Camille à la Cigale
Mardi 27 mai 2008, c'est sous une pluie battante, une chaleur étouffante et à la Cigale que je me suis retrouvée comme de coutume, récidive volontaire à l'occasion du concert de Camille puisque la jeune femme avait plusieurs date de prévues en ce lieu sacré.
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La voir sur scène? Une curiosité avant tout.
Le sac des filles, son premier album, m'avait plu dans l'ensemble par son côté paradoxalement désinvolte et tourmenté de fille actuelle, naturelle, déjantée. Une sorte de journal intime emprunt de féminité et de questions existentielles parsemé d'humour bien pensé.
Suite à cela, véritable coup de coeur en 2005/2006 pour Le fil qui abordait des textes pour le moins second degré accompagnés d'un concept musical surprenant basé sur le minimalisme le plus extrême. En effet, l'album était composé d'une seule note laissant ainsi à Camille une totale liberté d'expression avec un instrument bien à elle et dont elle se servait avec talent: sa voix.
Bruits de bouche, vocalises et chants mêlés, C'est en utilisant l'oversampling en live que l'artiste parvenait à obtenir un résultat proche de l'album, ne s'accompagnant presque d'aucun musicien.
Une façon pour le moins originale de concevoir la musique voire de la révolutionner et qui n'a pas manqué d'attirer mon attention de par son aspect novateur et le résultat surprenant ainsi obtenu.
A l'époque saluée par la critique, Camille s'était alors vue remettre plusieurs récompenses dont le prix Constantin.
Et puis survint Music Hole, son nouvel opus paru cette année qui poursuit de façon cohérente l'aventure musicale de la jeune femme mais en anglais cette fois et dans un registre d'avantage underground.
Malgré moi et après plusieurs écoutes, je suis restée plutôt hermétique aux nouvelles mélodies qui à l'exception de quelques unes, envoûtantes, ne m'ont pas accroché et ont fini par m'ennuyer plutôt que de me transporter.
A vouloir trop en faire peut-être et chercher une sorte de perfection dans l'originalité absolue parmi les souffles et les cris, quelque chose m'a semblé s'essouffler dans l'état d'esprit du concept initial et c'est donc mitigée que je me suis rendue au spectacle, attendant de voir ce qui allait se passer...
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Alors j'ai vu!
Tout d'abord, une première partie singulièrement drôle nommée Airnadette, sympathique petite troupe parodiant l'espace d'une demi-heure toutes sortes de musique de la plus rock à la plus kitch pour terminer en beauté et avec humour sur le morceau magistral de Freddie Mercury Bohemian rhapsody.
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Et puis, star de la soirée acclamée par une foule compacte et enthousiaste, Camille est arrivée dans un mélange de sons étranges et de lumières tamisées, tournoyant en long et en large de la scène, dissimulée sous une cape orange vif, couleur de son nouvel album...
Connue pour ses performances live étonnantes, je pouvais à ce moment m'attendre à tout. Et le tout est arrivé sous forme d'un début de concert réellement surprenant, relevant plus par moments de la performance artistique que de la musique à proprement parler.
Difficile pour moi au commencement de rentrer dans cette ambiance à mi-chemin entre un concert et un show avant-gardiste avec effets de scène au rendez-vous. Imaginez vous de l'eau, des claquettes, des percussions qui raisonnent à n'en plus finir dans toute la salle, des sons (humains? je ne saurais dire...) et au beau milieu de ce tableau surréaliste, une Camille en transe, enflammée, effectuant une sorte de danse du scalpe endiablée mais finalement à mille lieues de tout car pénétrée toute entière dans un trip propre à elle seule.
L'espace d'un moment, il m'a semblé que c'était un peu "too much" et à l'image de ce que j'avais pensé du dernier album car même si je saluais l'aspect "performance" non dénué d'intérêt, je m'imaginais mal passer toute une soirée de concert de la sorte et restait distante par rapport à l'ensemble.
Fort heureusement, le concert (qui m'a d'ailleurs semblé se dérouler en deux parties) s'en est allé au fil du temps explorer d'autres contrées, plus accessibles cette fois et qui m'ont fait retrouver avec délectation la Camille que j'avais apprécié lors des opus précédents.
Au gré des morceaux et accompagnée cette fois d'un groupe de choristes très polyvalents, elle a, avec cette sorte d'humour totalement décalé qui lui est familier, joué de sa voix dans les graves comme les aigus, dans les trémolos comme dans les cris, présentant au public un talent indéniable et sans jamais se prendre au sérieux, faisant allègrement participer le public à l'élaboration de ses morceaux en mode live, tant et si bien qu'à plusieurs reprises, j'ai cru à des improvisations totales plutôt qu'à des séquences préméditées.
Certes, le côté performance artistique n'en demeurait pas moins présent puisque telle est la personnalité artistique de la jeune femme, mais au milieu des chants et des danses se succédant, de choeurs très "gospel" et de morceaux plus doux où elle s'accompagnait seulement au piano, il se fondait tout simplement mieux dans l'ensemble, laissant alors un arrière-goût d'originalité bien amenée.
Pleine de vie tout comme sa musique, Camille n'a pas manqué de faire son numéro, bruitages en tout genre en prime (on notera toute la salle poussant des cris d'animaux), jeux complices et bons mots avec ses choristes, tenues de scène pour le moins inattendues et bien d'autres surprises encore.
Entre deux claquements de mains, quelques intro décapantes (je suis restée fortement impressionnée par les deux choristes se livrant à une performance de human beat box sacrément bien orchestrée) et quelques "lalala" sautillants, l'ambiance s'est vraiment intensifiée l'heure passant, dévoilant de temps à autre quelques morceaux des plus connus revisités pour l'occasion, des textes à retenir pour leur complexité à peine voilée et toujours cette ambiance gospel très entraînante.
Des moments forts allant crescendo donc jusqu'aux rappels, petit instant du concert que j'ai préféré (et qui, ô chance, a duré bien longtemps) puisqu'elle n'a pas manqué d'entonner toutes les chansons qui me tiennent à coeur, tout opus confondu et ce, dans une ambiance absolument exaltée.
Tour à tour, je me suis vue chantonner l'introduction live de "Ta douleur" dans une sorte de trip mystique partagé par la salle entière, nostalgique devant "Sanges Sweet" la toute dernière chanson de l'album Music Hole, souriante à l'évocation des "ex" extrait du premier album, attendrie par le choeur a cappella interprétant "Paris"...
Et puis Capri Paris, c'était fini... Et nous somme tous rentrés oui, mais sous la pluie!
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En résumé, je me suis fait quelques frayeurs en début de concert qui sont heureusement passées bien vite laissant place à des musiques envoûtantes jetées en pâture à mes oreilles critiques.
Je réécouterai maintenant Music Hole différemment, le live transcendant l'album comme toujours et le rendant plus symbolique, dans un sens...
Mais s'il y a bien une chose sur laquelle je ne démordrai pas, c'est que je préfère mille fois Camille usant et abusant de sa voix si particulière et si riche, don précieux qu'il serait dommage de ne pas souligner, dans les textes et les chants plutôt que dans les onomatopées à l'infini et autres bruits naissants...
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Prochain concert la semaine prochaine
Dans un registre complètement différent,
Daniel Darc en première partie,
Le grand, le beau, le vrai Pete Doherty,
Et sans doute encore un très grand moment ^^
-Livy-
--> Camille - Site officiel <--
--> Le Myspace de Camille <--