Actuellement, sur grand écran
En voie de guérison,
Sortie des urgences et en pleine convalescence,
Livy le retour, le billet cinéma en prime,
Et on omettra ardemment ce vilain retard!
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Puisant des idées, des ressentis et des émotions dans quelques séances nouvelles et qui parsèment ce début d'année cinématographique de ferventes passions ou de déceptions légères, il me semblait comme une évidence de les évoquer ici, à juste titre, dans un grand élan d'enthousiasme et d'écriture comme il m'arrive parfois.
Et puisque ces premiers mois emprunts de cinéma se sont révélés certes mitigés -on ne saurait faire autrement- mais envers et contre tout enveloppés de très jolies surprises, je me devais de leur rendre la pareille. Ainsi, subjective à souhait mais fortement décidée à me dévoiler en toute honnêteté, je rempile pour 2010 avec ce billet contrasté qu'il m'a plu d'étoffer dans le contexte des salles obscures, autant qu'à écrire,
progressant de jour en jour, dans mon labeur acharné.
Léger aperçu de quelques longs-métrages qui ne m'auraient certainement pas échappés...
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Coups de cœur instantanés
Bright Star de Jane Campion
Ça parle de quoi?
"Londres, 1818. Un jeune poète de 23 ans, John Keats, et sa voisine Fanny entament, après des premiers contacts assez froids, une liaison amoureuse secrète. Ensemble, ils partagent dorénavant une obsédante passion romantique qui va résister, au fil du temps, aux obstacles et à la maladie du jeune homme..."
Un véritable coup de cœur que ce film lumineux aux langueurs d'une délicatesse subtile, où rien, dans un souci incroyable du détail, ne laisse à désirer.
Porté par un élan poétique évident et une force dans l'émotion indescriptible que Jane Campion nous faisait déjà ardemment ressentir dans sa magnifique Leçon de piano, Bright Star est aussi touchant par son histoire dramatique (et vraie) que sa mise en scène somptueuse, répondant aux codes d'une période passée de l'Angleterre, délicieuse et emprunte de finesse.
Il nous entraîne d'office dans un univers imagé voire éblouissant, où l'esthétique rivalise avec le romantisme et le tragique avec la beauté, nous dévoilant un nuage de pureté, magique.
De ce fait, la lenteur bien amenée du film est révélatrice de sentiments exaltés bien que contenus, tandis que l'histoire d'amour platonique traitée avec force sensibilité tend à une sensualité désarmante, à nous donner de véritables frissons.
Par les costumes et décors époustouflants, ainsi que les scènes qui se succèdent avec cette touche féminine de rêverie si bien amenée et de tableaux tous plus visuels les uns que les autres, le sujet quant à lui se trouve transcendé, sublimé, et laisse la passion s'envoler pleinement vers un romanesque qui ne peut que nous (me?) faire succomber.
Jane Campion appose alors un retour de toute dignité, cumulant la douceur d'un portrait à un sens de l'observation aigu, et nous livre de surcroît un chef-d'œuvre qui, crescendo, atteint un point de non-retour, terrifiant certes mais envoûtant au plus haut point.
Pour moi qui n'aime point les "happy ends" mais adule la poésie tragique,
Ce moment de cinéma fut tout simplement divin.
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Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
Ça parle de quoi?
"La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 40, jusqu'au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier, à travers son itinéraire artistique, ses amours tumultueuses et sa vie tourmentée."
Ce biopic en béton armé qui s'échappe avec insolence des sentiers battus demeure incontestablement LA meilleure surprise cinématographique de mon mois de janvier.
