Rose à l'Olympia
"Asphyxiée et laissée pour morte,
Mais elle respire ce matin..."
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De la découverte du premier album de Rose durant l'hiver 2006/2007, j'ai gardé en mémoire un grand vent de poésie musicale teinté de quelques touches de romantisme, le tout saupoudré d'une sensibilité à fleur de peau.
Quelques accords de guitare accompagnés de textes simples et épurés.
Une dérision certaine qu'accompagnent des mots qui jouent, à la fois douloureux et délicieux, brève esquisse du quotidien en général et de petits moments de vie en particulier.
Une plongée dans l'intimité de la jeune femme au fil d'un album de rupture d'avantage mélancolique qu'il n'est triste.
Ses doutes, coups de gueule, instants de joie ou moments de folie...
... Et une vague de féminité incroyable à l'image de la dualité de l'artiste, tiraillée entre force et fragilité.
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Forte de cet album intimiste qui lui a valu un franc succès et prête à sortir son second opus, c'est à l'Olympia que Rose a fait son show le 18 juin dernier, le temps d'un concert très acoustique et tout en douceur, parsemé de petites notes à la tonalité pop, rock ou folk, selon les morceaux.
La scène plongée dans un décor attrayant aux lumières tamisées et romantiques, le spectacle a débuté comme si de rien n'était...
Accompagnée essentiellement de sa guitare, parfois de l'harmonica et, cela va sans dire, de ses musiciens, Keren Rose a posé sa voix fluide, légèrement cassée parfois, mais toujours très féminine, au gré de ses chansons et s'est laissée aller à de petites modifications, improvisations et autres moment savoureux du live, venus bien à propos.
Ainsi, certains morceaux nostalgiques se révélaient d'avantage entraînants que sur l'album, se voyant offrir pour l'occasion des intros différentes, musicalement enrichies, qui laissaient planer un certain suspense et rendait la performance décidemment plus intéressante.
Je pense notamment à Sombre con, mon coup de coeur de l'album (on se demande pourquoi, hein ^^), qu'elle a interprété avec fougue et passion et fait suivre de La liste, son single à succès, laissant alors son public reprendre les paroles en choeur avec elle dans une ambiance vraiment appréciable.
Oui, parce que loin d'être une artiste timide, déconnectée du monde ou encore très "fleur bleue" comme je l'imaginais, Rose a montré sur scène beaucoup de dynamisme dans l'interprétation de ses textes, laissant dévoiler au coin d'une phrase d'introduction ou d'une légère pause un caractère bien trempé et une réelle personnalité, un brin autoritaire parfois, tantôt contradictoire, tantôt touchante.
Elle n'a cessé en effet de s'adresser aux spectateurs, créant par la même occasion des sortes d'interludes entre les morceaux et tentant quelques mots humoristiques de-ci de là dans un total esprit de communication évidemment... et de dérision charmante, toujours.
Dérision et humour qui se percevaient bien aussi dans son jeu de scène fortement impliqué avec ses musiciens ou encore lors d'un duo fort sympathique avec Bensé, l'artiste très "nouvelle scène" invité en première partie.
(Accessoirement, il y a eu une autre première partie mais à cause de mes retards intempestifs sans doute, je l'ai manquée...)
Par moment cependant, le ton général étant évidemment aux balades intimistes, j'ai ressenti quelques longueurs juste avant les rappels, notamment lors de l'interprétation de chansons qui m'inspiraient moins et qui étaient peut-être trop douces à mon goût pour capter une réelle attention scénique. J'espérais alors d'avantage de nouveautés afin d'un avoir un avis peu plus approfondi sur ce que pourrait donner le nouvel album et c'est sans doute pour cette raison que j'ai été ravie par l'interprétation de Je guéris, petit message d'humour et d'espoir mêlés, qui a décidemment achevé de me convaincre à découvrir au plus vite son prochain opus.
Plus encore, j'ai trouvé judicieux le choix de mettre son single Ciao Bella en hommage à son grand-père au moment des rappels, chanson qui n'a pas manqué de plaire et d'émouvoir et ainsi susciter les acclamations du public.
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De cette soirée alors, il me reste en tête des mélodies fragiles comme nos émotions et des chansons d'un naturel désarmant, petite touche de fraîcheur certaine entraînant un procédé d'identification immédiat.
Il me reste des graines de poésie semées ici ou là, dans le vide ou l'espoir, la colère ou la torpeur.
Il me reste un mélange de sentiments, tristes ou joyeux, me laissant perplexe parfois mais sans cesse croissants.
Et surtout le souvenir d'une artiste prometteuse, bien dans sa peau et bien dans sa tête à l'Olympia, éprise d'un registre musical qu'elle ne cesse d'explorer plus passionnément...
-Livy-
--> Le Myspace de Rose <--