Concert privé: The Pretty Reckless au VIP Room
Bien trop longtemps sans parler musique "live" sur ce blog, ô drame et tragédie !
Et si ce n'est évidemment pas pour autant que je me suis mise à snober les soirées de concerts (non mais, auriez-vous craqué ? ^^), je me devais cependant de réparer ce vide inacceptable au plus vite au moyen d'un billet bien senti...
Afin de vous (re)mettre dans l'ambiance, une petite mise en bouche s'impose donc. Et voici qui tombe plutôt bien car si la dernière fois, je vantais avec passion dans un rapport détaillé, les mérites de la très "crazy pop queen" Beth Ditto et de son groupe Gossip, c'est poursuivant la thématique de ce même mot-clé que nous tentons aujourd'hui une brève évasion du côté de l'Upper East Side et de son univers impitoyable... Un parfum de scandale qui rimerait volontiers avec la série Gossip Girl, et plus encore avec l'un de ses personnages cultes, Chuck Bass, rhââââ la jolie Jenny Humphrey alias Taylor Momsen.
En aurais-je trop dit ? Il semblerait bien que oui...
Aussi, à moins que vous ne viviez dans une grotte qui capte les séries TV mais omet la musique, vous n'êtes pas sans savoir que la belle demoiselle, dont le très jeune âge (17 ans) et les tenues provoc' à souhait font jaser l'Amérique bien pensante, privilégie de plus en plus la musique à la comédie et se pose comme leader du groupe rock The Pretty Reckless. Au programme, un mélange habile de brutalité et de mélodies endiablées et sensuelles, portées par la voix rauque et intense de Taylor, et un plaisir auditif certain que mes playlists distillent avec bonheur ces quelques derniers mois.
Ce que j'ignorais toutefois est ce qu'il m'attendait le 25 mars dernier. Car si de Taylor, j'enviais l'abus de style et de make up (so trashy ^^) en écoutant en boucle des premiers titres plutôt prometteurs, je ne m'imaginais certainement pas assister de sitôt à un concert des Pretty Reckess, leurs passages européens se faisant aussi courts que rarissimes. Mais la vie est ainsi faite, se targuant toujours de n'être jamais à l'image de ce que l'on penserait, le bon comme le mauvais, et c'était sans compter alors l'opportunité d'une bien jolie surprise...
La suite se résumerait alors, à peu de choses près, à une date parisienne unique sous la forme d'un concert ultra-privé donné au VIP Room et jusqu'à la fin, demeuré top secret.
Mais comme point trop n'en faut, voici [ici] de quoi vous souvenir de l'intro, tandis que je vous ai réservé bien au chaud, le plein de photos et quelques mots...
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Parlons peu, parlons bien. Je dois vous admettre en toute franchise que j'avais, en me rendant à l'évènement, autant d'enthousiasme que quelques craintes. Car apprécier Taylor et sa musique est un fait avéré, mais de là à approuver son public de (très) jeunes fans hystérique en est un autre, et les quelques vidéos piochées au hasard des ses concerts m'avaient évidemment laissée blasée devant un tel ramassis de petits jeunes lookés rebelles des beaux quartiers. (Appelez-moi "mamie", j'assume pleinement ^^).
Je craignais dans la foulée ce qui m'aurait bien plus ennuyé encore, à savoir une surenchère d'exhib "too much" de la part de la jeune femme, qui aurait contribué à décrédibiliser totalement sa musique en lui conférant le statut d'une ado en quête d'identité qui tente la scène comme elle tenterait le tricot. Humour, je précise...
Enfin, après avoir apprécié sa performance lilloise deux jours auparavant, je nourrissais définitivement l'envie de ne pas assister, quant à moi, à un concert acoustique (une fois n'est pas coutume) mais bel et bien à un pur show de bon rock qui tâche et qui fait mal, en mode sexy-trashy-girly pour le côté bonus, parce que oui, on ne se refait pas !
21h et des poussières dans la file d'attente... La jeunesse est au rendez-vous et ça piaille !
Vernis écaillé et Docs' lacérées, on mms des photos de soi et de sa BFF parce que ça déchire trop grâââve d'être là. Je tente la carte du "J'ai rien vu, rien entendu", me la joue "Angry Birds" sur l'iPhone 4 (addictif, j'vous dis !) et prends de la hauteur en stiletto, après avoir opté pour une tenue tregging-dentelles-bustier agrémentée d'un sautoir en perles, registre glam'rock chic, tendance baroque. C'était la minute fashion; ça, c'est fait.
