AaRON (et son orchestre symphonique) au Zénith de Paris
C'est sans doute un peu réducteur que de commencer ainsi mais AaRON, à mes yeux, c'est tout d'abord une chanson: Lili.
Une chanson découverte lors d'un film enchanteur Je vais bien, ne t'en fais pas et qui m'a de suite scotchée à mon siège sitôt que les quelques petites notes d'introduction ont retenti. Une de ces chansons qui nous envoûtent à tel point qu'on ne s'en sentirait presque plus nous-même et qui nous emmène loin, laissant sur leur passage comme une impression étrange de bonheur infini. A ce moment-là alors, je vous le confirmerais, j'étais seule au monde, au beau milieu du cinéma.
Et puis comme si tout cela ne suffisait pas, Lili est soudain devenue une chanson un peu spéciale pour moi, une chanson d'amour. Emprunte de force et de passion. De fougue et de romanesque. Délicieux symbole d'une époque désormais révolue mais aussi un frêle instant de mélancolie où dans la nostalgie des souvenirs qui persistent, la tristesse ne triomphe jamais.
Une par une alors, j'ai retrouvé ses notes au piano.
Je les ai décomposé, interprété, inventé parfois aussi. J'ai crée des digressions et variations à n'en plus finir autour de la thématique de la chanson tandis que je me plaisais - et me plais encore - à la jouer avec pudeur, envie ou mélancolie.
Oui, l'aventure a commencé ainsi. Lili, c'était vraiment Ma chanson. Et pas seulement...
De là, on apprend à s'ouvrir un peu et laisser de côté l'espace d'un instant ses idées personnelles pour enfin découvrir un groupe dans son entité, l'apprécier, le décomposer. L'aimer. Et cette "pop mélancolique" déversée avec magie par le duo Simon Buret/Olivier Coursier correspondait comme par enchantement au monde imaginaire dont je me targue tant et qui lie entre eux mes plus chers souvenirs à des projets aussi artistiques qu'idéalistes dont l'action imagée se passe dans d'incroyables contrées.
Alors, leur univers musical aidant, j'ai ressenti dans les petites notes et les grands morceaux d'AaRON comme une délicate féerie à la croisée du rêve et de l'obscur et agissant comme sur un coup de tête, je m'y suis engouffrée sans plus tarder...
*
Samedi 4 avril 2009. Zénith de Paris.
Une première partie neutre, insipide, transparente à laquelle je n'ai pas du tout accroché malgré moi. Je suis restée de marbre - devrais-je évoquer mes bavardages intempestifs tout du long - et puis après? Le meilleur était à venir, je le savais.
Entracte. Brouhaha. Chichis beignets chouchous... Le joyeux bordel insouciant qui précède les instants mémorables, un refrain qu'on connaît bien.
Puis d'un coup, l'extinction des feux qui sonne comme un coup de théâtre.
Une obscurité totale pour laisser la part belle au mystère et à une soirée dont on ne sait rien encore mais dont on attend tellement.
C'est là qu'ils sont apparus sur scène. Ils. Simon et Olivier. Le plus naturellement du monde et avec un charisme inné de surcroît.
La salle était comble, les jeux de lumière se mettaient en place. Il n'y avait plus un bruit parmi les quelques 7000 personnes présentes, juste un murmure de fond... Et sitôt que les premières notes du Tunnel d'or ont retenti, le concert avait débuté.
La suite, je vais bien essayer de vous la raconter mais mon enthousiasme me trahissant un brin, je pense qu'au fond, vous la connaissez déjà.
Ce fut un moment emprunt de magie, de rêverie, de féerie et croyez bien que je suis loin d'être à cours de mots en "ie". Tout était concentré pour que je passe une merveilleuse soirée, de grande qualité bien entendu, et dotée d'une intensité et d'une richesse musicale incroyables qui me donnent encore la chaire de poule rien que d'y penser.
C'est que l'orchestre symphonique présent apportait au concert une part supplémentaire d'émotion et de sensibilité, mêlant subtilement les genres et laissant planer derrière lui des allures de salle Pleyel sur fond de pop rock. Paradoxal, assurément! Une sorte de musique hybride et délicate, aussi fragile qu'imposante, accessible qu'impressionnante. Un choix audacieux et décalé, c'est certain, pour un résultat décidément divin.
L'alternance orchestre symphonique/morceaux acoustiques s'effectuait par ailleurs dans une grande harmonie, le choix de la set list s'avérant plutôt pertinent. Et si le penchant très poussé de AaRON pour les morceaux un peu tristes ou mélancoliques pouvait sembler nous guider parfois vers le spleen, il apportait au contraire un rendu émotionnel incroyable au show et n'enlevait en rien le dynamisme du duo qui est parvenu à sublimer la nostalgie en lui octroyant quelques moments d'une tonicité hors-paire, dans une tonalité rock évidente.
Au fil des minutes alors, le jeu de scène des deux compères, le solo de la violoncelliste ou du batteur, l'orchestre puissant et quelques accords subtils joués au piano unifiaient leurs forces pour laisser place à une soirée magnifique... Je n'oublierai pas non plus de sitôt les tournoiements de Simon, amples mouvements de danse fluides et imprévisibles, qui laissaient la magie de la musique opérer dans une sorte de transe, ce qui n'a d'ailleurs pas été sans me faire penser un instant au dynamisme de Mathias Malzieu, le leader du groupe Dionysos.
Pour couronner le tout, les techniciens s'étaient surpassés et les jeux de lumières qui ont envahi le Zénith ce soir-là étaient tout bonnement magnifiques, me laissant même apercevoir par moments un (faux) ciel étoilé et finissant par une pluie de confettis, jolie métaphore d'un univers musical riche et imagé. Même moi qui suis toujours à critiquer les grandes salles avec effervescence et à déplorer l'acoustique souvent douteux du Zénith n'avais pas grand chose sur lequel trouver à redire. Le son lui-même était plutôt propre et bien que j'essaie de saisir quelques failles au passage afin de les argumenter, il s'avère que rien, je ne trouve vraiment rien pour cette fois.
Un retour sur la première partie à déplorer peut-être? ^^
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Grâce, charme et talent.
Il pourrait bien se résumer de la sorte, ce concert qui m'a comblé.
Et je pourrais alors épiloguer longtemps. Sur la chanson Lili qui fut un réel succès en live, dans toute la puissance que cette mélodie rêvée pouvait apporter. Sur les rappels riches en émotion et en surprises qui ont refait apparaître à la surface Famous blue raincoat, un très beau morceau de Léonard Cohen. Sur l'humilité appréciable des membres de AaRON qui ont su, à l'égard de leur public, trouver quelques mots tous simples pour exprimer leur sympathie et leur gratitude. Et puis surtout, sur le concert dans son intégralité qui fut à lui tout seul une véritable petite merveille live que je ne suis assurément pas prête d'oublier.
Certes oui, je vous en écrirais encore des lignes et des lignes, à en frôler le redondant mais... le message est passé. Et cette fois, je dois bien reconnaître que, avec ce goût de rêve qui m'ensorcelle, ma passion du live et des envies d'utopie à peine voilées, la période des concerts a réellement commencé.
Encore merci à AaRON pour une telle soirée :)
-Livy-
--> Le Myspace de AaRON <--