Des nouvelles du front
A l'aube de tous les changements, je navigue dans un brouillard plutôt épais qui laisse devant moi mon avenir flou et ma petite personne perplexe...
2008 est en train de passer à une vitesse déconcertante certes, mais ne m'a pas apporté pour l'instant les idéaux tant souhaités. Bien au contraire, c'est plutôt une sorte de continuité de l'automne 2007, peuplée de tracas et ennuis en tous genres, contrariétés et j'en passe, qui viennent gentiment meubler mon quotidien quand je ne leur demande rien! Pas de place à l'ennui, guère plus à la quiétude. Chez moi, les rebondissements font la loi. Et je trace ma route au milieu de tout ça.
J'en viens même à avoir des envies de m'expatrier sur une île déserte, avec une guitare, un piano, un ipod, un ordinateur, mon dressing... Bref, à peu près tout sauf des gens quoi. Parce qu'en ce moment, les gens, même amis, ont une fâcheuse tendance à me blaser/décevoir/gonfler leur ego (rayez la mention inutile) profondément et j'en développerais presque l'envie de devenir une no-life avertie.
[Ce serait sympa de me prendre au second degré quand même, hein]
Vous l'aurez sans doute compris, la chance n'est donc pas encore au rendez-vous pour le moment mais la roue tourne m'a t-on dit...
[Roue, je t'ordonne de te dépêcher!]
C'est que le grand chamboulement commencé il y a quelques mois ne pouvait que laisser des traces ou amener de l'inattendu et il ne s'est pas gêné! Petit à petit donc, une nouvelle vie se met en place, qui ne ressemble pas à grand chose pour l'instant mais dans laquelle je tente de récupérer de petits bouts familiers, histoire de me raccrocher à quelques branches, ne serait-ce qu'un souvenir enfoui...
C'est qu'à mi-chemin entre tout et rien, on se sent toujours un peu perdue finalement.
La notion de "prendre un nouveau départ" raisonne chaque jour dans ma tête comme un refrain lancinant. Angoissant. C'est que ces mots-là "nouveau départ" possèdent toujours une petite signification paradoxale, à la fois pourvue d'espérance et d'appréhension. Et peut-être même d'un soupçon de refus quand on y pense...
Alors, dans cette nouveauté que tous les jours je découvre, je dois aussi mettre et admettre le mot "fin" sur beaucoup de choses de ma vie. Des actes, des moments, des souvenirs qui ont fait de moi ce que j'étais jusqu'alors.
La difficulté même réside justement en cette finalité, cette notion de renaître une fois encore et de ne pas trop savoir pourquoi au juste ça tombe maintenant et pire encore, si l'on va y parvenir avec succès ou pas. Cette obligation qu'on a de devoir se séparer de ce qui nous tenait à coeur pour créer un nouvel univers. De trouver la force d'aller plus loin et d'affronter ce qu'on ne connaît pas.
Oui, parce que cela va sans dire, c'est à la fois palpitant et démotivant que de devoir tout recommencer, étapes par étapes alors qu'on pensait être tranquille un petit moment.
[J'avoue être un peu blasée sur ce coup-là et pas très décidée, mais soit.]
Que de devoir continuer à mener sa vie à bien tout en lui donnant de nouvelles teintes.
Et par-dessus tout, de rester soi-même....
Somme toute, c'est un gros défi qui m'est tombé sur le coin du nez, un très gros défi même et je ne sais pas encore si j'ai envie de le relever ou pas mais quelque chose me dit que je n'ai pas trop le choix.
Qu'émotive ou pas, ma vie actuelle ne sera bientôt plus la même car existant toujours mais sous une autre forme. Et c'est évident que je le déplore. Mais en même temps, j'ai envie de savoir, poussée par mon accaparante curiosité, ce qu'il va bien pouvoir m'arriver encore de bon ou de mauvais.
[Et l'avantage, c'est que je commence à être parée!]
J'essaie de me dire, peut-être pour me rassurer un peu j'avoue, que je tenterai le tout pour le tout afin de reconstruire mon univers, ma "bulle d'étoile", peu importe l'endroit et peu importe les gens qui m'entoureront... ou pas.
