Rock en Seine, 29 août 2008
C'est une seconde journée de festival un peu plus décevante que la première qui m'attendait ce vendredi car si la chaleur était au rendez-vous pour fêter dignement un avant-goût d'automne, le monde était de la partie également, fin de semaine et RTT obligent, et j'ai nettement moins apprécié que la veille cette foule compacte qui rendait la circulation dans les allées plus difficile et les accès aux stands quasi-impossibles à moins d'être doté d'une patience hors-normes.
"J'aime pas les gens, j'aime pas les gens".
Le petit slogan familier raisonnait dans ma tête et me martelait les neurones à l'infini avec la reprise [provisoire] de mon agoraphobie...
C'est qu'à comparer avec la veille et à voir leur look, nul doute que les festivaliers étaient surtout venus en masse en ce dernier jour pour acclamer Amy Winehouse sur la grande scène, ce qui devait de plus être son unique date française de l'année.
Mais cela devait finalement ne pas être puisque la miss à la choucroute pour des raisons plus ou moins obscures (Rehab? No, no, no!) n'a pas daigné venir, laissant alors en plan ses musiciens déjà sur place, les organisateurs du festival et des fans totalement dépités, quittant les lieux bien avant minuit.
Amy a donc réussi son coup en engendrant à elle toute seule la grosse déception de cette édition 2008 de Rock en Seine et perturbant par la même occasion le timing des autres groupes, pour mon plus grand malheur et plus encore celui de mon impatience...
En même temps, était-ce vraiment une surprise que de la voir annuler sa prestation à la dernière minute?
Retour sur une seconde journée placée sous le signe du "tout est permis", un peu éparpillée par moments mais qui s'est finie à ma grande joie en véritable apothéose.
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Vendredi 29 août 2008
Milieu de l'après-midi: mes retards intempestifs auront eu raison de moi et m'ont fait manquer, en même temps que l'arrivée massive de la foule, le début des festivités du parc de Saint-Cloud ce qui est fort dommage quand j'y repense puisque DB Clifford se produisait justement à ce moment précis sur la scène de la grande cascade, le temps d'une prestation qui fut apparemment une belle surprise et un moment gorgé d'émotions.
DB Clifford ou comment trouver sur la scène des talents actuels un artiste complet, musicien et auteur de son état, interprète talentueux mêlant avec brio le rock mélodique à une pointe espiègle de funk... Mais ce ne sera hélas pas pour cette fois et je devrais apparemment attendre encore un peu pour avoir la chance de le voir enfin en live.
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C'est finalement postée devant cette même scène de la cascade et sur la musique des Jon Spencer Blues Explosion que ma seconde journée a débuté en fanfare, parsemée pour l'occasion de morceaux très efficaces à mi-chemin entre un blues amélioré et du rock-garage à la sauce old school indéniable.
Un moment vraiment appréciable qui a su conjuguer dynamisme et élégance dans une prestation toute imprégnée d'un grain de folie qui m'a mise d'emblée de bonne humeur.
Le groupe étant pour ma part une découverte, je ne peux que me proclamer très agréablement surprise.
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Pas de répit pour autant et un petit détour vers la grande scène le temps d'un sitting sur l'herbe pour apprécier le début de concert du groupe hip hop/jazzy/soul The Roots qui, sitôt son arrivée sur scène, a dévoilé de petites perles live, de son dernier album notamment, comme il en a le secret.
De fil en aiguille, l'ambiance a gagné le public mais pas suffisamment malheureusement pour que la fosse se déchaîne autant que la formation rap le méritait, la faute sans aucun doute à l'heure peu avancée dans la journée de la programmation du concert, qui a contribué en fin de compte à donner au show une couleur mitigée.
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Pour un retour bien plus rock n' roll, direction la scène de l'industrie afin de ne rien manquer de la prestation scénique des parisiens de Brooklyn, le petit groupe de rock français formé en 2005 qui ne cesse de monter depuis (en première partie de la tournée française de Razorlight s'il vous plaît!) et qui nous déverse en anglais un flot de mélodies pop-rock ultra-toniques, électriques en diable.
Le groupe, découvert pour ma part il y a de cela bientôt deux ans via Myspace, avait déjà attiré mon attention à l'époque ainsi que toute mon approbation et a finalement répondu ce vendredi 29 à mes attentes fortes de ce que peut être un live réussi car, sans être le concert "number one" de Rock en Seine 2008, il n'en est pas moins demeuré un excellent moment de ces deux jours, tant sur le plan musical que sur le jeu de scène que j'ai beaucoup apprécié.
