les origines afro du blues. Si le concept paraît plutôt intéressant expliqué de la sorte, autant vous dire que les rythmes multiples s'entrechoquant à une voix féminine puissante, sans doute un peu de trop, n'auront pas réussi à me convaincre ou même titiller un tant soit peu ma sensibilité, malgré une ambiance festive et dansante... Pas de chance, je n'ai jamais été particulièrement adepte de ce style musical ! Bref, difficile d'adhérer pour l'occasion, même en y mettant de la bonne volonté. Il faut croire que j'ai parfois la dent dure.
Pourtant, passé l'entracte, les différents membres composant le groupe Moriarty jaillissent littéralement de la scène, et le concert démarre en trombe, avec l'assurance de passer un de ces instants merveilleux. Il se révèle être une petite perle et nous propose, sitôt les premières notes entamées, un univers onirique passablement déjanté, qui évolue et se meut, morceaux après morceaux, au sein de différents mondes imaginaires. Me connaissant, je suis bien évidemment aux anges. C'est en effet à de vrais tableaux que l'on assiste au fil des chansons et qui nous offrent, à l'image d'un livre dont on tournerait les pages au fur et à mesure, une scénographie impeccable, sorte de performance musicale absolument parfaite, divisée en une palette de scènes poétiques et décalées qui pourraient bien raconter une histoire.
L'ambiance est posée: véritable source d'énergie empreinte de drôlerie, le concert est un vrai show, mais se veut aussi pudique et énigmatique, tel un spectacle magique et hors du temps qui jouerait sur les variations de la vie, la vraie, tout en nous emportant dans les contrées d'une imagination débordante.
D'ailleurs, portée par un jeu de lumière très abouti et de jolis décors romancés, la présentation des titres de l'album tout nouveau, tout beau, ne se fait point attendre. Les chansons s'écoulent doucement, minute après minute, et elles se font fluides et entêtantes quand elles relatent des anecdotes réalistes ou surréalistes, chagrines, intimistes ou bien malignes. Les thématiques sont légères et espiègles, bourrées d'humour, tandis que les mots plus lourds vagabondent de-ci delà. L'équilibre s'en trouve ainsi transcendé dans la découverte de ce nouvel opus gorgé d'une mélancolie fantaisiste qui s'égare sur des chemins aux influences folk fortement marquées, quand elles dérivent parfois même jusqu'à la country.
De l'éclectisme un brin électrique... le groupe franco-américain frappe décidément fort.
Mais c'est sur le single tant adulé de Jimmy que les fans se déchaînent vraiment.
Lorsque Rosemary, la chanteuse, entonne le titre du succès naturellement élaboré pour l'occasion, c'est toute l'assemblée qui le reprend en chœur avec elle, dans un moment de communion d'une intensité à forte connotation poétique. Il faut dire que la jeune femme est partout et prend pleinement possession de la scène, avec une délicatesse enjouée. Elle apporte à Moriarty sa propre touche de rétro-glamour bien ancrée dans une présence au charisme inné et, alors que sa voix scintillante nous envoûte d'emblée, elle apparaît volontiers en icône mutine et décalée, tout juste ce qu'il faut.
Se pliant de bon coeur au jeu des "tableaux", elle rayonne lorsque s'effeuillant doucement dans des tenues féeriques, elle disparaît soudain de la scène pour mieux réapparaître furtivement quelques instants plus tard derrière un rideau, telle une ombre chinoise. Puis nonchalamment, on la distingue, égrainant quelques notes sur des instruments de musique en bois. Le dépaysement est total dans l'exotisme de quelques pays à la douceur surannée. Les personnalités se dessinent. La sensualité se crée.
Autre moment fort lorsque le chanteur et musicien de la première partie, Moriba Koïta, revient ensuite sur scène, le temps des quelques morceaux de fin. Cette fois-ci, les sons tonitruants qui ne m'avaient pas convaincue au départ ont totalement disparu pour laisser place au bonheur. Fort bien accompagné de son instrument dont je ne saurais au juste vous confesser le nom (oups !), il entre, comme en transe, et exécute avec joie et bonne humeur, aux côtés du groupe, une partition qui se révèle très réussie dans toute la richesse que peuvent offrir les musiques mêlées.
Au final, c'est Moriarty dans son entité que l'on peut acclamer. Les musiciens loufoques et sympathiques nous mènent en bateau pour notre plus grand plaisir, le temps d'une croisière surprenante qui nous fait valser de façon plutôt hybride, dans l'espoir de n'en plus finir... jusqu'à nous donner du rêve à la pelle et des étoiles par milliers, le tout avec un évident talent puisque musicalement, le concert est plus que probant. C'est qu'ils dévoilent sur scène une impressionnante joie de vivre enveloppée d'une aura déglinguée et étonnamment folle à lier dans leur besoin de communiquer. De quoi en redemander ! Car dans une volonté d'élargir la musique et de la pousser à son plus haut niveau, les membres de Moriarty développent cette forme d'harmonie chaotique paradoxale, tout à fait charmante quand elle se pare de nostalgie, et assurément pétillante dans ses excès comme dans ses envies.
Se croire au théâtre en plein concert ? C'est donc possible. Et ils l'ont fait ! Le salut, après plusieurs rappels très persuasifs, est d'ailleurs digne d'une pièce plus que d'une session live, avec un lancer de fleurs à l'appui et de nombreuses allées et venues du groupe qui s'adonne à une farandole sur scène, sans plus dissimuler sa joie.
Ainsi, je n'aurais assurément pas pensé que les douces comptines de Moriarty donneraient lieu à quelques histoires si abracadabrantes racontées, par le biais de la musique, tout du long de la soirée. J'imaginais plutôt un concert très calme, reposant somme toute, mais ç'aurait décidément été me tromper, à l'endroit même où la facétie des artistes a eu raison de moi. Folie, folie... comme je t'aime ! Et puisque de danses scéniques en instruments curieux, et de sourires en morceaux malicieux, je me suis vue renaître à chaque petite seconde d'éternité, il me semble pour cette fois que la mission live de Moriarty a été, perdue dans un compte de fée moderne quelque peu détourné, ô combien accomplie :)
--> La page de Moriba Koïta <--
--> Le Myspace de Moriarty <--
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.Deux ambiances, deux idéaux, deux absolus et beaucoup, beaucoup de folie... Les mois ont beau défiler à une vitesse incontrôlée, le souvenir de quelques concerts reste décidément bien ancré. Et surfant avec habileté sur la carte de la confusion et des styles mélangés, c'est amusée de ces très atypiques soirées programmées à deux jours près que je me suis prise au jeu de ce "Pays des Merveilles", tout de musique paré, qui, parcourant son chemin dans les méandres de ses différences, s'en est presque retrouvé ensorcelé par sa une partition échevelée !
Dans l'émotion de poétiques distractions et la sensibilité de quelques notes exaucées, la musique semble alors être le remède-clé pour (ré)apprendre à vivre du bon côté, sourire enthousiasmé et parfois même, simplement oublier les trop sombres pensées venues nous hanter... Respirer la quiétude et la créativité dans l'antre de fugaces mélodies décalées; serait-ce bien là les effluves de la liberté ?
Sans transition, je vous donne rendez-vous dés à présent pour un prochain billet empreint de musicalité, afin de célébrer dignement la session "live" du mois d'avril, excellent cru elle aussi, et ardemment effectuée en l'espace d'une jolie semaine-à-rêver.
-Livy-