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Livy Etoile
16 mars 2008

Trois petits films et puis s'en vont...

C'est bien beau de parcourir les salles de cinéma mais je m'aperçois que je n'en parle même pas!
L'année 2008 se poursuit et je me réfugie comme à mon habitude dans les salles obscures à un rythme irrégulier mais certain.
Les films vus sont tous des moments à parts, à leur façon, marquants ou non. Des divertissements, des passe-temps, des envies comme des oublis...
Des soirées passées dans le fond d'un fauteuil perdu au beau milieu d'une salle, à rêver ou pas, à s'évader ou tenter d'y parvenir, à survoler des "on-ne-sait-quoi" un peu légers ou à ressentir des choses profondes, mais jamais celles auxquelles on pouvait s'attendre.
Des soirées comme j'aime parce qu'on s'y sent en sécurité mais qu'en même temps, il y a toujours un part d'imprévu à la clé, sans pouvoir l'expliquer.
C'est peut-être ça au fond, la vie?

Dans cet état d'esprit, je me plais donc à m'attarder au cinéma et celui-ci, selon les jours, me révèle des secrets ou des surprises.
Parmi les films vus récemment ou moins, j'ai décidé d'en retenir trois tout particulièrement.
Trois qui m'ont tenté peut-être même bien avant leur sortie nationale; qui ont suscité mon envie de par la bande-annonce, le réalisateur, le résumé ou qui ont simplement attiré mon attention et ma curiosité plus encore.
Trois petits films que je souhaitais aller voir d'avantage que les autres.
Et qui m'ont finalement conquise... ou pas!

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Coup de coeur

Juno

Juno de Jason Reitman

Suivant les traces d'un Little Miss Sunshine auquel on le compare souvent, Juno est ce genre de films qui de prime abord ne semble pas si passionnant et qui pourtant nous embarque d'emblée dans de folles aventures de la vie quotidienne qui finalement ne l'est pas, peuplées d'une flopée de personnages incroyables et attachants.
Tout d'abord, Juno retrace la vie d'une adolescente enceinte, sujet plutôt banal car maintes fois exploité. De là, on ne s'attend à rien en particulier et c'est précisément pour cela que la magie va opérer sans tarder.
Ce personnage de la jeune Juno McGuff est intéressant car il transgresse tous les clichés un peu assommants de l'adolescence et évite les excès du type mélodrames ou caricatures. Mieux encore, il exploite avec brio de nouvelles pistes loin des idées préconçues et s'attarde sur de petits détails qui pourraient être insignifiants mais dont le rendu est excellent. Un bonheur donc de découvrir cette adolescente pour le moins originale, à la personnalité parsemée de paradoxes et de questionnements, à mi-chemin entre l'enfance et une maturité à faire pâlir plus d'un adulte.
Une belle performance d'actrice aussi pour la jeune Ellen Page, véritable révélation aux yeux du public.
Ses acolytes quant à eux (famille, famille d'adoption, futur papa, meilleure copine) s'en donnent à coeur joie dans le rôle de personnages secondaires plus que crédibles et assurément attachants, donnant à l'ensemble un rythme soutenu, tantôt touchant, tantôt cocasse mais dans lequel on ne risque certainement pas de s'ennuyer!
Les dialogues, rendus exquis par un esprit de réparti cinglant et de l'humour toujours et encore (à voir en VO évidemment!), sont accompagnés comme il se doit par la musique qui occupe une place prépondérante au sein du film, contribuant ainsi grandement à sa réussite.
La bande originale en effet est un mélange subtil de country, folk et rock et permet des mises en scènes aussi surprenantes qu'émouvantes, laissant dans la tête au gré de l'histoire de petits airs colorés et un fil conducteur un brin artistique puisque Juno partage son amour de la musique tout au long du film avec les différents personnages qui l'entourent.
De là, se dégagent un naturel flagrant et surtout cette notion de bonne humeur récurrente qui devient un leitmotiv plus que persuasif. La vie y est dépeinte avec un réalisme certain, bien loin d'un monde de bisounours ou d'un univers sordide. Dépeinte avec réalisme oui, mais juste un peu mieux.
Au final, il en reste un moment tendre et riche en surprises où les personnages gagnent à être apprivoisés aussi différents soient-ils et où l'on en viendrait presque à trouver de bons côtés à l'existence même dans les situations les plus compliquées...
Le coup de coeur semble donc inévitable: le mot "bonheur" me revenant une fois encore à l'esprit, Juno est décidemment un film qui fait du bien.

