Rock en Seine, 30 août 2009
Ouf, mes pérégrinations festivalières touchent à leur fin et avec elles, mon très très long récit également. Je ne pouvais cependant omettre les moultes détails que je gardais en réserve pour l'occasion et passer à coté de la toute dernière journée, celle de tous les frissons, de toutes les déceptions et de toutes les émotions...
Bref, celle qui clôt la fureur de vivre de la musique et nous laisse pour de bon, en guise de petite touche finale, un arrière-goût festif et enivrant, tout ensablé qu'il est dans la poussière ambiante d'une pseudo-grippe A où d'un je-ne-sais-quoi dont on ressort malade certes mais pourtant heureux, tant l'intensité de trois jours de concerts non-stop peut vous transformer et annihiler le reste du monde ne serait-ce que pour un tout petit instant.
Rock en Seine touchait donc à sa fin, non sans avoir dit son dernier mot et emporter en son sein une foulée d'imprévus aussi ennuyeux que divins, preuve en est que le paradoxe qui me suit et me cajole allait une fois de plus se manifester en grand et me permettre de porter un oeil tantôt critique tantôt séduit sur ce troisième round qui déjà tendait à une certaine nostalgie...
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Dimanche 30 août 2009
Temps au beau fixe. Après-midi ensoleillée...
Mais une sacrée fausse note pour commencer, en manquant de peu le concert de Sliimy qui se produisait sur la scène de la Cascade et auquel, tout naturellement, j'aurais souhaité assister, avec mon aptitude évidente à aimer les univers imaginaires décalés et poétiques. Pas de chance cependant, c'était un acte manqué pour cette fois, une fosse qui se vidait déjà lors de mon arrivée et surtout une belle déception à la clé.
Ceci étant, selon mes sources (et elles sont toujours fiables, cela va sans dire ^^), le pétillant "Mika à la française" a offert un show à son image, édulcoré à souhait en entonnant par exemple une reprise de "Womanizer" sortie de nul part, plein de cette petite folie toute en légèreté qui lui va si bien et qui a su conquérir des festivaliers qui se sont pris au jeu d'emblée.
Et moi bien sur d'enrager...
D'enrager avec tant de crédibilité d'ailleurs que de fil en aiguille et mon tempérament de feu n'aidant pas toujours à apaiser les situations, la tension s'est mise à monter un soupçon et monter encore avec mon énergumène de geek de meilleur ami. Celui-ci, outré (parce que soyons honnêtes, les torts étaient partagés ^^), m'a alors fait l'affront cuisant de me perdre volontairement presque sitôt notre arrivée dans le domaine, au beau milieu de milliers de festivaliers en folie, pour soi-disant "me donner une bonne leçon". Et comme je suis très maligne parfois (ironie mon amour), je m'étais naturellement empressée juste avant la rixe de lui confier argent, titre de transport, papiers d'identité, petit lainage, clefs et j'en passe afin de me délester un peu et utiliser son sac à bon escient... Seulement voilà. De meilleur ami il n'y avait plus, disparu qu'il était, et je me voyais plutôt très mal partie pour la suite de la journée ou pire encore, le retour à la maisonnée... A pied, dans le froid et sans mes clefs.
"Roots way of life" dans un sens oui, mais je m'en serais bien passée!
Chercher une aiguille dans une botte de foin qu'ils disaient ^^
Eh bien, une aiguille, c'est fichtrement piquant!
C'est donc l'air hagard et un tantinet perdue au demeurant que je me suis dirigée sans plus de conviction vers la grande scène -encore fallait-il que j'aille quelque part-, en cherchant du coin de l'oeil ce que je ne trouverais de toute évidence jamais et parce qu'on me l'a toujours dit, ce serait bien un jour de porter enfin les lunettes qui prennent racine sur ma table de nuit, moi qui traîne partout ma fichue myopie!
Des gens ça, il y en avait. Partout. Mais je ne les connaissais pas et une longue et poussiéreuse attente s'annonçait, même pas une bière à l'horizon ni de quoi me l'offrir. Alors j'ai attendu, là, en mode "looser", près de cette grande scène si familière. Cette fois, hors de question de faire faux-bond à un live, quel qu'il soit. Et inutile de préciser que le groupe d'artistes qui allait bientôt se produire m'était suffisamment cher pour que je ne daigne pas, meilleur ami ou pas, manquer le concert...
