Expositions d'automne
Qui dit rentrée dit aussi reprise des bonnes habitudes dans les musées, les salles d'expositions et autres lieux dédiés à l'art; autant d'endroits qui nous fascinent et nous transportent dans un autre monde, le temps de se faire la belle au pays des chefs-d'oeuvre et des artistes, l'espace d'un après-midi.
La capitale se renouvelant sans cesse et ayant à nous offrir, comme de coutume, quelques trésors d'originalité, le tout dans un état d'esprit très ouvert et diversifié, je m'accorde une petite parenthèse culturelle pour ce début d'automne avec en tête, l'envie furieuse d'avoir le don d'ubiquité et de me rendre partout à la fois, au pays des mille et unes folies artistiques.
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L'évènement culturel à ne manquer sous aucun prétexte cet automne/hiver est sans nul doute l'exposition intitulée Picasso et les Maîtres, consacrée à l'un de mes peintres préférés ainsi qu'à un grand nombre de ses prédécesseurs ayant grandement contribué à inspirer et enrichir son art.
Celui qui avait fait du musée du Prado (Madrid) sa source d'inspiration première et s'était délecté des collections du Louvre lors de son arrivée à Paris transformant presque le lieu en une seconde maison, se verra ainsi à l'honneur pendant plusieurs mois, avec environ 210 de ses oeuvres exposée, plus ou moins connues, issues de musées ou de collections privées, qu'elles soient nationales ou internationales.
Les nombreuses influences de ce peintre polyvalent et novateur se dévoilent en effet au Grand Palais le temps d'une exposition-clé qui débutera le 8 octobre prochain, se basant sur une double thématique d'une ampleur sans égal: son oeuvre en général et les peintres de renom qui l'ont inspiré en particulier.
Une mission périlleuse donc que de s'attaquer à ce sujet aussi vaste que grisant mais qui s'avère prometteuse et d'une richesse artistique sans limites.
Agoraphobes, s'abstenir cependant ^^
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Le musée d'Art Moderne de la ville de Paris nous offre quant à lui une rétrospective plutôt alléchante de l'oeuvre de Raoul Dufy qui débutera ce 17 octobre. Elle présente ainsi de façon très complète un nombre important de peintures mais aussi de dessins, gravures, illustrations, peinture sur céramiques, tissus et vêtements, permettant de mieux cibler les différentes inspirations (le fauvisme notamment) de cet homme incroyable dont la légèreté de l'oeuvre et la joie de vivre n'ont d'égal que le côté avant-gardiste qui s'en dégage.
L'occasion de redécouvrir un artiste au talent un peu hybride, très en avance sur son temps et dont le parcours, tout en couleurs et en mouvements, demeure encore et toujours un véritable plaisir des yeux et de l'esprit.
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La Fondation Cartier pour l'Art Contemporain nous propose actuellement un hommage au sculpteur César, dix ans après sa disparition, et mené d'une main de maître par l'architecte de la fondation, Jean Nouvel, invité pour l'occasion à choisir des oeuvres de son ami disparu afin de les mettre en scène.
César, surtout très connu pour ses compressions de voiture, est ici perçu de façon différente et se révèle au sein d'oeuvres variées présentées en nombre conséquent (empreintes humaines, sculptures en fer...), le temps de faire le point sur son travail complexe et bien souvent controversé qui n'a cessé de mettre en avant la différence et de transgresser des règles établies.
Un bond dans le futur pour tous ceux qui songent à fuir le panurgisme...
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Ingres, ombres permanentes.
Ainsi s'intitule l'exposition que présente en ce moment le musée de la Vie Romantique et qui permet de s'immiscer dans la vie créative de Jean-Auguste-Dominique Ingres afin de mieux analyser et comprendre son art.
On y découvre une centaine d'oeuvres nous faisant pénétrer de suite dans l'envers du décor, à base de dessins préparatoires témoignant des impressions et ressentis de l'artiste, de sa sensibilité, de ses tourments, de sa folie artistique, de ses indécisions, de ses erreurs de proportion et bien plus encore.
Un voyage subtil et intime proposé par Catherine Lépront, romancière, essayiste et dramaturge de son état, qui, fascinée par la gestuelle du peintre, a choisi de sélectionner quelques unes de ses oeuvres pour mettre l'accent sur de petits détails plutôt que sur l'ensemble de son travail, afin de nous faire entrer tout en finesse dans les coulisses d'un monde où la création est le maître-mot.
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La marie de Paris enfin nous gratifie d'une exposition gratuite qui devrait réjouir les amoureux des bons mots, de la poésie, les cancres têtes en l'air et tous les autres, grands aventuriers de la vie et loufoques un peu rêveurs.
Après W. Ronis ou encore R. Doisneau, c'est en effet au tour de Jacques Prévert de s'imposer en "guest" pour une saison, au sein d'une grande exposition chronologique qui dévoilera, de façon extrêmement sensée, aussi bien des oeuvres connues que des inédits.
Parmi elles, des collages, projections de films et autres textes poétiques, secoués par l'humour et l'inventivité de Prévert, dévoilant ainsi l'éclectisme et la pluralité d'un artiste qui surprend toujours.
On se délecte déjà de célébrer le talent de ce "touche-à-tout", écrivain de génie et bohême d'instinct qui nous a, depuis l'enfance, fait vibrer par ses poèmes, nous a ému, bouleversé, touché et dont la mémoire perdure, aujourd'hui encore, grâce à des écrits qui ne vieilliront jamais.
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Oui, décidemment, Paris nous gâte pour la rentrée et regorge d'évènement incontournables, accentuant ainsi le choix cornélien qui se présente à moi (mais par où donc commencer?) et ravivant de surcroît mon envie de me perdre au détour d'un musée et d'aller flâner loin là-bas, des rêves plein la tête et mon carnet de notes jamais loin, vers ces expositions qui m'interpellent tant par leur diversité que leur intensité.
-Livy-