"Si tu veux l'arc-en-ciel, tu dois supporter la pluie"
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"La pluie tombe comme nous tombons amoureux: en déjouant les prévisions."
(Martin Page)
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C'est un fait. Avéré. Certifié.
Il y a deux ans jour pour jour, à Paris, il pleuvait. Des trombes d'eau.
Qui s'épanchaient là, le long de mes carreaux, pleurant l'amertume d'un jour sans âme. Vous savez bien, l'une de ces journées où l'on sait par avance que le soleil ne poindra pas même s'il est là, et qu'il restera caché sous des nuages capricieux. Et il ne fera même pas froid à bien y penser mais au fond, l’air sera humide et
ce n’en sera que pire.
Il pleuvait ce matin là de façon si anormale, si brutale en somme, que j'ai soudainement levé le rideau dans la sinistre contemplation d'un monde vêtu de gris.
J'évoquais à l'époque, dans l'attente d'un espoir nouveau, des dépressions qui se transformeraient en anticyclones mais mes considérations météorologiques étaient fausses:
C'était peut-être d'avantage un tsunami.
Jules Renard ne disait-il pas joliment d'ailleurs de l'espérance qu'elle consistait à "sortir par un beau soleil et rentrer sous la pluie?"
Ce n'était assurément pas une dépression alors mais un cap à franchir; celui de parvenir à ressortir sous ledit soleil, une fois encore.
Seulement je m'interrogeais:
Y avait-il encore un moyen de remédier à la tristesse de gens en noir réunis ce jour-là pour un sombre évènement?
Y avait-il un hasard du destin à ce que je me retrouve ici plutôt qu'avec eux, dans ce cabinet de médecin poussiéreux qui, un an auparavant, m'avait apporté au prix d'une symbolique cicatrice, le bonheur et la paix de l'âme sur un plateau d'argent?
Tout se mélangeait décidément, et partait en confusion dans la douleur éparse d'une nuit blanche parée de cystite hémorragique.
Du mélodrame sur fond d'Harlequin, me direz-vous? Peut-être bien, oui.
Mais quand la réalité dépasse la fiction, c'est un régal d'écrire des choses tragi-comiques supposées impossibles. Surtout lorsque finalement, elles ne le sont pas.
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(Robert Doisneau)
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Il pleuvait de toute évidence bien trop fort ce jour là, dans le ciel ou dans mes yeux, qu'importe. Et je n'aurais pour rien au monde quitté l'appartement douillet qui me servait de refuge. Mais fallait-il que j'ignore tout de ce qui allait se tramer. Les déboires à venir. L'effet boule de neige, sorte de descente aux Enfers agrémentée d'une remontée.
Et cette fois, ce ne serait pas un faux-semblant mais la réalité, la vraie, que j'allais pouvoir explorer de fond en comble dans un élan d'inspiration.
Seulement inspirée, en cet instant, je ne l'étais pas franchement.
D'avantage terrassée par une pseudo-souffrance sentimentale, j'aurais sans doute filé à l'extérieur si ma santé me l'avait permis, et bu la tasse dans la fontaine Saint-Sulpice en étant défoncée. Et ç'aurait été incroyablement romantique et très beau, une vraie scène de film français, du Christophe Honoré peut-être, mais tellement pas moi... Juste le parfum amer de quelques souvenirs qui me laissent un pêle-mêle de vie en noir et blanc quand j'y repense, m'expédiant dans une nausée des plus fatales.
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Cependant, légèrement perdue mais pas trop, je considérais la situation au moyen d'une chanson. Démarche un chouïa pathétique j'en conviens, quoique justifiée.
"Reste une mélancolie cachée sous mon manteau de pluie... qui traîne encore,
Je ne sens plus le vent dans mes voiles, dis-moi à quoi me sert mon étoile, si je perds le nord?
(...) Le rêve s'évanouit."
(Zazie)
Mouais. C'était plutôt moi qui m'évanouissais. Et de douleur, de surcroît.
Je perdais du sang et tous mes rêves à la fois. Jackpot.
Et avec toute cette eau autour de moi, j'allais passablement me noyer...
Des étoiles? Je ne voyais rien. Et le seul point positif résidait en ce seul et unique fait que j'aimais -et aime toujours- la pluie à en crever. Très charmante journée.
Mais était-ce vraiment cette douleur physique qui me faisait si peur? Je ne crois pas.
Elle se montrait insidieuse et troublante. Totale adéquation avec mon état.