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Manquer le concert donc, je n'ai pas. Et Eagles of Death Metal puisque c'est précisément d'eux dont il est question, je n'en reviens toujours pas.
Il faut dire que les californiens du groupe, menés d'une main de maître par un Josh Homme très en forme (leader des Queens of the Stone Age
pour les références obligées ^^) ont su insuffler l'énergie d'un rock old
school et très "garage", santiags, cuir, tatouages et cheveux longs en prime, à presque s'en croire dans un film de Tarantino, le temps d'un live insolent et endiablé dont tous les festivaliers, déjantés à l'image du groupe, se sont délectés.
Morceaux accrocheurs, guitares qui s'excitent, riffs qui se multiplient et cassures de rythme volontaires, nos aigles préférés nous ont alors offert un set complètement débridé sur fond d'attitude un brin nonchalante voire cynique pour taquiner l'assistance et jouer la carte du contraste assuré! Un vrai bonheur pour un jeu de scène sexy à souhait et dans la spontanéité la plus totale, corps et âmes vendus au Dieu Musique, avec un brin de provocation bien amené et un souffle impulsif de débauche à la sauce rock, l'aspect rétro en ligne de mire.
Un moment très fort de la journée, percutant comme on en fait peu et nous offrant un set somme toute pertinent puisque continu dans son dynamisme, qui s'est littéralement enflammé sur "Wanna be in LA", la foule en délire se laissant librement aller à l'image de ce groupe sans fausses inhibitions.
Inutile alors de vous cacher plus longtemps que sans évoquer ici une once de subtilité poétique (ah non, on n'ira quand même pas jusque là hein, c'est qu'ils sont plutôt "brut", ces petits ^^), le live des Eagles of Death Metal fut un triomphe à part entière, jubilatoire comme vous n'en avez pas idée et encore plus fou que tout ce qu'il vous plaira d'imaginer.
Une seule envie tout de suite après: en redemander.
Accessoirement, le meilleur ami penaud, jugeant que la plaisanterie avait assez duré et qui me suivait des yeux de loin parce que lui avait mis ses lunettes, est venu me rejoindre pendant le concert avec... un verre d'eau et des bras accueillants. L'idéal au beau milieu de ce live détonnant pour enfin démarrer cette dernière journée toute en rock et du très bon pied!
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Mais sans plus attendre (et après avoir scrupuleusement effectué un bref détour par la scène de la Cascade où se produisait un groupe vraiment étonnant dont, du peu que j'ai aperçu, je vous toucherai deux mots après, prestige oblige), je me laisse aller sans vergogne à vous décrire ma plus grande déception de ces trois journées, à savoir MGMT.
L'ambiance en fosse était plutôt sympathique pourtant lorsque le concert a débuté, et c'est confortablement installé sur un plan incliné que nous avons, en groupe d'amis cette fois, abordé les premières notes avec l'enthousiasme escompté pour un groupe que j'ai, avouons-le, toujours fortement apprécié en enregistrement studio.
A ceci près que mon enthousiasme du début s'est vu fichtrement relégué au placard ensuite, puisqu'en toute honnêteté, le live en tant que tel ne présentait aucun intérêt réel: introduction douteuse, morceaux sans saveurs, acoustique déplorable et public qui se déchaîne pour rien tandis que les membres du groupe semblaient minimiser la communication au possible et leur show encore plus (voire inexistant?), rendant l'ensemble vraiment peu attractif pour un rendu "mou du genou" comme j'en ai rarement vu.
Et c'est dire si après Eagles of Death Metal, le changement de style se faisait rude...
Au final, le soupçon d'ambiance s'est révélé un brin meilleur et enfin jovial grâce à leurs morceaux connus tels "Time to pretend" ou encore "Kids" (encore heureux...) qui ont déchaîné quelques passions parmi les plus grands fans, mais je reste cependant sur l'idée d'un live médiocre pour ma part, linéaire et sans surprises, pour un duo qui m'avait jusque là conquise tandis qu'il me laisse à présent dans un scepticisme certain.