Encore des p'tits jeunes qui ont su mettre l'ambiance comme il se doit, se produire avec talent et tirer profit au maximum de leur passage à Rock en Seine dans un élan de bonne humeur, plutôt bien accueilli par le public.
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Et puis sans transition, est survenu le concert pop de la jolie Kate Nash sur la scène de la grande cascade.
Les petites mélodies de rêves échappées de l'album, la voix douce et enfantine de la jeune femme, son monde imaginaire tout à fait charmant m'ont tant évadées l'hiver dernier que j'attendais beaucoup de sa prestation... et que j'ai été fortement déçue.
En quelques mots, c'était mou, lent et peu entraînant.
Je ne saurais comment définir le concert car si je ne peux pas le qualifier de mauvais, il était bien trop neutre pour être vraiment intéressant. Certes la voix de Kate était bien là pour se démarquer un brin et nous inviter à la rejoindre dans son petit monde mais l'ensemble manquait d'énergie, de personnalité, de charisme et je ne me suis pas cette fois glissée dans cet univers romantique qui me plaisait tant. Bien au contraire, je suis restée en recul et pleine de doutes face à un live très moyen.
Dommage...
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Une pause dîner plus tard, c'est la rock attitude qui s'est déchaînée par le concert à rallonge (merci Amy pour ton absence) des Raconteurs, mené à bien par Jack White, leader des White Stripes et ses acolytes, tous plus motivés les uns que les autres à nous faire passer un moment hors du commun.
Le groupe a littéralement déchaîné les passions au moyen de quelques riffs sublimissimes pour un début de soirée réussi sur le domaine de Saint-Cloud.
Du rock et du bon, emprunt d'influences multiples et d'une prestance scénique tout simplement hallucinante que je me suis fait un plaisir de suivre, de près ou d'un peu plus loin, me baladant de part et d'autre du parc puis revenant vers la scène et appréciant sans cesse d'avantage cette musique que je ne connaissais que très brièvement jusqu'alors.
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21h... Au taquet devant la scène de la grande cascade, je glisse vers les premiers rangs parmi une foule de fans déjà compacte. Je souhaite une place de choix pour profiter amplement du show électro de Justice, moment de plaisir brut avant de me délecter du concert d'Amy Winehouse, point final de mon festival mais sur lequel j'ai tout de même de forts doutes.
Pourtant, Justice n'arrive pas.
La programmation, jusqu'ici irréprochable sur les horaires, semble avoir été perturbée par quelque chose susceptible d'avoir décalé l'heure des concerts, mais quoi?
On s'en doute un peu....
21h15, 21h20, 21h30... Dans la fosse, les gens s'agglutinent, la chaleur devient pesante. On pourrait s'évanouir qu'on tiendrait encore debout. L'impatience de tous se fait sentir, les râleur râlent, les fumeurs fument, les buveurs boivent.
Moi, je tiens bon. Je lutte pour être bien placée et mon agoraphobie lutte avec moi, c'est un défi.
J'ai suffisamment envie de voir Justice pour me surpasser et puis c'est mon dernier jour de festival et je le veux complet. Mais parmi tout ce monde, j'étouffe un peu et je commence sérieusement à m'impatienter!
Dans la foule, elle court, elle court la rumeur... Amy ne viendra pas et c'est bien pour ça qu'on est tous là à attendre un autre concert qui se fait désirer alors qu'il ne devrait pas, dans un panurgisme absolu.
Ce n'est pas pour rien non plus que The Raconteurs ont prolongé de beaucoup leur prestation de l'autre côté du parc, sur la grande scène, et qu'ils sont presque encore à jouer là-bas, à une demi-heure seulement de la supposée prestation de la demoiselle Winehouse.
Pas d'annonce officielle pourtant. Rien.
Grand moment d'énervement général dans un bain de foule involontaire. L'horreur.
21h40: Du nouveau! On nous bredouille quelques excuses au micro pour ce retard injustifié, nous assure que Justice va se produire d'ici quelques minutes et puis la nouvelle tombe, cash, et déçoit dans la foulée une flopée de festivaliers qui y croyaient sans plus trop de convictions: l'annulation du concert d'Amy Winehouse pour des raisons inconnues. La sulfureuse britannique avait déjà fait le coup l'année précédente et voici qu'elle récidive. Et si ma déception est réelle tant j'aurais souhaité la voir en live, ma surprise, elle, l'est beaucoup moins tant la constance de la jeune femme semble proche de celle de Pete Doherty ^^
Cependant, le public mécontent lance des injures à n'en plus finir et les sifflements retentissent.
