Pluie de films 2011, session 1
Parce qu'au-delà de mes trois petits coups de coeur cinéma de ce début d'année révélés dans un post précédent, 2011 et ses plaisantes salles obscures ont su abriter toute une palette d'émotions diverses, de la plus délectable à la plus décevante, du choix le plus pertinent à quelques erreurs qui auraient pu être évitées, voire même un état placide de totale neutralité, je me suis mise en quête d'effectuer un pêle-mêle assurément aléatoire des films vus, appréciés, critiqués et ce, depuis tout début janvier !
Une belle envolée dans le temps qui se laisse ainsi apprécier au gré de quelques souvenirs, d'une sincère sensibilité et d'une nostalgie ambiante, qu'il me plaît de semer tout au long de l'année. Comme un évident constat, la première session est d'ores et déjà arrivée mais n'en restons donc pas là, elle n'est que le léger reflet d'une longue lignée...
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Coup de coeur
Minuit à Paris de Woody Allen
Ça parle de quoi ?
"Un jeune couple d’américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne, dans la nostalgie des époques passées et de ce qu'il imagine être "l'Age d'Or"."
Difficile est la mission de l'écriture quand un film tout entier s'empare de vous, sublime. Mais il semblerait qu'avec Minuit à Paris, tous les éléments soient réunis pour se dévoiler ainsi hors du temps et mieux nous enrober de leur improbable magie. En effet, Woody Allen met en scène notre belle capitale dans une épopée rêvée, tous sens du terme confondus, et nous entraîne dans un conte de fée idyllique si ce n'est surréaliste, qui parvient à surpasser sa propre histoire au moyen d'un imaginaire délicieux quoique facétieux.
Fantaisiste, onirique et poétique à la fois, le film porté par une pléiade d'excellents comédiens est une invitation à vivre pleinement, dans la beauté vraie et la simplicité, et traverse les époques pour notre plus grand plaisir, dans la joie et l'amour de l'Art, non sans une certaine sensualité d'ailleurs, qui se laisse désirer et approcher avec grand plaisir.
Loin d'une carte postale figée et défiant le Paris "so cliché", la ville si chère à Woody Allen se perçoit plutôt ici comme une mystérieuse demoiselle dont les secrets non élucidés seraient prêts à être défiés, d'espace-temps en espace-temps, à la poursuite d'un mystérieux "Age d'or" comme fil conducteur, tandis que le présent serait le tendre reflet d'une légèreté sautillante et savoureuse. Fort étudié, sophistiqué et détaillé, le film regorge, de par sa narration, de cette touche charmante et enivrante qui lui confère une véritable identité, oscillant entre un humour intimiste délectable, une nostalgie des temps passés et une philosophie de l'existence et du vide, thème véritable et abordé avec beaucoup de finesse. De ce fait, Minuit à Paris ne possède rien de la romance doucereuse que l'on pouvait présager mais nous nargue ardemment, dans son histoire d'amour reléguée au dernier plan, au moyen d'un scénario préparé avec minutie qui nous offre les quelques plus beaux instants d'une fable intemporelle dans la profondeur née d'une intense réflexion sous-jacente.
Et ce n'est certainement pas l'apparition de Carla qui irait gâcher tout cela ! Deux, trois brèves répliques pour un petit clin d'oeil, la polémique avait certes fait fureur mais il n'y avait pourtant pas de quoi fouetter un chat...
En revanche, Woody Allen poursuit, quant à lui, son brillant parcours et nous prouve au moyen d'un idéal symbolique et puissant qu'il sait se renouveler sans cesse tout en gardant son empreinte que pour rien au monde, on ne voudrait lui enlever. Son film, empli d'une sincérité espiègle, en est la preuve tangible et vient compléter son oeuvre d'un petit bijou supplémentaire, à nous rendre amoureux fou de Paris, rien que pour ses beaux yeux.
De mon côté, habiter Paris, c'est me plonger dans l'univers merveilleux de ce bel hommage à ma ville-capitale, reconnaître des lieux, sortir du cinéma tout juste avant minuit puis foncer vers le quartier latin pour m'asseoir, à l'image du personnage d'Owen Wilson, sur les marches du film... Des fois qu'une voiture rétro sortie de nulle part viendrait me prendre pour m'emmener à la rencontre d'artistes prestigieux d'un autre temps ;)
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Déception
Requiem pour une tueuse de Jérôme Le Gris
Ça parle de quoi ?
