Je dis -M- à la Cigale
"J'aimerais trouver les mots,
Les mots justes, les mots qu'il faut..."
Seulement voilà,
Les bons mots, je ne les trouve pas...
Serait-ce parce que tous les mots sont démodés?
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Une chose est sure, la mélodie de -M- quant à elle était loin d'être "mélo", et son concert du 9 décembre dernier se montrait tellement au-dessus de toutes espérances que, définitivement dénué de critique négative, il en est demeuré un moment "live" unique, l'un de mes favoris de 2009 sans nul doute, dans toute la fascination indescriptible qu'il a pu colporter.
J'ai ainsi pris le temps et le recul nécessaire afin de vous faire partager mes pensées mais peut-on vraiment tenter d'exprimer un ressenti si fort... Je ne saurais le dire, et c'est perdue dans quelques flashs étoilés que je tente un hasardeux résumé.
Imaginez simplement 2h30 saupoudrées d'une pluie d'imaginaire, de féerie et de merveilleux, petit joyau à l'état pur qui nous balade d'un tableau à un autre, au fil des chansons, dans l'intrigue de la découverte, et fait glisser derrière lui des univers artistico-abstraits aux couleurs chatoyantes.
Ce n'est donc rien de le dire, -M- fut tout simplement grandiose, dévoilant au grand jour une prestation scénique en perpétuelle évolution, qui s'en allait crescendo explorer des contrées artistiques imagées des plus plaisantes.
Passionné et passionnant, il a parfaitement su intégrer son personnage facétieux à l'exercice périlleux de la scène et, non content de dévoiler une fois de plus son talent inné, s'est démené avec humilité pour offrir à son public autant de musicalité que de chaleur humaine, non sans quelques pointes d'humour bien placées.
Tour à tour -M- ou bien Matthieu, l'artiste à facettes s'est donné corps et âme dans un spectacle à forte dose créative, se jouant des décors et des costumes étonnamment magiques, au sein de diverses mises en scène, toutes plus incroyables les unes que les autres.
Un soupçon expérimental, assurément rock, et joliment acoustique, la performance en tant que telle, portée par des musiciens déjantés ou symphoniques en fonction des morceaux, était aussi intense qu'inattendue et laissait transparaître cette magie propre à notre indomptable "Monsieur Mystère," une magie décalée ou insensée, au choix,
et qui n'a semble t-il laissé personne de marbre.
Et s'il nous a gratifié de bien des chansons de son derniers opus, plus langoureuses que les précédents, il ne s'est pas privé pour autant de nous offrir une importante partie de son répertoire, mêlant ainsi un soupçon de délicate nouveauté aux titres "best of" qui ont d'emblée déclenché sur leur passage, la passion comme l'hystérie.
C'est d'ailleurs dans cet élan positif que tous les morceaux revisités pour l'occasion se laissaient appréhender avec une puissance majestueuse, celle du live probablement, qui les transcendait avec enthousiasme, l'ambiance montant d'un cran à chaque nouvelle interprétation.
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... Mais c'était sans compter les nombreuses autres surprises
que -M- nous dissimulait bien scrupuleusement...
Non content en effet de présenter son concert de la manière la plus originale qu'il soit, comme en plusieurs actes, à la façon d'une pièce de théâtre qui se serait perdue dans quelques notes de musique envoûtantes, il s'est entouré pour ce faire de toute sa musicienne de famille.
C'est alors sans plus attendre qu'ont débarqués sur la scène de "La Cigale", Joseph et Anna, ses frères et sœurs, sans oublier la présence notable de Louis Chedid son père, venu interpréter aux côtés de ses enfants quelques titres à la guitare.
Un grand moment et une très jolie surprise que de les voir là, tous réunis et s'accordant à l'unisson dans leurs univers artistiques respectifs décidément déjantés, où l'émotion en aurait presque détrôné la folie douce qui s'emparait indéniablement de toute la salle.
Folie qui, déjà présente tout du long, a sans nul doute atteint des sommets pour Le complexe du Cornflakes, lorsqu' un paquet de céréales fut "malencontreusement" explosé au beau milieu du public tandis que Joseph déambulait de part et d'autre de la scène, vêtu d'un très seyant caleçon et de chaussettes rouges vifs!
Petit instant "onirique" également et clin d'œil à Matthieu Chedid tout comme à son personnage imaginaire, le temps de laisser à l'artiste coiffé d' un "M" l'opportunité de se "démasquer" et d'ôter ainsi sa perruque sur le titre Je me démasque précisément.
Puis, emporté dans des solos de guitare virtuoses à en pleurer (oui, quand on
joue soi-même de la guitare mais pas franchement en niveau pro, on pleure
de jalousie... et d'émotion un peu beaucoup aussi ^^), le sieur -M- s'est révélé comme jamais, dans toute l'immensité de son don pour cet instrument, le plaçant d'emblée en tête de liste des artistes français, tous confondus, grâce à son univers aussi riche que talentueux.
C'est que, littéralement en transe, son amour pour la musique porté par sa guitare magique était à cet instant comme transfiguré tandis qu'émanait de sa personne ce charisme à l'état brut, délicieux mélange de charme et de sensualité.
Un charme et une sensualité qui s'accordait d'ailleurs à merveille avec son timbre de voix, son accent, sa prononciation "so special" tellement peu banale, révélant au grand jour ce grain lancinant et ce petit quelque chose de particulier et d'atypique qu'on lui envie tant depuis ses débuts, il y a de cela bien des années maintenant.
Ce serait bien peu alors d'affirmer que le concert était plus qu'à la hauteur sur toute la ligne.
Et si ma seule légère, très légère déception s'est dévoilée par l'absence de la chanson bien-aimée du Soldat Rose, les rappels de fin n'en ont pas moins été somptueux.
Amplifiés par une foule en liesse, ceux-ci ont accueilli avec moultes acclamations un -M- qui s'est joyeusement laissé aller au jeu des disparitions et réapparitions, enchaînant les titres avec ferveur et chauffant la foule jusqu'à la folie, tandis que quelques personnes du public étaient montées sur scène, quasi-possédées, et que nous autres reprenions en chœur chansons et onomatopées.
Une sorte d'osmose moderne, poétique et improbable,
et qui a laissé place, comble du bonheur,
aux derniers titres attendus de tous.
Ainsi, alors que Amssétou et Mama Sam, revisités de toute part pour la version " live", répandaient tant leur rythme que leur bonne humeur habituelle et n'en finissaient plus, l'ultime morceau fut quant à lui la récompense suprême.
C'est alors la chemise à moitié ouverte, passablement décoiffé et plus encore assoiffé de scène, que Matthieu nous a livré, sur un plateau d'argent et dans une prestation génialissime, son mythique Machistador, en totale communion avec le public qui criait à l'hystérie.
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Et puisque là où l'imaginaire passe, les soucis au sein de l'évasion trépassent,
il en demeure un show sacrément décapant pour clôturer ma longue série de concerts en mode 2009, un spectacle de toute beauté sans peur ni reproche, et surtout un souvenir mémorable qui a sans doute fait tourner bien des têtes en plus de la mienne.
Si -M- s'est d'ailleurs montré ce soir-là aussi envoûtant qu'envoûté, il n'en est pas moins resté accessible, faisant preuve d'une convivialité exquise et d'un sens du partage avéré.
Que demander de plus alors, quand l'art, l'imagination et le talent suivent tout autant?
Après tout, c'était simplement deux petites heures et demi de rêve à l'infini,
Le temps de dire -M- à toutes ses plus jolies mélodies...
-Livy-
--> Le Myspace de -M- <--