Intime et audacieux, il nous livre de Gainsbourg une image pleine de dualité, à mi-chemin entre de savoureux détails d'une légèreté appréciable et une gravité avérée, symbolique de ce personnage torturé et provocateur au talent des plus atypiques et à la vie personnelle naturellement tourmentée. Et si le réalisateur se laisse souvent envahir par une grande éloge de l'artiste, très profonde au demeurant, l'ensemble, plutôt que d'en pâtir, n'en gagne que d'avantage en justesse et sincérité, la touche personnelle apportant ce grain de fantaisie ingénieuse qui nous sauve définitivement de toute linéarité ou d'une neutralité qui surviendrait bien mal à propos.
Par ailleurs, le film, porté par un casting minutieux et somme toute, très réussi, n'hésite nullement à oser et à s'affranchir de tous les codes typiques des biopics conventionnels, jusqu'à faire voyager le spectateur dans un univers un peu magique, surréaliste parfois, et qui lui vaut à juste titre d'être qualifié de "conte" par la critique. Une initiative évidemment alléchante lorsque le héros de la fable n'est autre qu'un poète aussi controversé que talentueux comme l'était Gainsbourg. Et c'est avec un plaisir plus que certain que je me suis laissée envoûter par ce long-métrage qui jongle à merveille entre le réel et l'imaginaire, évoquant le "double" de l'artiste et se laissant entraîner avec beaucoup de finesse et d'ardeur dans le cheminement d'une réflexion imagée, saupoudrée d'une rêverie aussi belle qu'inattendue, et que je ne peux qu'approuver.
Le sujet ainsi traité ne peut alors laisser insensible. Il émeut par son inventive évasion autant que par sa véracité de propos et nous laisse sur une note vagabonde qui comblera aussi bien les fans de l'homme à la tête de chou que tous les autres en même temps.
Pour un premier long-métrage, on l'aurait souhaité qu'on n'en aurait pas demandé autant,
Mais Gainsbourg, vie héroïque est résolument réussi et délicieusement insolite.
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Pas mal
From Paris with Love de Pierre Morel
Ça parle de quoi?
"James Reese, assistant personnel de l'ambassadeur américain à Paris, est parfois contacté par les Forces Spéciales pour quelques menus services qu'il accomplit de bon cœur. Mais à la veille d'un sommet international, sa vie va se trouver bouleversée lorsqu'on lui confie enfin une "vraie" mission et un "vrai" partenaire, le stupéfiant agent Wax aux méthodes aussi spéciales que musclées. S'ensuivra une véritable aventure, riche en émotions fortes et adrénaline, qui amènera Reese sur des chemins qu'il n'osait à peine concevoir..."
Pour peu qu'on ait de l'humour à revendre et du second degré bien placé, From Paris with Love est franchement jouissif. Bourrin, excentrique et outrancier, il se place d'emblée sous le signe de l'action à un rythme haletant et se distingue notamment par un profond manque de réalisme qui le rend certes, un peu potache à moultes reprises, mais tellement divertissant qu'on lui pardonne vite des manières qu'on pourrait qualifier de "lourdingues".
Aussi, l'aspect "chasse à l'homme" dans notre capitale est digne d'un jeu vidéo en mode "guéguerre" dont l'on se délecterait aisément, et les clichés qui s'accumulent joyeusement ne font qu'accroître ce petit côté série B qui chatouille notre envie de ciné décalé.
Passant tour à tour du spectaculaire au grotesque et de la violence aux répliques chocs (collectors pour certaines, on ne s'en lasse pas ^^), on se trouve face à une œuvre loufoque et drôle, caricaturale à souhait mais surtout pleine de petits clins d'œil que les fans de Tarantino, notamment, ne sauraient omettre.
Et si l'ensemble manque souvent de consistance, il en reste un pur moment de bonheur porté par un duo d'acteurs qui détonne, laissant entrevoir un John Travolta excessif et survolté dans son rôle de chauve-tatoué-percé-qui-tire-sur-tout-ce-qui-bouge et un Jonathan Rhys-Meyers toujours aussi charmant (mon objectivité -ou pas- me perdra je crois bien) et parfaitement à sa place en jeune homme naïf avide de sensations fortes.
