Dessine-moi...Tango
Je publie là un billet un peu hasardeux, un peu désordonné aussi, peut-être car mes idées sont encore floues et confuses...
J'ai bien conscience que prendre la plume pour écrire à propos d'un chien a cet aspect "culcul" notoire que moi-même je prendrais en horreur le reste du temps. Mais puisqu'après tout, ce chien n'était pas n'importe lequel mais le mien et qu'il est parti hier après-midi après seulement cinq ans de vie, j'assume pleinement.
Ce que j'assume moins en revanche, c'est sa disparition fulgurante en à peine une semaine, terrassé littéralement par une jaunisse hépatite.
Parce qu'on n'a rien vu venir.
Parce qu'il y a encore dix jours, je jouais avec lui et il se jouait de moi.
Parce qu'on a beau dire qu'un animal reste un animal, il n'en demeure pas moins attachant et parvient sans même s'en rendre compte à transformer un peu notre quotidien...
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Pour tout vous dire, Tango et moi faisions "maison à part".
Pourtant dans un sens, lui au vert et moi dans ma pollution bien-aimée, vivions une vie parallèle.
Il occupait l'antre de mes parents et la parsemait de gaité tandis que j'étais déjà expatriée à Paris, étudiante et indigne.
Il gambadait dans le jardin verdoyant, je coursais un bus dans la ville-capitale.
Il passait sa vie à mordre les pneus des vélos de campagne, j'essayais désespérément d'enfourcher un vélib' avec un semblant d'élégance.
Il courait de travers et dérapait dans la boue, je m'étalais de tout mon long dans le métro par jour de pluie.
Il fronçait sa truffe, je traquais ma première ride.
Il éternuait un peu de trop, j'attrapais un rhume.
Il était plein de poils et je le poursuivais, mon épilateur en main.
Il buvait beaucoup d'eau, je décidais de l'accompagner au champagne.
Il contestait ma musique alors je lui offrais un accord au piano.
Il remuait la queue, je... (euh non, rien ^^)
Il grignotait les os quand je m'attaquais au gigot.
Accessoirement, il me grignotait la peau aussi...
Et puis avait finalement ce côté simple et affectueux qui apaisait mon esprit torturé et tous les tourments associés.
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Nous avions en points communs les poils, la truffe, l'odeur (pfff) cette attirance incroyable pour les mets sucrés, un regard de chien battu même dans la joie et la bonne humeur, la fâcheuse habitude de grogner pour exprimer un éventuel mécontentement et plus encore l'envie de mordre les hommes même si je ne sais toujours pas chez lequel de nous deux ce dernier instinct était le plus développé ^^
La même couleur de cheveux nous unissait (si l'on considère la longueur des poils de Tango, c'était des cheveux), nous liant à tout jamais dans une blondeur absolue bien que son salon de coiffure personnel se soit vu attribuer le nom curieux de "toilettage".
Cette blondeur nous permettait en duo les pires bêtises, comme une excuse valable pour deux enfants pas sages atteints d'évidente mauvaise foi.
Un peu cabot parfois, il considérait les chaussures (les miennes surtout) comme ayant un intérêt purement gastronomique et vraisemblablement, il avait eu cette même perception pour ma jolie petite robe d'été en soie, à mon plus grand désespoir...
Il ne partageait en effet ni ma folie du shopping, ni mes débuts douloureux à la guitare électrique, pas même ma vie à Paris.
Mais il était juste là, quelque part sur cette Terre, à se souvenir de mon prénom dans un recoin de la maison familiale planté sur son tapis rond.
Je le savais et ça me suffisait.
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A l'image d'Erik Satie proclamant "Plus je connais les hommes, plus j'admire les chiens", je l'aurais volontiers emmené avec moi sur cette île déserte bien loin du monde que j'envisageais parfois d'intégrer pour prendre un peu de recul sur moi-même et plus encore sur la société, soumise à de grandes remises en question existentielles.
Je l'aurais confortablement calé dans ma valise entre l'ipod et l'ordinateur qu'il aurait évidemment croqué.
J'aurais peut-être fait semblant de lui en vouloir alors.
Mais surtout, je l'aurais choyé plus que tout parce que sans m'avancer, je crois qu'il m'aimait bien, ce petit chien.
En gage de confiance il m'a même mordu une fois et bien que l'idée m'ait traversée, je ne le lui ai jamais rendu à mon plus grand regret.
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Oui mais voilà.
Tango est parti et c'est moi qui me retrouve à hurler dans la nuit.
-Livy-