Celle qui rattrapait son retard cinéma de 2008
Si vous recherchez avidement les nouvelles actualités cinématographiques à ne pas manquer et mes douces épopées de ces dernières semaines dans les salles obscures, j'aurais bien des choses à vous confesser certes, mais vous repasserez pour cette fois!
Figurez-vous en effet que depuis un certain temps, je me suis concoctée à la maison quelques brèves séances de rattrapage des films de 2008 (et ce n'est qu'un début!), histoire de combler ce manque effroyable de culture, vous en conviendrez, et me faire ainsi une idée des longs-métrages que j'avais eu la négligence de me voir filer sous le nez... ou pas.
Le "ou pas" s'avère en effet employé à bon escient car, en dehors d'une très belle surprise que j'ai omis (un peu malgré moi) de visionner lors de sa sortie au cinéma, j'ai somme toute été un peu déçue par l'ensemble pour ne pas dire beaucoup, ce qui me fait songer qu'au final, je n'avais peut-être rien manqué...
Et c'est ainsi que je m'en vais vous conter l'histoire d'un nouveau billet cinématographique aussi long que mitigé ^^
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Mon coup de coeur
Séraphine de Martin Provost
Ca parle de quoi?
"La vie de Séraphine Louis dite de Senlis, née en 1864, devenue tour à tour bergère puis femme de ménage et surtout dotée d'un don pour la peinture dans un style "art naïf", repérée par un collectionneur d'art allemand, avant de sombrer peu à peu dans la folie."
Tout simplement beau.
Ce sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit et sans doute aussi la raison de ce coup de coeur inné. Le film distille en effet sa mélancolie sereine avec une humilité et une force esthétique incroyables, faisant à juste titre sortir de l'oubli une artiste au talent avéré, qu'on avait hélas un peu trop mis de côté. La création est ainsi mise à l'honneur ici, laissant rejaillir plus que jamais les éternelles réflexions chères aux amoureux de l'art, à savoir si le fait de créer en soi est un don ou bien le fruit d'un long labeur.
Et si la question demeure en suspens, le film, lui, se plaît à errer sur les chemins sinueux de l'imagination un brin mystique, du rêve et de l'illumination, où l'extase, loin de déranger, est le reflet d'un art puissant et prometteur.
La lenteur de l'ensemble quant à elle, laisse à Séraphine la liberté de créer ses propres tableaux avec grâce et émotion. Elle n'en est que plus propice à la délicatesse du sujet et loin d'apporter lourdeur et ennui, nous fait revivre avec une subtilité exquise le cheminement de cette femme différente et silencieuse qui a su exprimer, dans un isolement quasi-total, toute la beauté de son âme par le biais d'un art qu'elle n'avait jamais étudié.
Une prouesse philosophique et sobre, portée par l'impressionnante performance de Yolande Moreau qui dans son rôle se
révèle entièrement et excelle dans les scènes difficiles, nous emportant alors dans un autre temps. Le film se laisse de ce fait savourer avec une délectation non feinte et sa fin, douloureuse à souhait, ne peut que renforcer cet aspect d'isolement et de souffrance de notre héroïne bien réelle, à l'image d'une Camille Claudel.
Le long-métrage d'ailleurs, loin de s'arrêter aux constatations purement artistiques, se fait aussi humain, explorant tour à tour les relations du surprenant duo formé par Séraphine et Uhde -un grand moment de cinéma à mi-chemin entre poésie, tendresse et incompréhension- et nous dévoile avec une infinie précision les peintures de l'artiste, sondant de ce fait les impressions des personnes alentours sur lesdites peintures. La pirouette est habile et tandis que Séraphine est jugée ou considérée par ses condisciples au sein du film, elle nous permet, à nous spectateurs, la découverte de son oeuvre dans toute sa splendeur, détails à l'appui. Un aventureux voyage nous attend alors, inconnu il faut bien l'avouer, mais qui de toiles en toiles vaut décidément le détour sitôt qu'on apprécie l'art un tant soit peu.
Et c'est vrai que si j'ai eu beau vivre près de Senlis une bonne partie de ma vie et connaître le destin improbable de cette femme, j'ignorais son art en grande partie si ce n'est quelques tableaux de-ci delà (honte à moi) et suis enchantée d'avoir pu le découvrir de la sorte, non sans un certain ravissement.
De Séraphine alors, il faut retenir un petit chef-d'oeuvre de vérité, sorte de biopic hors du commun qui s'attaque à un sujet complexe et méconnu et s'en sort avec brio pour illuminer la thématique de son élégance un brin décalée, parfois torturée mais toujours artistique.
