Mon top 10, cru 2010
2011 déjà bien entamée et à l'aube du mois de février, ce petit résumé cinématographique s'imposait de lui-même, dans la douleur d'une réflexion intense, savamment étudiée. Et c'est dire s'il n'était pas chose aisée que de parvenir à imaginer, respectant la tradition de chaque année, de nouvelles petites perles encore, à voir, revoir et savourer, afin d'en apporter un traitement certes subjectif, mais nullement pris à la légère, bien au contraire.
Douze mois de ciné à trier ? Mais c'en serait presque à s'effondrer !
Car c'est un fait. 2010 surfant sur des tendances très diversifiées au parfum émotionnel singulièrement soigné, il me fut fort difficile, cette fois encore, de dénicher les trouvailles bien dissimulées et, pire encore, de devoir les départager. En effet, si des navets et de mes déceptions, je garde toujours un souvenir très ancré, bien décidée à m'en débarrasser avec une fougue illimitée, les films empreints de cette pudeur romanesque sacrée ou d'une réflexion qui tend à la remise en question demeurent, quant à eux, des diamants à l'état brut, dont mon enthousiasme n'a d'égal que leur difficulté à les cerner...
Tour à tour alors, dans le cadre et l'intimité des salles obscures que je chéris tant, je me suis vue rire et pleurer, grincer des dents et me perdre dans mes pensées, le rêve tout comme le traitement d'un sujet suscitant une dose infinie de sentiments mêlés... Je me le demande bien parfois, mais le cinéma ne devrait-il pas être un lieu de refuge à toute heure de la journée ?
Cependant, comme si ce n'était pas vraiment assez pour que l'ensemble soit complet, il y a aussi eu en cours d'année, les actes manqués, le mode dilettante se jouant de ma volonté, l'absence de temps et sans doute aussi quelques légers regrets...
De quoi rattraper prochainement un retard qui ne saurait plus longtemps se laisser désirer.
Après donc une réflexion plus ou moins poussée, j'en suis parvenue à un résultat somme toute satisfaisant, mais qui m'a néanmoins laissée songeuse quant à un cru en demi-teinte, une fois encore, se laissant regarder tantôt avec attrait, tantôt d'un œil blasé et neutre à souhait, jusqu'à trouver de vraies complications pour m'organiser un top au sommet et laisser de côté le trop plein de guillerette légèreté. Mon classement se serait-il alors vu privé cette année de mes réalisateurs clés comme Woody Allen et François Ozon sans ciller ?
Il est aussi à noter, dans la catégorie des vifs changements, que je n'ai point souhaité faire figurer au programme du billet la Palme d'Or du Festival de Cannes; l'envie, la motivation comme l'idée ne m'ayant même pas effleurées dans le choix d'un film qui ne savait m'attirer.
Et c'est dans ces conditions où je m'octroie avec joie une totale liberté que nul au fond ne pourrait juger, si ce n'est désapprouver, que je vous emmène à la découverte de ma perception du cinéma, à démarrer dans les coulisses jusqu'à la crier sur les toits.
Et parce que dans mon imaginaire, 2010 sur grand écran, c'était un peu tout cela...
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Top 10
- The Social Network de David Fincher
- Bright Star de Jane Campion
- Une éducation de Lone Scherfig
- Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
- Mr. Nobody de Jaco van Dormael
- Inception de Christopher Nolan
- Shutter Island de Martin Scorsese
- When you're strange de Tom DiCillo
- Yo, también de Alvaro Pastor et Antonio Naharro
- Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1 de David Yates
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On notera, pour la première fois dans un top, l'apparition d'un film à gros succès/gros budget, j'ai nommé le dernier-né de la saga Harry Potter.
Cela aurait bien pu ne pas me ressembler d'agir de la sorte, bien qu'adepte des aventures de l'apprenti sorcier depuis le tout début, car il manquait toujours un petit quelque chose pour me permettre de franchir le cap. Cependant, l'ambiance étoffée qui se dégageait du dernier opus à grand renfort d'obscurité ténue, de zones d'ombres et de noirceur bienvenue sur scénario d'une inquiétude envoûtante m'a semblé être une raison des plus suffisantes pour lui attribuer une place qu'il mérite grandement.
