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Livy Etoile
23 mars 2010

Feydeau s'invite au théâtre du Palais Royal

Grâce à un concours organisé chez Bliss il y a environ un mois et duquel je suis ressortie bien chanceuse, j'ai eu le privilège de gagner des places pour On purge bébé et Léonie est en avance, deux pièces de Feydeau actuellement jouées au théâtre du Palais Royal. Et ce fut avec un enthousiasme certain qu'il y a une semaine déjà, enfreignant les règles sacrées de la convalescence, je me suis précipitée pour traverser en toute hâte les magnifiques jardins du Palais Royal, à la rencontre d'un théâtre que je ne connaissais pas encore et de deux pièces qui me réservaient tout autant leur découverte que de jolies surprises...

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Feydeau_au_Palais_Royal

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Où?

Première impression donc: le cadre.
Plus habituée des théâtres situés sur les Grands Boulevards -ou dans à peu près n'importe quel coin de Paris d'ailleurs-, il se trouve que je ne connaissais pas du tout celui du Palais Royal jusqu'alors, dont on m'avait souvent dit le plus grand bien. Ceci étant, force est d'admettre que cette opinion s'avérait plus que fondée. Son décor somptueux et sa salle toute en hauteur, ornée de part et d'autre de dorures et de sculptures magnifiques, des fauteuils d'orchestre jusqu'aux balcons, m'ont définitivement convaincu de sa beauté et de son élégance, dans un style certes très chargé, mais des plus plaisants pour effectuer un bond dans le passé et dans les fastes des spectacles parisiens de l'époque. Je ne me suis donc nullement étonnée de le voir classé en tant que monument historique et le contexte même du lieu semblait être propice à un moment de franche convivialité teinté de classe rétro, qui valait évidemment le détour.

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Comment?

La soirée en elle-même se composait en deux temps, que l'entracte séparait, et nous présentait ainsi deux pièces mineures de Feydeau, toutes deux très courtes et passablement méconnues du grand public, On purge bébé et Léonie est en avance. Un premier plaisir m'a t-il paru alors, que de foncer tête baissée vers ces œuvres dont j'ignorais tout encore.
En effet, si je connaissais plutôt bien l'univers de Feydeau et ses vaudevilles survoltés que mes parents m'avaient fait découvrir très jeune, Un fil à la patte et La main passe étant sans doute ceux qui avaient le plus marqué mon adolescence, je n'aurais certainement pu en dire autant de ce qui allait suivre, et c'était bien là le vif intérêt de mon intempestive curiosité.
Morceaux choisis d'une petite soirée comme on en souhaiterait plus souvent...

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De quoi s'agit-il?

On purge bébé
"Monsieur Follavoine cherche à décrocher le marché des pots de chambre incassables à destination de l'armée française. Pour tenter de conclure l'affaire, il invite à dîner Chouilloux, fonctionnaire influant du ministère des armées, son épouse et l'amant de celle-ci. Mais ce jour-là, le fils Follavoine est constipé et ne veut pas prendre sa purge...
et rien ne se passe comme prévu."

Léonie est en avance
"Léonie est sur le point d'accoucher avec un mois d'avance. Les mauvaises langues se délient, Les règlements de compte et les mesquineries entre beaux-parents et gendre vont bon train, l’arrivée d’une sage-femme tyrannique finit de chambouler toute hiérarchie dans la maison, et ce qui devait être un moment de joie va tourner à la catastrophe."

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Et alors?

Et alors, pas déçue du tout!
J'ai retrouvé au sein de ces deux courtes pièces, la bonne humeur cinglante et audacieuse que j'apprécie tant chez Feydeau, en même temps que son style inimitable qui sait, en toute bonhomie, user à bon escient de l'ironie, railler joliment la bourgeoisie de l'époque, et tourner en ridicule n'importe quelle situation des plus banales.
On m'a donc repris à sourire à maintes surprises, les scènes cocasses et incongrues ne tardant pas à arriver ni et les bons mots à se succéder, surgissant de là où on pouvait le moins du monde les attendre, avec cette psychologie et cette finesse d'observation propre à l'auteur, aussi acerbe que délicieuse.
N'oublions pas non plus que la distribution était franchement attrayante, de Cristiana Reali à Dominique Pinon en passant par Pierre Cassignard, qui ont tous trois excellé dans leurs rôles respectifs, jonglant avec entrain d'une pièce à une autre, et faisant ainsi, par le biais du changement des personnages, costumes et caractères, une démonstration réjouissante de leurs talents de comédiens, à mi-chemin entre dérision et finesse du jeu. Un comble délicieux pour interpréter des personnalités qui se veulent si ridicules!
A cela vient s'ajouter une mention toute spéciale aux rôles secondaires, le souffle même de ces deux pièces, qui n'ont pas manqué de me voler quelques éclats de rire bien mérités tout du long de la soirée, par la justesse même de ton qu'ils donnaient à la caricature, dévoilant de la façon la plus volubile qui soit le côté absurde de l'ensemble, dans un regain de mimiques délirantes et de propos jouissifs.

La mise en scène, quant à elle, est aussi agréable que surprenante.
Détaillée, bien pensée, elle touche de près le sans-faute et nous évite le désordre involontaire parfois engendré dans quelques situations de vaudeville, mais au contraire, nous gratifie d'une précision sans faille dans les allées et venues des différents protagonistes et la rend drôle avec un naturel déconcertant.