"Lucrèce, tueuse à gages, s'acquitte d'un contrat difficile dans les Alpes Suisses où elle doit se produire sous les traits d'une chanteuse lyrique lors d'un festival prestigieux et tenter d'y abattre l'un de ses partenaires. Mais ce dernier, récemment acquéreur d'une distillerie en Écosse, demeure l'obstacle d'un projet aux enjeux économiques considérables devenant ainsi la cible de la British Oil, bien décidée à l'éliminer.
Au rythme des répétitions du sublime Messie de Haendel et de personnalités étrangement complexes, le chassé-croisé commence et pourrait bien finir en Requiem...pour une tueuse !"
Voici bien là un polar français dans toute sa splendeur. C'est attrayant de prime abord, réjouissant de par son scénario certes capillo-tracté mais assurément spectaculaire, attirant par l'exercice de style qu'implique la valse inquiétante des personnages en mode "Cluedo", et il en résulte finalement... un thriller quelque peu décevant qui nous livre une fin vengeresse et beaucoup trop explicative, venant gâcher absolument tout le film en quelques petites minutes de rien. J'en crierais presque au sabotage, c'est dire.
De ce fait, et après prise de recul, Requiem pour une tueuse ne présente plus grand intérêt mais semble plutôt être un ramassis de grand n'importe quoi, d'une platitude avérée qui de plus sonne faux, rassemblant à la va-vite des références hitchcockiennes ou même dignes d'un James Bond, souhaitant l'action comme la psychologie, sans pour autant exploiter pleinement l'un de ces deux domaines, mais se voulant résolument actuel dans l'univers du thriller, là où il n'y en aurait pas particulièrement besoin. C'est d'ailleurs fort dommage car l'ambiance feutrée et délicate d'un festival d'opéra, menée par une Mélanie Laurent séductrice-née et mystérieuse dans son rôle de tueuse, prêtait à s'y intéresser de plus près, dans l'espoir d'une subtilité explorée à bon escient et d'un suspense évident. Mais en toute honnêteté, le film qui commence de façon plutôt ludique, ne présente de fil en aiguille aucune vraie personnalité et s'éparpille plutôt pour se perdre définitivement, au point de se demander en fin de séance à quoi bon servaient tous ces procédés si tordus et si compliqués mis en oeuvre durant une bonne heure et demi pour au final en arriver là !
Une déception évidente alors pour ce Requiem pour une tueuse dont la bande-annonce comme l'affiche donnaient vraiment envie de s'y rendre... C'était sans compter une écriture bancale et peu au point de l'ensemble, mais une touche positive néanmoins dans le choix sublime de la musique du Messie de Haendel qui rythme le film de ses mélodies profondes dans un élan de talent et d'impétuosité dont on ne peut que se délecter.
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Don't go !
Never let me go de Mark Romanek
Ça parle de quoi ?
"Depuis l'enfance, Kathy, Ruth et Tommy sont les pensionnaires d'une école en apparence idyllique, une institution coupée du monde où seuls comptent leur éducation et leur bien-être. Devenus jeunes adultes, leur vie bascule : ils découvrent un inquiétant secret qui va bouleverser jusqu'à leurs amours, leur amitié, leur perception de tout ce qu'ils ont vécu jusqu'à présent."
J'ai beau apprécier grandement le jeu de Carey Mulligan et celui de Keira Knightley, je n'ai pas adhéré le moins du monde à ce film ni à sa thématique qui m'ont tous deux parus vains, du début à la fin. Le sujet était pourtant fichtrement bien trouvé, doté de nombreuses possibilités, et la notion de clonage ne demandait, d'une façon ou d'un autre, qu'à être développée. Seulement voilà, à force de nous servir du néant sur un plateau d'argent, il n'en reste qu'un amas de scènes qui dérangent gratuitement et des émotions que le réalisateur souhaiterait tellement sous-entendues qu'elles n'en existent même plus. Car oui, Never let me go crée un malaise volontaire, par son scénario comme sa façon d'être abordé et filmé, qui plonge le spectateur dans un étrange état d'esprit et nous renvoie l'image d'un glauque le plus absolu. Passe encore. C'est volontaire, c'est assumé. Je ne m'arrête pas à ces détails et cherche au contraire le petit plus philosophique qui serait susceptible de faire ébranler la machine à un moment. Sauf que dans le cas présent, la machine demeure désespérément vide de sens et évapore ses sentiments dans de pseudos nuances qui crient à l'élégance quand à voir les gens quitter la salle les uns après les autres je hurlerais plutôt en silence.