Déjà dans les allées, de vrais fans, totalement déconcertés, rentrent chez eux dégoûtés. Et de l'autre côté, sur la grande scène où Amy devait chanter, ils ont été avertis eux aussi. Sur écrans géants, l'annonce de l'annulation du concert s'officialise.
La fin du festival dévoile alors un goût d'amertume pour certains et l'ambiance se ternit tandis que toujours placée dans les premiers rangs, j'attends Justice de pied ferme et sans doute encore plus qu'avant car j'en suis sure à présent, ce sera mon dernier concert de la soirée.
Enfin, après trois quart d'heure d'une longue et pénible attente, le duo électro entre en scène.
Dernier récit d'une révélation...
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Mon rock en seine s'est donc achevé non pas par une déception mais brillamment grâce à un show tout simplement époustouflant de la part de Justice qui nous en a mis plein les yeux et les oreilles le temps d'un concert hors normes.
Déjà, les premières notes d'introduction terriblement entraînantes laissaient présager une bonne surprise et c'est peu de le dire!
Les morceaux électro se succédant à un rythme exalté ont sans doute été l'un des meilleurs moments du festival.
C'était pourtant mal parti: concert retardé, problème technique en plein milieu... mais non! La loi des séries n'a pas eu raison du duo "so french" décidemment magique au summum de son talent et je salue cette prestation qui m'a littéralement mise en transe, au beau milieu d'une foule qui l'était tout autant si ce n'est plus.
(où le récit de comment je n'ai pas regretté mon attente interminable compressée dans les premiers rangs de la fosse...)
A l'image de mes souvenirs de technivals, je me suis remémorée mes plus belles années, le tout dans une ambiance surchauffée. Et c'est ainsi que j'ai apprivoisé Justice pour de bon, l'esprit live de la scène électro transcendant le duo à un point qu'il est difficile d'imaginer.
Je ne parle même pas de la venue tant attendue du morceau "Stress" suivi de près par un "We are your friends" tout simplement énorme, joué plusieurs fois de suite et repris par le public dans une extase totale que je ne saurais décrire tant cet instant était fort, mise en scène et show de lumières de rigueur pour pimenter le tout, à l'image controversée d'un de mes groupes désormais culte.
Un petit bémol cependant au fait que les deux membres ne se soient pas adressés une seule fois à leur public, ça n'en aurait été que mieux!
Mais une surprise tellement incroyable que je ne suis toujours pas descendue de mon petit nuage depuis ce jour...
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Ainsi s'est donc clôturé un festival qui demeure un moment de magie, perdu dans les tréfonds d'un été parisien qui ne m'a pas toujours envoûté quant à lui...
Au beau milieu de hauts et de bas, de concerts et de pauses, de rires, de danses, de moments plus calmes, d'aliénation volontaire et d'émotions mêlées, j'ai passé deux jours hors du temps, hors de Paris et hors de tout ce que la vie a pu m'apporter de curieux ces derniers temps.
Juste un moment à part, si spécial qu'on aime se le remémorer sans fin et dont l'ensemble aussi varié qu'imprévisible, me laisse définitivement rêveuse.
Naturellement, tout ne m'a pas plu et c'est sans doute mieux ainsi.
Naturellement aussi, quelques déceptions, plutôt de taille, auront été au rendez-vous (Amy, si tu m'entends...) mais à bien y penser, j'apprécie cela car une vision trop idyllique des choses aurait sans doute tué tout mon intérêt en même tant que mon cynisme... et bien sur, je l'aurais regretté!
Mais il reste avant tout en mon esprit une critique qui tend d'avantage vers le positif, parsemée de découvertes enrichissantes et autres lives fascinants, agrémentés d'un final qui demeure gigantesque.
Rien d'autre à ajouter si ce n'est une envie furieuse de récidiver...
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Fin de festival sur l'image de quelques zombies quittant le parc de Saint-Cloud.
Arrivés à Boulogne, tous en étaient encore à chanter à tue-tête et en choeur les refrains accrocheurs de Justice.
° Dernière petite capture d'un instant de bonheur °
"Because we are your friends,
You'll never be alone again,
Oh... Come on!"
-Livy-
--> Le Myspace de DB Clifford <--
--> Le Myspace de The Jon Spencer Blues Explosion <--
--> Le Myspace de The Roots <--
--> Le Myspace de Brooklyn <--
--> Le Myspace de Kate Nash <--
--> Le Myspace de The Raconteurs <--
--> Le Myspace de Justice <--