En bref, un film qui dépote, dont on n'attend pas forcément grand chose au préalable, mais qu'il ne faut décidément pas manquer pour son incontestable efficacité.
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L'autre Dumas de Safy Nebbou
Ça parle de quoi?
"Alors qu'Alexandre Dumas et Auguste Maquet, son nègre littéraire, sont au sommet de leur collaboration, Maquet décide de se faire passer pour Dumas afin de séduire Charlotte, une admiratrice de l'illustre écrivain. L'affrontement entre les deux hommes semble inévitable tandis qu'à Paris, la révolution de 1848 se prépare."
L'autre Dumas s'affiche comme une bonne surprise de ces dernières semaines, plutôt inattendue, surtout après la polémique qui avait éclaté sur le choix de Gérard Depardieu dans le rôle principal. Il se trouve en vérité que si les critères physiques n'ont pas toujours été respectés, le charisme et la prestance de l'acteur en font néanmoins un Alexandre Dumas très crédible, convaincant, et qui ne cesse de nous envoûter ou nous divertir, c'est selon, de par ses bons mots ou son comportement aussi excentrique qu'emporté. Il en résulte un excellent duo d'acteurs, accompagné d'un Benoît Poelvoorde très talentueux dans son personnage effacé, stupéfiant autant qu'attachant dans cette terrifiante et discrète soumission.
Survient alors un méli-mélo d'évènements qui entraîne le spectateur au sein des mésaventures de ce tandem fou, un tandem qui n'a de cesse de se compléter et se déchirer, tantôt complice tantôt ennemi, dans des émotions extrêmes qui tendent aussi bien à une solide amitié qu'à de l'envie, de la haine ou de l'admiration. De plus, si l'émotion vient à gagner dans le cadre de ces relations humaines à fleur de peau, à mesure que de savoureuses répliques se succèdent et que l'insolite se fait roi, la crédibilité du film se trouve passablement renforcée par un contexte littéraire et historique omniprésent, qui a réellement existé, et qui parcourt l'ensemble avec une jolie délicatesse. De quoi nous laisser réfléchir un bon moment en nous replongeant dans un ancien temps fantaisiste et imagé, très plaisant au demeurant.
Un reproche peut-être, quelques longueurs de-ci delà, dont on s'affranchit heureusement bien vite grâce aux quelques personnages secondaire féminins qui viennent corser avec plaisir le fil conducteur trop linéaire du film, ainsi qu'aux décors et costumes savamment étudiés.
Et si L'autre Dumas ne parvient pas à s'imposer assez pour être vraiment grand et rester dans les mémoires, il puise sa force dans sa tonalité tragi-comique amenée avec brio.
Un bon début semblerait-il pour un long-métrage qui mérite qu'on parle de lui...
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Et aussi...
Sherlock Holmes de Guy Ritchie
Ça parle de quoi?
"Sherlock Holmes l'intrépide, qui résout vaillamment toutes les énigmes, flanqué de son fidèle ami le Docteur Watson, se trouve confronté à une série de meurtres rituels qui ensanglante Londres. Lord Blackwood, le coupable et fervent adepte de magie noire, est alors arrêté puis condamné à mort. Mais de sa cellule, il promet qu'il reviendra exercer une vengeance. L'aventure, loin d'être terminée, se complique alors, la panique au sein du peuple apparaît, et Sherlock Holmes se lance alors dans une étrange et périlleuse enquête, empreinte de mysticisme..."
Un avis très mitigé pour cette adaptation de Sherlock Holmes qui n'en finit pas de me laisser perplexe. En effet, je ne peux réfuter l'aspect ludique du film, son orchestration bien amenée ou encore ses personnalités hautes en couleurs, le tout saupoudré d'une petit touche de rock n'roll attitude qui me sied à merveille, car en repensant à tout cela, j'ai bien évidemment aimé.