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Mitigé

Sweeney_Todd

Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street de Tim Burton

Naturellement, le film est doté d'un atout certain: c'est un Tim Burton, avec toutes les spécificités que cela comporte. Je n'aurais donc pu totalement désapprouver parce que malgré moi j'adhère toujours et encore à ces excès et cette singularité hors du temps qui révèlent des images et des ambiances d'une intensité rare.
L'aspect gore, souvent critiqué, ne m'a pourtant pas paru d'une violence insoutenable, loin de là. Déjà parce que les images, plutôt que d'être parlantes de réalisme sont esthétiques jusqu'à la perfection. Ensuite, parce que le gore revisité par Tim Burton n'a rien de glauque finalement mais préfère nous projeter dans un nouvel univers que les mots ne sauraient dépeindre aussi bien que les prises de vue. Il y a ainsi une recherche de la beauté dans cette angoisse macabre qui émane de l'ensemble et c'est cette recherche même qui fait vibrer et qui donne à l'oeuvre un charme qui lui est propre, à commencer par le générique du début que, je ne sais pourquoi, j'ai trouvé excessivement bien fait.
La folie criminelle de Johnny Depp, magistral une fois de plus dans un rôle qui lui va comme un gant, semble attirer notre compassion plutôt que notre répulsion, au beau milieu de cet afflux d'hémoglobine. Pour lui rendre la pareille, Helena Bonham Carter qu'on avait vu récemment dans le cinquième Harry Potter en "Bellatrix Lestrange" est époustouflante elle aussi, dans un rôle cruel et touchant à la fois, dévoilant une sensibilité et une souffrance à peine masquées.
Ainsi, l'ensemble paraît en parfaite harmonie avec ce côté sombre et tourmenté dont Burton sait si bien s'envelopper parfois, en magicien qu'il est, et cinéaste à facettes de surcroît.
Cependant, au milieu d'éloges que je pourrais encore développer, le côté "comédie musicale" m'a profondément dérangé du début à la fin. Je l'ai trouvé trop omniprésent, trop pressant pour m'y sentir à l'aise et entrer ainsi dans le jeu. Certes, j'ai fini par m'y habituer plus ou moins mais il y avait une partie de moi qui aurait souhaité moins de chansons ou, tout du moins, qu'elles soient amenées différemment. Rien de bien original pourtant, je crois qu'un bon nombre de spectateurs cinéphiles ont partagé mon avis à ce sujet! Les thèmes récurrents ("Johanna" notamment) m'ont gênés parce que je les aurais souhaité moins longs, moins répétitifs aussi. J'en venais presque à espérer plus de trois minutes de dialogue sans que l'un des personnages ne pousse la chansonnette mais cela devait ne pas être...  Et c'est précisément cet aspect, additionné à une histoire d'amour secondaire dont la mièvrerie ne m'a pas touché qui a contribué à me donner cette vision mitigée du film, l'aimant malgré tout mais ne le trouvant pas totalement fini et ayant été un peu déçue, peut-être finalement parce que j'en attendais trop.
Je préfère alors garder en mémoire cette histoire de vengeance, grave et poignante à merveille, qui m'a plu de par son côté excessif au sein d'un univers londonien totalement transcendé et joliment surréaliste.
Un bon Tim Burton au final, je n'en démordrai pas, mais assurément pas le meilleur.