Par ailleurs, je ne reviendrai naturellement sur aucune critique déjà effectuée en cours d'année, mais puisqu'au sein de certains billets, quelques unes d'entre elles étaient malencontreusement passées à la trappe, faute de temps pour les développer, je me charge sur le champ de remédier à cette ignominie ;)
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Mr. Nobody:
Un film d'une beauté rare à l'univers onirique qui, choisissant la difficulté d'un traitement basé sur l'uchronie, nous transporte dans des histoires multiples qui tendent autant à la poésie qu'au drame, et au bonheur qu'aux larmes.
Déjouant avec brio les codes de la narration, le réalisateur aime à nous perdre et nous taquiner, voltigeant sur les tranches de vie qui s'entrechoquent et se croisent, impertinentes, jusqu'à dévoiler des questions existentielles plus denses et plus profondes qui en reviendraient au fameux "et si ?" dans la douleur d'un choix à faire.
Émotif et ambigu, paradoxal et dérangeant, Mr Nobody voyage intelligemment à travers les espace-temps et nous plonge sans ménagement dans l'odyssée de l'humanité en tant que telle, pour nous en peindre un tableau subtil qui, toujours en demi-teinte, se joue du rêve et du hasard, avec cette légèreté de penser tout à fait charmante qui nous emmène d'emblée dans un monde plus sombre, là où la vie et la mort se confrontent inéluctablement.
Portée de plus par un univers visuel quasi-magique, des protagonistes attachants et des références cinématographiques délectables, la fresque est exquise autant qu'inattendue. Le dénouement, de toute finesse. La moralité, cérébrale et entêtante.
Une merveille fascinante qui puise sa force dans la pluralité de sa thématique...
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When you're strange:
Quel bonheur de se trouver face à un ultime film-documentaire sur le groupe d'anthologie les Doors, surtout quand celui-ci se révèle être une réussite à part entière. C'est que l'exercice était périlleux en soi, dans la façon même de traiter le sujet, et sans avoir une impression de "déjà vu", eu égard aux nombreux longs-métrages proposés auparavant. Car le bon vieux rock qu'on adule, force est d'admettre que c'est bien sympathique au demeurant, mais qu'on connaît déjà. Autant préciser alors qu'il nous en faut d'avantage pour nous assouvir.
Mais là où Tom DiCillo excelle, c'est bien dans l'intuition d'une présentation stone et sulfureuse, portée par le choix de maître d'un narrateur tel que Johnny Depp.
Ce dernier, aussi déjanté que le groupe, et totalement addicted qui plus est, nous entraîne d'emblée de sa voix troublante sur les traces d'un Jim Morrison des plus réalistes. Envolé alors le documentaire qui pourrait se présenter comme formaté. Nous voici entraînés dans une véritable aventure musicale qui nous abreuve de toute sa puissance charismatique et fleure bon l'idéal "Sex, Drogue & Rock n' Roll", à grand renfort de séquences inédites du parcours des Doors dans un souci de vérité somme toute très touchant.
Car les Doors, c'est aussi des moments de solitude, de déchirement, de doute et d'incompréhension. Une passion excessive ou bien une folie cinglante qui tend à la fascination. Et c'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle When you're strange, en nous incluant, corps et âme, dans les mœurs rock sur fond de provocation des temps passés, nous emporte aussi dans une véritable histoire d'amour, à mi-chemin entre la musique et le fanatisme ambiant. C'est ainsi que présenté dans un premier temps comme un film-choc, l'évènement perdure et se perpétue surtout, de génération en génération. Comme si l'hystérie provoquée par le groupe n'avait jamais cessé d'apposer son influence.
A voir pour le plaisir de mêler les souvenirs emblématiques du groupe phare et les images d'archives des 60's à une rétrospective haletante, pleine de surprises.
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Yo, también:
On aime Yo, también pour sa prise de risque, pour sa sensibilité accrue, pour son émotion.