Et si le film peut parfois déranger par son silence ou son ambiance, il n'en demeure que plus sincère et brave tous les clichés du cinéma actuel pour se révéler tout autant qu'il révèle une femme au destin désormais inoubliable...
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Je suis venue, j'ai vu, je suis déçue
Australia de Baz Luhrmann
Ca parle de quoi?
"Fin des années 30. Une aristocrate hautaine, Lady Sarah Ashley, arrive en Australie pour sauver l'exploitation de son mari de la faillite. Rapidement, les menaces qui règnent sur sa propriété la conduisent, afin de sauver ses terres, dans de grandes et rocambolesques aventures, aux côtés notamment de "Drover", le cow-boy viril aux allures un peu rustres et d'un jeune garçon qu'elle prend sous son aile. Le temps passant, les sentiments de la lady se dévoilent peu à peu, brisant la glace de sa personnalité froide, en dépit des bombardements japonais qui s'abattent sur la ville où elle a élu domicile."
Lorsque l'on connaît mon engouement proche de l'hystérie pour les films de Baz Luhrmann (j'ai même vu son tout premier long-métrage pourtant peu connu et intitulé Ballroom Dancing), il était presque improbable que je manque celui-ci et pourtant, c'est bel et bien ce qui m'est arrivé...Un rattrapage évident s'imposait donc.
Et c'est une petite déception à la clé à laquelle j'ai eu droit parce que je dois bien admettre que je n'ai que moyennement aimé Australia. Des longueurs dans le scénario compensées par de magnifiques paysages à perte de vue, c'était certes bien joli mais ce n'était peut-être pas ce qui était sensé me captiver le plus. Alors, de clichés en clichés, je me serais bien crue dans un pastiche de Autant en emporte le vent mais en moins novateur puisque le genre, ultra-exploité depuis, est un peu arrivé à saturation il faut bien le dire et que même si c'est très beau, cela n'en demeure pas moins lassant.
Les amateurs de "grand cinéma" dans toute l'acception du terme en prendront cependant plein les mirettes puisqu' Australia possède ce côté très "américain", grandiose, magistral et puissant, suffisamment en tout cas pour nous servir du drame romantique à la sauce western sur fond de guerre (rien que ça!). En bref, toute une flopée d'ingrédients utiles et racoleurs à souhait pour exploser le box-office hollywoodien et faire pleurer dans les chaumières. Un programme étudié au millimètre près mais peut-être légèrement trop pour être crédible justement, avec sa successions de gentils et de méchants et de faux méchants qui sont en fait des gentils et de vrais gentils mais qui ne le savent pas encore...
Bref, vous aurez compris le principe, il est vieux comme la nuit des temps et je pourrais tout aussi bien vous parler d'une merveilleuse aventure humaine mais ce serait là pousser le cliché à son paroxysme.
Après, je n'irai pas non plus poursuivre ma critique dans de trop cyniques remarques puisque j'ai moi-même versé une larmichette à plusieurs reprises (ma sensiblerie me perdra toujours) et que certains passages, de par leur aspect artistique ou créatif valaient vraiment le détour, me plongeant l'espace de quelques minutes dans une rêverie des plus exquises, avec cette petite touche à la Baz Luhrmann que j'aime tant mais que je ne saurais décrire puisque dans chacun de ses films, il laisse une emprunte un peu magique et enchanteresse qui donne libre cours à l'évasion.
Pour le reste, Australia demeure un film long et surtout mitigé, aussi bien dans son concept que sa philosophie. Il n'échappe pas ainsi à la règle du trop conventionnel, vu et revu, et à des personnalités sans réelle saveur car trop systématiques, ce qui me contrarie un peu.
On admirera cependant l'aspect "grand spectacle" qui s'offre à nous, maladroit parfois, attendrissant à d'autres moments, et une façon de filmer plutôt impressionnante qui, de ce
côté, reste en tout point irréprochable.
A voir donc pour le côté romanesque,
Et à éviter surtout pour les clichés à n'en plus finir.
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La fille de Monaco de Anne Fontaine
Ca parle de quoi?
"Bertrand, avocat d'assises brillant, cultivé, volubile et surtout médiatique est à Monaco pour assurer la défense d'une meurtrière. Il y fait la rencontre du taciturne Christophe, chargé de sa sécurité et surtout d'Audrey, présentatrice sexy de la météo locale, aussi ambitieuse que volage. Petit à petit, le trio qui part dans des chassés-croisés à n'en plus finir va mal tourner..."
