Pete Doherty ou le fantôme du Grand Rex
Attendu, adulé et puis finalement absent, Pete Doherty n'était pas au rendez-vous ce dernier jeudi pour donner à un public conquis d'avance le concert acoustique tant espéré.
Après l'annulation de ses dernières dates en avril dernier pour cause de prison, la rockstar, pleine de bonnes intentions pourtant, a cette fois-ci été victime d'un retard d'Eurostar qui l'a fait arriver à Paris sur les coups de trois heures du matin et enchaîner quelques chansons à la va-vite dans un petit bar du deuxième arrondissement.
Pete en acoustique et son ami le feutre mou, ce ne sera donc pas encore pour cette fois hélas, même si tout le monde y a cru jusqu'en toute fin de soirée, à en juger par la foule compacte qui se pressait encore devant le Rex à 23h30 espérant une arrivée surprise d'un Pete au sommet de sa forme alors que les vigiles déjà fermaient une à une toutes les portes.
Alors voilà.
Le fait est que j'ai en réalité passé ma soirée "rock n'roll" à traînailler et manger mexicain sur les grands boulevards et me suis vue par la même occasion assister pour la première fois de ma vie à un non-concert, chose pour le moins surprenante et pas très économique au demeurant!
C'était pourtant bien parti...
Tandis que plongée dans les tréfonds de mon ipod, je révisais ardemment les morceaux des Babyshambles, une foule s'amassait déjà devant le Rex en début de soirée, mi-fashion/mi-rock, addition subtile de clones de Pete Doherty, Kate Moss et autres Amy Winehouse.
Suivant le flot des chapeaux noirs jusqu'à l'intérieur de la salle de concert du Grand Rex, c'est installée confortablement, une bière en main, que je m'apprêtais à vivre en live les élans artistiques du sieur Doherty mais en vain.
Après Daniel Darc en première partie, l'annonce publique d'un retard d'Eurostar et par conséquent, de concert, a passablement refroidi les esprits, provoquant dans la salle l'effet d'une bombe.
C'est qu'il nous fallait tout de même attendre jusqu'à 23h/23h15 (en sachant que le Rex ferme à minuit...) sans plus d'informations au demeurant si ce n'est que le train de Pete était bloqué.
Mais où? Quand? Comment?
Nul ne disait mot ni ne semblait au courant.
La seule chose à savoir était qu'il allait jouer tout au plus trois bons quart d'heure.
Et rien que dans cette annonce, il y avait quelque chose de rageant...
Les plus téméraires du public, groupies jusqu'au bout des ongles, se sont alors vus organiser un squat géant en pleine salle de concert tandis que Pete, de son train coincé en campagne profonde, a entonné via un appel téléphonique l'un de ses morceaux, maigre consolation d'autant plus que je n'étais même plus là!
A l'ambiance confinée du Rex sans artiste, j'avais effectivement préféré l'air pollué frais des grands boulevards pour gagner en sérénité et miser inutilement un dernier espoir sur la fin de soirée.
Fin de soirée partie en live tout naturellement, au propre comme au figuré puisque de retard de train en retard de train, celui de Pete Doherty n'est jamais arrivé avant la nuit!
Et c'est chez moi que je suis repartie, laissant la foule des chapeaux mous trépigner devant le Rex...
(et acclamer une ambulance pressée, tous pin-pon sortis, croyant l'artiste dedans, non mais quelle blague ^^)
Ironie du sort, sitôt entrée dans le métro du retour, mon ipod allumé en mode aléatoire s'est vu fredonner instinctivement In love with a feeling des Babyshambles juste avant qu'à coup de changement de chanson magique, je ne le fasse revenir à la dure réalité.
Moralité:
Pete Doherty, je n'ai point vu,
L'Eurostar, je maudis,
Trente euros, j'ai perdu,
Déçue, je suis...
--> Le Myspace des Babyshambles <--
... A défaut du concert en lui-même, j'ai au moins eu le privilège de bénéficier de sa première partie.
Retour-éclair sur Daniel Darc...
Une première partie attendue que celle-ci car il me tardait de voir sur scène l'ex-chanteur de "Taxi Girl", groupe de rock français sulfureux des années 70/80.
En effet, la carrière solo de Daniel Darc, habitée tant par la poésie et la littérature que par la culture rock a toujours provoqué en moi une certaine attirance, sans doute liée à la personnalité assurément sombre et tourmentée de l'artiste.
Son dernier album Amours Suprêmes sorti en janvier 2008 a fini pour de bon de me convaincre, au gré de morceaux à fleur de peau où règnent en harmonie une sensibilité et une souffrance évidentes.
C'est ainsi que je me suis souvent vue fredonner ces derniers temps...
"Quand je mourrai, j'irai au paradis,
C'est en enfer que j'ai passé ma vie."
... Le ton était donné, le désespoir palpable et c'est d'ailleurs avec ce titre-clé, premier single du nouvel opus, qu'il a débuté sa prestation en live...
Une prestation fort contestable au demeurant car il semblait un brin éméché (euphémisme, je t'aime) et s'il nous a fort heureusement offert quelques uns de ses plus beaux morceaux (Je me souviens, je me rappelle notamment) agrémentés d'un soupçon d'humour plutôt plaisant, il s'est surtout contenté de reprises au détriment de son propre répertoire, additionnées de quelques notes d'harmonica pour le moins aléatoires ^^
Une performance scénique assez paradoxale donc où se mêlaient un personnage titubant et plutôt absent, un brin provocateur, à une sorte de charisme ténébreux venu d'on ne sait où mais pourtant bel et bien présent.
Dans sa voix, un tremblement symbolique, un charme obscur, mélange d'alcool et de peine...
... et une dualité subtile de son être, toute à l'image de ce qu'il est et a toujours été.
Torturé.
--> Le Myspace de Daniel Darc <--
-Livy-