Au-delà de ces considérations et de ces chassés-croisés absurdes dont on se délecte vivement, il faut bien reconnaître qu'il y a également dans ces deux pièces un côté osé qui a tout pour plaire. Le décor notamment surprend par l'agressivité de ses motifs bariolés, et contribue dés lors à nous mettre dans l'ambiance d'autant plus que le rideau qui s'ouvre nous le dévoile d'emblée. De quoi nous emporter dans l'étrange et le loufoque, non sans une originalité qui ne peut que surprendre si ce n'est choquer, et c'est tant mieux.
Par ailleurs, j'ai tout particulièrement aimé les costumes, presque intégralement confectionnés dans les teintes de noir et blanc qui me sont si chères et qui, passablement travaillés, siéent à merveille à chaque rôle, se voulant tour à tour féminins, négligés, guindés ou précieusement ridicules, à l'image des personnalités qu'ils habillent.

Enfin, si petit bémol il doit y avoir -et parce qu'il y a toujours-, j'évoquerai sans doute le rythme un tantinet poussif de temps à autre et la mise en place assez longue des deux intrigues. Car si les répliques se sont montrées savoureuses autant que possible et ce, du début à la fin, le mouvement, quant à lui, venait parfois légèrement à manquer ou à se répéter, et j'ai notamment éprouvé cela dans la pièce On purge bébé qui m'a semblé à maintes reprises bien plus calme que la plupart des vaudevilles effrénés de Feydeau. Aussi, ai-je eu cette petite déception de départ qui me faisait un peu peur quant à une éventuelle mollesse susceptible de s'installer, mais cependant bien vite oubliée et déjouée par des propos délirants, d'exubérants quiproquos, et plus encore par le jeu intelligent des comédiens.
Il faut préciser que ma préférence tend plutôt du côté de la seconde pièce, Léonie est en avance, dont l'aspect plus marqué au niveau des gestes, surenchéri par des situations improbables et aberrantes, et additionné de dialogues exquis, a totalement comblé mes attentes en matière de démonstrations théâtrales made in Feydeau.

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C'est donc assez prévisible de confesser que je vous conseillerai sans ciller ces deux pièces, d'autant plus qu'on les joue  assez peu pour en éprouver d'avantage encore l'envie de s'accorder ces quelques heures d'évasion, et se prêter de bonne volonté à la joie de se perdre au théâtre pour les beaux yeux de vaudevilles qu'on ne connaît pas, le tout desservi par une troupe prestigieuse de comédiens qu'on n'a de cesse d'acclamer.
On passe dés lors une soirée agréable et dépaysante, haute en couleurs et pleine de charme, s'échappant dans un univers à la fois rétro et décalé, tout parsemé de cris et de drames tragi-comiques, où les mesquineries en deviendraient presque  douceur et la panique, du bonheur.
Et pour ce petit moment hors du temps à rêver et partir au sein d'étranges contrées dans l'enceinte même d'un lieu qui l'est tout autant, je remercie vivement la demoiselle Bliss et ses bonnes intentions qui toutes deux, sont à l'origine de ma si jolie soirée :)

-Livy-
(Dans ma bulle de légèreté)

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Commentaires
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Emma:<br /> J'espère que tu auras eu l'occasion depuis de t'accorder une petite soirée Feydeau, car la pièce, tout comme ses comédiens et son contexte, en vaut vraiment la peine. <br /> Quant au théâtre, wahou! <br /> Mais fonce, fonce, fonce ma belle ^^<br /> Et plein de gros bisous.<br /> <br /> Bliss:<br /> Eh oui, la soirée était vraiment sympathique mais je n'en ai jamais douté en même temps.<br /> Très impressionnée par le théâtre en lui-même n'empêche!<br /> Merci encore pour tout Bliss, bisous :)
B
Je suis vraiment ravie que tu aies passé une bonne soirée au théâtre du Palais Royal (magnifique, je l'adore aussi !) ^^ Bisous Livy :)
E
Bouh ! Je regrette encore plus de ne pas avoir gagné ces places ! Mais puisque c'est toi qui a pu en profiter et passer une bonne soirée pleine de légèreté, ça me console.<br /> Je ne suis jamais allée dans ce théâtre mais apparemment, il vaut à lui seul le déplacement.<br /> N'ayant eu que des retours positifs concernant cette pièce, je vais peut-être songer à m'offrir une petite place, histoire de ce détendre un peu le bulbe ;)<br /> Gros bisous ma Livy :)
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Nike:<br /> Merci du compliment,<br /> et contente que l'article t'ait plu :)<br /> <br /> John:<br /> On se rejoint toujours, que ce soit sur l'aspect du théâtre comme sur les pièces en tant que telles, ça en devient lassant ^^<br /> (Je te taquine évidemment!)<br /> J'ai été ravie de partager cette soirée avec toi et ne peux évidemment pas te contredire concernant les comédiens et leur jeu plein de nuances.<br /> Bisous!
J
Le cadre en effet du théatre du palais royal est magnifique.<br /> <br /> Et tout comme toi, je trouve Leoni est en avance plus à mon gout avec plus de rythme qu'on purge bebe.<br /> <br /> Très bonne interprétation des comédiens.
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