S'il y a bien un film que je souhaitais voir au moment de sa sortie, c'était celui-ci. En effet, en tant que fervente admiratrice de Luchini, j'étais curieuse de sa performance et plus encore du scénario qui m'intriguait au plus haut point, la bande-annonce aidant beaucoup à ce sujet. Mais hélas pour moi, j'ai été bien déçue et pas qu'un peu. Il est vrai que voir un long-métrage bien après sa sortie dans les salles et en entendre de nombreuses critiques dithyrambiques, c'est déjà se conditionner un peu à l'aimer... ou, autre possibilité, se prendre une grosse claque en pleine figure! Et on optera alors pour la deuxième solution parce que c'est sincèrement ce que j'ai ressenti.
Une curieuse impression de platitude, de clichés et de mauvais goût, un style douteux qui en fait trop ou pas assez mais qui se laisse aller à des digressions inutiles alors que l'histoire, d'elle-même, présentait une richesse à exploiter vouée à transformer la médiocrité omniprésente en véritable chef-d'oeuvre.
Certes le jeu de Luchini est jouissif comme à son habitude et en cela réside tout le point fort du film. Il nous laisse à un sorte de one-man-show comme il sait si bien le faire et ses déclamations tout autant que ses mimiques tendent à sourire et à émouvoir, dans tout ce que son personnage peut avoir de complexe. Inutile de le préciser donc, j'ai adoré.
Mais qu'on ne s'y méprenne pas, il n'en sauve pas pour autant La fille de Monaco du néant car tandis que le scénario traîne en longueur, Roschdy Zem, plutôt bon acteur, demeure trop effacé dans un rôle psychologique pourtant hautement intéressant et Louise Bourguoin, tant acclamée pour sa prestation, n'a de crédible qu'une plastique irréprochable et une véritable caricature de prostipute au sein desquelles ses talents d'actrice se retrouvent annihilés.
Ainsi donc, la thématique du triangle amoureux ne fonctionne guère ici. Trop ampoulé, trop pompeux, mais juste trop! Les rebondissements sont prévisibles, la fin franchement décevante et la tension que certains trouvent palpable au gré du film est demeurée inexistante à mes yeux... Peut-être parce qu'au milieu de ce pêle-mêle immense, on ne s'y retrouve pas et qu'au fond, on n'y croit pas vraiment non plus. C'est ainsi que la simplicité se perd tout comme nous dans des méandres improbables qui accentuent le côté "parodie" de l'ensemble.
C'est un peu dommage cependant avec autant de matière, d'avoir encombré le sujet de clichés vains pour parvenir à ses fins. Il y avait de quoi réussir quelque chose de grand et subtil mais après visionnage du film, je reste définitivement blasée.
Alors c'est un fait, je persiste et signe à dire que la bande-annonce était alléchante, oui mais seulement est-ce bien là suffisant?
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Babylon A.D. de Mathieu Kassovitz
Ca parle de quoi?
"Toorop est un homme d'action, un mercenaire qui a survécu à tous les combats qu'il a mené depuis le XXI ème siècle. C'est alors que la mafia d'Europe de l'Est lui confie une nouvelle mission: convoyer de la Russie à New York une mystérieuse jeune fille nommée Aurora pour la remettre aux mains d'un ordre religieux tout puissant."
Qu'il est loin le Kassovitz de La Haine ou Assassin(s)! Il ne nous avait clairement pas habitué à un long-métrage du genre alors évidemment, on est surpris. Le fait est qu'on se retrouve ici face à un véritable film d'action au dynamisme évident, où les scènes s'enchaînent à un rythme haletant au beau milieu d'un univers sombre et glauque où la tension demeure omniprésente.
Alors, pari réussi pour ce film mi-frenchy/mi-américain? Eh bien, moyen.
Dans un sens et de prime abord, le scénario est plutôt bien construit, structuré et cohérent (du moins en apparence), allant même jusqu'à apporter par moments une petite touche de psychologie au sein de l'ensemble. Kassovitz semble ainsi maîtriser son oeuvre à la perfection. Seulement voilà, au-delà du visuel, Babylon A.D. manque sérieusement de contenance et de profondeur, et se révèle du coup assez prévisible, nous offrant sur un plateau d'argent un film d'action comme il y en a tant déjà, l'aspect fantastique en prime et une intrigue un peu bâclée au demeurant.