Délicieusement intimiste, le film joue sur la corde raide d'un énième mélodrame qui l'aurait fatalement saccagé, mais plutôt que de s'y complaire, finit par nous surprendre au moyen de son aptitude très adroite à traiter son sujet, avec une grande finesse d'esprit et un message d'espoir au demeurant fort joli qui, à aucun moment, ne souffre de mièvrerie.
Au final, la compassion et la pitié tant redoutées (le monde des Bisounours, non merci !) ne sont pas au rendez-vous mais laissent place à une délicatesse de toute beauté, qui effiloche bien vite et avec une grande habileté le malaise d'un handicap latent et omniprésent pour s'attarder sur d'autres points, à la fois sentimentaux et terre-à-terre, à l'image des évènements multiples de la vie, nous laissant ainsi sur une impression très forte, là où la chaleur humaine prend une véritable dimension.
On pourrait certes bien lui accorder ses moments larmoyants et sa trop grande envie de se démarquer dans le cadre d'une thématique dangereuse prônant la différence, mais la vérité est surtout que le film parvient à nous toucher, qu'on le veuille ou non, et même si l'on est quelque peu étranger au sujet, dans une sorte de halo sublime qu'il développe avec brio.
Au final, c'est un sourire qu'il ressort en guise de conclusion, et la force de vivre plutôt que l'épuisement et le laisser-aller. De quoi nous donner du pain sur la planche pour une introspection fort bienvenue qui nous fait renaître une fois encore, et nous remet les idées bien en place, en mode post-séance !
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Oui, mais...
Impossible de faire l'impasse sur...
- Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois
Primé, adulé, admiré, je dois bien être l'une des seules que le film de Xavier Beauvois n'a pas le moins du monde touché. C'est à la fois terrible et douloureux parce qu'en dépit de mon avis, je ne peux aucunement lui enlever ses plans-séquences recherchés, sa volonté de filmer avec un réalisme sous tension fort bien amené, et encore moins son analyse pertinente d'un sujet qui était des plus complexes à traiter. Tout semblait ainsi parfait pour que le long-métrage reste dans les annales et entre, très bien placé, dans mon top 10, en toute logique et en tout mérite.
Seulement voilà. La vérité est que je m'y suis horriblement ennuyée (un monstre, moi ? ^^) et que ce fait d'actualité me parlait bien d'avantage en documentaire qu'au sein d'une lenteur cinématographique, volontaire certes, mais qui me faisait ressentir toute l'angoisse, à défaut des conflits se décuplant, de la vie monacale. Je m'y suis sentie mal à l'aise, pas à ma place, toute engoncée dans un sujet qui pourtant m'intéressait grandement dés le début, mais ne se révélait pas à mes yeux comme je l'avais imaginé, pour au final complètement décrocher.
Je reste donc penaude, à n'émettre aucune réelle critique négative si ce n'est l'évocation d'une sensibilité personnelle qui n'est jamais apparue, restant en retrait et peu concernée.
Un bémol important sur les évènements cinématographiques qui ont su marquer d'une pierre blanche l'année 2010 et sur lequel, dans un souci de transparence absolue, je me devais, critique effectuée précédemment mise à part, de m'exprimer.
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De très bonnes surprises
Ambiance rock n' roots garantie pour les deux premiers,
Ou belle histoire dramatique qui éloigne le mélo pour mieux nous toucher,
Certains films ne figurent peut-être pas dans le top des dix premiers
Mais ne sont point à omettre et sombrer dans l'oubli pour autant...
Dotés d'un caractère, d'une aventure transcendée ou d'une vraie sensibilité,
On aime et on savoure vraiment l'idée si plaisante de se les remémorer.
De très belles découvertes au fil du temps et des sentiments,
Puisant au paroxysme de la vie, dans les émotions exacerbées,
Une énergie rebelle à ne certainement pas négliger !
- The Runaways de Floria Sigismondi
- Bus Palladium de Christopher Thompson
- Remember me de Allen Coulter
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Déceptions
Le problème des films dont on attend trop,
C'est qu'on finit toujours par les interpréter à notre façon,
Et par le biais de notre imaginaire, se crée fatidiquement un manque de conviction...
