Mais ils sont fous, ces Phéniciens!
Le 18 avril dernier, en retard toujours, je file en express à l'Institut du monde arabe (Paris 5ème) pour une exposition depuis longtemps déjà convoitée, deux jours avant sa fermeture...
Je me lance donc tête la première dans La Méditerranée des Phéniciens, de Tyr à Carthage pour un voyage vers des contrées antiques et lointaines, dépaysant à souhait.
*
Là, je découvre un lieu bien agencé (bien que trop peuplé de groupes du 3ème âge en conférence, eh oui je râle toujours ^^), semblable à celui qui m'avait agréablement surprise en juin 2005 lors de l'exposition du moment Pharaons.
L'exposition se suit doucement étape par étape au fil des pièces, petites séquences vidéo à l'appui, sans tirer en longueur ni tomber dans une éthique un chouïa trop intellectuelle qui s'avèrerait volontairement complexe. Elle est simple juste ce qu'il faut, claire, concise... et plus important encore, digne d'intérêt.
Alors dans la progression des explications, nettes et précises tout en restant accessibles, s'ouvre à nous un monde oublié à mi-chemin entre légendes et réalité: celui des Phéniciens.
La lumière tamisée du lieu accentue d'avantage encore une sorte de mystère fascinant sur cette civilisation trop souvent méconnue aujourd'hui encore.
Mais qui étaient-ils donc ces Phéniciens?
En effet, si l'on regorge de sources d'informations concernant les différent peuples de l'Antiquité tels les Egyptiens, les Grecs ou encore les Romains, ils demeurent quant à eux une sorte de point d'interrogation dans le monde méditerranéen, s'enrichissant des autres cultures ou donnant naissance à de multiples influences.
Les rumeurs allant bon train, difficile de démêler le vrai du faux d'un empire aux allures d'énigme permanente.
Source d'inspiration littéraire flagrante pour romanciers aventuriers (je pense à Flaubert et son roman Salammbô notamment), on les disait rudes et parfois fourbes marchands, bons navigateurs, artisans valeureux, artistes et érudits, évolués ou un peu sorciers.
Mais outre un empire sans cesse plus imposant qui s'étendait tout le long du berceau méditerranéen du Portugal jusqu'à l'actuel Liban et une réputation de commerçants hors-pair dévoilant une puissance et un pouvoir bien réels, les Phéniciens ont contribué à un apport culturel impressionnant de par leur art bien sur mais plus encore de par la naissance de l'alphabet, chose qui n'a pas manqué de me captiver lors de cette exposition.
De cet alphabet aujourd'hui, il ne reste hélas pas grand chose, la plupart des écrits ayant disparus au cours des siècles, perpétuant ainsi un mystère presque intact.
L'alphabet phénicien n'en demeure pas moins essentiel puisqu'il est à l'origine d'une part de l'araméen et d'autre part de ceux actuellement utilisés dans le monde. Il s'est simplifié au fil des siècles, facilitant un besoin de communication sans cesse plus intense.
Proche des hiéroglyphes égyptiens au tout début (on retrouve notamment le même principe d'idéogrammes pouvant représenter à la fois une lettre, un son, un mot ou une action), l'alphabet phénicien a finalement comporté 22 signes retranscrits de droite à gauche.
Suite à l'évolution des peuples, des expéditions ou des invasions, l'évolution s'est montrée variable selon les différents pays qui ont adapté l'alphabet à leur guise, le modifiant et y apportant leur touche personnelle.
L'art phénicien quant à lui subit autant les influences qu'il en inspire. On trouve notamment de nombreuses pièces antiques présentant des similitudes avec l'ancienne Egypte et d'autres ayant fortement marqué l'empire grec à son apogée.
Si l'alphabet est la preuve de l'érudition des Phéniciens, les détails qu'ils apportaient à leurs sculptures, statuettes, stèles, vases, bijoux et ustensiles du quotidien sont la preuve d'un très grand savoir-faire, détaillé et minutieux, d'une richesse sans bornes, à l'image de leur peuple et de l'ampleur de son empire.
Le culte de la mort enfin, présent sous forme de sarcophages (l'influence de l'Egypte ici encore), mausolées et autres objets funéraires trouvait, tout comme chez les autres peuples de l'Antiquité, une importante à part entière, parfois démesurée, mêlant vénération, processions et superstitions...
*
De l'exposition alors, il me reste avant tout une découverte.
La découverte d'un peuple qui, étant passablement méconnu du grand public, l'était en grande partie de moi aussi.
L'empire phénicien s'avérant riche et intense, mystique et prenant à la fois, les quelques heures passées à l'IMA n'ont pas manqué de me donner l'envie de me renseigner d'avantage sur le sujet sitôt rentrée chez moi et me perdre dans de romanesques histoires, fondées ou non, de cette civilisation disparue.
Une agréable surprise également de découvrir toutes ces similitudes avec l'Egypte antique, mon amour de jeunesse qui m'a suivi des années durant dans une passion effrénée et qui, aujourd'hui encore, se révèle à moi, par souvenirs ou par envie.
Sans oublier le bonheur sans cesse renouvelé de troquer une petite partie de son ignorance contre des informations qui nous captivent comme elles nous surprennent.
-Livy-