Inutile de préciser que je suis en pleine période de questions existentielles qui-ne-mènent-nulle-part mais on le serait à moins... Et la traversée rencontre quelques trous d'air, vraisemblablement!
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Parce qu'un nouveau départ donne des envies de nouveauté globale, j'ai par la même occasion décider de changer de tête
[Il paraît que psychologiquement, ça s'explique très bien ^^]
C'est encore tout récent mais le résultat n'est pas si déplaisant, d'autant plus qu'en franchissant la porte de chez le coiffeur, j'étais juste décidée à couper quelques centimètres, histoire de structurer un peu la coupe mais sans grand changement.
En fait de structure, je me suis offert un petit relooking capillaire agrémenté d'un massage du cuir chevelu bien mérité.
[Et le stress, vous en faites quoi vous, du stress?]
J'ai donc commencé par accentuer un peu ma décoloration "châtain clair"
[Gare aux mauvaises langues qui oseraient me trouver blonde, je tiens à mes neurones!]
et tenter un dégradé plutôt accentué sur les longueurs, donnant ainsi un petit effet décoiffé, très rock n'roll.
[Et les cheveux un peu moins longs par la même occasion]
Sur le devant du visage, je me suis carrément lâchée. J'ai osé l'impensable. La frange!! Je n'y avais pas resongé depuis 2004 au moins et encore, à l'époque, il s'agissait plus de quelques petites mèches perdues sur mon front que d'une vraie frange à proprement parler. Mais cette fois-ci, elle est devenue bien réelle: très raide et coupée en biais, afin de s'harmoniser avec la raie sur le côté dont je ne me sépare plus. Et c'est dire si quelques mèches de cheveux, ça peut vous changer un visage du tout au tout...
Plutôt joli en fait, même si ça me donne un petit look bobo inévitable. J'attends seulement de voir ce que ça va donner avec le temps... Mais je me connais suffisamment pour savoir que si elle ne repousse pas comme je le désire, je risque bien de lui donner quelques coups de ciseaux magiques deci-delà à mes risques et périls certes, mais j'assumerai.
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C'est donc bien coiffée [ou pas] que je vais aborder le déménagement.
J'en parle depuis tellement longtemps de ce déménagement
[Et par la même occasion, vous saoule avec le sujet]
que les travaux de rénovation m'ont paru durer une éternité et pourtant, ils n'ont pas été si longs que ça puisqu'ils se sont étirés sur seulement un mois. Sachez au moins qu'au moment de ce billet, ils sont à quelques détails prêts terminés et que je vais bientôt pouvoir démarrer les hostilités en transportant d'un point A à un point B ma petite vie dans mon baluchon, progressivement. Il fallait juste laisser le temps au temps en fait.
[Ah oui mais ça, moi, j'ai du mal!]
D'ailleurs, on aurait pu croire que le couplet d'intro sur mes questions existentielles et tout le blabla concernait exclusivement ledit déménagement mais même pas. Parce que tenter de démarrer une nouvelle vie, c'est terriblement plus complexe que des fringues et des CD dans un carton. Et que j'ose évoquer des subtilités légèrement sublimées. Comprenne qui pourra...
Comme quoi la vie est bien curieuse. J'ai fait un foin de tous les diables pour ne pas quitter ma bulle d'étoile et maintenant que le jour du départ est imminent, je ne sais qu'en penser. Ca me paraît un peu triste bien sur, mais pas si terrible que je l'aurais cru après tout. D'autant plus que les derniers mois passés ici ne m'ont pas été favorables, balayant d'un coup la foule de bons souvenirs qui pouvaient jusque là y régner.
C'est même affreux de l'avouer mais j'ai hâte de partir ma foi. Qui l'eut cru?
Il faut dire qu'il y a encore un mois, au moment où je publiais mon billet "Peinture Party", je me suis faite quelques grosses frayeurs avec le nouvel appartement. Entre les rideaux plastifiés turquoise et vert fluo, les petits détails cheap, la moquette marron claire, les carreaux marron foncé, la peinture orange dans les pièces d'eau et cette jolie frise représentant des grosses fleurs roses entremêlées, j'ai eu comme qui dirait un grand moment de découragement. Je n'étais plus si sure de moi quant au fait de pouvoir obtenir une décoration agréable, et zen de surcroît. J'avais peine à y croire. Je me sentais envahie par l'instant hippie, l'impitoyable "way of life" de "That 70's show", et j'exagère à peine.
