Il était une fois Martin Page
Comment je suis devenu stupide
Une parfaite journée parfaite
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Avec un nom comme le sien, Martin Page, 33 ans, était prédestiné à l'écriture.
Riche de cinq romans déjà, il nous embarque dans son univers loufoque et saugrenu.
Le voyage s'effectue sans heurts.
Mieux, on en redemande.
Dans un flot d'histoires exubérantes et improbables, les mots s'entrechoquent, tout simplement. Ils sont clairs, nets, incisifs. Ils touchent comme ils surprennent. Et leur auteur de jouer avec eux...
L'absurde côtoie le sublime avec bonheur. C'est un monde unique où le temps semble s'être arrêté. Où des situations se transforment en véritable marathons mystiques. Où l'émotion comble le vide.
Le ton est humoristique, un brin narquois, volontairement décalé.
Les personnages, somptueuse galerie de fous furieux-psychopathes-étranges-désespérés-blasés-attachants, se suivent allègrement, apportant leur petit grain de sel authentique, même pour les plus secondaires d'entre eux. Au gré des mots, leurs aventures dansent sur les pages du livre, nous laissant danser aussi dans une valse irréelle.
Derrière un humour noir indéniable, se cache une autre facette de l'auteur.
L'ambiance se fait plus sombre, plus dénonciatrice aussi.
On y retrouve au détour d'une anecdote ou d'une caractéristique d'un personnage, la critique de notre monde en perdition, de la société de consommation poussée à l'excès ou encore de la nature humaine. Au premier abord, les histoires font sourire certes et pourtant, la portée symbolique et actuelle qui en émane pourrait prêter à une réflexion plus poussée.
Tandis qu'on commence à ne pas prendre ou peu les personnages au sérieux (trop marginaux, trop rêveurs...) et qu'on les laisse se balader le long d'une douce légèreté, la critique se fait acerbe, renforcée par l'humour et ce grain de folie omniprésent.
Dans un tourbillon imaginaire bien pensé, Martin Page dénonce comme il décrit, grimace comme il sourit.
Les mots sont un moyen de faire passer un point de vue, une façon de penser, une opinion...
De s'engager au-delà du romanesque.
Dés lors, nul doute que cet aspect apporte de la profondeur au roman ainsi qu'une crédibilité certaine pour les esprits passablement concrets.
Dans un pêle-mêle de rêves vécus ou de vie rêvée, Martin Page traite les sujets graves avec drôlerie et bonhommie quand il dramatise les épisodes de la vie courante. Il dépeint avec brio de petits détails insignifiants. Les amplifie. Leur donne leur heure de gloire cependant qu'il ridiculise toutes ces choses auxquelles on attache tant d'importance quand elles ne le mériteraient pas...
Le romanesque sans cesse resurgit.
Envolées les happy end. La tristesse et le cynisme s'enveloppent d'une touche d'espoir... ou pas.
Le rêve surplombe un triste monde.
Contemplation.
Déception.
Réflexion.
Image de fond surréaliste. Les héros s'y succèdent, mémorables.
Leurs vies, c'est un peu la notre, celle qu'on ne voit pas, celle qu'on n'imagine même pas.
Parce qu'ils sont vulnérables, parce qu'ils sont fous, on les aime sans doute déjà...
-Livy-