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Déception

Atonement

Atonement (Reviens-moi) de Joe Wright

Reviens-moi est sans doute l'un des films que j'attendais le plus pour ce début 2008 parce qu'en fan avertie de Jane Austen que je suis, j'avais beaucoup aimé le rendu du réalisateur Joe Wright sur Pride and Prejudice en 2006.
Pourtant, dés le début, le film m'a séduit moins que prévu. L'intrigue était bonne certes, mais elle se mettait en place avec une lenteur qui plutôt que de créer du suspense, accentuait selon moi une accumulation de longueurs, trop présentes pour que l'effet escompté soit total.
Les personnages sont pourtant demeurés touchants, les uns comme les autres et c'est ainsi qu'on s'est laissé prendre peu à peu au jeu amoureux de nos héros et de l'incompréhension de la petite soeur Briony, encore enfant.
Le film en est devenu alors pour un moment captivant, dans un élan de sensualité à fleur de peau, d'observations et de non-dits, chose qui ira s'intensifiant jusqu'au moment qui, à mon avis, aurait pu tenir lieu de fin de première partie, à savoir lors de l'arrestation du héros Robbie, maudit et amoureux.
Dés lors, rien ne va plus. L'accumulation de flashback que d'ordinaire j'affectionne ne m'est pas parue utilisée à bon escient car elle rendait l'intrigue confuse plutôt qu'elle ne la développait. On se perdait alors dans les histoires respectives des héros et plus encore dans les dates. Le scénario quant à lui se faisait de plus en plus triste, de plus en plus pesant, laissant une impression de malaise latente que je n'avais pas ressentie en lisant le livre de Ian McEwan dont le film est adapté.
L'idée selon moi, était de retranscrire un état d'esprit, une histoire d'amour impossible, une fin dramatique certes mais sans rendre la chose encore plus tragique qu'elle ne l'était déjà et ainsi tomber dans le pathos.
J'aurais souhaité également mettre d'avantage l'accent sur le personnage faussement secondaire de Briony Tallis, véritable point de départ de l'histoire, psychologiquement complexe mais sans doute plus intéressant que nos deux héros assoiffés d'amour, à bien y penser!
Rien à redire toutefois sur la performance des acteurs plutôt bonne (On se souvient de Keira Knightley dans Orgueil et Préjugés du même réalisateur et de Romola Garai dans Angel de François Ozon), mais il manquait ce petit plus capable de transcender un long-métrage et de le rendre plus fort, tout simplement.
Qu'on se rassure cependant, je n'ai pas trouvé le film en lui-même mauvais.
En parcourant plusieurs blogs, j'ai souvent lu la mention "bon sans plus" qui me paraît plutôt bien adaptée pour le caractériser. Il m'a justement laissé sur cette impression de non-achevé à l'image d'un "peut mieux faire" un peu exaspérant parce que j'attendais beaucoup de l'adaptation du roman Expiation, cité précédemment. Avec sensibilité, il se gorgeait de sentiments mêlés pour donner un résultat plus que probant. Et toute l'émotion qui se dégageait dudit roman, palpable, n'a pas réussi à gagner le film, provoquant en moi une tristesse inexplicable.
Le flou chronologique enfin qui émanait de l'ensemble a contribué amplement à cette déception.
Je me serais bien vue alors rester sur la première partie, à mes yeux la meilleure parce que plus travaillée sans doute et plus étoffée aussi. Ou encore, comme je le disais quelques lignes plus haut, exploiter d'avantage en profondeur ce personnage de Briony qui m'était si cher durant la lecture du roman, la petite soeur devenue grande, écrivain... et, emprisonnée dans la souffrance psychique d'une erreur de jeunesse, tellement malheureuse finalement...

-Livy-

Commentaires
J
Juno est vraiment terrible par contre les autres je ne les ai pas vu mais j'aurai bien voulu surtout pour Tim Burton.
Livy Etoile
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