La vérité toute nue et pas un leurre. On me met face à moi-même.
Décadent tête-à-tête que je rejette. Je somatise et puis tombe.
C’était triste. Beaucoup trop.
Honteux aussi, comme si j’étais à plaindre. Fichtre, je n'en reviens pas!
Et douloureux à souhait. A hurler.
Mais en fait, j’adorais ça.
Je suis maso. Je le sais. Et puis après?
Après il y aurait cette journée de repos shootée aux
antibiotiques et Brice de Nice à la télé.
Après, il y aurait la fin de la pluie et le début de la fin ou d'un autre début
ou bien?
Les grèves de Novembre, la santé qui défaille, virée illégalement de mon
appartement, un procès, un nouveau cocon à dénicher, plus d'internet, l'incendie.
Plus de peur que de mal au fond mais surtout... Ma vie à refaire.
Un nouveau blog aussi, je crois bien que c'est celui-ci. Une chance, c'est certain.
Et si je souhaitais écrire de nouvelles chansons, j'étais à mille lieues
d'imaginer combien alors, dans tout l'aspect salvateur de la chose, j'aurais de
la matière.
Awesome.
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C'est un fait. Avéré. Certifié.
J'aime le bruit de la pluie parce que l'entendre tomber me fait rêver.
Elle est le désespoir qui fait venir la suite,
Cette sorte de dénouement bienvenu au
moment où on ne l'attend plus.
C’est l'instant T du film, la musique qui retentit ou encore le fameux cri d'angoisse poussé au
beau milieu d'un champ, tout juste prêt à nous soulager.
Pour une raison que j'ignore, elle surgit souvent à point nommé.
Ce jour-là,
elle m'en a même empêché de pleurer parce qu’elle le faisait pour moi et que la
poésie du moment a pleinement comblé mon désir lacrymal.
Et si les jolis papillons, ceux-ci même que j'avais dans le
ventre, s'en étaient en ces temps tourmentés retournés, tels qu'ils étaient venus, à l'état
de chenille, c'était pour mieux s'évaporer un jour dans le vent et le temps
mais ça, je ne le saurais que bien après…
Un jour certainement.
Parce qu'il ne pleut pas du malheur, je le sais bien, mais plutôt du futur.
Et les mauvaises passes sont des expériences nécessaires pour comprendre que
les petites parcelles de bonheur existent parfois et qu'il faut s'y précipiter
avant qu'elles ne trépassent.
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Vous me pensez folle et dépitée? Eh bien non, point du tout. Je proteste vivement.
Rien de désespérant ici, bien au contraire. Tout juste la vie.
"Je vais bien, ne t'en fais pas" n'est pas que le titre d'un film. C'est aussi réel.
Il est des moments hallucinants et de mauvaises journées. Des souvenirs ardents
qui laissent des traces. Et des coups de fous qui par temps orageux vous font
tourner de l’oeil. Il paraîtrait même que c’est comme ça, que rien n'est calculé, et qu'il
existe ce mot : la fatalité.
La pluie s'accorde à des sentiments, des envies, des tracas.
On l'aime, on la hait, on la maudit, on l'ignore.
Moi, elle me fascine simplement.
Envie de savoir ce que ce monde peut bien me réserver de bon
ou de mauvais, de complètement déjanté surtout, et l’écouter tomber sur les
vitres d'un nouvel appartement, d'une nouvelle vie et d'une nouvelle facette de mon "moi", encore et encore.
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Oui, j'aime les réminiscences qui surgissent à des dates
clés…
La mélancolie, le temps passé,
Déraper sur ma guitare par temps d'orage invertébré,
Faire crisser la plume sur du papier,
Ne rien tenter parce que le plafond risquerait de tomber,
Assister à un concert quand plus rien ne me retient si ce n'est une nostalgie
avérée.
Et puis il y a l’eau qui, à défaut de
tomber du ciel parfois, coule toujours sous les ponts de Paris, même sous celui de Bir
Hakeim…
J’ai fait un bout de chemin depuis.
Ai-je pris le bon côté ?
Objectivement, je n'ai pas encore déraillé.
Pas tout à fait ;)
-Livy-
Méditation involontaire
Abus d'euphorie
Sunshine n' happiness
BONUS
--> Mika - Rain (Version acoustique, Parc des Princes 2008) <--
--> Mika - Rain (Version album) <--
La pluie ou la magie...
What else?