21h15: L'entrée ne se fait pas tarder, les guest-lists sont parfaitement gérées. On pénètre rapidement dans le temple aux mille et unes merveilles, ambiance entêtante, qui tend aux drapés et à l'éclairage tamisé. J'apprécie la finesse du lieu, dans son entité. C'est lounge et de bon goût, luxueux mais pas ostentatoire, et le lie-de-vin en couleur dominante se joue de tous les codes, mixant avec volupté une décoration mi-théâtre mi-clubbin' qui laisse un paradoxe délicat s'installer. Comme dans tout concert privé, la salle n'est pas grande mais offre un aspect plutôt intimiste tandis que les installations vouées à accueillir le groupe semblent quasi-achevées. Sur scène, un DJ nous fait revisiter quelques mythiques morceaux rock (yeah !) pour s'étendre jusqu'à de l'electro plus édulcoré. Derrière lui, apparaît un kaléidoscope de couleurs en guise de fond géant, à l'image du VIP Room puis du logo des Pretty Reckless qui enflamme l'assemblée au sens littéral comme figuré. Son et lumière voué à déchaîner le public tout entier. Les passions sont exacerbées, les stroboscopes déchaînés, la salle commence à se trémousser. Le spectacle peut commencer.
22h15: Toujours rien. Les quelques illusions d'un éventuel début de concert attirent l'attention, mais ne sont provoquées que par les cris d'une poignée de fans à baffer que reprennent en choeur tous leurs condisciples. Le DJ commence à épuiser son mix qui fait mouche, et nous refourgue finalement la même playlist en boucle avant de s'absenter. On accorde les instruments. Espoir puis retombée. La musique reprend de plus belle et nous envoie ses mélodies qui se succèdent mais il n' y a plus grand monde pour danser et sur la scène, demeure toujours comme un grand vide à combler.
22h20: Tiens, une petite diversion. Les filles à côté de moi exultent de voir leurs jeans troués, leurs bas filés et leur maquillage en train de couler. Elles ont d'ailleurs sorti le marqueur et se crayonnent des petits coeurs sur les bras. C'est mimi comme tout, n'est-il pas ? C'en serait presque mon "moi" caché... de quand j'avais 14 ans. Gloussements puis hurlements: "Tayloooooor, on t'aiiiiiiiime !"... Non, sans dec ?
La fosse se remplit autant qu'elle s'impatiente. Ça se fait des câlins, ça se vautre par terre, ça trépigne ou ça textote... Je me sens d'un coup comme une super adulte, hyper responsable, équilibrée et tout. Et de ma vie entière, c'est bien la première fois.
Car oui, c'est une fatale prise de conscience et un instant de vérité: je ne me suis pas trompée à propos des fans. Ils sont ex-ac-te-ment comme je les avais imaginés. Du genre à enchaîner sur le concert des BB Brunes juste après. Sauf que les bougres ont tous des têtes à avoir la permission de minuit. Bon ok, à tout de même pas mal d'exceptions près. Mais cela requiert de regarder dans les coins et de sacrément bien chercher les non-adolescents dissimulés !
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22h30 et des brouettes... Les musiciens des Pretty Reckless arrivent nonchalamment sur scène, faisant émerger dans la salle, de par leur dégaine et leur attitude relax', un brin roots, une vague grunge de très bonne augure pour bien se mettre dans l'ambiance. Ils saluent, absolument détendus, et prennent leurs aises en même temps qu'ils s'emparent de leurs instruments. Mais qu'entends-je ? Deux, trois accords de guitare électrique ? Déjà, je me sens nantie car le show promet d'être ROCK... et surtout, surtout, il vient de commencer.
Une minute après... Yeux charbonneux, blouson en cuir étriqué, bas dépareillés et clear heels aux pieds, la "so pretty" Taylor vient compléter le quatuor et surgit dans un tourbillon de sensualité devant des fans comme possédés, sur les notes d'introduction de Since you're gone. Vêtue de sa tenue de scène fétiche signée Stéphanie Paterek (on aime, on adore !), la belle semble comme sortie d'un magasine, en parfaite harmonie avec à elle-même, son style et sa musique. Bien décidée à nous transmettre toute la puissance des Pretty Reckless, elle semble vouer une fidélité sans faille à son image glamour choc' et se meut avec grâce et simplicité.
Pas d'étonnement alors quand d'un battement de cil, elle envoûte d'emblée son public, sitôt les premières notes qu'elle entonne d'une voix assurée avec un sourire, yeux froncés, qui ne la quittera désormais plus.
Parfaite, elle est parfaite. Du haut de ses dix-sept printemps, elle enchaîne les morceaux avec brio, dans une ambiance surchauffée, sans décrocher une seule fois de la rock-attitude, dévoilant un jeu de scène bien plus au point que je ne l'aurais pensé, et qu'elle sait rendre sexy sans pour autant tomber dans la vulgarité. Se balançant au gré de ses cheveux infinis et nous lançant en pleine figure ses petites moues affriolantes autant qu'enragées, celle qu'on adore ou exècre rayonne littéralement, à tel point qu'elle en éclipse bien vite les autres membres du groupe dont la fadeur semble alors presque inévitable, malgré leur talent.