Il faut dire qu'avec le choix de Vin Diesel en acteur principal, tout de muscle vêtu, l'ensemble est rendu d'emblée un peu "bourrin" et je n'adhère pas trop... Et si sa performance n'est pas mauvaise en soi, ma subjectivité, elle, approuve légèrement moins parce que le film pourrait s'appeler xXx ou Fast and furious qu'il me ferait le même effet, c'est-à-dire aucun si ce n'est une petite poussée d'adrénaline dont les effets auraient totalement disparu sitôt le générique de fin commencé.
On est donc assez loin des talents cinématographique de M.Kassovitz et des messages qu'il délivre en général au sein de ses longs-métrages. Il fustige d'ailleurs lui-même son propre film à coup de phrases incendiaires telles "pure violence et stupidité" et j'en passe des pires et des meilleures. Une autodérision qui me prête à sourire de la part d'un réalisateur, surtout lorsqu'on connaît le caractère plutôt emporté du personnage et qui n'a pas pour habitude de mâcher ses mots...
Pour la petite anecdote, Kassovitz n'aurait pas eu la liberté souhaitée durant le tournage de Babylon A.D. mais se serait vu au contraire imposé des coupures inopinées vouées à rendre le film plus proche de l'action mais plus vide de sens également.
Alors, info ou intox? Une chose est sure, c'est que le réalisateur se montre plutôt lucide dans ses propos et qu'il ne semble pas s'accorder à merveille avec les critères du cinéma hollywoodien. Ses idées créatives qui m'ont toujours tenues à coeur jusqu'à présent en ont sévèrement pâties dans ce film d'action sans âme ou presque et j'attends ardemment de le voir se pencher sur des projets qui lui conviendront d'avantage, nous laissant une fois encore savourer des longs-métrages plus poussés d'un point de vue psychologique, un oeil critique en prime, comme il sait si bien le faire.
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Et aussi...
Kung Fu Panda de Mark Osborne et John Stevenson
Ca parle de quoi?
"Le panda Po, drôle, costaud et maladroit, est un grand fan de kung fu. Elu pour accomplir une ancienne prophétie, il va enfin pouvoir vivre son rêve, entouré de ses idoles qui l'initient -envers et contre tout- aux arts martiaux. Cependant, un ennemi du nom de Taï Lung, le léopard des neiges, est prêt à se venger et c'est Pô qui devra assurer la défense de sa vallée..."
On ne va pas se voiler la face, le pitch est plutôt commun: le héros est gaffeur et maladroit, il y a un vilain méchant et les deux vont évidemment se trouver confronter au sein d'une bataille-dénouement dont l'on connaît déjà la fin. Il me faudrait donc trouver des arguments un peu plus probants pour vous convaincre... J'ai!
Car malgré cette apparente platitude, propre à tous les films d'animation dignes de ce nom, la recette est sacrément efficace ici et les aventures de ce fichu panda sont addictives à souhait parce qu'on le veuille ou non, on se prête au jeu et ce, dés les premières minutes. Les gags s'enchaînent, les références au cinéma d'action asiatique sont plaisantes comme tout et le parcours initiatique du héros nous tient en haleine du début à la fin, avec magie et rebondissements. Alors je sais bien qu'il est écrit "Film pour enfant à partir de 6 ans", mais au diable les apparences! On n'a qu'à se dire qu'on régresse un peu le temps d'une soirée et qu'on se fait plaisir pour un moment de pure détente parsemée d'une dose d'humour non négligeable. On ne m'enlèvera pas de l'idée alors que fichtre, c'est fou comme ça fait du bien!
Kung Fu Panda est par-dessus tout un film d'animation soigné, bourré d'autodérision et saupoudré d'images des plus esthétiques. La finesse de l'ensemble est un contraste bien vu avec la maladresse de Pô, ce qui le rend encore plus attrayant, surtout pour les adultes qui noteront au passage la petite note de subtilité glissée là.
Ajouter à cela une touche de folie, une soupçon de délire, une once de sentimentalité et vous obtiendrez le tout, certes un peu commercial (eh oui, vous vous attendiez à quoi?) mais d'une efficacité avérée et surtout très attrayant.
En bref, à ne surtout pas manquer pour une soirée entre amis ;)
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A voir encore...
Valse avec Bachir de Ari Folman
Le silence de Lorna des frères Dardenne
Tokyo! de Yoshihiro Nishimura
La frontière de l'aube de Philippe Garrel
Et enfin, The Duchess de Saul Dibb
(parce que je suis une éternelle romantique et que je raffole des films en costumes d'époque)
-Livy-