Mais passé ce cap jubilatoire, je laisserai échapper un grand "bof" malgré les moultes affiches placardées partout dans Paris et qui nous envoient à la figure leurs adjectifs "sexy" ou "sensationnel". C'est que je ne me retrouve absolument pas dans l'ambiance british des œuvres de Sir Arthur Conan Doyle que j'avais dévorées ni dans les enquêtes très intimistes qu'elles laissaient supposer.
Le scénario et la mise en scène se veulent ici très actuels et nous entraînent à grands coups d'effets spéciaux et d'uppercuts dans de l'action pure et dure tandis que le côté ancien, si charmant pourtant, s'en retrouve quasiment exclu, ou totalement revu et corrigé. Non mais sans blague, blockbusteriser Sherlock Holmes et le transformer en super-héros était-il vraiment au programme? Et s'il n'était pas non plus question de tourner une pâle copie des romans, l'éloignement avec les textes d'origine tout au long du film m'a franchement dérangé, à commencer par son personnage principal, certes très bien interprété par Robert Downey Jr, loufoque et délirant à souhait, mais à mille lieues du vrai héros "so smart" des polars que l'on aime tant. En bref, l'intrigue est haletante et se laisse voir sans sourciller mais l'univers littéraire n'est en aucun cas respecté, ce qui est bien dommage. Et si l'on se prend volontiers au jeu de cette histoire mystique et rocambolesque pour le plaisir de se divertir, il n'en demeure pas au final un rendu sincère et profond, juste un film de plus à sensations.
De quoi apprécier d'avantage encore le discret Docteur Watson et son interprète magique,
le talentueux Jude Law.
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Valentine's day de Garry Marshall
Ça parle de quoi?
"Les destins croisés de couples qui se séparent ou se retrouvent, et de célibataires qui se rencontrent à Los Angeles, le jour de la Saint-Valentin."
Porté par un chassé-croisé qui pouvait laisser supposer un nouveau Love Actually made in L.A, Valentine's day serait plutôt situé dans le registre des comédies romantiques gentillettes mais qui ne marquent pas. En effet, si les bons sentiments regorgent et que l'ensemble se montre fort sympathique au demeurant, de préférence à voir entre amies, on n'échappe pas à l'aspect prévisible et parfois niais d'un sujet qui aurait bien mérité un bon coup de fouet pour éviter de sombrer dans la mièvrerie. Hélas pour cette fois, c'est un peu raté. Quelques rôles principaux manquent cruellement de naturel (Jessica Alba, no commen't), et le tout de piquant. Love actually, son humour à l'anglaise et son regain d'émotions sont donc bien loin puisqu'ici l'on poufferait plutôt. Oui car le film, et ce fut bien là ma grande surprise, est loin de faire pleurer dans les chaumières. Il nous propose d'avantage une succession de saynètes amusantes sans être transcendantes, et nous offre deux heures de pur divertissement saupoudré de quelques éclats de rire. Un moment agréable finalement, mais tellement "déjà vu" qu'il ne mérite assurément pas une petite larme ou même un passage au cinéma, de quoi ne pas me conquérir pour cette fois.
Par ailleurs, le casting de folie fait d'avantage office de figuration et les différents protagonistes, à quelques exceptions près, ne nous laissent pas le temps de les trouver attachants ni même d'exprimer une quelconque sensibilité. Dommage...
On saluera malgré tout le rythme enjoué du film, quelques personnages secondaires assez truculents, deux trois situations cocasses, ainsi que les performances de Anne Hathaway ou Jessica Biel qui m'ont convaincues...
Pas de quoi fouetter un chat c'est certain, mais les célibataires peuvent visionner le film sans craindre un gros chagrin et ça, c'est déjà fort bien ;)
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De nombreux autres films visionnés depuis,
A évoquer prochainement dans un nouveau post ici,
Dés que le temps me viendra, tout autant que l'envie!
-Livy-