En effet, contrairement à The Island (point de comparaison essentiel compte tenu du thème) où la rébellion des clones apportait avec elle un réel message, la résignation fatale des différents protagonistes ici, cette acceptation de la mort et cette existence déplorable en font un réel calvaire d'ennui qui n'induit aucune réflexion au final, pose des questions sans y répondre, et provoque juste de l'antipathie additionnée du léger regret de voir un sujet grave et beau se transformer en long-métrage épouvantablement creux.
De surcroît, en dépit d'un jeu d'acteurs époustouflant, soulignons-le cependant, point de pitié pour les personnages et encore moins de charme pour ce mélodrame qui à trop jouer sur la retenue en devient vite superflu. Une fois la poésie étouffée, le mal-être subsiste et déroute, mais s'embourbe sans jamais parvenir à nous attirer.
Trop fragile pour être vrai, le travail psychologique qui se veut intense semble en fin de compte totalement bâclé... et en bref, le film est à éviter.
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P'tit plaisir détente ;)
Rio de Carlos Saldanha
Ça parle de quoi ?
"Blu, un perroquet bleu d’une espèce très rare, vit dans le confort d'une petite ville sous la neige en compagnie de sa bienfaitrice, la gentille Linda. Quittant son quotidien pour s’aventurer au cœur des merveilles exotiques de Rio de Janeiro dans l'espoir de devenir le compagnon de Perla, la petite dernière de la même espèce que lui, l’aventure grandiose qui l’attend au Brésil va lui faire perdre quelques plumes, d'autant plus qu'il ne sait pas voler ! Heureusement, ses nouveaux amis hauts en couleurs sont prêts à tout pour réveiller le héros qui est en lui, et lui faire découvrir tout le sens de l’expression "prendre son envol"."
C'est la minute fantaisie alors on ne s'y attarde certes pas trop longtemps mais qu'on se le tienne cependant pour dit, Rio est un excellent divertissement. C'est une jolie fable, aussi entraînante que bien amenée, parsemée d'une bande-son attrayante tout à fait festive et de très jolies couleurs qui mettent du baume au coeur. Comme quoi, un peu de luminosité dans nos vies et il n'en faut guère plus pour se sentir conquis !
Le rythme est haletant et l'on ne s'ennuie pas un instant, qu'on soit petit ou grand. Car tantôt drôle, tantôt émouvant, le film d'animation est efficace et sait habilement surfer sur la tendance de la mise en scène 3D qu'il utilise avec intelligence, à grand renfort de paillettes brésiliennes et plus encore d'une arme essentielle: l'humour.
Naturellement, on ne perd pas de vue un scénario téléphoné et usé jusqu'à la corde, où l'originalité vient souvent à manquer cruellement... C'est frais mais tellement habituel qu'on en sort parfois un peu déçu et clairement pas transcendé, dans un monde où les gentils sont en danger mais où les méchants ne peuvent clairement pas gagner. Et oiseaux ou pas, cet aspect-là n'est décidément pas fait pour moi ;)
Il faut donc s'y rendre dénué de toute aspiration créative et plutôt se laisser guider par le côté esthétique qui nous en met, lui, plein la vue, dans un tourbillon de gags démentiels renforcé par une bonne humeur communicative, en plein coeur d'un Rio de Janeiro complètement édulcoré que l'on se plaît à découvrir. En bref, on n'y croit pas mais on aime ça. Et la sortie du DVD sera absolument parfaite pour une soirée sans prise de tête, saupoudrée d'un adorable oiseau bleu, tout aussi fou qu'attachant, et de petits clins d'oeil au public des plus grands, lancés négligemment !
-Livy-