Il m'a fallu faire travailler mon imagination pour me dire que je pouvais, à partir de ces couleurs vives, créer un home sweet home épuré, à mon image...
[Un grand merci d'ailleurs à ceux de mon entourage -celui surtout- qui ont oeuvré ardemment pour que le résultat soit à la hauteur de mes espérances et plus encore]
A présent, plus de chichis multicolores. Les murs sont exclusivement peints en blancs, parfois légèrement saumonés, me laissant une totale liberté de décoration future. Une fresque blanche façon "antiquité grecque" a recouvert les vilaines fleurs roses de la salle de bain et une moquette bleue similaire en tout point à celle de ma bulle d'étoile orne désormais le sol des pièces principales. Pour amener une petite touche de fun à l'ensemble, j'ai décoré les toilettes dans un esprit un peu "Matisse". Les pièces me semblent lumineuses et je parviens enfin à me projeter entre ces nouveaux murs.
Je me sens déjà l'âme d'une consommatrice Ikea, quelques idées me trottant dans la tête depuis quelques jours déjà et j'ai des envies folles de luminaires, créant ainsi des ambiances multiples au sein d'une même déco.
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Et en attendant de shopper déco, je dépense mes fins de mois chez Etam, Promod, Zara, La City and Co. Parce que c'est pas comme si j'avais déjà des milliers de vêtements à déménager alors autant me compliquer un peu la tâche...
[D'autant qu'il devient de plus en plus difficile de trouver un endroit où caser les nouvelles trouvailles mais je n'en suis plus à un défi près!]
Ainsi, je suis tombée amoureuse d'une élégante robe en satin mi-saison à l'imprimé noir et blanc que j'ai additionné à une nouvelle petite robe noire [eh oui, une de plus!], une tunique bariolée dans les teintes de gris, un pull gris également à la découpe originale, une paire de ballerines vernies bicolores et deux nouveaux slims parce qu'il faut bien mettre quelque chose en bas aussi! Pour parfaire le tout, ma mère m'a fait don d'une de ses plus jolies robes noires [encore] d'un chic avéré et qui, il y a de nombreuses années déjà, me faisait pâlir de jalousie et d'envie. J'en viendrais presque à rêver qu'une invitation pour une soirée habillée me tombe de nulle part, rien que pour la porter!
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Mais parce que je ne compense pas mon manque de réponses aux questions existentielles uniquement avec du matériel [quoi que...] l'état d'esprit un peu "merdique" [eh oui, il faut bien appeler un chat, un chat] dans lequel je me trouve en ce moment, il m'arrive tout de même au milieu de tout ça de continuer à créer. Et même beaucoup. Parce que je perçois la création comme un exutoire, même si je ne sais pas bien de quoi. Et que c'est une façon pour moi d'utiliser une sorte d'horloge à remonter le temps, totalement virtuelle.
Au final, l'écriture de mon roman se poursuit de façon un peu aléatoire car, en grande insatisfaite que je suis, j'écris beaucoup, mais j'en efface aussi les 3/4, ce qui ralentit considérablement mon rythme de croisière... Je change les chapitres selon mon état d'esprit, remodifie la trame, le ton, la concordance des temps et trouve toujours un je ne sais quoi qui ne me plaira pas complètement! En un an, j'aurais bien pu l'écrire quatre fois ce fichu roman et pourtant, il demeure toujours inachevé parce qu'il y a sans cesse ce petit hic qui m'empêche d'aller plus loin: trop d'espoir dans l'écriture, pas assez d'espoir, trop glauque, pas assez glauque... Une sorte de barrière invisible à franchir pour avancer, un peu comme dans ma vie du moment si je me permets la comparaison.
Peut-être en fait aurais-du continuer l'écriture de nouvelles plutôt que de me lancer directement dans un thriller psychologique!