(NB: se référer aux critiques des billets précédents)
- New York, I love you de Mira Nair, Fatih Akin, Allen Hughes, Yvan Attal, Shekhar Kapur
Un Paris, je t'aime édulcoré et quoique touchant, moins bien traité,
Du romantisme qui se révèle un peu "too much" pour être vrai,
Et de la jolie histoire qui ne parvient pas à convaincre dans son entité.
Pas mal oui, mais pas suffisamment enclin à une sensible créativité.
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- Sherlock Holmes de Guy Ritchie
Ou comment le héros de Conan Doyle a perdu sa crédibilité,
Se la jouant acrobate espiègle, sarcastique et farfelu à souhait,
Négligeant l'Angleterre policière et son côté chic et soigné.
Le film est attrayant, bourré d'action et plutôt bon, c'est évident.
Mais quid de son aspect littéraire que l'on attendait au tournant?
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- Les petits mouchoirs de Guillaume Canet
Trop de Marion Cotillard et trop de larmes versées,
Une fin pesante qui apporte peu, et en toute gratuité,
Des personnages forts qu'on aurait souhaité plus étoffés.
L'amorce était décidément bonne et Canet pouvant maîtriser son sujet.
Mais à trop s'éparpiller, l'essentiel lui/nous a échappé.
Avec sa dose d'humour et sa tendre complicité qu'on ne peut lui enlever,
On espère un prochain film très prometteur, qui s'inscrira dans la même lignée
Mais jusqu'à en tirer la quintessence, action et sensibilité mêlées ;)
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La pire "daube" de l'année
- Twilight - Hesitation (3) de David Slade
J'ai beau réfléchir, il n'y a rien à sauver hélas.
Les adaptations cinématographiques de la saga de Stephenie Meyer n'étaient certes pas des plus réussies dés le début mais si elles parvenaient envers et contre tout à nous amadouer par leur fraîcheur et leur nouveauté, elles gagnent en fadeur et en niaiserie à chaque nouvel opus, sans engendrer le moins du monde un éventuel procédé d'identification qui pourrait nous charmer un tant soit peu au détour d'une scène. Au-delà alors, il ne reste que le néant de personnages creux dont on se désintéresse rapidement et une pléiade d'idéaux dépassés issus d'un romantisme mièvre plutôt que d'un romanesque bien amené.
Tant attendu par les fans pourtant, le troisième du nom reste incontestablement le pire, tout pathos sorti, porté par un scénario lent et cul-cul qui va sans cesse à l'encontre de l'action pour préférer se targuer d'une morale à deux francs-six sous dont on se serait bien passés !
Le résultat est donc proche du pitoyable avec une confrontation vampires/loup-garous qui nous fait plutôt hurler de rire que de terreur alors qu'il s'agissait tout de même de la thématique-clé à développer avec soin, privilégiant de la sorte le cruel dilemme de l'adolescente amoureuse, mais pas trop, mais quand même, qui ne sait pas ce qu'elle veut.
Le mot de la fin ? Lol, quoi ^^
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J'ai manqué malgré moi...
- Nowhere boy de Sam Taylor-Wood
- La Comtesse de Julie Delpy
- Une vie de chat de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli
- Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud
- Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac
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Je lance un au revoir à 2010 quand déjà, la nouveauté me hèle...
Je fais le plein de films, souligne des détails et déniche le bonheur en parcelles.
2011 s'est engagée, sure d'elle, sur les sentiers du cinéma,
Et ceux-ci même l'ont menés droit à Somewhere de Sofia Coppola.
Motivation sans failles et l'envie d'une charismatique aura,
Serait-ce bien cela qui nous surprend à chaque instant d'au-delà ?
Un coup de coeur est à signaler, d'autres histoires demeurent à traiter.
Et à l'image de ce qui ne s'arrête jamais, dans la course au rêve et à la réalité,
Je m'en vais de bonne augure, poursuivre ma danse effrénée, ma valse effrontée.
-Livy-