Car du talent, la Momsen en a aussi à revendre, et pas qu'un peu. La demoiselle qui fait polémique et qu'on qualifie volontiers de Barbie post-pubère en pleine rébellion, de par ses tenues affriolantes notamment et son maquillage outrancier, apparaît en fait, au-delà des apparences, comme une jeune femme épanouie et mature dont la vie artistique qui se dessine devant elle est une franche évidence.
Tout à fait épatante dans sa performance live qui est, bien souvent, le cap le plus difficile à passer pour tout groupe qui se respecte, elle gratifie ce soir-là son public d'un vrai show en dépit du petit comité qu'offre un concert privé, se donnant entièrement à son amour pour la musique et plus encore, à ceux venus l'admirer.
Ainsi, forte d'une assurance passablement surprenante pour une si jeune fille, Taylor impressionne surtout, d'un point de vue musical, par son incroyable capacité vocale, preuve flagrante d'un don prometteur et d'un destin en devenir. Il faut la voir en live ! Elle a beau s'agiter et investir la scène de part et d'autre à grands renforts de mouvements de têtes dans un répertoire toujours plus rock et délicieusement féminin envers et contre tout, son organe ne vacille pas et sa puissance demeure intacte... Une présence, un sex-appeal, de l'intelligence, de la sympathie et du talent. "A star is born " qu'ils disaient ?
C'est d'ailleurs pour le plus grand plaisir de l'assistance qu'elle se prend au jeu de glisser au sein de son timbre de voix si grave et si sensuel, légèrement rauque parfois, une langueur absolument charmante que viennent casser par moments quelques syllabes très énervées...
Juste magique !
Le côté sexy abordé avec audace et qui lui sied comme un gant, la jeune femme en fait le plus naturellement du monde son affaire. Et surfant sur son image controversée avec l'intelligence d'une business girl, elle se joue des bonnes manières avec humour, clamant haut et fort que la première fille qui sera capable d'enlever le haut aura le droit de monter sur scène avec elle le temps d'une chanson... C'est ainsi qu'au plus haut seuil d'excitation des mâles présents dans la salle, une fan en soutien-gorge, relevant le défi, se voit offrir par Taylor quelques minutes de danse lascive et entêtante devant une assemblée bien envieuse.
Un moment évidemment phare du spectacle, et dont la belle n'hésite pas à faire sa marque de fabrique lorsqu'elle part en tournée. Parce que oui, elle ose. Et non, ce n'est, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, ni choquant ni outrancier.
Ainsi provoc' tout en sachant maintenir un certain contrôle, l'interprète de Jenny Humprey sait comment appâter ses fans de son petit air mutin qu'on lui envie toutes mais, cassant pour de bon un aspect trop borderline qui pourrait la dévaloriser, elle garde en toute circonstance un sourire gracieux, presque enfantin.
Maligne, Taylor ? ;)
Toujours est-il qu'elle nous présente du début à la fin une set-list impeccable d'environ une heure, sans fausses notes ni faux pas. Et les chansons se succédant, j'ai pu évidemment en apprécier certaines en particulier, dont l'intégralité de mes préférées (!!), puis en découvrir d'autres, reprochant peut-être au groupe un panel pas assez varié, qui pourrait se renouveler d'avantage dans ses accords et ses rythmiques pour être absolument convaincant, mais savourant également des titres efficaces et enthousiastes qui fleurent bon le rock et la féminité à fleur de peau ou l'art de s'évader, quand un brin de jeunesse s'en mêle.
D'ailleurs très à l'aise dans son répertoire et engageant, pleine de malice, un jeu de séduction avec ses musiciens, la jeune fille est loin de perdre le fil. Elle évolue aussi bien dans le cadre de ses propres morceaux qu'elle semble maîtriser jusqu'au bout des doigts, les retravaillant légèrement pour l'occasion, que dans un contexte qu'on lui connaît moins mais qu'on apprécie d'autant plus. Et la voici en train de nous surprendre, en plein milieu du concert, entonnant une reprise, fort bien aboutie, de Wonderwall du groupe Oasis !
