Révisions cinématographiques printanières [2]
Les séquences cinéma du printemps continuent avec bonheur et gaieté,
Et il en serait bien dommage autrement car nous voici déjà presque en été!
Entre bon et moins bon, émotions ou déceptions, 2010 demeure toujours pour le moment une année cinématographique plutôt mitigée, nous laissant alors sur un choix réduit associé à une assez longue liste de films légèrement trop en demie-teinte à mon goût...
Mais qu'à cela ne tienne, les sorties, à prendre ou à laisser, n'ont de cesse de défiler et je m'offre parfois quelques instants privilégiés dans le bonheur confiné des salles obscures.
De quoi renforcer mon imaginaire et le laisser aller là où bon lui semble,
dans d'improbables contrées ou quelques rêves imagés.
Récit condensé d'un brouillon tout de même bien étudié ;)
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Des films attendus, tous domaines confondus!
Alice in Wonderland de Tim Burton
Ça parle de quoi?
"Alice, 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu'elle a découvert quand elle était enfant. Elle y retrouve tous ses amis, du Lapin Blanc au Chapelier Fou, en passant par le chat du Cheshire, mais s'embarque également dans une aventure extraordinaire où elle accomplira son destin: mettre fin au règne de terreur de la Reine Rouge et rendre le trône à la Reine Blanche, sa sœur."
Ni bon, ni mauvais, le dernier-né de Tim Burton nous laisse tout autant sur une image fantaisiste de rêverie bienvenue que sur quelques attentes non exaucées.
S'il nous présente en effet une ambiance magique, farfelue et colorée qui sied à merveille à l'univers d'Alice tout comme au sien, il semble également se perdre dans les méandres d'un scénario tiré par les cheveux, et qui à trop en faire dans la redondance, en devient parfois un peu "too much" pour se laisser vraiment adopter.
Hautement appréciable sur de nombreux points, le film est cependant loin d'être un "loupé".
On admire notamment le côté novateur et très en décalage avec l'œuvre de Lewis Carroll, à laquelle il ne manque toutefois aucunement de faire des allusions tout du long.
Cette liberté d'expression surprenante dans sa dérive, permet ainsi au réalisateur de prendre un certain recul avec le roman d'origine et de mettre en scène son héroïne quelques années plus tard, âgée de dix-neuf ans, lui conférant de la sorte une certaine espièglerie et un caractère bien trempé, tout à fait charmant.
Le traitement étrange du long-métrage accentue avec bonheur l'imaginaire burtonien contrasté, le transformant tour à tour en rêve somptueux ou sombre cauchemar, et c'est alors un déluge de costumes flamboyants, transcendés par la 3D, qui envahissent l'écran.
En dehors de l'affection portée d'emblée aux personnages tant connus, des acteurs qui se surpassent (mention spéciale pour Johnny Depp, Helena Bonham Carter et Anne Hathaway notamment) et d'une histoire qui s'inspire du registre habituel des fables et autres contes, il manque cependant un petit quelque chose pour rendre le film aussi scintillant que ses effets spéciaux. En effet, Alice in Wonderland, tout caché qu'il est derrière son beau spectacle, reste en retrait et développe une sorte de neutralité, bien trop omniprésente pour qu'on s'y implique vraiment. De quoi nous laisser l'image un peu défectueuse de rêverie des temps modernes qu'on aurait sans doute souhaité plus authentique...
Il n'en demeure pas moins un petit bijou loufoque comme on les aime, pris tout entier au jeu de sa folie douce, non sans une certaine thématique mélancolique et joyeusement déchaînée, si emblématique de l'œuvre du grand Burton.
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Sex and the City 2 de Michael Patrick King
Ça parle de quoi?
"Et si la vie changeait du tout au tout sitôt qu'on a dit"oui"? Les quatre amies ont enfin la vie qu'elles ont toujours rêvées mais de péripéties en péripéties, elles vont se retrouver embarquées dans une aventure pleine de surprises, sous la forme cette fois d'un voyage glamour et ensoleillé, les entraînant loin de NYC dans l'un des endroits les plus festifs, exotiques et luxuriants de la planète... Une occasion idéale de faire le point sur leurs rôles d'épouses ou de mères, de se retrouver pour de bon, et profiter, tout simplement."
On prend les mêmes et on recommence? Oui, mais pas vraiment.
