Pascal Picard au Bataclan
Le printemps est enfin revenu et avec lui, la saison des concerts aussi.
Au programme de ce dernier mercredi de mars alors, j'ai découvert sur scène la chanteuse québécoise Pascale Picard, sa guitare et ses musiciens pour un show que je qualifierai de mitigé, à la fois enjoué et surprenant, emprunt d'un naturel désarmant mais de quelques fausses notes également, que je m'en vais de suite vous conter.
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Connue en 2007 et plus encore en France en 2008 notamment par le biais de son morceau Gate 22, j'avais tout de suite accroché avec l'univers musical de la jeune femme, ses mélodies aux allures folk-rock teintées d'une country actuelle et qui faisaient d'elle une artiste hybride, sans doute un peu inclassable mais au charme incontestable.
Pourtant de Pascale Picard, je ne connaissais que quelques morceaux épars distillés sur Myspace ou Deezer, les meilleurs évidemment, lorsque j'ai pointé, ce 25 mars, mon nez au Bataclan. Je pouvais donc m'attendre à tout et rêver le concert juste avant de le vivre, le fait de ne rien savoir à l'avance étant naturellement volontaire de ma part lorsqu'on connaît mon penchant très développé pour découvrir, bien plus que les versions des albums, les performances "live" de mes artistes coups de coeur.
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C'est chose faite à présent et sans pour autant avoir passé un mauvais moment, je dois dire que je suis un peu restée en retrait par rapport à l'univers que présentaient l'artiste et ses musiciens sur scène. Si l'album me semblait en effet fortement imprégné d'un rock-folk plaisant, la performance au Bataclan s'est montrée quant à elle d'avantage country, mais alors vraiment beaucoup, bien trop sans doute à mon goût, laissant de côté toute forme d'originalité un peu plus hybride dans le répertoire musical que je mentionnais précédemment et dont j'aurais souhaité m'imprégner durant le concert.
Et c'était bien dommage car la voix de Pascale Picard en tant que telle, sitôt qu'elle se faisait douce lors de quelques balades, était tout à fait charmante à écouter et on ne s'en serait pas lassé... Malheureusement, c'était sans compter le côté un peu "Far West" qui la faisait chanter tout en force, rendant d'un coup l'ensemble nettement moins harmonieux.
De ce fait, les chansons se suivaient sans être réellement accrocheuse et paraissaient bien fades à côté du niveau d'un Gate 22, le titre fétiche.
C'est qu'il y avait comme quelque chose qui manquait: pas de décors sur scène exceptés quelques jeux de lumières, des musiciens relativement statiques et globalement, une mauvaise occupation de l'espace, même de la part de Pascale Picard qui, tout en bougeant, n'arpentait que très peu la scène et restait bien trop souvent au centre pour rendre le spectacle vraiment interactif.
C'est d'ailleurs là que je me suis dit que j'aurais volontiers écouté une représentation de ce type dans un café-concert du genre "Who's Bar" (les connaisseurs reconnaîtront) ou allongée sur l'herbe à savourer le moment présent lors d'un festival, mais la qualité du concert, plaisante certes mais sans plus, m'est apparue comme franchement insuffisante pour un lieu de renom tel le Bataclan.
Et c'est sans remords que je suis partie avant même les rappels, mon rhume du moment aidant peut-être aussi à une irrépressible envie de rentrer chez moi.
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Ceci étant, je pourrais tout aussi bien évoquer les aspects positifs car si j'ai avant tout exprimé mon ressenti au sujet d'un concert qui -on ne va pas se voiler la face- m'a déçue, je n'en ai pas moins dénoté un potentiel, pas encore totalement exploité certes, mais qui pourrait bien se révéler un jour ou l'autre, au fil d'un album prochain. (et on l'espère)
Pascale Picard comme je le soulignais plus haut est en effet dotée d'une très jolie voix, nuancée parfois et avec un grain assez particulier qui n'est pas sans rappeler une certaine Sheryl Crow ou autre KT Tunstall, aussi bien dans le répertoire que dans le style tout court d'ailleurs. Une qualité évidente pour une artiste qui par ailleurs s'est révélée très tonique, impliquée et dynamique malgré un jeu de scène pas encore tout à fait au point.
On pourra donc lui reprocher ce qu'on voudra mais son naturel la rendait souriante et pleine de charme et elle a eu l'intelligence de se montrer humble à tout moment du spectacle, jouant beaucoup sur la communication avec le public ce qui la rendait de suite sympathique autant qu'accessible.
L'interprétation de Gate 22 a été quant à elle une réussite, l'engouement du public à cet instant aidant beaucoup, et la reprise de Glory Box de Portishead une très agréable surprise, imprévue comme je les aime, surtout lorsqu'on sait que ce morceau est l'un de mes favoris depuis sans doute l'éternité et que la jeune femme n'avait pour le coup "pas trop" accentué le côté country.
De plus, je me suis beaucoup plu à écouter ses balades, fluides et entêtantes qu'elle nous offrait parfois et qui donnaient un petit goût de rêve perdu au milieu de nulle part.
En bonus, le son était bien dosé, bien géré, bien stabilisé...
Je serais bien mal avisée alors que de tout critiquer!
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Enfin, ce billet ne serait rien sans un petit mot pour la première partie, The Lost Fingers, venus tout droit du froid Québec eux aussi, et qui ont bien égayé le public de leurs reprises alléchantes aux airs jazzy de tubes disco, funk ou eurodance. Un vrai délice, chaleureux à souhait, entraînant, un peu magique et qui, pour une fois, m'a fait me souvenir du nom de la première partie (et on m'applaudit bien fort!)
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Un concert bien curieux que celui-ci alors, premier d'une longue lignée et même si l'univers ne m'a pas emporté voire transporté cette fois comme je l'aurais souhaité, je récidive encore et encore, bien loin d'être lassée, et m'en vais de ce pas à la découverte de nouveaux artistes, à commencer par un mois d'avril qui se révèlera plutôt musicalement alléchant et singulier...
-Livy-
--> Le Myspace de Pascale Picard <--
--> Le Myspace de The Lost Fingers <--