Pour parfaire le tout, la jeune artiste qui capte l'attention, jusqu'à en devenir quasi-hypnotique, nous offre en cadeau bonus son "crazy" caractère sur un plateau d'argent. En effet, la Momsen n'a rien d'une bêcheuse capricieuse qui dédaignerait son public et se contenterait de faire son set pour s'esquiver au plus vite. Elle dévoile au contraire, au sein de sa folie douce et de ses (sous)-vêtements débridés, une gentillesse palpable, de l'amusement et de l'humour ainsi que beaucoup d'attention vis à vis de ses fans. Un petit mot par-ci ou un sourire par-là. L'envie de faire participer la foule qui l'acclame et le plaisir d'être sur scène. Voici bien là quelques éléments essentiels comme symbolique d'une prestation réussie.
Clôture du concert enfin par un choix fort pertinent comprenant le très connu Make me wanna die (là, je like, bien évidemment ^^) additionné du punchy Factory girl pour un public en folie. Deux chansons cultes, deux singles, deux morceaux tant adulés. Et une Taylor échevelée qui se donne corps et âme et en profite pour se déchaîner tant qu'elle peut sans toutefois jouer les fofolles écervelées, mais en conservant une contenance de circonstance. Une dualité exquise qui lui va décidément bien !
Ainsi investie, passionnée et somme toute très naturelle au final, sous ses quelques tonnes de maquillage qui la transcendent malgré elle, son côté rock ne cesse de prendre le dessus.
Et laissant place à la vraie Femme, fatale et débridée, dans toute sa splendeur, de petite fille soudain, il n'y a vraiment plus...
Le salut est sobre et court. Juste ce qu'il faut pour un concert privé. Point de rappels mais des cris de joie et d'hystérie. La belle quitte la scène sans fioritures mais dans l'enthousiasme général, suivie de près par ses musiciens (dont on ne parle décidément jamais ^^). Un dernier sourire sur ses lèvres, un geste chaleureux. Et dans l'assemblée, le délire se poursuit encore bien après. C'est un fait: les Pretty Reckless sur scène font leur petit effet.
Le live est surprenant sur d'autres points également. Les morceaux n'auront quasiment pas connus d'applaudissements tant les mots scandés à l'unisson à l'égard de l'héroïne d'un soir dépassent la fiction. On oublie donc de frapper dans ses mains pour se mêler à la joyeuse pagaille générale et tendre les bras. Apparemment, ça se fait comme ça.
Première fois pour moi ;)
En résumé: Taylor à la guitare, Taylor cheveux en arrière, Taylor prenant une pose suggestive, Taylor effleurant le micro de ses lèvres... Pas de soucis, la miss qui agace semble avoir tout compris du concept "Rock n' Sex" nouvelle génération et elle en joue effrontément avec une aura bien à elle qui se veut digne d'une vague fashion glamour un peu négligée et fortement étudiée. Omniprésente. Attachante. Lancinante. Se faire détester autant qu'aduler... Du grand art. Et un show-chaud vraiment esthétique à voir et revoir!
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Il me reste alors en mémoire les images d'une fort jolie soirée, conforme à tout ce que j'aurais pu en penser juste avant, mais sans doute en un peu mieux encore et ce, malgré la quantité improbable d'ados pogoteurs overlookés dont j'étais entourée.
Car en plus du côté rock "so charming" que je devinais sans souci, la jeune femme possède également un réel potentiel, une voix divinement rauque (à 17 ans, moi je dis "applause") et une énergie communicative qui m'a beaucoup touchée.
Bien évidemment, il y a derrière tout cela une jeunesse évidente, naïveté dans un corps de femme qui dévoile un attrait certain mais peut aussi être contestée. Il est à préciser que Taylor Momsen en est encore au balbutiement de sa carrière, eu égard à son jeune âge. Et c'est pourquoi, sans tâtonner pour autant (ce qui est déjà tellement en soi lorsque l'on voit combien de jeunes groupes s'écroulent en live), sa musique reste une sorte de joyau à l'état brut, à développer pour consolider une certaine solidité et progressivement s'affranchir de l'aspect juvénile. C'est que dans la catégorie du bon rock agressif en mode girly, la demoiselle ferait une superbe égérie !
C'est rock, c'est impulsif et c'est énervé mais si tous les ingrédient sont là pour faire de son show un moment vraiment idyllique (ce qui, vous l'aurez constaté, a été le cas), il manque encore le "petit truc en plus" ou l'impulsion de grâce pour l'élever au statut des plus grands.
Par chance et par talent, l'étoile montante sait s'entourer de musiciens qui gagnent à être connus et, déjà très charismatique presque malgré elle, notre Queenie little J semble plutôt très bien partie pour se frayer un chemin dans le registre musical qu'elle affectionne tant et progresser encore et encore, gagnant tant en prestance que vocalement.
Chapeau bas dans tous les cas, pour le petit grain de folie d'un concert comme celui-là... et un grand merci à Coralie de chez Polydor pour l'entrée, la soirée et l'overdose bienvenue de glam'rock que je ne suis pas prête d'oublier ;)
-Livy-