Si SATC 2 a la bonne idée d'emporter le film et ses héroïnes cultes vers un tournant tout autre, et nous laisser deviner une nouvelle suite que bien évidemment on s'empressera d'aller visionner, il ne garde, somme toute, pas grand chose de la philosophie de la série qui a fait son succès, tant et si bien que l'on ne s'y retrouve pas. Car si strass, paillettes et glamour sont autant de thèmes poussés à leur paroxysme ici, le (très) long-métrage vire en effet plutôt à tout ce que les clichés du luxe peuvent colporter, laissant totalement de côté ce qui aurait pu être intéressant ici, à savoir un scénario?
Qu'on ne s'y trompe pas alors: pas d'intrigue incroyable, de bouleversement de situation, ni même de petit coup de choc bien amené à l'image du premier film, mais rien qu'une succession de scènes assez banales et de répliques qu'on aurait franchement aimées plus piquantes voire culottées, connaissant les demoiselles Carrie et autres Samantha...
Ainsi, destination rêvée mise à part et deux-trois bons mots au passage, le charme n'opère pas. Le rythme est saccadé et l'humour s'essouffle quelque peu.
On voudrait soudainement effectuer un "come back" à NYC et retrouver l'ambiance de départ, sans chichis affriolants qui gâchent tout, mais avec ces petites réflexions mutines et si féminines de la vie quotidienne dont on s'est tant délectées dans le passé.
Boire un "Cosmopolitan" complètement déprimée au milieu de son dressing de Manhattan après tout, n'était-ce pas franchement mieux?
Bref, une petite déception pour un film que j'aurais souhaité impeccable et qui ne l'est pas.
Je ne pourrai cependant pas lui reprocher la beauté de ses précieux atours qui laissent bien admirative, et observe avec objectivité que s'il y a bien une chose de positive ici, c'est bel et bien le tournant qu'ont pris les quatre jeunes femmes qui, outre tous les excès à foison dont regorge le film, laissent entrevoir pour chacune d'elles un réelle évolution de vie ainsi qu'une jolie complicité qu'on leur envierait sans ciller.
Une histoire d'amitié qui continue alors un peu à faire rêver, cela va sans dire, mais dans laquelle, on a quand même d'avantage de mal à s'identifier, le conte de fée commençant passablement à s'éparpiller...
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Du divertissement
L'Arnacoeur de Pascal Chaumeil
Ça parle de quoi?
"Il s'appelle Alex et travaille en famille. Son métier: briseur de couple professionnel. Sa méthode: la séduction. Sa mission: transformer n'importe quel petit-ami en ex avec toutefois une éthique qui consiste à ne s'attaquer qu'aux couples dont la femme est malheureuse. Mais alors, pourquoi accepter de briser un couple épanoui de riches trentenaires qui se marie dans une semaine et dont tout le quotidien semble si parfait? "
Le scénario est cousu de fils blancs, la fin prévisible à souhait, la comédie romantique improbable et pourtant, ça fonctionne! L'Arnacoeur est un film fluide et léger comme on les aime tant pour se détendre et qui, l'air de rien, sait imposer sa touche humoristique finement aiguisée et son sens de la répartie intarissable.
Il faut dire que le concept même prête à rire et que son exploitation plutôt audacieuse et atypique est ici une réussite totale, dans l'euphorie permanente des situations qui s'enchaînent, aussi saugrenues que délectables.
Portée par un duo de choc et de charme, Romain Duris pétillant et magistral dans sa reprise de Dirty Dancing et Vanessa Paradis d'une fraîcheur sophistiquée à croquer, une osmose se créée et le tout fonctionne sans heurt ni longueurs. C'est simple et agréable.
Finalement, l'aspect trop sentimental, que j'aurais pu désapprouver comme à mon habitude, se laisse bien vite éconduire par la succession bienvenue de scènes hilarantes et de personnages secondaires qui valent leur pesant d'or, tant et si bien que l'on est simplement séduit, le sourire aux lèvres, du début à la fin.
On oublie de ce fait les quelques détails trop convenus et l'on prend le film pour ce qu'il est:
Un instant de bonheur enjoué et sincère, romantique sans tomber dans la mièvrerie, et saupoudré de bonnes idées comme on aimerait en voir d'avantage dans nos petites comédies françaises! A recommander...
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Tout ce qui brille de Géraldine Nakache et Hervé Mimran
Ça parle de quoi?
"Ely et Lila, deux jeunes filles habitant la banlieue "à dix minutes de Paris", sont comme des sœurs. Elles se connaissent depuis l'enfance, partagent tout et rêvent ensemble d'une autre vie. Pour ce faire, elles vont tout mettre en oeuvre afin de pénétrer un monde qui n'est pas le leur mais où tout leur semble possible. De petites embrouilles en gros mensonges, elles vont alors découvrir que tout ce qui brille n'est peut-être pas au fond une si bonne chose..."