A savourer ardemment alors en version album uniquement, mais gardons bien en mémoire que MGMT ne vaut assurément pas le déplacement pour un concert, concert que j'ai vu en entier qui plus est... On vous aura prévenu!
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Toujours est-il -et parce que je devais justement vous en toucher deux mots- qu'à peine remise de mes émotions fortes liées au show des Eagles of Death Metal, et en attendant la prestation de MGMT, un petit tour du côté de la scène de la Cascade m'a fait découvrir en mode (trop) rapide un groupe énigmatique nommé Les Petits Pois.
Les Petit Pois, tiens donc... Celui-ci n'était autre en réalité que Them Crooked Vultures mais qui avait décidé de nous taquiner pour le plaisir de garder l'anonymat à Rock en Seine. Je l'ai d'ailleurs appris un peu plus tard, c'étaient bien eux, les invités surprises du festival dont on parlait tant depuis quelques jours, laissant ainsi la part belle au suspens en cette dernière journée, avec un secret plus ou moins divulgué il est vrai, mais qu'on le veuille ou non, force est d'admettre que c'était fichtrement réussi!
Je me devais tout naturellement de vous en parler alors puisque d'emblée, et des quelques morceaux que j'ai entendu, leur live au penchant très hard-rock a fait planer un talent inné et un savoir-faire certain puisé d'on-ne-sait-où mais qui ravissait déjà l'assemblée en furie pour un show très étoffé, soigné jusqu'au bout des riffs et qui ne laissait rien au hasard si ce n'est sur les visages de nos artistes adulés quelques airs de "déjà vu" ^^
Bref. Du groove sans relâche et une performance aussi folle qu'imprévue, le groupe-surprise a fait fureur et s'est lâché, charisme impressionnant à l'appui, nous offrant un set joliment orchestré, un don pour la musique qu'on ne peut qu'admirer, et voici que j'en serais presque restée jusqu'à la fin si je n'avais pas voulu être bien placée pour la suite des évènements au concert de MGMT, malheur...
Un vrai regret sans doute, et qui n'a cessé d'amplifier lorsque j'ai appris qui étaient réellement les Them Crooked Vultures. Entendez par là, un tout nouveau groupe, combo formé essentiellement de Josh Homme à la guitare (notre homme des Eagles of Death Metal et Queens of the Stone Age, celui-là même qui a enchaîné deux concerts de suite, chapeau bas!), Dave Grohl à la batterie (Foo-Fighters et ex-Nirvana, que du lourd...) et John Paul Jones au clavier et à la basse (membre de Led Zeppelin!)
Et je pense bien m'arrêter là car cette dernière phrase à elle seule suffira à en faire saliver plus d'un dans toute l'exception que cette surprise dévoilait ^^
Je crois bien alors que j'aurais pu manquer tout MGMT sans sourciller si j'avais su ce que ces Petits pois cachaient, mais dans un élan de passion musicale, je ne compte pas en rester là et garde bien en tête le nom de ce combo alléchant qui a le don d'ensorceler les foules, et de mêler les groupes, les personnalités, les influences et les instruments dans une osmose absolue...
Je ne vous cache pas cependant que riche des quelques extraits de nos Petits pois mystérieux et déçue par la tête d'affiche qu'était pourtant MGMT, l'attente du dernier concert, celui de la clôture de ce sublime Rock en Seine 2009, fut sans doute moins longue qu'elle ne m'a parut, dans toute l'impatience que je pouvais dégager, et déjà, enfournant un dîner sur le pouce et parcourant le parc en tous sens à vive allure, gamine que je suis et qui ne tient jamais en place, je ne cessais de sautiller et éclater de rire pour un rien, brûlant de hâte d'assister enfin au live d'un groupe électro de renom par excellence: The Prodigy...
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Les non-amateurs d'électro ne sauraient peut-être apprécier à sa juste valeur ce groupe cinglant des 90's qui disséminait à l'époque ses morceaux saccadés à la provoc' bien sentie au gré des raves et du vent -on se souvient tous du sulfureux "Smack my bitch up"- mais pour les autres, une chose est sure: la "final touch" du festival fut une réussite sur toute la longueur.
