Paris, Paris
Pour une raison indéterminée, j'aime les films qui contiennent le mot "Paris" dans leur titre...
Non pas que je me considère parisienne jusqu'au bout des ongles (même si les années passant, c'est peut-être un peu le cas) mais parce que l'image cinématographique de notre capitale dégage à mes yeux quelque chose d'incroyablement attrayant puisque indéfinissable.
Paris, c'est avant tout une aventure. Une pluralité, une mixité, une diversité...
La proximité de quartiers de caractère, tous plus différents les uns des autres, qui nous attirent comme ils peuvent nous rebuter parfois.
Paris est un paradoxe. L'odeur du métro se fait vite oubliée par une balade paisible dans un parc de la capitale. La mauvaise humeur d'un passant dans la rue s'achève là où commence un regard qui se croise puis s'intensifie.
Paris est un gigantesque cliché, drôle et touchant. C'est l'image type du romantisme et de l'amour à la française, idée totalement hallucinante mais qui traverse les frontières sur fond de tour Eiffel et nous fait doucement sourire tout en gardant ce côté un peu charmant de naïveté.
Paris est une ville d'espoir et de rencontres qui soudain peut s'éteindre, s'obscurcir d'un coup et se gorger de tristesse et d'effroi. Ou inversement.
Paris est une ville d'art, de culture et d'histoire... Elle étale ses monuments imposants et ses recoins oubliés, véritables petites perles d'architecture.
Elle se repaie d'évènements historiques intenses qui ont traversé les époques et qui, aujourd'hui encore, demeurent palpables.
Elle vit.
Le cinéma quant à lui est un rêve. Une évasion soudaine qui nous plonge dans une autre réalité, qu'elle soit proche de la notre ou s'en éloigne totalement, sorte de vie aussi mais parallèle cette fois.
Les deux, alliés, se nourrissent de la force l'un de l'autre pour nous offrir un côté magique que décidemment j'ai bien du mal à décrire mais qui me bouleverse car je le ressens au plus profond de moi.
Alors, dans le mot "Paris" au cinéma, sa prononciation, son intitulé, il y a ce petit quelque chose qui me fait rêver et me pousse à aller voir ces films qui en parlent et qui, chose curieuse, me déçoivent rarement...
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Je ne cesserai jamais d'encenser Paris je t'aime, la très belle série de courts-métrages sortie en 2006 qui a réuni autour d'un même thème des réalisateurs de renom tels Gus Van Sant, Olivier Assayas, Wes Craven, les frères Coen, Alfonso Cuaron et bien d'autres encore...
Au fil des images, se succèdent des histoires et des émotions, balayage moderne de notre capitale et brefs instants de vie immortalisés au sein d'un arrondissement. Les prises de vue se suivent sans se ressembler, les minutes défilent à un rythme plaisant, les réalisateurs y vont de leur touche personnelle et chose incroyable, la cohérence se trouve plus que jamais au rendez-vous pour nous peindre l'amour, urbain et inspiré, dans toute sa splendeur.
Les acteurs de talent se font nombreux et si certains sont étrangers (tout comme les réalisateurs d'ailleurs), c'est pour mieux apporter à l'ensemble ce petit plus et ce regard différent sur la ville de Paris, un regard que nous autres parisiens n'aurions certainement pas eu...
Le format court-métrage s'intègre parfaitement dans le tout et s'accorde une vie nouvelle, accessible à un public large.
Il en résulte alors un film merveilleux et invraisemblable. Exubérant et discret, bruyant et calme, suggéré et passionné. Un film au réalisme fantastique qui nous évade comme il nous ramène à la raison. Simplement. Vraiment.
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2006 fut aussi pour moi l'occasion de découvrir le très curieux mais non moins intéressant Dans Paris de Christophe Honoré. Fable moderne et déroutante, qui laisse perplexe, dérange ou surprend au premier coup d'oeil, le film se laisse apprivoiser par une bande originale marquante qui n'a d'égal que les jeux d'acteur, très complémentaires, de Romain Duris et Louis Garrel. Les personnages évoluent à Paris en l'espace d'une journée, dans une ambiance un peu étrange et qui prend son temps, mêlant souvenirs et blessures du passé à un présent un peu morne mais dynamique néanmoins. (paradoxe, encore...)
Le scénario échappe à la banalité en s'appropriant un flot d'émotions parallèles dans lesquelles on se perd assurément mais qui apportent à l'ensemble une belle intensité parsemée de nouveauté. Une ambiance pesante, liée au personnage sombre campé par Romain Duris, magistral, s'oppose à la légèreté du frère cadet (Louis Garrel) agaçant et désinvolte. Sans qu'il y ait vraiment d'histoire, les dialogues, chassés-croisés familiaux, jeux de regard ou flashback nous emportent dans un univers vraiment spécial. Un univers auquel on n'est pas habitué. Et de là, le film prend toute son ampleur et peut-être une signification, pourvu qu'elle soit cachée.
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Petit retour enfin sur le dernier film de Klapisch sorti en février dernier et dont le simple titre Paris laissait présager une belle surprise.
Première constatation et pas des moindres: le film n'est pas triste. Certes, la bande-annonce poignante et sa musique magnifique de mélancolie pouvait laisser entrevoir un côté bien sombre et pourtant non, nulle tristesse ne viendra gâcher la beauté de l'ensemble à quelque moment que ce soit parce que ce n'est pas le but.
Si l'émotion nous gagne alors, c'est avant tout parce que le film est touchant et étonnant de sincérité.
A travers son tableau de personnages atypiques et attachants, il ne raconte pas des histoires mais bien une seule, celle de la vie, avec ses bons et mauvais moments. Celle de la différence. De la confrontation des milieux sociaux. Des remises en questions. Des rencontres. Du quotidien. De toutes ces choses qui nous ressemblent tellement.
Nul doute alors qu'on se sent à notre tour un peu acteur, au sein de nos petites vies parisiennes et de nos tourments incessants.
Ainsi le dernier Klapisch est à mes yeux une réussite. Plus sensible que ses films précédents, peut-être plus abouti simplement, il se laisse suivre, fluide et gracieux dans une ville hostile ou amie qui devient le terrain de jeu d'une pluralité d'histoires qui se rejoignent ou pas, restant ainsi dans cette même optique des héros du quotidien, ceux dont on ne parle pas mais qui sont tellement plus vivants que les autres, thème cher au cinéaste.
Doté de répliques savoureuses (le personnage interprété par Fabrice Lucchini en est fortement pourvu notamment), il se gorge d'une complexité voilée et d'émotions simples, tout comme nous. Et nous donne par la même occasion une belle leçon de vie, changeant presque l'espace d'un instant notre regard sur une capitale qui est aussi la sienne...
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La liste pourrait s'étendre plus longuement encore et je rechigne à porter le mot "fin" sur ce billet.
Oui décidemment, pour une raison indéterminée, j'aime les films qui contiennent le mot "Paris" dans leur titre...
Et pire que tout, je ne sais toujours pas pourquoi.
-Livy-