Touchant, drôle et rythmé par une bande-son sautillante qui ne veut plus sortir de la tête, ce premier film est une agréable surprise, sans prétention certes, mais plutôt efficace et pleine de charme. On y découvre avec plaisir une autre vision de la banlieue, pour une fois loin des cités ou des émeutes que l'on évoque tant, et une perception somme toute très bien vue de la vie actuelle, dialogues percutants à l'appui, langage passablement fleuri, et seconds rôles à mourir de rire. En effet, les répliques sont fantaisistes, les personnages souvent touchants bien qu'un peu clichés, et l'enchaînement successif des scènes mêle parfaitement l'humour et la tendresse à l'amertume d'une vie souvent difficile à accepter.
Ainsi pris au jeu de ce "je t'aime moi non plus" de l'amitié mené tambour battant, le spectateur, même s'il devine l'intrigue plus qu'il ne l'attend, se prend indubitablement au jeu de cette course anecdotique sur fond de réalisme, tout guilleret.
Pourtant loin d'être parfait, Tout ce qui brille présente d'une part un scénario plutôt téléphoné et d'un autre côté, quelques questions laissées en suspens et autres petites histoires subsidiaires dont l'utilité resterait à prouver... L'ensemble demeure de ce fait toujours en surface et préfère jouer sur son côté léger plutôt que d'approfondir le sujet. Soit. C'est un petit regret à la clé qui s'impose donc, ajouté à un "peut mieux faire" de circonstance, mais heureusement bien vite rattrapé par les aventures fraîches et instables de nos deux héroïnes, qui se cherchent, se perdent ou se trouvent, mais jamais ne fatiguent.
De quoi passer un bon moment en compagnie de cette comédie douce-amère qui n'est certes pas le film de l'année mais toutefois loin d'être un navet!
Il reste à la regarder avec bonne humeur et sans a priori, un petit Nota Bene bien ancré toutefois pour ce fameux dressing qui nous fait toutes rêvées...
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Bonne surprise...
Remember me de Allen Coulter
Ça parle de quoi?
"Tyler, jeune New-yorkais de 22 ans est en rébellion constante contre sa famille et la société. Après une altercation avec un policier, il décide de se venger en séduisant la fille unique de celui-ci. Mais la jeune Ally est imprévisible, fragile et attachante et va parvenir à conquérir son cœur. Ce qui ne devait être à la base qu'une plaisanterie cruelle se transformera alors en une histoire qui marquera les deux jeunes gens à jamais..."
La bande-annonce laissait présager un navet des plus niais, l'affiche ne nous proposait guère mieux, et pourtant, Remember me est en partie une réussite. Rien que l'idée de faire plus ample connaissance avec un Robert Pattinson, point déguisé en vampire pour l'occasion, et dans une interprétation qui met en valeur son jeu d'acteur plutôt que ses canines acérées, est plaisante en soi, mais il n'y a pas que cela... et fort heureusement!
Pas de surprise au demeurant, le film nous emporte dans un mélo certes, mais un mélodrame intelligent, un peu trop eau-de-rose par moment car rien n'est parfait, mais pas suffisamment cependant pour nous expédier dans la nausée.
Outre alors quelques dialogues sentimentaux dont on se serait bien passés, il sait parfaitement jouer de son aspect dramatique pour nous épargner une énième amourette lacrymale sans conviction, mais nous mène au contraire dans la profondeur intimiste de destins croisés, de personnalités perdues, et autres instants brisés.
Rebelle et touchant à la fois, déroutant voire même confus, mais surtout d'une sensibilité à la tonalité rock que j'ai beaucoup apprécié dans son impossible dilemme, Remember me en serait presque un Roméo et Juliette des temps modernes, jouant avec brio sur le registre de l'émotion tout comme celui de la passion.
Et si le "happy end" n'est pas au rendez-vous, on remercie grandement la pudeur sous-jacente qui rend, quant à elle, cette romance toute simple vraiment belle.
Un bon point alors pour ce film sombre et romantique,
tout juste conçu pour la gente féminine.
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... Et déceptions
New York, I love you de Mira Nair, Fatih Akin, Allen Hughes, Yvan Attal, Shekhar Kapur
Ça parle de quoi?
"Depuis l'invention du cinéma, New York n'a jamais cessé de fasciner les cinéastes, qui y puisent d'infinies émotions dans des décors aussi spectaculaires qu'uniques. Des gratte-ciels aux parcs et au rues qui sont comme autant de mondes, la ville a été immortalisée dans des milliers de films à travers des centaines d'atmosphères différentes."