Venus présentés leur nouvel opus The Invaders must die, petite perle d'agressivité magique, nos hommes, visiblement très impliqués et emplis d'une verve communicative, n'en ont pas pour autant oublier leurs albums cultes à la The fat of the land et bien d'autres encore, nous offrant alors un concert qui tendait aussi bien à la nouveauté qu'à un live "best of" bien amené. En a résulté une ambiance sensationnelle pour un acoustique qui tenait la route comme jamais, laissant derrière chaque nouveau morceau une foule en liesse et toute une palette de sons transgressifs qui jouaient habilement sur la vague électro-rock, sacrée performance!
Et c'est dire si le show, dark à souhait, a fait des heureux. A l'image du live qui progressait dans une intensité folle et embrasait de part et d'autre ce dernier jour de festival, des feux de Bengale ont carrément éclaté parmi la foule (pas bien les z'amis!) dans un enthousiasme qui ne faisait qu'accroître l'esprit de totale communion.
C'est ainsi qu'ayant commencée sagement le concert perchée sur un petite butte de terre, je n'ai pas pu tenir plus longtemps et me suis précipitée dans la fosse, oubliant pull, agoraphobie et meilleur ami, à cet endroit même où les festivaliers conquis s'en donnaient à coeur joie et prenaient en pleine figure le spectacle "sons et lumières" qui s'offrait à eux comme un dernier cadeau venu de nul part...
Un savoureux moment gorgé d'une énergie furieuse, un parcours "zéro défaut", pour un groupe qui a ce soir-là renoué avec son "fan-club" d'antan et dont la musique a su transcender ce live surpuissant, à la limite de la rave party, tout en accentuant le côté rock pour mieux se jouer du public et des tendances.
Il n'en fallait pas moins alors pour conclure en beauté cette toute dernière journée et rester sur l'image d'un concert aussi surprenant qu'indicible mais ravie que j'étais de ce moment d'immense folie, je m'en suis doucement retournée à la porte d'entrée, laissant derrière moi et comme chaque année au Parc de Saint-Cloud, un bon millier de rêves, des souvenirs comme s'il en pleuvait et des journées au milieu desquelles le temps vient toujours un peu à manquer.
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Rock en Seine 2009, c'est fini!
Et sa clôture fut quant à elle magistrale, à l'image de sa programmation impressionnante qui a, semblerait-il, conquis bien du monde (l'effet "Oasis" ça ^^) lorsqu'on sait que le festival a battu cette année son record d'affluence.
Il n'en demeure pas moins d'incroyables moments de magie comme de vives déceptions, de la stupeur et de la joie, des envies, des accalmies chaleureuses, des doutes ou de la fatigue, autant de sentiments, d'émotions et d'états mêlés qui ont certes eu raison de moi et de ma santé aujourd'hui encore, mais me font malgré tout rien regretter, à cause peut-être, de cette furtive et nostalgique légèreté...
C'est qu'il y a, au sein même du festival, cette ambiance indescriptible qui tend au surnaturel et à tout ce qui, dans cette vie, ne s'explique pas. Ainsi bercée par les flots de musique qui m'entêtent ou m'ennuient, je me laisser aller à de brèves divagations, parce que ce n'est après tout qu'un week end. Seulement quelques heures ou quelques jours, qu'importe, mais qui se perdront ensuite à nouveau dans la banalité de l'existence quotidienne pour mieux emporter avec eux les rêves qui m'auront enivrés en cette fin d'été.
De cette session 2009 alors, je ne tirerai aucune conclusion définitive pour le moment, une prise de recul étant toujours la bienvenue et mon enthousiasme débordant tendant d'avantage à une sorte de "positive-attitude" avérée.
Mais il reste néanmoins en moi des envies de découverte, des illusions qui ont été vaines, des temps forts... Et rien que pour cela alors, l'envie de récidiver une fois encore persiste.
C'est ainsi bien loin de l'affreuse poussière qui nous a saupoudré de toux et de grippe A tout le dernier week end d'août que je m'en vais rêvasser sur mon petit nuage, le coeur au repos et des envies musicales en pleine essor, instant de délire improbable que je n'ai même plus envie de canaliser.
Y aurait-il un remède contre le fait d'aimer la musique plus que tout?
Si oui, donnez-moi la possibilité de ne jamais, jamais le trouver...
-Livy-
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