Heureusement que l'écriture des chansons se fait plus fluide. Lancée dans mon quatrième album [fictif, je précise] depuis janvier déjà, je multiplie les morceaux autour d'un thème récurrent qui n'est pas sans rapport avec l'automne 2007 et tout ce qui s'en est suivi. Evidemment, l'inspiration se fait plus habile avec un thème qui m'est cher et par chance, je parviens à trouver des mélodies qui me conviennent à peu près et diffèrent des chansons précédentes. Les rythmes évoluent -ma pire crainte demeurant la non-évolution-, je tente d'étoffer et d'enrichir l'ensemble. Bref, je progresse, ne serait-ce qu'un peu.
L'entraînement intensif depuis Noël sur ma "Katsee" de guitare électrique m'a d'ailleurs permis une meilleure maîtrise de la classique, il serait donc dommage que je ne la mette pas à profit. J'ai renoncé pour l'instant à mon idée de création de morceaux très rock en anglais, car si je n'abandonne pas l'envie d'un travail moins acoustique et plus pêchu, toutes les pensées qui me viennent pour le moment sont en français et je me dois de régler mes comptes avec la vie dans la langue de Molière et par la musique avant d'aller plus loin. On appelle ça une thérapie douce, je crois. Mieux qu'un psy et fichtrement plus économique.
En même temps, personne pour entendre le travail fini si ce n'est l'oreille attentive d'un meilleur ami, d'un papa curieux et d'un voisin furieux!
[Trois heures du matin, il paraît que ce n'est pas une heure pour pousser la chansonnette. M'enfin?!]
A quand une maquette, si seulement je le savais! Et moi en attendant, je répète mes propres textes à tue-tête sous la douche ou dans l'ascenseur, c'est d'un glamour...
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Ainsi va ma p'tite vie... Je vous passe les épisodes cinématographiques multiples, sessions Starbuck + restos, lectures à gogo, balades à Paris, pauses en famille à Chantilly, soirées en tout genre et journées girly.
[Il faut bien que je profite un peu avant de me réfugier dans ma vie de no-life ^^]
Je vous fais gré de mes péripéties pédagogiques. J'omets mes crises de doute, d'angoisse, de cynisme, d'espoir, d'envie, de pleurs, de rire, de souvenirs, de colère, de rêves, de cris et j'en passe.
[Même si j'ai tout de même bien esquissé le sujet]
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Je retiendrai néanmoins l'anecdote truculente de la semaine dernière puisque ça n'arrive pas tous les jours tout de même qu'une pelleteuse chargée de démolir l'immeuble insalubre accolé à ma résidence se retrouve à sectionner tous les fils électriques d'un coup, manquant ainsi de provoquer un début d'incendie et pire, de dénuder une conduite de gaz!
Au final, plus de peur que de mal. Je me suis juste retrouvée chez moi dans le noir total parce qu'évidemment, la nuit venait tout juste de tomber quand la panne d'électricité a fait son apparition... Un peu paniquée - et puis, je devais sortir de toute façon- j'ai descendu quatre à quatre les marches des étages grâce à la faible lueur de mon téléphone portable. Pas un poil de lumière. Rien. Et la descente qui n'en finissait plus! J'ose espérer qu'il n'y avait personne dans les ascenseurs quand on sait que la coupure a duré entre 19h et 23h30...
Dans la cage d'escalier, c'était d'un glauquissime absolu. Du cinquième, j'entendais de vieux bruits de fond, des voix déformées qui résonnaient, des souffles. Des bruits de pas rapides aussi. Et puis un silence de quelques secondes, pesant. L'espace d'un instant, je me suis crue dans Cloverfield, le vilain monstre en moins.
[C'est dans ces cas-là qu'on se dit qu'on va trop au cinéma ^^]
Une fois dans la rue, c'était une vision d'apocalypse certes, mais il faisait beaucoup plus clair là au moins. Rue barrée de tous côtés, camions d'Edf-gdf, les pompiers (mmm!), des gens partout, des pins pons... Et un gentil technicien à qui j'ai demandé quelques explications et qui m'a répondu souriant:
"Oh, avec le gaz, ça a failli tout faire sauter, mais maintenant c'est fini, tout va bien."
C'est ça, tout va bien.
Quand je vous dis qu'à présent, j'ai presque hâte de déménager, moi...
[Soupir]
-Livy-
(Ego trip)