Difficile d'évoquer NY I love you sans parler de sa jolie dose d'émotions ou de sa fraîcheur assurée. Difficile aussi de ne pas s'apercevoir que cette œuvre collective est tout simplement belle, réussie, romanesque, et laisse derrière elle un optimisme doux-amer, artistique et ironique à la fois. Alors tout ceci serait-il trop beau pour être vrai? Assurément!
D'autant plus qu'en éternelle amoureuse de ce joli souvenir de 2006 qu'était Paris je t'aime, je n'ai pu m'empêcher une comparaison qui survenait bien à propos entre les deux films, et ai ainsi trouvé l'ensemble moins abouti et moins créatif que pour son prédécesseur.
Filmée différemment déjà, la thématique d'ensemble n'est pas la même et la tendance "court-métrage" s'en trouve bien moins mise en avant, puisque les histoires entre elles se recoupent pour au final n'en former qu'une seule, ou presque. Elle demeure de ce fait plus conventionnelle ici, du moins m'a-t-il semblé, malgré sa palette de personnalités atypiques et sa volonté d'évoquer une ville cosmopolite, et laisse ainsi place à une succession d'images comme un peu "forcées" dans leurs aspects tantôt cyniques, tantôt bucoliques. C'est pour cette raison sans doute que la magie ne peut opérer de fond en comble et laisse le spectateur légèrement en retrait, sans doute parce que le film semble moins vrai. Et si je ne devrais pas retirer entièrement son authenticité, du moins devrais-je me pencher d'avantage sur son originalité qui n'est pas toujours bien mise en valeur, quant à elle...
Au-delà, NY I love you reste un exercice de style sympathique, avec ses moments empreints de surprises et d'audace qu'on ne peut qu'approuver. Le récit est bien vite séduisant et nous entraîne dans cette ville fascinante, là où certains acteurs se démarquent vraiment...
Et si ma déception obligée se penche du côté de Paris je t'aime avec assiduité, je ne peux évoquer ici un mauvais film, loin de là, parce qu'avec un peu plus de recul, ces jolies histoires new-yorkaises, bien que trop romantiques à mon goût, ont le mérite de valoir le coup d'œil et de nous faire nous évader, ne serait-ce qu'un peu ;)
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Imogène Mc Carthery de Alexandre Charlot et Franck Magnier
Ça parle de quoi?
"Imogène McCarthery, écossaise et fière de l'être, vit à Londres mais se considère en exil et impose son impétueux caractère. Alors qu'elle pense être congédiée après un esclandre de trop au sein de son emploi, elle se voit en réalité confier une mission secrète par son patron... La voici agent secret et déterminée à mener son travail à bien. Mais de retour dans son pays, Imogène ignore encore tout de ce qui l'attend: cette machination qui la dépasse, les trois agents bolchéviques sans pitié à son égard, sans oublier les retrouvailles avec Samuel Tyler, son amour d'enfance trop longtemps oublié..."
Un casting sympathique doté d'une intrigue plutôt cocasse,
voilà qui a de quoi attirer l'attention de prime abord.
Mais c'est ici peine perdue car Imogène demeure un film très moyen, pas désagréable à regarder certes, mais qu'on pourrait tout aussi bien voir à la télé, alors à quoi bon se déplacer?
Porté à bout de bras par une Catherine Frot qui nous offre, comme à son habitude, une excellente prestation, toute en excentricité et pleine d'entrain, le contenu est bien contestable quant à lui car un peu vide. La parodie de film d'espionnage est trop prévisible pour susciter un réel intérêt (on devine tout d'emblée, c'est agaçant!) et ce qui était censé nous sembler loufoque paraît finalement bien sage au sein de l'ensemble, voire assez mou, malgré les efforts évidents des acteurs pour donner à l'ensemble un dynamisme de circonstance.
Rien n'y fait cependant. On tombe rapidement dans l'anecdotique, ce qui dessert profondément le long-métrage, et le rend de ce fait d'une incroyable linéarité, sous-entendant par la même occasion un ennui certain sans aucun rebondissement qui tienne la route!
Par bonheur, quelques répliques prêtent à rire, et les charmes mêlés de Catherine Frot et des traditions écossaises sauvent l'ensemble de la platitude absolue.
Lambert Wilson n'est pas mauvais dans son rôle, lui non plus...
Bref, vous l'aurez sans doute compris, je tente de sauver le film comme je peux, mais eu égard à son scénario de départ alléchant et une mise en scène qui laissait a priori présager de très bonnes idées, je l'aurais souhaité sacrément plus pêchu et m'en trouve au final bien déçue!
-Livy-